Faut-il sacrifier les peuples à l’euro ?

Faut-il sacrifier les peuples à l’euro ?

Lu dans la presse


«  Crise grecque : le sommet de la dernière chance »
 ; « Comment l’euro a été sauvé » : ces deux titres du Parisien, publiés le premier dans l’édition du 21 juillet, le second dans celle du 23, expriment le soulagement général d’une presse qui envisageait ces jours-ci la fin de la monnaie unique comme une catastrophe majeure. Et sans doute l’eût-elle été, dès lors qu’elle ne procédait pas d’un choix politique, ni ne résultait d’une préparation, mais était imposée par l’événement.

Faut-il pour autant se réjouir bruyamment de l’accord trouvé in extremis, comme s’y emploient complaisamment, sous l’objectif des photographes, le premier ministre grec George Papandréou, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ?

Le Parisien du 23 juillet se félicite, comme l’ensemble des médias, de la déclaration des ministres des Affaires étrangères, Alain Juppé, et des Affaires européennes, Jean Léonetti, qui estiment que « face à la crise, il n’y a pas d’autre réponse que d’aller vers davantage d’intégration » ; ils se félicitent, de même, de l’annonce par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel de propositions « communes s’agissant de la gouvernance économique » de la zone euro, qui devraient intervenir « d’ici la fin de l’été ». Il s’agit, en somme, de mettre en place d’urgence un gouvernement économique européen. Qu’en pensent les peuples ? Comment réagiront les Allemands, qui estiment que l’essentiel de l’effort consenti dans le cadre européen repose sur eux ? Et les Français, qui ont déjà dit non à l’aventurisme lors du référendum sur le projet de constitution européenne, et dont Nicolas Sarkozy a trahi les choix sans vergogne ? Peu importe ; l’Europe n’est pas une démocratie ; et si l’on devait compter avec les peuples…

La fuite en avant se poursuivra donc. Plutôt sacrifier l’Europe, et a fortiori ses nations, plutôt que de renoncer à l’euro. Comme l’écrit dans Le Monde.fr du 22 juillet, le député de l’Essonne, Nicolas Dupont-Aignan, « Bien que la crise de l’euro s’aggrave, force reste au dogme qui paralyse les esprits. Hélas, car l’adoration de la monnaie unique charrie deux mensonges qu’il faudrait surmonter pour qu’enfin émerge une solution crédible à la crise. »


Les deux mensonges des partisans de l’euro
  • Premier mensonge : « faire croire que l’euro n’a pas de responsabilité dans la crise de la dette. Elle proviendrait d’un excès de dépenses lié à la légèreté des dirigeants et des peuples. Il suffirait donc d’imposer l’austérité pour en sortir. C’est loin d’être aussi simple ! Si les gouvernants grecs ont manqué de sérieux, n’oublions pas que les Espagnols et les Irlandais étaient cités en exemple par la Commission européenne pour leur budget en équilibre. » En réalité, ajoute Nicolas Dupont-aignan, la dette a été suscitée à la fois par l’application d’un taux d’intérêt unique à des économies aux taux d’inflation différents, et par les déficits extérieurs des pays du Sud et de la France, qui accuse en mai 2011 un déficit commercial de 7 milliards d’euros, « égal à celui d’une année en 2004 ! (…) au même moment, l’excédent commercial allemand augmente toujours. C’est ce qui arrive quand on impose une monnaie unique à des économies différentes. Les plus compétitives concentrent encore plus les richesses, les moins compétitives s’appauvrissent. »

  • Deuxième mensonge : laisser croire qu’il suffirait de mener une politique unique mettre fin à ces déséquilibres. Imposons un gouvernement économique européen et tout s’arrangera ! Malheureusement aucun gouvernement ne pourra corriger les déficits de compétitivité des uns et freiner l’avance des autres. »

Cette fuite en avant, estime Nicolas Dupont-Aignan, « n’a qu’un but : sauver l’euro, une construction dogmatique contraire aux lois de l’économie. » Mais ce faisant, on risque surtout de détruire l’Union européenne, qui « n’a de sens que si elle s’appuie sur des nations qui coopèrent entre elles », a ;lors qu’en l’occurrence, « c’est tout l’inverse, des peuples sont appauvris et humiliés. »

Ne vaut-il pas mieux préférer l’Europe à l’euro ? De toute manière, « la question n’est plus de savoir si la zone euro explosera, mais quand et comment », écrit encore le député de l’Essonne, pour qui la vraie solution consisterait à transformer la monnaie unique en une monnaie commune, qui « serait fondée à partir de l’euro et des autres monnaies nationales restaurées ».

Hélas ! L’europe de Bruxelles est jacobine et tout laisse à penser que les responsables politiques, à commencer par les Français, feront passer l’idéologie avant les peuples.

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Comments (1)

  • ozones Répondre

    L’euro est une construction politique pour empécher les peuples de s’opposer aux plans de Bruxelles quand cecis deviendrons plus contraignants. Sauf que le tempo n’y est pas,la “crise” retarde leur action,de plus,les conséquences de l’aberration économique qu’est une monnaie unique se font jour donc avant l’heure prévue,c’est la panique et la fuite en avant vers la “gouvernance de la zone”,en pleine campagne eléctorale ils doivent garder le chmilblick en vie,sinon ils vont partir avec dans les chiottes de l’Histoire.

    27 juillet 2011 à 22 h 55 min

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