Il est urgent de dévaluer le franc

Il est urgent de dévaluer le franc

Jeudi 13 novembre, la banque de France a publié ses chiffres du mois de septembre sur le déficit du commerce extérieur de la France. Ils sont plus mauvais que ceux publiés par le service des douanes quelques jours plus tôt. (Sur ce sujet, voir les merveilleuses courbes dans le blog de Jean Pierre Chevallier).

Le déficit pour le mois de septembre s’élève à 6,374 milliards d’euros. La dégradation de notre balance commerciale s’accélère terriblement depuis juin 2007. Nos entreprises sont de moins en moins compétitives. Comme les contraintes sur les entreprises sont bien plus fortes en France qu’ailleurs, les capitaux à la recherche d’investissements fuient la France. En septembre 2008 toujours, les entreprises françaises ont investi 3,7 milliards d’euros à l’étranger et n’ont investi que 1,3 milliard en France. Si l’on fait le bilan des investissements des entreprises françaises sur un an, elles ont investi 58 milliards à l’étranger, contre 15 milliards en France, avec une chute brutale des investissements en France en avril 2008.

Plus les investissements sont faibles, plus notre pouvoir d’achat stagne et plus le chômage augmente. Les entreprises françaises créent de plus en plus d’emplois à l’étranger et de moins en moins d’emplois en France. On peut, bien entendu, accuser les « vilains capitalistes français » qui cherchent à faire le maximum de profits sur le dos des « pauvres travailleurs » qu’ils mettent sans état d’âme au chômage. Ce que souligne d’ailleurs Mme Ségolène Royal sans aucun complexe.
Mais plus les entreprises françaises investissent à l’étranger, plus elles créent des emplois à l’étranger. En Pologne ou en Slovaquie par exemple. Comme le marxisme avait géré l’économie de ces pays pendant plus de 40 ans, les populations sont dans un état de pauvreté dramatique par rapport à la population de la France. Mme Royal au bon cœur veut défendre les plus pauvres. Elle devrait se réjouir et approuver les entreprises françaises qui investissent à l’étranger : les populations polonaises ou slovaques ont finalement bien plus besoin d’investissements français que les populations françaises.

Mais les électeurs de Mme Royal habitent la France. Il est donc normal qu’elle défende l’emploi en France et se moque de l’emploi en Pologne.

Par contre, Mme Royal ne semble pas avoir compris que ce sont les gouvernements français qui sont totalement responsables du comportement « anti-français » de nos entrepreneurs. Tandis que les gouvernements allemands réduisent les charges pesant sur leurs entreprises, donc leur permettent de redevenir compétitives, les gouvernements français en rajoutent. Pour plaire à leurs électeurs. Car le peuple de France, volontairement mal informé dès l’école, croit que l’impôt payé par une entreprise ne lui coûte rien.

Du coup, les prix continuent à grimper plus rapidement en France, le déficit s’aggrave de plus en plus. La situation de la France devient intenable et les spéculateurs le comprennent. Depuis dix jours, ils vendent massivement les bons du trésor français qu’ils possèdent pour acheter des bons du trésor allemand. Nous arrivons à la phase finale d’une crise monétaire, crise que l’on observe quand une parité fixe liant deux monnaies dure trop longtemps. Les capitaux fuient le pays qui a l’inflation la plus forte. En fuyant ainsi, ils contraignent ce pays à dévaluer.

Il y a deux jours, la banque de France a réagi. Elle rachète massivement des bons du trésor français pour faire remonter les prix. Mais ce type d’intervention est voué à l’échec, car il ne traite pas la cause du mal, mais uniquement un de ses effets.
Il n’y a, en fait, qu’un seul remède économiquement logique : modifier la parité liant l’ancien franc à l’euro… Et il y a urgence. Il ne doit pas être drôle d’être à la place de Christine Lagarde ou de Nicolas Sarkozy, qui disposent des mêmes informations que nous, mais qui ont les mains totalement liées par le choix de l’euro…

Partager cette publication

Comments (8)

  • Anonyme Répondre

    La réponse à la première question ne fait pas de doute : avec des déficits permanents et une fiscalité hors normes, la monnaie française dans un système de changes flottants aurait plongé en même temps que les taux d’intérêt auraient bondi.  Il y aurait eu un coup de frein à la croissance encore plus fort que celui que nous avons connu.

    Magnifique argument en faveur des changes flottants que vous décriez pourtant sur votre site (je suis allé y faire un tour, je ne le connaissais pas). Les changes flottants auraient forcé à davantage de rigueur au risque de voir une sanction immédiate de la part des marchés.

    24 novembre 2008 à 16 h 54 min
  • e-toile.fr Répondre

    Dévaluer le Franc à l’intérieur de l’Euro est une fable (qu’on espère avoir été produite comme telle), mais la fable permet de poser deux questions :

    – Que ce serait-il passer si la France n’avait pas été dans l’Euro depuis 1998 ?
    – Est-ce que l’Euroland peut éclater ?

    La réponse à la première question ne fait pas de doute : avec des déficits permanents et une fiscalité hors normes, la monnaie française dans un système de changes flottants aurait plongé en même temps que les taux d’intérêt auraient bondi.  Il y aurait eu un coup de frein à la croissance encore plus fort que celui que nous avons connu. Il aurait fallu une politique de rigueur dès 2000 et on n’en serait toujours pas sorti. L’inflation aurait été considérablement supérieure à ce qu’on a connu.  Dans le contexte de fuite devant la monnaie qui caractèrise le monde depuis 1998, il est difficile d’imaginer qu’on aurait pu éviter de plus graves difficultés encore.

    L’Euroland peut éclater même si le chemin vers la sortie n’est pas simple.  Avoir fait l’Euro avant que le retour de l’Allemagne de l’est au bercail soit digéré était sûrement une erreur.  On a considéré une parité Franc trop forte par rapport au DM qui est notre principal partenaire. C’est vrai. Et l’intégration de pays à bas revenus a mécaniquement fait pression sur les autres, dont la France.  La zone Euro n’est pas homogène et les ajustements se font à la dure, largement au détriment de la France qui exporte par gros contrats  et a une industrie sans Mittelstand exportateur.

    Mais si la France est mal partie aussi bien en monnaie propre qu’en zone monétaire unifiée, c’est qu’elle a des faiblesses intrinséques. L’hyperfiscalité en est une. Il y en a d’autres.

    Cercle des économistes e-toile
    http://www.cee.e-toile.fr

     

    23 novembre 2008 à 23 h 38 min
  • Anonyme Répondre

    "Car le peuple de France, volontairement mal informé dès l’école, croit que l’impôt payé par une entreprise ne lui coûte rien."

    Si ça n’était que ça… Tout est dit dans cette phrase.  Le peuple Français paye sa connerie endémique.  L’ignorance des masses (qui s’aggrave) est la pire maladie économique.  Et ne sont ignorants que les gens qui veulent bien l’être, par facilité.  Et ça se paye cher, désolé.

    Maintenant, se dire pour se rassurer que ça ne va pas mieux ailleurs est un réflexe de pauvre crétin car on s’en fout.  Ce qui compte est ce qui se passe chez nous, et de voir que certains pays se débrouillent manifestement mieux. 

    Les Français pour l’instant ont le pantalon sur les chevilles et se font enc….. depuis des années avec joie et plaisir.  On a la destinée que l’on se donne.

    22 novembre 2008 à 13 h 31 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    <<Dévaluer le franc>>

    ceci n’est qu’une métaphore pour montrer que l’économie de ce pays n’a jamais cessé d’empirer depuis l’adoption de l’euro. Le franc était pratique on pouvait le bousculer pour l’adapter à la situation du moment, naturellement toujours vers le bas puisque c’était la seule direction que pouvaient lui infléchir tous les gouvernements incompétents qui se sont succédés.

    Avec l’euro ces entourloupettes ne marchent plus, le contrôle se trouve désormais à Francfort. Tant mieux pour tous les autres pays de la zone euro, car avec la France aux manettes ils risqueraient tous gros.

    La France qui veut toujours se comparer à l’Allemagne ferait bien d’adopter au minimum les décisions de Hartz IV si elle ne veut pas se faire réléguer en Division III

    21 novembre 2008 à 21 h 46 min
  • Gaucho Répondre

    Nostalgie, quand tu nous tiens… :)

    20 novembre 2008 à 11 h 16 min
  • Anonyme Répondre

    Je suis malheureusement forcé de reconnaître que Trémeau a raison sut toute la ligne. Seulement voilà, il est impossible de modifier les parités, l’eurosystème actuel est donc de facto condamné à éclater tôt ou tard et là ca va faire mal. "Il n’ont rien compris depuis Dioclétien" qu’il disait…

    20 novembre 2008 à 1 h 38 min
  • HEFF Répondre

    Sarkozy a ses sommets à Washington, Bruxelles, ses réunions avec le commissaire Barroso et le président des Staaaaaates, le président doit organiser ses vacances, gérer son budget com et son salaire, les ministres ont leurs Grenelles de la diversité positive, du mieux-vivre ensemble, du logement social, de l’emploi aidé, Fillon doit supersiver les nouvelles nouvelles propositions, les nouveaux nouveaux rapports, les nouvelles nouvelles commissions, bref, ils n’ont pas trop le temps de se pencher sur les problèmes réels de la France.

    De toute façon, ils iront jusqu’au bout de la logique utopique européiste mondialiste, c’est à dire droit dans le mur, quoiqu’il en coûte.

    20 novembre 2008 à 1 h 28 min
  • Lucius Caius Scevola Répondre

    Dévaluer une monnaie qui n’a plus cours depuis dix ans, bonne idée.

    Au fait, ça ne va pas fort en Italie non plus. On pourrait peut-être dévaluer le sesterce?

    19 novembre 2008 à 11 h 42 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *