Fonction publique et missions de l’État

Fonction publique et missions de l’État

C’est devenu un lieu commun : il y a trop de fonctionnaires en France. Presque tous les candidats qui se sont présentés aux dernières élections présidentielles ont fait des propositions de réduction de leurs effectifs, 120 000 pour Emmanuel Macron, 500 000 pour François Fillon.

Ils sont, en effet, plus de 5 millions et pèsent lourdement sur les comptes publics. Les voilà accusés régulièrement d’être les principaux responsables du déficit chronique de nos comptes.

Le 1er février dernier, l’actuel gouvernement a présenté ses premières pistes pour réformer la fonction publique avec plus de contractuels, la rémunération au mérite, une réforme du statut. Jusque-là, rien de bien étonnant ni de nouveau, cela ressemble étrangement à d’anciens projets ressortis des tiroirs.

Plus étonnante a été l’annonce « d’un plan de départs volontaires pour ceux qui souhaiteraient partir », moyennant une prime.

Certes, on a déjà assisté dans le passé au départ de très hauts fonctionnaires des finances : il y a des noms célèbres, qui sont allés pantoufler dans le privé pour gagner 3 à 4 fois plus, sans réclamer une prime de départ. Cette annonce, très générale, est, en fait, fort risquée car l’État peut ainsi perdre des compétences qu’il a mis des années à former et qui trouveront facilement à s’employer dans le privé – avec, en sus, une prime !

C’est mettre la charrue devant les bœufs : l’État doit d’abord définir ou redéfinir ses missions et, ensuite, prendre des mesures pour réduire, si nécessaire, le nombre des fonctionnaires qui seraient en surnombre en fonction de la nature des prestations et des zones géographiques.

Mais, au-delà du poids quantitatif du corps des fonctionnaires de l’État, qui a déjà subi de drastiques cures d’amaigrissement, comme la Défense nationale, cette réduction menace les missions régaliennes.

Cette situation n’est pas sans conséquences sur la vision que les Français ont de l’État, incarnation juridique de la communauté nationale, et dont le rôle a été primordial dans la construction politique de la France.

En effet, l’État disparaît physiquement du paysage de nombreux territoires : disparition des commissariats, des services des finances, des sous-préfectures – phénomène amplifié par le retrait d’entreprises publiques, comme la Poste, et dont les dysfonctionnements se multiplient au détriment des usagers.

L’effort nécessaire de réduction, donc de restructuration, devrait surtout porter sur le mille-feuille territorial dont les multiples strates administratives s’empilent les unes sur les autres et sont devenues des machines à dépenses publiques : communes, intercommunalités, départements, régions et métropoles. D’autres réformes de structure, telles la réforme des retraites, avec notamment celle des régimes spéciaux, sont de nature à concourir à la baisse de la dépense publique.

Oui, il y a, dans ces réformes structurelles, des possibilités d’économies budgétaires sans porter atteinte au service public.

Toutefois, on ne saurait omettre, dans cette réflexion, deux points importants :

– La privatisation de certains services publics est-elle moins onéreuse ?

Rien n’est moins certain et l’expérience démontre que la privatisation n’est pas forcément moins coûteuse qu’un service public en régie.

Les entreprises privées doivent se rémunérer, bien évidemment, et facturent leurs services.

N’oublions pas, de plus, qu’un service public fonctionne parfois 24 heures sur 24 et que des agents sous astreinte interviennent souvent, même pendant les fêtes carillonnées. Cette contrainte peut exister aussi au sein de sociétés privées, mais ce service se paie au prix fort.

Ensuite, il faut prendre en compte la qualité du service, souvent inquantifiable en termes comptables mais bien réelle selon que le citoyen est usager d’un service public tenu de respecter des critères d’égalité d’accès et de continuité ou client d’une entreprise qui facture en fonction de ses coûts.

– N’oublions pas, enfin, que nos concitoyens sont attachés aux services publics.

Lors de l’éclatement d’une conduite d’eau à Maisons-Laffitte, un dimanche matin – le concessionnaire du service d’eau ayant tardé à intervenir malgré des appels répétés –, je me suis attiré la remarque cinglante d’un administré : « Qu’est-ce que ce service public, c’est un service à l’américaine ! »

La sentence est éloquente. Nos concitoyens ne veulent pas d’un modèle à l’américaine, et demandent des services publics effectifs.

À bon entendeur, salut !

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Comments (6)

  • Hilarion Répondre

    Le Général de Gendarmerie Bertrand Soubelet avait déclaré dans le cadre d’une enquête parlementaire que multiplier par deux les effectifs de gendarmerie serait inutile, puisque les gendarmes couraient après des délinquants quelquefois condamnés pour des dizaines de délits, sans jamais être vraiment sanctionnés (Lui par contre fut sanctionné pour l’avoir dit !) A Calais une centaine de CRS et gendarmes sont déployés pour un coût de plusieurs dizaine de millions par an et pour courir après des individus présents en toute illégalité. Des milliards sont ainsi dépensés dans tous les domaines par laxisme, pusillanimité, idéologie de la magistrature pression de médias gauchistes induisant une politique du chien crevé au fil de l’eau laissant se pourrir une situation qui laisse à penser au citoyen contribuable que tout ce que l’état leur prend est surtout destiné à lui nuire.

    6 mars 2018 à 19 h 07 min
    • Paul Répondre

      Monsieur, vous avez raison mais ne vous y trompez pas: renvoyer chez eux les immigrés coûtera également très cher, peut-être en vies humaines d’ailleurs. Il faut simplement le dire, ce que personne n’ose, se contentant de slogans (“il faut renvoyer le immigrés chez eux !”) sans jamais expliquer comment et pour quel coût. Reprendre en main notre pays ce sera du sang, de la sueur et des larmes, pas une promenade de santé.

      6 mars 2018 à 22 h 45 min
  • Paul Répondre

    La question n’est pas tant le nombre de fonctionnaires que le champ de la fonction publique. Il existe, certes, 5 millions de fonctionnaires en France mais 1 million sont contractuels. Sur les 4 millions restant, 2,4 sont au service de l’Etat. Si l’on retranche les effectifs régaliens, 60% (enseignement et aides sociales) peuvent être largement supprimés (social, école maternelle)) ou privatisé (enseignement).
    En ce qui concerne les effectifs hospitaliers, leur gestion est pervertie par la sécurité sociale. Il conviendrait de supprimer celle-ci et de la remplacer par des assurances privées facultatives. La santé relève de la responsabilité individuelle et nul ne doit être contraint de prendre en charge une personne qui préfère boire et fumer plutôt que cotiser à une assurance santé.
    Pour les 1,9 millions de fonctionnaires des collectivités territoriales, c’est le contrat qui doit prévaloir (3 années renouvelables, comme cela existe déjà) afin que les maires nouvellement élus ne soient pas tenus de porter le fardeau des effectifs laissés par ses prédécesseurs.
    Tout cela demande de la pédagogie. C’est ce qu’on attend d’un leader de droite.

    6 mars 2018 à 16 h 45 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    jamais la poste n’ a aussi bien fonctionné dans ma petite ville : un service rapide, efficace, courtois malgré le manque d’ éducation de la … clientèle et pas seulement immigrée ! je ne dis pas ça des campagnes environnantes dont certaines n’ ont toujours pas le haut débit ! par contre bientôt nous n’ aurons plus de gendarmerie , quant au commissariat il a quasiment disparu du paysage : merci … Sarko !

    2 mars 2018 à 10 h 26 min
    • BRENUS Répondre

      C’est de votre faute : vous ne payez pas assez d’impots…..

      4 mars 2018 à 1 h 09 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        je dois dire que le maire L.R. , durant ses trois premiers mandats, a su contenir et même stabiliser les taxes qui sont de son ressort … tout en développant l’ activité économique de la Com. d’ Aglo. nouvellement créée et en maintenant un service public efficace et … courtois … un bon maire … L.R.

        6 mars 2018 à 8 h 20 min

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