La Chine va-t-elle réévaluer le yuan ?

La Chine va-t-elle réévaluer le yuan ?

Dans une économie mondialisée, les problèmes monétaires sont devenus d’une extrême complexité. Voici présentés très schématiquement et uniquement les problèmes liant le dollar américain et le yuan chinois.

Le déficit de la balance commerciale donne aux observateurs et aux responsables politiques une information précise : les habitants d’un pays achètent plus qu’ils ne vendent dans l’autre pays.

Ce déficit est connu par produit. À qualité égale, les Français achètent plus de chemises chinoises qu’ils n’en vendent à la Chine. Un ordinateur fabriqué en Corée du Sud vaut bien moins cher que le même ordinateur fabriqué en France. Le charbon produit au Chili est bien moins cher que le charbon produit en Allemagne. On ne produit plus de charbon en France depuis 1984, car le salaire d’un mineur chilien est 3 fois moins élevé que le SMIC français. Ce comportement des consommateurs est parfaitement logique.

Le déficit est aussi connu pour l’ensemble de tous les produits échangés. Tant qu’un pays ne sait pas fabriquer des avions, il suffit de lui vendre un seul avion pour pouvoir lui acheter des milliers de chemises sans avoir de déficit.

En 1981, une parité fixe (un dollar pour 1,51 yuan) a lié le dollar américain au yuan chinois
. Le gouvernement communiste chinois a imposé facilement cette parité fixe au gouvernement libéral américain. Ce qui a permis aux entreprises américaines de s’installer en Chine et d’y réaliser de solides bénéfices.

Puis, de 1981 à 1993, la banque populaire chinoise a imposé à la banque centrale américaine une succession de dévaluations très compétitives, trop compétitives. En 1993, le dollar valait 8,77 yuans. Les entreprises américaines installées en Chine ont fait d’énormes bénéfices. Mais le déficit de la balance commerciale américaine est devenu un gouffre et le chômage s’est développé. La Chine a ainsi emmagasiné dans ses coffres des centaines de milliards de dollars avec lesquels elle achète aujourd’hui tout ce qu’elle veut dans le monde entier.

À partir de 1993, et devant cet immense déficit de leur balance commerciale, les gouvernements américains ont changé de politique monétaire. Ils ont décidé de ne plus autoriser la Chine à procéder à de nouvelles dévaluations compétitives. Et de 1993 à 2006, la parité entre le dollar et le yuan est restée stable. Les Américains sont même arrivés à faire remonter la parité du yuan de 8,77 à 8,07 dollars.
Puis, de 2006 à 2009, le déficit de la balance commerciale augmentant encore, les Américains ont obtenu des Chinois une réévaluation de leur monnaie. Le dollar est passé de 8,07 yuans à 6,82 yuans.

Malgré cette importante réévaluation du yuan, le déficit de la balance commerciale américaine persiste. Les Chinois doivent donc accepter une nouvelle et importante réévaluation du yuan. Lors du dernier G20, la France et l’Europe ont soutenu la politique monétaire américaine et demandé aussi à la Chine de réévaluer sa monnaie. Si la Chine réévalue de 20 % sa monnaie, nous paierons ses chemises 20 % plus cher. Mais les entreprises fabriquant des chemises et installées en Champagne ne fermeront plus et n’iront plus fabriquer leurs chemises en Chine. Le déficit de notre balance commerciale et le nombre de nos chômeurs vont diminuer.

Un déficit persistant d’une balance commerciale indique toujours à deux gouvernements qu’il existe une mauvaise parité liant leurs deux monnaies.

Et la parité décidée en 1999 liant le mark au franc doit aussi être modifiée : il y a un important déficit commercial entre la France et l’Allemagne…

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Comments (5)

  • Anonyme Répondre

    grepon, le problème n’est pas tant la valeur de l’€ par rapport aux autres monnaies, mais les parités au sein de la zone €. En ceci, une réévaluation du $ vis-à-vis de l’€ ne changera pas grand chose aux problèmes fondamentaux de la zone €. Au contraire, ce sera pire, les capitaux s’investiront dans les pays les plus rentables de la zone € et les problèmes intracommunautaires s’amplifieront.

    26 octobre 2010 à 20 h 15 min
  • grepon Répondre

    Un truc qui marche bien pour deprimer l’euro, qui ne demande pas le moindre intervention des banques centraux(que l’enfer soit sur eux), c’est de faire en sorte qu’il y a une suite de crises televisees mondialement, genre grevevs terribles, barbeques d’automobiles, suivi de pliages du gouvernement sur la question de nouveau programmes d"austerite" par vos gouvernements.  

    Alors si vous voulez bien voir plonger l’euro, il faut esperer que Sarko et Cie reculent sur leur programme d’austerite, ou que les greves deviennent guerre civile a la suite du passage du programme de reformette(c.a.d. insuffisante) qui pose probleme.   Ca marcherais du tonnerre.

    Ainsi l’auteur pourrait etre satisfait de voir l’economie europeen reprendre de plus belle, merci a la magique des taux d’echanges.

    22 octobre 2010 à 18 h 08 min
  • Florin Répondre

    Merci ami Grépon de lui dire ses 4 vérités à ce Monsieur, qui fait une fixette sur la monnaie, oubliant tout le reste.

    M Trémeau, combien de fois doit-on le répéter : la parité, on s’en moque, dès lors que le Chinois gagne 10-20-30 fois moins que l’Occidental. L’avion en vol, on le le rattrape pas en courant derrière.

    Ensuite, dire que le gouvernement chinois "impose" un taux de change aux Américains est ridicule. Le mécanisme est celui pratiqué partout dans le monde par les banques centrales : ces dernières vendent et achètent des devises et de l’or, afin d’ajuster les taux de change. Cet ajustement, très coûteux, se fait "à la marge" : chassez le naturel, il revient au galop. Pour comprendre, pensez aux individus qui ne se lavent pas, tout en mettant du déodorant … combien de temps pensez-vous que ça pourrait tromper son monde ?

    21 octobre 2010 à 0 h 21 min
  • The Wolves' Shogun Répondre

    Le dernier puits de mine de charbon en France a été fermé en avril 2004.

    20 octobre 2010 à 20 h 05 min
  • grepon Répondre

    "Un déficit persistant d’une balance commerciale indique toujours à deux gouvernements qu’il existe une mauvaise parité liant leurs deux monnaies."

    Ou bien, que le gout du travail n’est pas le meme chez les deux, ou que les reglementation de tout ce qui bouge est un fait chez l’un mais pas chez l’autre, ou que les aidees chez l’un sont bien plus nombreux chez l’un que chez l’autre, ou que les syndicats sont surpuissant au dela de toute utilitie pour ne pas parler de legitimite chez l’un et inexistant chez l’autre, ou que chez l’un ca pullullent d’ingenieurs et techniciens alors que chez l’autre c’est des diplomees en matieres abstraites sanas valeur pratique, et j’en passe et des meillieurs.  

    La competitivite n’est pas strictement une affaire de valeur relative de monnaies.

    20 octobre 2010 à 12 h 35 min

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