Dette européenne: l’abîme pour seul avenir

Dette européenne: l’abîme pour seul avenir

L’Union européenne vient d’accoucher d’un monstre. En mutualisant une part de la dette des États membres, elle récompense la gestion défaillante et la gabegie financière des moins vertueux d’entre eux.

C’est en effet à cause de ce laxisme que leurs systèmes sanitaires fragilisés par une impréparation notoire se sont effondrés sous le choc de la pandémie.

Tout est lié, comme l’atteste cette statistique simple : avec une dépense de santé représentant 11 % du PIB, en France comme en Allemagne, la France dispose de cinq fois moins de lits de réanimation et déplore cinq fois plus de décès dus au Covid-19.

Où est l’erreur ?

Elle se trouve pêle-mêle dans une bureaucratie administrative étouffante, l’empilement d’organismes aux fonctions voisines mais entrant dans une concurrence déresponsabilisante, des circuits de décision imprécis, une mainmise de l’exécutif sur un processus de décision qu’il entend maîtriser sans en avoir les compétences, des incohérences de gestion de crise liées aux sirènes de la communication officielle, des mensonges d’État meurtriers cachant malhabilement un manque flagrant d’anticipation, une technocratie dominante associée à des partenaires sociaux pour lesquels la cogestion du système de santé est source de pouvoirs et d’avantages multiples.

En retenant le coût économique de la pandémie pour critère principal de la distribution des aides, l’Union européenne conforte, par ce biais, le soutien aux États incapables de réformer leur fonctionnement et leurs pratiques, aussi peu éthiques que dispendieuses.

On comprend pourquoi l’Italie, l’Espagne et la France ont été aussi actifs dans la promotion de ce mécanisme de soutien « solidaire ».

Cette crise aurait pu fournir l’occasion historique de consacrer ces sommes à des programmes d’investissements d’avenir destinés à remettre sur la scène internationale des productions dont l’abandon, au cours du temps, rend l’Europe dépendante des grands empires économiques du monde.

Notre subordination en matière de médicaments en est la preuve la plus récente et la plus traumatisante.

À cette vision stratégique dont sont nés l’Agence spatiale européenne ou Airbus, il a été préféré une vision à court terme de consolidation, sans espoir de redressement durable, des pays politiquement soumis à la domination d’intérêts particuliers sur l’intérêt général.

Au lieu de reconstruire l’Europe agonisante sur des projets stimulants et stratégiques, ses instances politiques ont préféré l’asseoir sur des ruines, celles d’une dette sans objet défini préfigurant la paupérisation rapide et définitive d’un continent entier.

Comment des pays traditionnellement frugaux et bien gérés comme l’Allemagne ont-ils pu se laisser entraîner vers un tel abîme économique, social et civilisationnel ?

Il est certain que la perspective, actionnée par les pays dits du « Club Med », de leur faillite inéluctable ne pouvait laisser indifférents, particulièrement les industriels de ce pays pour lesquels le marché européen est d’autant plus vital que ceux des États-Unis et de la Chine se réduisent drastiquement dans cette période de guerre commerciale qui les oppose.

Mme Merkel est pragmatique et se montre plus attentive à ses entrepreneurs et au devenir de son pays qu’à la Cour de Justice de Karlsruhe, dont les mises en garde auront peu d’effets sur son avenir politique, à quelques mois de son départ du pouvoir.

Pour masquer ces réalités nées du pragmatisme allemand et de la débâcle financière et économique annoncée des États les plus malades de l’Union, il fallait trouver un motif suffisamment puissant pour anesthésier les oppositions des peuples de plus en plus réticents à admettre les décisions hors sol des technocrates bruxellois.

C’est celui de la construction intégrée d’un État supranational qui résoudrait les difficultés auxquelles il est mensongèrement affirmé qu’aucun État membre ne pourrait faire face seul ou dans le cadre d’une coopération d’États souverains.

En d’autres termes, l’Europe a échoué, faisons donc plus d’Europe.

Comme en magie, plus la ficelle est grosse, mieux elle passe inaperçue.

Nos illusionnistes au pouvoir méritent d’être dénoncés par ceux de nos citoyens qui échappent encore au charme de leur propagande et d’être remerciés avant de poursuivre leurs forfaits mortifères.

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Comments (1)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    la Chine, les U.S.A. ont eux aussi une dette astronomique …
    savez vous seulement que la R.P.C. est le pays où il y a le plus de canards boiteux ( environ 40 % des entreprises )

    2 août 2020 à 9 h 11 min

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