Désastreux accord avec le Mercosur

Désastreux accord avec le Mercosur

Un mois après les européennes, les électeurs français – et les agriculteurs en particulier – découvrent avec stupéfaction que la Commission européenne vient de signer un accord avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay), dont l’impact s’annonce catastrophique sur l’agriculture française, sur l’environnement et le bien-être animal.

Les négociations ayant conduit à cet accord ont commencé sous la présidence de Jacques Chirac en France et ont duré une vingtaine d’années. Avec constance et opiniâtreté, la Commission européenne est donc parvenue à ses fins pendant que quatre présidents de la République se succédaient à l’Élysée.

Depuis 2014, ces négociations ont été menées, côté «européen», par Phil Hogan, Commissaire européen à l’agriculture.

De nationalité irlandaise, connu pour sa totale inféodation à l’agro-business, M.Hogan n’a eu strictement aucun souci du sort des agriculteurs français.

Concrètement, cet accord prévoit d’éliminer à terme 91 % des droits de douane imposés par le Mercosur sur les produits européens (ce que la Commission évalue à 4 milliards d’euros) et l’UE supprimera de son côté 92% des taxes actuellement appliquées sur les biens sud-américains qui arrivent sur son sol.

Berlin a donc de quoi se frotter les mains devant cet accord, dont le principal bénéficiaire sera l’industrie allemande.

Mais il y a bien sûr une contrepartie. Elle concerne l’agriculture, puisque c’est le point fort des économies sud-américaines.

Sur les produits agricoles, les pays du Mercosur acceptent de supprimer leurs droits de douane sur le vin (27%), le chocolat (20%), les spiritueux (de 20 à 35%), les biscuits (16 à 18%), et quelques autres produits. Pour la France, cela ne représente que des avantages modestes car les marchés latino-américains n’occupent qu’une part marginale dans nos exportations.

Mais, à l’inverse, l’Union européenne ouvre très largement son marché aux produits agricoles sud-américains, par le biais de quotas énormes : 99 000 tonnes de bœuf vont pouvoir entrer dans l’UE chaque année à un taux très préférentiel, le sucre va bénéficier d’un quota de 180000 tonnes et les volailles d’un quota de 100000 tonnes.

La production française de volailles a régressé au cours des 20 dernières années: nos éleveurs avaient produit 2,3 millions de tonnes de volailles en 2000, ils n’en ont plus produit que 1,73 million de tonnes en 2018.

Sur la même période, la production de volailles polonaises a bondi de 550000 tonnes à 2,5 millions de tonnes. C’est logique car la Pologne bénéficie de deux avantages comparatifs irrésistibles par rapport à la France: d’une part, elle a des coûts salariaux et sociaux très inférieurs aux nôtres ; d’autre part, elle a conservé sa monnaie nationale alors que les exportations françaises sont plombées par notre appartenance à l’euro, trop cher pour notre compétitivité.

L’ouverture d’un quota de 100000 tonnes de volailles venues d’Amérique du Sud à des tarifs très concurrentiels va contribuer à déstabiliser le marché encore davantage à notre détriment.

La France va être le pays le plus durement touché.

L’effet dévastateur va être accentué par le fait que les volailles sud-américaines sont gorgées d’hormones de croissance pour que la filière soit plus rentable, comme le bœuf, alors que les normes européennes l’interdisent! Le scandaleux deux-poids-deux-mesures dont fait preuve la Commission européenne contribue à pousser légitimement nos agriculteurs à la révolte.

Il en va de même pour la production de bœuf français, déjà très touchée par la guerre des prix dans la distribution et sous le feu des critiques de mouvements végans radicaux.

La conclusion de l’accord UE-Mercosur est allégorique du désastre que représente la prétendue «construction européenne», spécialement pour la France.

La France et ses agriculteurs sont, si l’on ose dire, le «dindon de la farce» européenne. Et cette destruction programmée se poursuit comme un bulldozer, aucun des présidents Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron n’ayant été capable de s’y opposer.

Pour la bonne raison que les négociations commerciales multilatérales sont une prérogative de la Commission européenne.

En leur faisant croire qu’une «autre Europe» serait possible, les syndicats agricoles et les partis politiques anti-Frexit (LREM, RN, EELV, Urgence écologie, FI, LR et même le Parti animaliste) sont complices du désastre annoncé.

 

Un mois après les élections européennes, les électeurs français en général – et les électeurs agriculteurs en particulier – découvrent avec stupéfaction que la Commission européenne vient de signer un Accord avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay), dont l’impact s’annonce catastrophique sur l’agriculture française, notamment l’élevage de bovins et de volailles, sur l’environnement planétaire et sur le bien-être animal.

Les négociations ayant conduit à cet accord ont commencé sous la présidence de Jacques Chirac en France et ont duré une vingtaine d’années. Avec constance et opiniâtreté, la Commission européenne est donc parvenue à ses fins pendant que quatre présidents de la République se succédaient à l’Élysée.

Depuis 2014, ces négociations ont été menées, côté « européen », par Phil Hogan, Commissaire européen à l’agriculture de la Commission sortante.

De nationalité irlandaise, connu pour sa totale inféodation à l’agro-business, M. Hogan n’a eu, au fond, strictement rien à faire du sort des agriculteurs français. Il a appliqué à la lettre et sans état d’âme l’article 39 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) qui pose que « la politique agricole commune a pour but d’accroître la productivité de l’agriculture en développant le progrès technique, en assurant le développement rationnel de la production agricole ainsi qu’un emploi optimum des facteurs de production, notamment de la main-d’œuvre. »

En bref, que l’agriculture doit n’obéir qu’a loi du fric et de la rentabilité à outrance, point.

Concrètement, cet accord prévoit d’élimin0er à terme 91% des droits de douane imposés par le Mercosur sur les produits européens (ce que la Commission évalue à 4 milliards d’euros) et l’UE supprimera de son côté 92% des taxes actuellement appliquées sur les biens sud-américains qui arrivent sur son sol.

Dans l’industrie, les droits de douane du Mercosur seront progressivement éliminés sur les voitures (35%), les pièces détachées (14 à 18%), les équipements industriels (14 à 20%), la chimie (jusqu’à 18%), l’habillement (jusqu’à 35%) ou les produits pharmaceutiques (jusqu’à 14%). Mise à part l’habillement, tous ces secteurs sont ceux où l’Allemagne excelle. Berlin a donc de quoi se frotter les mains devant cet accord dont le principal bénéficiaire sera l’industrie allemande.

Mais il y a bien sûr une contrepartie. Elle concerne bien entendu l’agriculture puisque c’est le point fort des économies sud-américaines.

Sur les produits agricoles, les pays du Mercosur acceptent de supprimer leurs droits de douane sur le vin (27%), le chocolat (20%), les spiritueux (de 20 à 35%), les biscuits (16 à 18%), les pêches en conserve (55%), les boissons gazeuses (20 à 35%) et les olives. Les fromages et les produits laitiers de l’UE bénéficieront de quotas en-dessous desquels il n’y aura pas de taxes. Pour la France, cela ne représente que des avantages modestes car les marchés latino-américains n’occupent qu’une part marginale dans nos exportations de produits agricoles.

Mais, à l’inverse, l’Union européenne ouvre très largement son marché aux produits agricoles sud-américains, par le biais de quotas énormes : 99.000 tonnes de bœuf vont pouvoir entrer dans l’UE chaque année à un taux très préférentiel (droit de douane de 7,5% seulement), le sucre va bénéficier d’un quota de 180.000 tonnes et les volailles d’un quota de 100.000 tonnes.

Impact négatif massif à prévoir sur la production française de volailles 

La production française de volailles – qui était la 1re en Europe au début du siècle -, a régressé au cours des 20 dernières années (depuis l’introduction de l’euro) : nos éleveurs avaient produit 2,3 millions de tonnes de volailles en 2000, ils n’en ont plus produit que 1,73 million de tonnes en 2018, soit une baisse de près de -25%.

Sur la même période 2000-2018, la production de volailles polonaises a bondi de 550 000 tonnes à 2,5 millions de tonnes, dépassant désormais largement la production française. C’est logique car la Pologne bénéficie de deux avantages comparatifs irrésistibles par rapport à la France : d’une part elle a des coûts salariaux et sociaux très inférieurs aux nôtres ; d’autre part elle a conservé sa monnaie nationale (le złoty ) alors que les exportations françaises sont plombées par notre appartenance à l’euro, trop cher pour notre compétitivité.

Toujours sur la même période, les productions de volailles ont également prospéré en Allemagne (de 900 000 à 1 600 000 tonnes, presque au niveau français désormais !) et aux Pays-Bas (de 600 000 à 900 000 tonnes).

C’est également logique car ce sont les deux principaux pays d’Europe pour lesquels l’euro est sous-évalué par rapport à leur compétitivité.

Dans les conditions qui viennent d’être rappelées, l’ouverture d’un quota de 100 000 volailles venues d’Amérique du Sud à des tarifs très concurrentiels (ce qui représente environ 6% de la production française) va contribuer à déstabiliser le marché encore davantage à notre détriment.

La France va être le pays le plus durement touché puisque c’est celui dont les productions régressent déjà depuis 20 ans, sous l’effet de coûts salariaux plus élevés qu’en Pologne et au Brésil et d’un euro trop cher, inadapté à notre économie.

L’effet dévastateur va être accentué par le fait que les volailles sud-américaines sont gorgées d’hormones de croissance pour que la filière soit plus rentable, comme le bœuf, alors que les normes européennes l’interdisent ! Le scandaleux deux-poids-deux-mesures dont fait preuve la Commission européenne en la matière contribue à pousser légitimement nos agriculteurs dans la colère et la révolte.

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François Asselineau

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Comments (6)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    un ” accord ” est toujours désastreux quand on est faible

    21 juillet 2019 à 9 h 04 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      cet ” accord “, négocié rappelons le par l’ U.E., est donc surtout profitable à l’ industrie allemande de biens de consommation

      par la même occasion il n’ est pas inutile de rappeler qu’ E.D.F. a perdu avec son ” nucléaire “, des milliards d’ euros en Am. Sud, une bonne dizaine à ce qu’ on dit, principalement en Argentine

      21 juillet 2019 à 9 h 12 min
  • HOMERE Répondre

    Foutez le feu à vos récoltes et demandez réparation au Crédit Agricole qui en a dans ses caisses puisque c’est les vôtres…après celà plantez des carottes cuites dans des boîtes de conserve que vous vendrez à Conforama le pays où la vie est moins chère….ou à Auchan qui n’a plus de blé….

    19 juillet 2019 à 11 h 32 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      pire que le Mercosur les accords passés avec … l’ Ukraine ( par exemple la viande dite ” polonaise ” mais aussi le blé )

      les Français savent ils que nous avons perdu notre souveraineté ” agricole ” et que nous ne sommes plus auto-suffisants pour ce qui concerne certains secteurs alimentaires ou agro-alimentaires comme par exemple pour le … soja ?

      les Français ont cette particularité de ” découvrir ” les choses AVEC le désastre , JAMAIS AVANT

      notons que les U.S.A. et la R.P.C. eux font le forcing pour contrôler les ressources alimentaires qui leur sont indispensables

      *** présentement affolée par les différentes épidémie qui, chez elle, frappent sa … ” population ” porcine

      22 juillet 2019 à 20 h 17 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        *** il s’ agit bien entendu de la Chine ( R.P.C. )

        22 juillet 2019 à 20 h 18 min
  • KAVULOMKAVULOS Répondre

    Les consommateurs français bénéficient déjà des fruits et légumes “caramba” espagnols assaisonnés aux pesticides interdits en France par l’Europe, mais tolérés – c’est le moins que l’on puisse dire – pour l’Espagne, ils vont pouvoir gouter aux poulets et bovins gavés d’hormones de croissance, nourris au soja OGM, javellisés et pire encore. Gageons qu’aucun membre de notre gouvernement ne s’opposera à ce véritable empoisonnement et que nombre de médias subventionnés trouveront des tartuffes pour expliquer que tout cela est bon pour notre santé et notre niveau de vie. Ah oui, c’est vrai, en contre partie les brésiliens vont nous acheter un peu plus de Roquefort et de Chanel N°.5. Sans aller jusqu’aux solutions extrèmes préconisées par Mr Asselineau, je reste persuadé qu’un autre que Macron par exemple pourrait dire le mot de Cambrone aux européens qui exigent en fait la destruction de notre agriculture . D’accord, nous serions alors passible d’une “amende” – comme l’individu sain qui refuse manger de la merde -, et alors? En tant que contributeurs nets , et très nets, nous réaliserions alors une opération comptable très simple: au moment de verser notre contribution, nous en déduirions officiellement le montant de l’amende. Ce faisant, d’autres pays peu disposés à se faire avoir pourraient emboiter le pas, d’autant qu’après l’Allemagne – qui ne rechigne jamais a bouffer n’importe quoi pourvu que ce soit pas cher – vont ruer dans les brancards. Nous sommes bien les deuxièmes cochons de payants au “machin”, non ?

    16 juillet 2019 à 9 h 22 min

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