Développer l’apprentissage ? Libérons-le d’abord!

Développer l’apprentissage ? Libérons-le d’abord!

Oui, l’idée de développer l’alternance est séduisante, mais pas forcément pour tous les emplois.

Pour les emplois du supérieur : l’alternance ici n’a pas besoin d’être encouragée et subventionnée par les pouvoirs publics.

En effet, les deux parties y trouvent leur avantage. De plus, il s’agit d’une population déjà favorisée (j’ai connu des étudiants faisant l’ESSEC en alternance : ce ne sont pas des publics en difficulté !). On est en plein dans l’effet d’aubaine.

Pour les autres emplois (métiers manuels, employés divers pour lesquels la formation demandée reste du niveau CAP, BEP ou même Bac Pro), l’apprentissage est ici primordial, mais l’entreprise n’y trouve pas son compte actuellement et le patron de TPE ou de PME n’est plus prêt à accueillir beaucoup d’apprentis.

C’est pourquoi les candidats à l’apprentissage ont beaucoup de mal à trouver un « patron » pour les accueillir.

Voici les contraintes pour l’employeur :
– contrats dont on ne peut pas sortir après les 2 mois d’essai ;
– interdiction de faire faire un certain nombre de tâches (travail sur des machines par exemple) ;
– interdiction de faire faire plus de 35 heures et de faire faire des heures supplémentaires (d’où impossibilité d’emmener l’apprenti sur les chantiers) ;
– obligation de faire encadrer l’apprenti par un compagnon « tuteur ». Or, les compagnons refusent souvent de prendre cette responsabilité ;
– risque d’engendrer des dégâts matériels importants ;
– risque pour l’employeur d’être condamné au pénal pour « faute inexcusable », dès que l’apprenti fait une erreur débouchant sur un accident ;
– obligation de payer l’apprenti à temps plein, même s’il n’est qu’à mi-temps ou même moins dans l’entreprise (son salaire net ramené à l’heure est, dans bien des cas, supérieur à celui d’un employé payé jusqu’à 1,30 SMIC). Inutile de dire que beaucoup d’employés ne voient pas cela d’un bon œil, même s’il n’est pas « politiquement correct » de le faire remarquer.

Voici, au contraire, les contreparties positives :
– avoir eu l’honneur de former un jeune et d’avoir ainsi fait le travail que l’Éducation nationale a renoncé à faire ;
– pouvoir conserver ce jeune dans l’entreprise pour lui confier un poste et éviter ainsi les aléas du recrutement d’un inconnu mal formé ;
– une aide financière de l’État, parfois même abondée par les collectivités.

Si l’on a la chance d’avoir un « bon » apprenti, les contraintes paraissent légères et l’entreprise est prête à les assumer. Mais si l’apprenti est médiocre et ne fait pas l’affaire, c’est la double peine pour l’employeur pendant deux ans !

Pour résumer, actuellement, embaucher un apprenti n’en vaut pas la peine, même si la prime est augmentée. Il faudrait desserrer les contraintes réglementaires, notamment la possibilité de mettre fin à l’expérience en cas de difficultés importantes.

Je précise que, comme dirigeant de PME, j’ai eu à faire face au moins une fois à chacune des contraintes évoquées.

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Comments (3)

  • HOMERE Répondre

    Former les jeunes ? à quoi ? dans 20 ans, 80% des métiers actuels auront disparus…..
    Former un jeune aux technologies de pointe ? irréaliste…..
    Former un jeune aux métiers manuels ? lesquels ?
    Non….tout celà n’est qu’un palliatif vers l’automatisation des tâches qui résoudra tous les problèmes de main d’oeuvre…restera quelques activités connexes n’exigeant pas de connaissances très poussées..de la main d’oeuvre bon marché….exogène de préférence !!

    24 novembre 2017 à 15 h 29 min
    • BRENUS Répondre

      Sauf que la main d’oeuvre exogène n’est (parfois) bon marché que pour l’employeur. Pour la nation c’est une calamité compte tenu de ce qu’elle va payer et prendre en charge pour le travailleur – quand il travaille- et sa smala à qui on offre tout et qui ne cotise à rien. D’autant que, quelques années après l’installation les moutards ayant grandi viennent vous emmerder ou vous voler, réclamant sans cesse une égalité qu’ils ont d’office mais qui ne leur suffit pas. Voyez la Houria des indigènes de la république qui déteste tellement la France, cette bi-nationale. Que ne retourne t elle pas au bled comme X° moukère d’un vieux kroumir qui va bien l’avilir. D’ailleurs ce titre d’indigène est une usurpation : les vrais indigènes, au sens littéral c’est nous , eux ne sont que des exogènes. Et encore je suis poli.

      25 novembre 2017 à 1 h 27 min
  • BRENUS Répondre

    A la liste des “contraintes” pour l’employeur d’un apprenti il est maintenant nécessaire d’ajouter celles d’employeurs dans les “quartiers difficiles” qui ne font pas assez d’effort pour embaucher et promouvoir les “chances” locales. En effet, lors de sa visite de com à Roubaix, le comédien JUPITER aurait proposé de citer en place publique les patrons récalcitrants. Bientot, pour eux, ce sera le pilori ou le carcan. Avouez que cela donne envie, non ? Par contre ce n’est pas ma banque qui risquerait telle avanie : dans mon agence de banlieue parisienne, les 4 ou 5 personnes honteusement européennes se voient remplacées par des diverses qui représentent maintenant au moins les deux tiers du personnel, direction incluse. Ne figurant pas (pas encore…) dans un secteur sensible, donc sans représentation extrème d’allogènes il y a manifestement une volonté de la boite de pratiquer à outrance la discrimination positive. Dégagez, faces de craie, quand on vous dit qu’il faut laisser la place…. Nous sommes très loin de la Cote d’Ivoire, pays dans lequel il existait (et peut être encore) un Ministère de l’ivoirisation des Cadres. Chez nous c’est tout le contraire : nous avons beaucoup à apprendre.

    21 novembre 2017 à 0 h 18 min

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