La crise des ânes

La crise des ânes

Nous ignorons l’auteur de ce texte humoristique, que nous a transmis notre correspondant Jean-Claude Lambert :

Un homme portant cravate se présenta un jour dans un village. Monté sur une caisse, il cria à qui voulait l’entendre qu’il achèterait cash 100 euros l’unité tous les ânes qu’on lui proposerait. Les paysans le trouvaient bien un peu étrange, mais son prix était très intéressant et ceux qui topaient avec lui repartaient le portefeuille rebondi, la mine réjouie.

Il revint le lendemain et offrit cette fois cent cinquante euros par tête, et là encore une grande partie des habitants lui vendirent leurs bêtes. Les jours suivants, il offrit 300 euros et ceux qui ne l’avaient pas fait vendirent les derniers ânes existants. Constatant qu’il n’en restait plus un seul, il fit savoir qu’il reviendrait les acheter 500 euros dans huit jours et il quitta le village.

Le lendemain, il confia à son associé le troupeau qu’il venait d’acheter et l’envoya dans le même village avec ordre de vendre les bêtes 400 euros l’unité. Face à la possibilité de faire un bénéfice de 100 euros dès la semaine suivante, tous les villageois rachetèrent leurs ânes quatre fois le prix qu’ils les avaient vendus et pour ce faire, tous empruntèrent.

Comme il fallait s’y attendre, les deux hommes d’affaires s’en allèrent prendre des vacances méritées dans un paradis fiscal et tous les villageois se retrouvèrent avec des ânes sans valeur, endettés jusqu’au cou, ruinés.

Les malheureux tentèrent vainement de revendre leurs bêtes pour rembourser leur emprunt. Le cours de l’âne s’effondra. Les animaux furent saisis, puis loués à leurs précédents propriétaires par le banquier. Celui-ci pourtant s’en alla pleurer auprès du maire en expliquant que s’il ne rentrait pas dans ses fonds, il serait ruiné lui aussi et devrait exiger le remboursement de tous les prêts accordés aux habitants de la commune.

Pour éviter ce désastre, le maire , au lieu de donner de l’argent aux habitants du village afin qu’ils paient leurs dettes, le donna au banquier, son ami intime et premier adjoint, soit dit en passant. Or celui-ci, après avoir rétabli sa trésorerie, ne fit pas pour autant un trait sur les dettes des villageois, ni sur celle de la commune, et tous se trouvèrent proche du surendettement.

Voyant sa note sur le point d’être dégradée et pris à la gorge par les taux d’intérêts, la commune demanda l’aide des communes voisines, mais ces dernières lui répondirent qu’elles ne pouvaient en aucun cas l’aider, car elles avaient connu les mêmes infortunes.

Sur les conseils avisés et désintéressés du banquier, toutes les communes décidèrent de réduire leur dépenses : moins d’argent pour les écoles, pour les programmes sociaux, la voirie, la police municipale… On repoussa l’âge de départ à la retraite, on supprima des postes d’employés communaux, on baissa les salaires et parallèlement on augmenta les impôts. C’était, disait-on, inévitable, mais on promit de moraliser ce scandaleux commerce des ânes.

Cette bien triste histoire prend tout son sel, quand on sait que le banquier et les deux escrocs sont frères et vivent ensemble sur un île des Bermudes, achetée à la sueur de leur front. On les appelles les frères Marchés.

Très généreusement, ils ont promis de subventionner la campagne des maires sortants.

Cette histoire n’est toutefois pas finie, car on ignore ce que firent les villageois. Et vous qu’auriez vous fait à leur place? Que ferez vous ?

Ceci est une fiction, toute ressemblance avec une certaine actualité serait purement fortuite.

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Comments (5)

  • Lorpailleur Répondre

    Gabriel est très fin. Pourquoi cette autocensure pour finir? Surement pas pour un effet de style n’est-ce pas. Alors …qui donnera la réponse… Ave morituri …

    25 octobre 2011 à 23 h 32 min
  • gilles Répondre

    Mais ne suffit-il pas de se trouver un dirigeant qui décide de dénoncer les traités passés avec les banques et les autres pays et d"annuler unilatéralement la dette?

    Pourquoi les rembourser? Par charité chrétienne?

    Edouard III d’Angleterre avait fait cela pendant la guerre de cent ans, et ce sont les banques lombardes qui ont ensuite fait faillite, pas les Anglais. Les communistes en 1917 ont aussi refusé de payer les emprunts russes, causant la ruine de nombreux souscripteurs français. Si l’URSS, longtemps après, est finalement tombée en faillite, c’est à cause du communisme, et certainement pas parce qu’ils n’ont pas remboursé les emprunteurs.

    Quel homme politique français osera dire: "ruinons Goldman Sachs et JP Morgan plutôt que la France"?

    25 octobre 2011 à 23 h 22 min
  • Daniel Répondre

    Il y a ceux qui achètent des consciences et il y a les consciences qui se laissent  acheter (demandez à Jaurès de quels gadgets il vit et pour quelles croyances nous sommes contraints de le payer). C’est pourquoi, dans le processus mis en place de longue date, il a été compris qu’avant d’acheter les consciences, il fallait commencer par les affaiblir.  L’Education Nationale (et ses syndicats) a bien fait ce travail de sape et de déstructuration du sens de la Vie que construit la liberté et la responsabilité de sa liberté.  Les enseignants en ont payé le prix avec leurs antidépresseurs alors qu’ils sont parmi les professions les plus protégées à vie!.  
    L’assistanat tel que le conçoit le social socialisme, de gauche ou de droite, est le meilleur atout et la meilleure arme de ceux qui sont en train de démanteler les pays pour les acheter à bas prix.

    à Gabriel:  je vous fais remarquer que la recette que vous évoquez pour détruire les pays est également utilisée par les Etats contre des catégories de citoyens via les subventions et le fisc (la carotte et le baton), par les banques qui font ce qu’elles peuvent pour bien vivre de la pauvreté,    par le système médical pour cultiver la maladie de l’individu dépendant, surtout celle qui rapporte,   par le système judiciaire heureux et puissant grace à toute cette délinquance, etc…

    Ce qui est jouissif, c’est de voir que le phénomène de destruction commence à être vu et compris dans son aspect diabolique par tous les collabos qui en ont profité et ont bien ricané…  mais se retrouvent doublement cocus parmi les cocus!.    Sauf qu’ils tombent de plus haut et ne sont pas préparés,  ni à la chute, ni aux privations sur le long terme, ni à la violence aveugle qui pourrait aussi se déchainer dans le bordel ambiant.

    25 octobre 2011 à 22 h 38 min
  • Edmond 98 Répondre

    Oui c’est une très belle parabole …socialiste. Pour pour nous démontrer que le malheur des peuples sur-endettés  est uniquement dû aux "marchés" et à leurs affidés les banquiers.Ce qui dédouanerait tous nos hommes politiques qui depuis Giscard nous concoctent des budgets déficitaires , cédent tout et n’importe quoi aux différents corporatismes de la fonction publique  et aux syndicats , laissent notre pays avec des structures vermoulues …Quand on est démagogue on prend les gens pour des veaux et  quand on sort de l’ENA, on a une belle peau d’âne.
     

    25 octobre 2011 à 17 h 34 min
  • gabriel Répondre

    Mon commentaire est que la faillite des pays européens a été soigneusement conçue, préparée, rendue inéluctable par ceux qui y ont intérêt. Les guerres d’agression ne sont pas forcément militaires. AAA A l’origine, l’usure désigne simplement l’intérêt, indépendamment de son taux. Aujourd’hui, on appelle « usure » l’intérêt d’un montant abusif attribué à un prêt. Mais l’usure est aussi le procédé qui permet d’emprisonner l’emprunteur dans une dette qu’il ne peut plus rembourser, et de s’emparer des biens qui lui appartiennent, mais qu’il a accepté de donner en garantie. C’est très exactement ce que nous voyons se passer aujourd’hui à l’échelle planétaire, et maintenant vers la France en passant par la Grèce, l’Italie et les autres. ~ La stratégie actuellement mise en oeuvre pour tuer les Etats européens a été la suivante : les encourager à s’endetter au-delà de leur capacité de remboursement, puis, le défaut de remboursement produisant la faillite, les obliger à céder certains de leurs actifs pour compenser le défaut de remboursement. La France devra donc céder ses ports, ses aéroports, ses chemins de fer, ses installations militaires, puis le reste. Les céder à qui ? mais aux créanciers, pardi ! Les créanciers, vous ne savez pas qui c’est ?

    25 octobre 2011 à 10 h 12 min

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