Économie : les deux sphères

Économie : les deux sphères

L’indice CAC 40, représentatif des plus grosses capitalisations à la bourse de Paris, a touché un plus haut le 1er juin 2007. Son niveau actuel est d’environ 9 % en-dessous.
Entre-temps, à la suite de l’affaire des « subprime mortgages », qui s’est déclenchée aux États-Unis, fin juillet, du fait d’un retournement de tendance sur le marché de l’immobilier, l’indice avait plongé de quelque 14 %. Il a donc refait un peu plus d’un tiers du terrain perdu. Tous ceux qui ont un portefeuille d’actions et, au-delà, tous ceux dont le patrimoine dépend directement ou indirectement de la Bourse, ont des raisons de se demander ce que l’avenir à court ou moyen terme leur réserve.

Notons tout d’abord, qu’en un seul instant, la crise apparue quelque part aux États-Unis, s’est propagée à la terre entière. Car les banques échangent entre elles leurs créances, sans frontière. Les fonds d’investissement s’alimentent – ou se siphonnent – les uns les autres. Et la capacité plus ou moins grande des établissements financiers à accorder des crédits à leurs clients est évidemment, pour les acteurs de l’économie que sont les ménages et les entreprises, un élément fondamental de leur environnement, surtout dans des systèmes qui carburent à la dette et non pas à l’épargne (notre chronique de la semaine dernière).

Parler de l’économie française (ou européenne ou américaine…) n’a plus aucun sens. Avec la liberté quasi totale des échanges, nous sommes dans une « économie-monde », avec simplement une diversité de régions (Chine, Inde, Brésil, Europe, USA…) et rien de ce qui se passe où que ce soit n’est sans conséquence sur nos destins individuels. « Un battement d’aile de papillon en Chine peut faire éternuer un faucon à Washington ». Ce qu’il y a de nouveau, c’est l’effet quasi immédiat, dans certains cas, de ce battement d’aile de papillon…

Pour les marchés financiers, beaucoup de données objectives incitent à l’optimisme. En particulier, celles qui touchent aux performances des entreprises. Celles-ci sont de plus en plus nombreuses à être bien gérées. Et à améliorer, année après année, leur rentabilité. Elles financent leurs investissements sur leurs fonds propres tout en rémunérant correctement leurs actionnaires. Leurs salariés, employés, cadres et dirigeants se coltinent avec les problèmes de production, de marchés, de ventes. Ils savent anticiper et remettre à jour, en permanence, leurs prévisions. Le modèle de l’entreprise libre performante est aujourd’hui mis en œuvre par plus de la moitié de l’humanité et ne cesse de faire des progrès, en particulier, dans les pays-continents que sont la Chine, l’Inde et l’Amérique du Sud.

Avec de tels athlètes, nous sommes capables d’atteindre des taux de croissance élevés. La Chine affiche +12 %. L’Inde +10 %. La moyenne des pays de l’OCDE est à +6 %.

Nous avons, en France, des handicaps, qui tiennent à la dimension de la sphère publique, non compétitive
, qui vit, telle une sangsue, aux dépens de la sphère privée, dont la productivité serait « normale », si elle n’était confisquée.

La France profite de la croissance mondiale et y participe, dans une proportion qui pourrait être plus importante sans ce désavantage comparatif. Mais elle est aussi exposée de plein fouet aux risques systémiques qui résultent d’une mauvaise gestion des questions monétaires, depuis maintenant soixante ans.

Avec les Accords dits de Bretton Woods, signés le 22 juillet 1944, l’idéologie dominante, inspirée par le funeste John Maynard Keynes, qui dirigeait lui-même la délégation britannique, a été d’aller toujours plus loin en direction d’une monnaie unique internationale (on y est presque), et de favoriser la reconstruction et le développement économique des pays touchés par la Seconde Guerre mondiale en ouvrant les vannes du crédit, avec pour seule limite, depuis une vingtaine d’années, une inflation si possible limitée à 2 % par an (ce qui peut paraître raisonnable, mais ce qui l’est beaucoup moins si l’on veut bien convenir que les prix des facteurs de production sont presque tous orientés à la baisse).

Une pseudo-élite, formée à la pensée unique du keynésianisme (avatar apolitique du socialisme) a voulu nous convaincre que, par exception, la monnaie devait échapper aux règles du marché
, être gérée par des monopoles et obéir à des lois anti-économiques. On en voit aujourd’hui les résultats désastreux. On peut faire confiance à un grand nombre de chefs d’entreprises. Il est plus difficile de faire confiance au petit nombre des hommes politiques et des présidents des banques centrales, desquels notre avenir dépend aussi…

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Comments (1)

  • loic Répondre

    L’article à 1 an e demi. En pleine crise, la lecture de l’article est savoureuse. Vous avez changé d’avis depuis ?

    15 février 2009 à 8 h 42 min

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