« Grand emprunt » : le temps des « nanars »

« Grand emprunt » : le temps des « nanars »

Le débat sur le « grand emprunt » voulu par Nicolas Sarkozy a quelque chose de surréaliste. Chacun convient que le principal problème de la France, du côté de ses finances publiques, est celui du déficit de ses comptes et de la dette qui en résulte. C’est aussi devenu la principale préoccupation des Français, à égalité avec le chômage.

On aurait pu croire que le gouvernement en tiendrait compte. Que nenni ! Les déficits ne cessent d’augmenter – et aussi la dette, de ce fait…
C’est dans ce contexte que, le 22 juin 2009, devant le Congrès, réuni pour la première fois à Versailles pour l’écouter, le président de la République a lancé l’idée d’un « grand emprunt ». Puis, il a installé une commission, coprésidée par MM. Alain Juppé et Michel Rocard, dont on attend le rapport d’un jour à l’autre.

Comme l’opinion y est majoritairement hostile (82 % des Français disent même ne pas avoir l’intention d’y souscrire !), cette affaire ne serait défendable qu’à la condition que des arguments sérieux viennent l’étayer. On n’en voit aucun…
Pour mériter son nom, le « grand emprunt » doit en effet être souscrit par les particuliers. S’il était réservé aux acteurs professionnels du marché du financement de la dette, ce ne serait qu’une opération de plus, parmi d’autres.

Or, le taux moyen des obligations privées à cinq ans et plus, étant de l’ordre de 5 %, il n’est pas certain que ce « grand emprunt » soit si facilement souscrit par les particuliers si le rendement proposé est du même ordre que celui qu’acceptent les professionnels (moins de 3 % sur 5-7 ans). Et, si le taux offert est plus élevé, ce sera alors une mauvaise affaire pour l’État, et donc pour les contribuables…

Au plan économique, l’emprunt peut, en théorie, se justifier de deux façons.

La première renvoie au comportement familial. Emprunter permet d’anticiper sur des rentrées futures. Dans le cas de l’État français, cela voudrait dire que le « grand emprunt » ne serait rien d’autre qu’une anticipation des futures augmentations d’impôts. Après 2012 ?…

La seconde renvoie au comportement des entreprises : elles empruntent pour financer des projets dont la rentabilité attendue est supérieure au taux d’intérêt du moment. Si la rentabilité attendue est par exemple de 10 %, il n’est pas idiot d’emprunter à 5 %. C’est ce qu’on appelle l’effet de levier.

Mais l’État est-il crédible quand il prétend, avec cet emprunt, financer des investissements d’avenir à forte valeur ajoutée ? Le passé ne plaide pas pour sa future bonne conduite… Les 1 520 milliards d’euros de dettes publiques accumulées depuis 35 ans n’ont jamais financé que des trous et des fins de mois.

Alain Juppé déclarait, il y a quelques jours, que l’argent du « grand emprunt » irait principalement à la recherche et à l’innovation. C’est évidemment mieux que de dire qu’il servira à combler une petite partie du déficit de la Sécu. Mais, pour qu’on en soit certain, encore faudrait-il que l’équilibre de la Sécu soit assuré, alors qu’il recule de jour en jour. Dans ces conditions, une opération de compensation, sorte de tour de passe-passe, est à craindre.

Quand bien même l’argent irait effectivement à la recherche et l’innovation, encore faudrait-il que ce soit en faveur d’une recherche qui trouve et d’une innovation qui paye. Rien n’indique que nos structures publiques soient pour cela les plus qualifiées. Rien n’indique d’ailleurs non plus qu’un seul projet rentable soit actuellement en souffrance faute de financement.

C’est même l’inverse qui est à craindre : quand les taux d’intérêt sont bas – très bas, artificiellement bas, comme c’est le cas actuellement –, des projets qui n’auraient pas pu être financés au taux d’intérêt « naturel » (dont on peut simplement dire qu’il serait plus élevé) peuvent l’être. Mais ces projets-là, souvent des « nanars », qui en fait n’auraient pas dû être financés, ne sont constitutifs que d’une nouvelle bulle…

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Comments (6)

  • Anonyme Répondre

    Ni dettes, Ni emprunts, la France doit créer de l’Argent !

    Non à l’emprunt Sarkozy !

    Face au pillage de notre pays organisé, depuis plus de 30 ans, par les marchés financiers qui gonflent artificielle, par les taux d’intérêt, la dette de notre pays, et afin de promouvoir des politiques de bien commun le gouvernement Français doit rompre avec la loi Giscard-Ponpidou du 3 janvier 1973, et tous les traités européens depuis Maastricht.

    Le gouvernement doit reprendre sa souveraineté économique et émettre du crédit productif Publique émit par une nouvelle Banque de la France.

    Le château de cartes de la finance est entrain de s’effondrer, il faut sortir de la spéculation et remettre l’argent au service de la population.

    David C.
    david.cabas.over-blog.fr

    21 novembre 2009 à 23 h 35 min
  • Jaures Répondre

    Ce grand emprunt n”est qu’un leurre pour faire oublier la crise actuelle en créant une fiction.

    En effet, chaque trimestre, l’état effectue un "grand emprunt" supérieur à celui annoncé.

    Si la recherche et l’innovation étaient des priorités de l’UMP, cela se saurait depuis 7 ans qu’il est au pouvoir. 

    13 novembre 2009 à 13 h 50 min
  • Alcide Répondre

    Cher Monsieur badaboum

    Le ton critique, hautain, celui qui affirme mais ne démontre rien, est généralement la marque du sot pédant. Il y en a ainsi des tripoté perchés sur le piédestal de leur naissance à laquelle ils doivent tout et rien à leur mérite personnel. Sans être économiste, ce qui serait insultant vu le peu de précisions dans leurs prédictions et explications des crises, il est aisé de comprendre la création du papier-monnaie .Par le seul fait du prince républicain en fonction, le pouvoir de création de la monnaie et l’obligation d’emprunter à une banque privée a été Créé . En France si mes souvenirs sont bons nous somment asservis et avons payé en intérêt ce que nous avons emprunté depuis le décret scélérat de Valéry Giscard d’Estaing. Comme cela ne semble pas suffire bientôt nous auront droit à la taxe carbone justifiée par un soi-disant réchauffement anthropique de la planète. Avec un peu de recul il est plaisant de constater que l’élite, fils et filles à papa ou à Tonton est payée au prorata de sa connerie. Il ne manque plus qu’une nouvelle religion, un nouveau culte que l’on pourrait leur consacrer, mais il paraît que dans les couloirs de l’ONU cela existe déjà en préparation…

    13 novembre 2009 à 10 h 39 min
  • Ben Répondre

    Vérifiez.

    12 novembre 2009 à 22 h 30 min
  • badaboom Répondre

    @Ben looooooooooooooooooooooool C’est mignon comme commentaire, un brin naïf, teinté d’une totale ignorance. Revoyez vos cours d’économie si jamais vous en avez ouvert un un jour. Complètement hors sujet, mais l’or n’est quasiment devenu plus qu’un produit dérivatif pour se couvrir. Si l’or était encore lié à la création monétaire, il y aurait d’énorme déflation, et allez expliquer à tout le monde que leur salaire diminuera chaque année…

    12 novembre 2009 à 10 h 08 min
  • Ben Répondre

       La Banque Nationale est une banque privée, contrairement à ce que la plupart des gens supposent. L’état, traître, lui octroie le monopole illégal de la fabrication de la monnaie. Elle en imprime tant qu’elle veut, même si elle n’a aucun avoir concret en contrepartie. Si la banque a 1 milliard en or de réserves, elle imprime environ 10 milliards en billets, donc 9 milliards de fausse monnaie. On appelle ça la réserve fractionnaire car la réserve concrète n’est qu’une fraction de l’argent papier ou électronique émis. L’état, sans la permission des citoyens, emprunte les 9 milliards bidon à la banque frauduleuse.

       Il met l’argent en circulation et les gens achètent à crédit des maisons et des voitures. Quand suffisamment de victimes ont mordu à l’hameçon, le gouvernment et la banque, de connivence, réduisent la quantité d’argent circulant. Les gens n’arrivent plus à payer leurs achats à crédit; la banque les confisque, et partage le magot avec l’état, dont le fisc et la police servent de porte-flingues pour ce racket.

       Vérifiez si votre pseudo "Banque Nationale" est publique ou privée, et si elle pratique la réserve fractionnaire (elles le font toutes, dans tous les pays). Vous verrez. Donc Sarkozy "emprunte" de l’argent à la banque, mais il faudra lui payer des intérêts. Comme elle met environ dix fois trop d’argent en circulation, elle empoche environ dix fois trop d’intérêts. Voilà pourquoi la Banque Nationale belge a doublé ses bénéfices en 2008 alors que le peuple s’est appauvri et que le déficit de l’état s’est aggravé.

       Le Tiers-Monde suffoque depuis des décennies dans cet esclavage fisco-financier, dont les termes sont calculés exprès pour que le paiement des intérêts de la dette croisse indéfiniment, de sorte que le peuple doit constamment payer plus d’impôts. Les mondialistes ont décidé d’instaurer le même esclavage perpétuel en Occident. Vérifiez. 

      

    11 novembre 2009 à 16 h 41 min

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