FMI : pendant les affaires, le massacre continue !

FMI : pendant les affaires, le massacre continue !

La nomination de Christi­ne Lagarde et les rebondissements dans l’affaire Dominique Strauss-Kahn ont ramené les regards sur le Fonds monétaire international – si tant est que ces regards en aient jamais été détournés au cours des deux derniers mois !

Cependant, cette actualité a tout de l’arbre qui cache la forêt. Car l’actualité du FMI, la semaine dernière, c’était surtout l’actualité de la Grèce. Le 29 juin dernier, le parlement grec a accepté un nouveau plan d’austérité. Ce plan, mêlant hausses d’impôts et baisses des dépenses publiques, devrait permettre à l’État grec d’engranger ou de ne pas dépenser 28 milliards d’euros sur 5 ans. Ce qui a permis à l’Union européenne et au FMI de débloquer 12 milliards d’euros de prêt (8,7 pour l’UE et 3,3 pour le FMI) d’ici le 15 juillet.

Et on annonce, pour la rentrée, un deuxième plan de sauvetage de 110 milliards d’euros.
La faillite de la Grèce n’est donc plus au programme !

Naturellement, pas plus que quiconque je ne souhaitais cette faillite de la Grèce et je veux bien participer à la liesse générale. Mais j’avoue que je préfère ne pas sauter de joie trop vite !

D’abord, parce que l’annonce de ce deuxième plan de sauvetage, équivalent au premier, n’est pas vraiment rassurante. Si, en moins d’un an et demi, 110 milliards d’euros se sont évaporés, pourquoi en irait-il autrement des 110 nouveaux milliards ? Les Grecs ont inventé, voici plus de 25 siècles, le tonneau des Danaïdes. Ils nous montrent qu’ils savent encore ce que c’est !

Ensuite, parce qu’aucun des profiteurs n’est mis à contribution. En particulier, les banques, qui se sont copieusement enrichies par la spéculation sur le désastre de la drachme, ne sont même pas invitées à se porter caution du remboursement par l’État grec de ces prêts colossaux.

Mieux encore, si j’ose dire : certaines banques prestigieuses, dont Goldman Sachs, ont été accusées d’avoir aidé l’État grec à dissimuler la situation calamiteuse de ses finances publiques. Goldman Sachs aurait reçu de la Grèce, selon le « New York Times », la bagatelle de 300 millions d’euros en un peu moins de dix ans pour ses compétences dans ce joli métier. Eh bien ! croyez-le ou non, cela ne semble pas intéresser les autorités de régulation internationales ou européennes…

De façon générale, ce qui règne, dans cette affaire, c’est la plus stupéfiante irresponsabilité. Ni les politiques, ni les médias, ni les agences de notation, ni les banques, ni les institutions européennes, ni les institutions financières internationales ne paraissent estimer porter la moindre responsabilité dans cette banqueroute.

Les seuls à porter le chapeau, ce sont les citoyens grecs. Et, eux, ils vont payer une note salée, avec amendes et intérêts de retards !
Cela explique aussi la troisième raison de mon manque d’enthousiasme devant la prétendue « résolution de la crise grecque » : la situation sociale est explosive. Faute d’avoir mis en place un système économique sain, où l’épargne est récompensée, où les libertés économiques vont de pair avec les responsabilités, où le mensonge rapporte des années de prison et non des millions d’euros, la Grèce renoue avec la rhétorique de l’extrême gauche – en attendant que le reste de l’Europe lui emboîte le pas. Voici à peine 20 ans, la moitié de l’Europe a été libérée du joug soviétique. Mais, pour beaucoup, cette libération s’est traduite par une nouvelle oppression : celle de financiers corrompus qui, en partenariat avec les oligarchies politiques, ont spolié des millions de personnes…

Je passe sur un point dont nous avons abondamment parlé dans ces colonnes : la fausse monnaie que les dirigeants européens et américains, sans parler des officines de la « gouvernance économique mondiale », s’obstinent à mettre sur le marché, maintenant des taux d’intérêt totalement artificiels et sans rapport avec la réalité économique.

Il faut encore aborder un dernier point, évoqué officiellement pour la première fois à ma connaissance.

Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe, a en effet annoncé : « La souveraineté de la Grèce sera énormément restreinte. »
Dans ce jeu sinistre où les peuples se font plumer, nous avons donc des oligarchies qui balancent des quantités anormalement importantes de monnaie sur le marché. En réaction, l’endettement des États et des particuliers augmente… pour le plus grand profit de ces oligarchies. Et, une fois la faillite survenue, les contribuables sont « invités » à refinancer lesdites oligarchies… qui, en remerciement, leur confisquent le peu de souveraineté qui leur restait. Il est difficile d’être plus cynique !

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Comments (2)

  • Anonyme Répondre

    " La Grèce renoue avec la rhétorique de l’extrême gauche – en attendant que le reste de l’Europe lui emboîte le pas. Voici à peine 20 ans, la moitié de l’Europe a été libérée du joug soviétique. Mais, pour beaucoup, cette libération s’est traduite par une nouvelle oppression : celle de financiers corrompus qui, en partenariat avec les oligarchies politiques, ont spolié des millions de personnes…

    Je passe sur un point dont nous avons abondamment parlé dans ces colonnes : la fausse monnaie que les dirigeants européens et américains, sans parler des officines de la « gouvernance économique mondiale », s’obstinent à mettre sur le marché, maintenant des taux d’intérêt totalement artificiels et sans rapport avec la réalité économique."

    On comprend, à partir de ce constat, que les extrêmistes, gauche et droite confondues, appellent à la révolution, à la rue, à la casse, et aux excès de tous ordres!

    Heureusement, les classes moyennes sont devenues majoritaires en Europe. Certes, elles sont manipulées par la pensée dominante portée par les média et les intellos, qui veulent promouvoir un nouvel ordre, une nouvelle civilisation multicuturelle, faite d’immigrés anti-nationaux, faute de pouvoir/vouloir s’intégrer au mode de vie français.

    OBAMA et les forces libérales américaines laissent tomber l’Europe, en n’y voyant qu’un marché métis juteux à terme! Ils poussent à l’entrée de la Turquie au sein de l’U.E, dont ils imaginent un rôle médiateur et régulateur auprès des forces islamistes radicales.

    Dans cette perspective, notre classe politique flotte entre deux eaux, avec une vision opportuniste à très court terme, le temps d’une élection….

    7 juillet 2011 à 18 h 26 min
  • ozone Répondre

    Dans les années trente l’exigence des banques US d’étre rembousés tout de suite par l’Allemagne a porté au pouvoir Hitler.

    C’est ce que l’on cherche a refaire maintenant?

    6 juillet 2011 à 21 h 44 min

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