Grands travaux : la ruine par le TGV

Grands travaux : la ruine par le TGV

À la suite d’un récent entretien avec les 4 Vérités (Non à la relance par les déficits), un lecteur m’a écrit que la phrase « les TGV jouent un rôle important dans la ruine de la SNCF, celle-ci étant une cause majeure dans la ruine de la France » mériterait un développement. Il a raison et il est intéressant d’expliquer, car c’est d’une grande actualité avec le projet de quatre lignes supplémentaires. Voyons les faits avant de les expliquer.

Un chapitre d’un rapport de la Cour des comptes
sur la réforme ferroviaire indique bien que les TGV sont à la source de la ruine connue de la SNCF. La Cour a dénoncé : « Le lourd endettement de la SNCF induit principalement par les investissements considérables effectués pour construire et équiper les lignes nouvelles à grande vitesse ». Or, les comptes de l’ensemble SNCF plus Réseau Ferré de France (RFF) sont dans le rouge depuis longtemps, malgré des apparences trompeuses, et, ceci, en particulier à cause de l’endettement.

Avec la liaison Lyon-Turin, la catastrophe financière du tunnel sous la Manche risque d’être multipliée par deux ou trois. Le tunnel a coûté 100 milliards ; dans les Alpes nous serons vers les 200 milliards. Paris et Londres comptent chacun 10 millions d’habitants, alors que Lyon et Turin se limitent à 1,5 million. Autant dire qu’il y aura fort peu de clients et jamais assez pour rentabiliser.
Il en est ainsi de tous les projets de TGV expressément visés par la prétendue politique de relance, laquelle, d’ailleurs, est axée uniquement sur des investissements publics.

Pourquoi de tels grands projets publics conduisent-ils à une faillite financière ? À la base, évidemment, se trouve le refus de raisonner dans le cadre du marché, puisqu’il s’agit de projets étatiques et que ces projets obéissent à d’autres critères.
Un projet public obéit, non pas quelquefois, mais toujours, au bon plaisir momentané des personnages au pouvoir et en particulier à celui des élus. Les élus attachés non pas au bien commun, mais à leur réélection, se glorifient abusivement du magnifique instrument : le point d’orgue est la joie du cordon à couper !

L’exemple typique est le projet pour atteindre la ville de Nice. L’on se prépare à déverser des milliards pour faire gagner une heure à ces « malheureux » Niçois lorsqu’ils veulent se rendre dans la capitale !

Un autre facteur joue en faveur de ces projets gigantesques avec une allégresse coupable : dans leur évaluation, les grosses firmes que sont, prioritairement, les banques et les sociétés de travaux publics poussent à la roue avec la perspective de gros bénéfices et de grasses commissions.
Il en résulte que, dans les calculs préalables, l’on augmente systématiquement les perspectives commerciales et que l’on minore les perspectives de coûts.

C’est ce qui est arrivé au tunnel sous la Manche qui a ruiné ses premiers actionnaires. Rappelons que ces actionnaires d’origine ont joué leur argent sous la forte pression des banques qui montraient des courbes magnifiques. L’on se réjouit du premier dividende qui va être versé aux actionnaires d’aujourd’hui et personne n’évoque la ruine des précédents.

Dans le cas particulier des TGV, c’est le peuple français, dans son ensemble, qui paie durement tous les jours la ruine infligée par la SNCF et, bien entendu, il n’est compté pour rien dans les calculs préalables, alors que celle des actionnaires du tunnel fut particulièrement visible.

Ayant énoncé la ruine et ses explications, il est légitime de se demander ce qui se serait passé si les TGV n’avaient pas été imposés quasiment par la force publique à l’ensemble des Français. Le marché aurait peut-être conclu en faveur d’une seule ligne : Paris-Lyon-Marseille.

Des hommes d’affaires ultra-pressés auraient payé le prix qu’il fallait. La SNCF, avec un endettement plus raisonnable, aurait eu l’argent nécessaire pour régler ses innombrables problèmes – au premier rang desquels ceux qui détruisent la vie quotidienne d’au moins 20 millions de Français.

Allégeant largement la chape de plomb qu’elle fait peser sur toute l’économie, elle aurait permis à des activités multiples de se créer dans la liberté. Quelles activités ? Nous ne le saurons jamais, car le propre de la liberté est de voir naître des projets qui ne préexistaient pas ; le propre de l’étatisme étant de tuer par avance ces projets

Voir aussi : http://www.libeco.net/

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Comments (8)

  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Timeo Danaos <<y en a un qui critique le TGV le Hansim… à vos souhaits,  a mon avis son commerce de chevaux est menacé>>

    Je ne pense pas avoir critiqué le TGV dans mes derniers posts et n’ai malheureusement pas de commerce de chevaux. Les grèves de la SNCF étant de plus en plus fréquentes je crois fermement que l’illustre Poney Express aurait de nouveau ses chances dans ce pays. Au moins il y aurait un peu de concurrence et le service minimum pourrait être assuré.

    22 mars 2009 à 8 h 23 min
  • TIMEO DANAOS Répondre

    y en a un qui critique le TGV le Hansim… à vos souhaits,  a mon avis son commerce de chevaux est menacé

    21 mars 2009 à 12 h 55 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Florin <<les TGV ont sauvé l’entreprise. >>

    A mon humble avis, ce serait plutôt les 13 milliars d’euros / an qui sauvent régulièrement cette entreprise. Une entreprise privée travaillant comme la SNCF aurait depuis longtemps coulé.
    La dernière distribution de primes pour un soi-disant bénéfice a été une fumisterie de grande envergure.

    20 mars 2009 à 18 h 23 min
  • Florin Répondre

    Là, on frise le ridicule !!! Monsieur, vous vivez sur quelle planète ?!

    Les TGV, c’est pas le trou noir, mais tout le contraire, une VACHE A LAIT de la SNCF. Souvent pleins à craquer, avec une masse salariale dérisoire par 1000 passagers transportés, les TGV ont sauvé l’entreprise.

    Presque tout aussi rentables, les lignes locales en Île-de-France : une clientèle captive qui paie 11 mois par an, grève ou pas, plus les touristes, taxés au prix fort. Huit euros de Roissy à Paris – c’est plus cher qu’en Angleterre entre Luton et Londres, tenant compte que là-bas la distance est double;  c’est dire si l’on met de l’ardeur à vider les poches des visiteurs.

    L’arrivée du TGV dans une région a des effets bénéfiques indirects : des entreprises s’installent, des activités se créent, des parigots achètent des résidences secondaires … que du bénéf …

    La concurrence du TGV exerce aussi une forte pression sur les tarifs du transport aérien, il suffit de regarder la guerre des prix sur Paris-Lyon, ou Paris-Londres, ou encore Paris-Strasbourg.

    Quant aux gogos qui ont acheté des actions Eurotunnel … grand bien leur fasse ! Margaret Thatcher avait refusé de mettre le moindre penny d’argent public dans l’affaire : tout être sensé aurait dû tirer les conclusions qui s’imposaient, au lieu d’écouter ces escrocs de banquiers.

    20 mars 2009 à 2 h 30 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    jean-luc GUYOT <<vous ne connaissez pas le projet, puisqu’il ne s’agit plus depuis longtemps d’un seul projet TGV pour relier Lyon à Turin, mais d’une liasion à travers tout le sud de l’Europe!!!>>

    C’est un tantinet cocorico. Vous semblez oublier le tunnel du Gotthard / Ceneri, projet en cours et autrement plus statégique pour desservir le sud de l’Europe que la liaison Lyon / Turin . ll est prévu que les trains pourront y circuler à 250 km / h.

    19 mars 2009 à 21 h 04 min
  • thomas Répondre

    Même si les attributions de gros marchés publics semblent parfois douteux, je ne suis pas du tout d’accord avec cet article.
    Il y a des chances que la personne ayant écrit cet article soit quelqu’un qui habite en région parisienne et ne voit pas plus loin que sa région. La région Rhône-Alpes se développe de plus en plus. Les clients TGV sont de plus en plus fréquents.
    De plus, en regardant les derniers chiffres, la compagnie qui exploite le tunnel sous la manche commence à être bénéficiaire et le marché devient interessant pour celle-ci malgrè des incidents récemments qui ont bloqué le tunnel.
    D’ailleurs, cela reste à vérifier mais il me semble que la SNCF est une entreprise rentable qui rapporte à l’état français de l’argent. Dommage que celui-ci ne l’utilise pas plus pour la réhabilitation des lignes LGV les plus "vieilles" avec des caténaires fatigués.
    Ce projet est une porte ouverte sur les échanges européens. Bien sûr, ce sont des investissements à long terme mais qui apporteront certainement beaucoup en terme de tourisme, d’emlois en ces temps de crise et de développement durable car malgrè les réticences sur cet aspect, un TGV c’est quand même assez propre.

    19 mars 2009 à 15 h 00 min
  • jean-luc GUYOT Répondre

    que de contre-vérités accumulés dans un seul article!

    vous confondez allègrement les francs et les euros lorsque vous mentionnez le cout des travaux….

    vous ne connaissez pas le projet, puisqu’il ne s’agit plus depuis longtemps d’un seul projet TGV pour relier Lyon à Turin, mais d’une liasion à travers tout le sud de l’Europe!!!

    enfin vous devriez analyser plus en détails les comptes de la SNCF, puisque la totalité des bénéfices proviennent de la branche TGV! Le déficit de l’ensemble de la gestion des TER en France est beaucoup plus précocuppant à terme que celui de la grande vitesse qui marche bien, se substitue à l’avion courte distance en polluant dix fois moins et cela est un bénéfice pour nous tous.

    vous auriez pu parler du manque de fiabilité du fret ferroviaire français et sa chute d’activité alors qu’il augmente partout ailleurs en Europe….

    mais avec des si, on pourrait avoir un vrai débat de fond, car tout projet dont la pertinence économique, sociale et environnementale est évidente, peut être amélioré grace à des suggestions constructives, basés sur des reflexions approfondies sur le dossier.

    Les défenseurs de ce projet seront à l’écoute sous ces conditions simples mais non négociables.

     

     

     

    19 mars 2009 à 9 h 33 min
  • HEFF Répondre

    Enquête : Crise – 75.000 entreprises pourraient déposer le bilan en 2009 :

    http://www.francesoir.fr/enquete/2009/03/17/crise-75-000-entreprises-pourraient-deposer-le-bilan-en-2009.html

     

    18 mars 2009 à 16 h 41 min

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