José Pinera, l’homme qui a assuré la richesse du Chili

José Pinera, l’homme qui a assuré la richesse du Chili

José Pinera, l’homme qui a gagné la bataille de la retraite
Personnage fascinant, José Pinera – dont j’ai eu l’honneur d’être le traducteur lorsqu’il a été invité le 9 décembre dernier sur ReichmanTV –, a entrepris au Chili, à partir du 1er mai 1981, la plus grande réforme économique jamais réalisée dans le monde : la transition d’un système de retraite par répartition vers un système par capitalisation.
Ce grand réformateur est né le 6 octobre 1948, à Santiago. Son grand-père fut longtemps l’attaché culturel de l’ambassade du Chili à Paris, où il resta en poste 17 ans. Son père, qui devint ambassadeur aux Nations Unies à New York, avait fait ses études au lycée Janson de Sailly, à Paris, et ne découvrit le Chili qu’à l’âge de dix-sept ans.
Élevé dans une grande famille originaire des Asturies en Espagne, José obtint ses diplômes d’économie à l’université catholique du Chili. En 1970, alors que son pays se dotait d’un gouvernement communiste qui allait tout nationaliser, le jeune homme partit compléter ses études à l’université américaine de Harvard et y fut nommé professeur assistant en 1974. Il préféra cependant revenir au Chili, en 1975, pour y enseigner à l’université catholique.
Travailleur infatigable, il publia de nombreux articles et essais, en sus de huit livres. Pour la qualité de ses travaux, il obtint un grade honoraire de l’université Francisco Marroquin au Guatemala qui est, selon Milton Friedman, la meilleure université d’Amérique latine. Son activisme en faveur des thèses de l’école de Chicago le fit remarquer du pouvoir militaire qui avait renversé le gouvernement de Salvador Allende. C’est ainsi qu’il entra au gouvernement en 1978, comme ministre du Travail et des Retraites, avant même d’avoir 30 ans.
Il tenta de convaincre ses nouveaux collègues de l’importance d’une réforme des pensions, se heurta à leur volonté d’atermoyer, remit sur la table son projet, auquel les forces de droite et de gauche unanimes firent barrage.
Le chef de l’État le convoqua alors pour lui dire qu’il fallait attendre un moment plus propice. Le gouvernement chilien avait une autre priorité : la nouvelle constitution du pays devait être approuvée par référendum. Elle fut plébiscitée le 11 août 1980 et Pinera s’empressa, le lendemain du référendum, de prendre rendez-vous avec le chef de l’État. Insistant l’opportunité de l’euphorie du moment pour mettre en œuvre la réforme des pensions, il obtint son feu vert.

La personne qui a offert la sécurité au plus grand nombre

La loi fut votée par le parlement chilien le 4 novembre 1980, et la réforme introduite le 1er mai 1981. Aujourd’hui, 95 % des Chiliens disposent d’un compte personnel d’épargne retraite. Prudent, Pinera avait misé sur un rendement annuel de 4 % de l’épargne retraite : il est de 9 % !
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La masse d’argent collecté par les fonds de pension chiliens par capitalisation représente 80 % du PNB du pays. Avec cette épargne abondante, l’économie chilienne est sur un rythme de croissance de 7 % par an depuis 1980, exactement comme l’avait prévu Pinera. Cerise sur le gâteau, le Chili n’a ni dette extérieure, ni dette intérieure.
De leur côté, les pays européens qui ont choisi la voie du socialisme, croulent sous le poids de la dette, ce qui s’est déjà traduit par la dégradation de la note de la Grèce par l’agence de notation Fitch, tandis que l’Espagne a reçu un avertissement. Quant à la France, Pinera se désole que le pays qu’il aime le plus après le sien, ait toujours refusé de le consulter.
Malgré quatre alternances, le système de capitalisation des retraites qu’il a installé a tenu et prospéré. Mieux : trente pays ont à ce jour copié la réforme de Pinera au Chili. Grâce à lui, des millions de ménages à travers le monde vont bénéficier d’une retraite décente. Si nous, Français, avons été privés de ses conseils, c’est parce que les énarques qui nous gouvernent ne veulent surtout pas nous accorder de liberté.
En mai 2008, Richard Rahn, président de l’Institute for Global Economic Growth, écrivit dans les colonnes du Washington Post : « Si on vous demandait de nommer la personne qui a offert la richesse et la sécurité au plus grand nombre à travers le monde, que répondriez-vous ? Beaucoup d’entre vous diraient que c’est Otto von Bismarck, qui a introduit en 1885 le premier système de sécurité sociale qui a servi de modèle aux États-Unis et à de nombreux autres pays. Non, Bismarck n’est pas la bonne réponse. La réponse est José Pinera. »

José Pinera,
Le Taureau par les cornes : comment résoudre la crise des retraites,
Éditions de l’Institut Charles Coquelin.

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Comments (11)

  • picardet Répondre

    Bonsoir,

    Mr "JAURES", pour comparer des choses comparables en matière de retraite, il convient d’additionner aux cotisations salariales, les cotisations patronales. La séparation est une pure fiction qui permet de faire croire au salarié que l’essentiel est payé par le patron!
    Or, pour payer l’ouvrier il faut vendre un produit ou un service. Dans le prix de vente il y a de nombreuses charges dont celles du travail et ses "annexes".
    Le poste retraite SS+ arrco coûte environ 25% du salaire brut " de brut" (ce que représente vraiment le poste de travail). La cotisation AGFF de 2% doit s’ajouter puisqu’elle existe pour renflouer les caisses ARRCO et AGIRC afin de permettre les départs dès 60 ans.
    Comme l’a si bien écrit Jacques MARSEILLE, on a atteint la limite du supportable:
    Avec un rapport de 1,44 cotisant pour 1 retraité,nous allons devoir travailler plus longtemps pour moins toucher non seulement en montant de retraite nominale mais en durée ….,
    De plus, a notion de pénibilité est totalement subjective (elle sera très élevée, n’en doutons pas , là où la CGT règne en maître absolu!!!
    Comme le fait de devoir cotiser 40, puis 41 puis 42 ans, etc c’est l’arbitraire…mais les collectivistes adorent.
    Un des scandales pas dénoncé est que les taux de cotisations de retraite ont été doublé dans les années 1980 (si j’ai bonne mémoire) et que les administrateurs de l’époque (pour la plupart à la retraite se sont gratuitement doublé leurs droits et institué la GMP (garantie minimale de points = nouvelle formes d’assignats) "vendue" à 300 000 petits cadres dont votre serviteur.
    Là, on s’est tous fait bien b…
    Il fallait dès cette époque mettre de côté en capitalisation ce nouveau prélèvement et ne pas céder à la manipulation des séniors de l’époque…
    Maintenant il est bien tard et nous allons recevoir la punition collective que nous méritons.
    J’espère encore et toujours (comme J. SPINERA) que la raison va enfin jaillir (cf les commentaires prétés récemment au secrétaire général de la CFDT).
    Quant au risque de la capitalisation; laissez moi rire. Si les fonds de pension du monde entier achètent les entreprises françaises c’est parce que çà marche! Alors pourquoi les français n’auraient-ils pas droit à leur part de gâteau?
    Les forces de gauche de notre pays nous auront rendus esclaves des fonds de pension et fonds souverains de la planète entière (et comme les poissons il ne nous restera plus qu’à crever la bouche ouverte: Un grand merci à elles!!!

    Bonne réception

    18 février 2010 à 21 h 23 min
  • ozone Répondre

    Les retraites par capitalisation sont une des causes de la crise financiére actuelle,l’immense quantités de capitaux qui s’est déversé sur les marchés on provoqué une spéculation massive,gonflé toute bulle qui passait par là.
    Les arbres ne montent jamais au ciel,et aprés,ce qui perdent sont toujours les mémes.

    17 février 2010 à 20 h 18 min
  • françois Répondre

      Dites moi, Jaures, puisque vous évoquez la question, combien vos "démocraties" rouges ont elles assassiné, torturé, enlevé, enfermé de personnes qui n’avaient comme seul tort que de ne pas être d’accord avec elles? Ce n’est pas par milliers que cela se compte mais par millions! Combien ces " républiques socialistes" que vous admirez tant ont elles ruiné de pays? Combien de "démocrates" communistes ont ils pris le pouvoir par la force? Avant de donner des leçons, il est d’ordinaire de bon ton de balayer devant sa porte.

    17 février 2010 à 11 h 16 min
  • Jaures Répondre

    Mais oui, François, vous êtes une référence absolue en matière de démocratie vous qui appeler "sauver un pays" prendre le pouvoir par la force, assassiner plus de 3000 personnes, en torturer 30 000 , organiser des assassinats politiques à l’étranger, suspendre les partis politiques,…

    Effectivement, j’ai tendance à penser que ce genre de régime, soutenu par les grands propriétaires et actionnaires, n’a pas pour but ultime le bien-être de sa population.

    Bernard Martoia, je ne sème pas le trouble mais rappelle les faits. Les petites économies des Chiliens ont tellement grimpées qu’elles ne leur ont rapporté, comme je l’ai écrit plus haut, à peine quelques dizaines d’euros/mois (moins de 10 pour des millions d’entre eux !). Le problème avec les dogmatiques, c’est qu’ils préfèrent s’accrocher à leurs croyances qu’à la réalité.

    Moi même salarié, si le système par capitalisation était meilleur pour moi et les autres travailleurs, j’y souscrirai bien volontiers ! Mais quand je vois ce qui se passe dans les autres pays, notamment en Irlande où des milliers de travailleurs vont se retrouver sans pension, je dis vive le système par répartition !

    17 février 2010 à 9 h 10 min
  • françois Répondre

      Mais oui, Jaures, on sait que vous êtes une référence que le monde entier nous envie en matière économique. De plus, Monsieur Pinera ne peut pas avoir fait quoique ce soit de bien puisque c’était un ministre du Général Pinochet. Et Pinochet était le mal absolu puisqu’il a réussi à sauver son pays de la banqueroute où le précipitait Allende! Et ça, c’est impardonnable: Avoir eu raison contre un gauchiste!

    16 février 2010 à 21 h 15 min
  • bernard martoïa Répondre

    Je voudrais apporter une précision capitale (le mot convient bien)

    il faut se méfier d’un système hybride, mélangeant répartition et capitalisation. Cela donne des résultats médiocres. Dans son livre, José Pinera explique que le succès du Chili n’a pas toujours été bien compris par ceux qui ont voulu l’imiter à l’étranger.

    La clé du succès repose sur l’obligation faite aux nouveaux entrants sur le marché du travail de cotiser à un plan personnel d’épargne capitalisation. Libre aux anciens d’adhérer à ce plan en milieu de carrière. Très rapidement, les anciens salariés chiliens ont opté pour le nouveau système car ils voyaient leurs petites économies grossir. Avec la répartition, c’est mettre son argent dans un trou noir.

    De plus, chacun est libre de prendre sa retraite quand il le veut. Fini le débat sur la retraite couperet à 60 ans. Les socialistes ne veulent pas accorder de liberté aux Français car ils perdraient de facto leur pouvoir.

    Pour de plus amples informations, regardez l’émission de Jose Pinera sur le site de Claude Reichman, lisez mon article, dans sa version intégrale, sur mon blog et acheter surtout le livre de Pinera.

    PS : l’internaute "Jaurès" (un nom prédestiné) intervient régulièrement pour semer le trouble. La liberté de parole lui est insupportable. J’ajouterai que ce triste sieur n’a pas le courage d’avancer non masqué. Il n’est malheureusement pas le seul sur les forums à se cacher derrière un pseudonyme.

    16 février 2010 à 19 h 37 min
  • Jaures Répondre

    FigaoCB: Le smicard gagne 1000€ net, il en gagnerait 1200 si il ne cotisait pas. Croyez-vous qu’avec un tel salaire il mettrait ce bonus sur un plan d’épargne ? Combien mettrait-il en cas de chômage, de travail partiel, de maladie ?

    Les fonds placés serviraient-ils vraiment à l’économie du pays ? Ne seraient-ils pas conduit sur des fonds spéculatifs ? Un salarié qui aurait placé 100 000€ en bourse en 2000 pour partir en 2010 aurait perdu la moitié de ses économies. En Angleterre et en Irlande, ceux qui ont misé sur le mauvais cheval ont dû reprendre le travail à plus de 70 ans !

    Les régimes de retraite sont en danger parcequ’on les y a mis en organisant le travail au noir par les allégements de charges sur les heures sup, la participation, les stock options et en multipliant les niches fiscales. La Cour des Comptes estime à 140 milliards les sommes perdues ! De quoi pérenniser, toutes choses par ailleurs étant égales, les régimes de retraite jusqu’en…2080 !

    Ce sont eux les profiteurs, pas les fonctionnaires dont le niveau un peu plus élevé que le privé (2200 contre 1750) est dû à la proportion élevé de cadres.

    16 février 2010 à 19 h 31 min
  • FIGAROCB Répondre

    Cette année, en France, les pouvoirs publics, doivent s’atteler à la réforme des retraites. Bien entendu, personne ne parle de la retraite par capitalisation, qui, contrairement à ce que dit “Jaurès” n’est pas la catastrophe qu’il décrit ! La preuve, c’est que les dirigeants venus après, socialistes, ont maintenu le système ! Par contre, ce système de retraite permet : – de supprimer les cotisations salariales et patronales de retraites d’où une augmentation des salaires permettant au salarié d’économiser pour sa future retraite où il veut et comme il veut : liberté – les fonds récoltés sont placés, et, comme ceux des assurances vie, servent à alimenter l’économie du pays; – ce n’est pas la dette qui finance les retraites, d’où baisse de l’endettement du pays, ce qui ne serait pas un mal chez nous ! Bien entendu, ce système s’adresse aussi bien aux salariés du privé comme du public, ce n’est donc plus le contribuable qui paye les retraites des fonctionnaires, mais eux-même : cela a le mérite de mettre tout le monde à égalité.

    16 février 2010 à 10 h 03 min
  • pier42 Répondre

    Entièrement d’accord avec Mr Laurent . Le gouvèrnement actuel est paralysé par les syndicats sèctaires soutenus par la gauche et l’èxtreme gauche qui regnent en maître depuis des décenies . Les salariés du privé qui payent 22% de cotisation globale devraient bénéficier d’une retraite supérieure aux fonctionnaires qui ne payent que 15% de cotisation , et la retraite calculée sur les 6 derniers mois de salaire ? au court des quels ils sont tous nommés à l’échelon au dessus pour avoir une plus grosse retraite . Comme par hasard c’est le contraire qui se produit . !!!! La différence va tout simplement dans la caisse de retraite des fonctionnaires par un jeu de chiffres .

    16 février 2010 à 9 h 40 min
  • Jaures Répondre

    Quelles sornettes ! Aujourd’hui des millions de Chiliens qui ont cotisé aux AFP reçoivent moins de 20€ par mois de retraites (salaire moyen au Chili 160€). Michelle Bachelet a dû verser une allocation aux retraités pour leur permettre de survivre.
    En fait, ce système a été imposé par Pinochet pour spolier les salariés. Les gagnants du système ? Les gros investisseurs qui ont accaparé 1 tiers de l’épargne et les grands dirigeants des AFP qui ont également puisé dans la caisse.
    D’ailleurs, Pinochet s’attendait tellement à ce résultat qu’il a conservé pour la police et l’armée le système par répartition.

    Il y a des gens à préserver quand on est un dictateur consciencieux.

    15 février 2010 à 21 h 13 min
  • LAURENT Répondre

    Le cri du contribuable a publié un très bon article sur cet homme compétent et courageux qui a opéré une réforme majeure du système de retraite dans son pays ,la France socialiste a toujours différé cette importante transition  qui seule peut sauver notre système par répartition.Mais ne rêvons pas ,notre exécutif n’aura jamais le courage d’affronter les groupes de pression qui bloquent  depuis des décennies cette réforme pour des raisons bien connues des économistes dignes de ce nom .
    La rue et les forces de gauche tiennent toujours les rennes , notre laxisme dans ce domaine coutera très cher aux générations futures .Combien d’années peut tenir un système à bout de souffle?

    15 février 2010 à 20 h 54 min

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