La crise monétaire s’aggrave

La crise monétaire s’aggrave

La crise économique et monétaire mondiale que nous vivons actuellement est inquiétante. Non pas du fait qu’elle expose le monde à un krach financier du type 1929. On ne refera plus les mêmes erreurs. Mais la crise est préoccupante parce que de nombreux acteurs ne semblent pas être capables d’en analyser correctement les causes. Et, faute de cette analyse correcte, ils commettent à leur tour d’autres erreurs. Trois exemples précis peuvent en être donnés.

Un premier exemple est fourni par le socialiste français Dominique Strauss-Kahn, nouveau patron du FMI. Il attaque bille en tête la Banque Centrale Européenne (la BCE). Il l’accuse d’être « surpuissante » car, dit-il, elle n’a pas en face d’elle le contrepoids d’un ministre européen des Finances.

Or, la BCE a reçu des gouvernements européens une mission précise : maintenir l’inflation de l’euro à moins de 2 %. Ce qu’elle a fait correctement jusqu’en juillet 2007. Mais depuis cette date, la BCE subit de très fortes pressions de la part des gouvernements européens, du gouvernement français tout particulièrement. Si elle avait été « surpuissante », elle aurait résisté à ces pressions et aurait continué à accomplir correctement sa mission : maintenir l’inflation à moins de 2 %.

Malheureusement, elle n’a pas été assez forte pour résister à ces pressions, et elle n’a pas augmenté ses taux, comme elle savait qu’elle devait le faire. Elle a donc laissé l’inflation s’installer en Europe et, aujourd’hui, l’inflation y atteint 3,2 % par an. Ce qui réduit notre pouvoir d’achat d’autant… Traiter de « surpuissante » la BCE, c’est totalement méconnaître la réalité européenne actuelle.

Dominique Strauss-Kahn donne un deuxième exemple tout aussi curieux. En tant que patron du FMI, il propose comme remède à la crise mondiale actuelle une relance de la demande par une augmentation des déficits budgétaires dans de nombreux pays. La parfaite relance keynésienne.

Le mythe de la relance keynésienne

Or, depuis 1969 et l’installation du chômage en France, chaque nouveau ministre des Finances a mis en place sa propre relance keynésienne. Une quinzaine de relances ont ainsi été effectuées. Aucune d’elles n’a réduit le chômage. Au contraire, elles l’ont finalement aggravé, car pour lutter contre l’inflation que de telles relances induisent, il est nécessaire de mettre en place des mécanismes qui accentuent le chômage.

Nous avons donc un patron du FMI qui nous ramène 50 ans en arrière.

Un troisième exemple nous semble tout aussi étonnant. L’inflation va à son propre rythme dans chaque pays de la zone euro. Le contraire serait étonnant.

Notre ami Jean Pierre Chevallier, (<www.jpchevallier.com>) professeur d’économie à Nice-Antipolis, a trouvé un moyen astucieux permettant de chiffrer avec précision l’inflation dans les différents pays de la zone euro. Il illustre sa démonstration par de merveilleuses courbes. Ses chiffres ne semblent pas discutables.

Il situe la dévaluation du franc français par rapport au mark allemand à 6,6 %. Surtout, celle de la lire italienne par rapport au mark à 15,8 %. Il est évident que les entreprises françaises et surtout italiennes ne peuvent plus être compétitives. Et les investisseurs préfèrent maintenant acheter des bons du trésor allemands à la place de bons du trésor italiens. En attendant une sortie de la zone euro de l’Italie et une dévaluation de 15 % de la lire…

Une nouvelle parité doit d’urgence être définie entre les anciennes monnaies européennes et l’euro. Malheureusement, aucun responsable européen ne semble s’inquiéter de ce problème capital, auquel il faut apporter d’urgence une solution.
Ces trois exemples montrent que nous ne sommes pas encore sortis de la crise.

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Comments (12)

  • JL Répondre

    Ca serait la pire chose que l’on puisse faire que de rendre à l’Etat le privilège de battre monnaie.
    Tu fais sûrement des confusions. Je pense tu veux probablement dire par là que l’on doit remettre en question l’indépendance de la banque centrale.

    Si l’on rend à l’Etat le privilège de battre monnaie, on rentrera de nouveau dans un période inflationniste très pénible avec toutes les tensions sociales qui en résultent.
    Le gouvernement au pouvoir commencerait tout d’abord par effectuer des dépenses inconsidérées à des fins électoralistes et clientelistes, puis éventuellement par rembourser la dette par le biais de l’inflation, c’est-à-dire en monnaie de singe.
    Il détruirait ainsi toute l’épargne nationale. (Rappelons que, contrairement à la croyance populaire, l’inflation est un impôt sur le créancier ; l’homme ordinaire, qui a toute son épargne sur son compte en banque en serait la première victime ,car les riches pratiqueraient le fuite dans les valeurs réelles et investiraient dans la pierre par exemple pour éviter la depression de leur argent).
    De plus, l’inflation fausserait les calculs économiques ce qui aurait pour conséquence le malinvestissement et donc une crise économique et sociale suivrait de près.

    Quand tu regardes en arrière, quand tu passes au crible l’histoire de l’humanité, tu te rends rapidement compte que les plus grands maux que l’humanité a eu à subir proviennent tous de mauvais gouvernements.

    Le pouvoir de battre monnaie est encore plus redoutable que la guerre. Il est bien trop important pour être laissé entre les mains des gouvernements.
    Regarde le désastre de la crise de 1929 dont les raisons sont à chercher  dans les mauvaises politques monétaires et qui a permi à HITLER d’arriver au pouvoir suite au chômage de masse avec les conséquences que l’on connait.

    29 mars 2008 à 22 h 03 min
  • Noël Hanssler Répondre

    Et si l’on commençait par rendre à l’Etat le privilège d’émettre la monnaie ?
    Les banques privées ont réussi à nous faire croire que tout irait mieux si elles s’en chargeaient elles-mêmes, contre intérêt, bien sûr.  J’ai lu qu’elles empochaient ainsi 80 milliards d’euros par an. Quelqu’un peut-il me confirmer ce chiffre ?

    29 mars 2008 à 18 h 52 min
  • Jean-Luc Répondre

    Paul et Keynes: une histoire d’amour!

    Tu m’excusera mais l’inflation n’a jamais créée d’emplois.

    Au contraire, l’inflation crée du chômage en conduisant certaines personnes vers des emplois qui n’existent que parce que la demande relative pour les biens particuliers est provisoirement accrue. Par la suite, ces emplois doivent disparaître dès que les agents remarquent qu’ils ont été victime de l’illusion monétaire et que l’augmentation de la demande pour les bien spécifiques n’en est pas une, mais qu’il s’agit simplement d’une augmentation du niveau général des prix.
    Pour maintenir le taux de chômage au niveau atteind alors, il faut sans cesse accélérer l’inflation, ce qui a pour conséquence la destruction de l’économie de marché comme c’est le cas actuellement au Zimbabwe en situation d’hyperinflation.
    Le chômage massif apparait dès lors que l’augmentation de la quantité de monnaie cesse, ce qui ne manquera jamais d’arriver car sinon c’est la fin pour l’économie en question.

    Le keynesianisme est mort. Les preuves empiriques sont indiscutables.

    On a nul besoin d’inflation pour obtenir le plein emploi et garantir l’augmentation régulière des salaires réels. Regarde la Suisse avec une inflation de 0,7% et un taux de chômage de 2,8% pour l’année 2007.

    19 mars 2008 à 10 h 21 min
  • sas Répondre

    Je recommence…..vous n’avez pas capté…

    L’or a supplanté la religion

     

     

    De nos jours, la puissance de l’or a supprimé celle des autorités libérales. Il fut un temps où la religion gouvernait. L’idée de liberté est irréalisable, parce que personne ne sait en user avec discrétion.

    Il suffit de donner un instant à la foule le pouvoir de se gouverner elle-même pour qu’elle devienne, aussitôt, une cohue désorganisée. Dès ce moment naissent des dissensions qui ne tardent pas à devenir des conflits sociaux ; les États sont mis en flammes et toute leur importance disparaît. Qu’un État soit épuisé par ses propres convulsions intérieures, ou qu’il soit livré, par les guerres civiles, à un ennemi étranger, il peut, dans l’un et l’autre cas, être considéré comme définitivement détruit, – il est en notre pouvoir.

    Le pouvoir de L’or

     

     

    Le despotisme du capital, qui est entièrement entre nos mains, tendra à cet État un brin de paille auquel il sera inévitablement forcé de s’accrocher sous peine de tomber dans l’abîme

    bonne lecture sas

    18 mars 2008 à 23 h 53 min
  • habilp Répondre

    Une relance?mais pour qu’elle soit effective,il faudrait pouvoir fabriquer a des couts moins onereux que celui des pays dits "emergeants".!!

    Et les pays occidentaux  habitues a des systemes sociaux ultra protecteurs ne le peuvent plus a moins d’une revolution,voire d’une dictature.

    En attendant l’occident a camoufle cette realite par des inventions tres ingenieuses de produits boursiers "a levier",par de l’inflation immobiliere,mais on constate qu’on ne peut plus tirer sur cette corde.

    Un retour au protectionnisme au niveau mondial a des chances logiques de s’imposer d’abord pour eviter une fuite massive des capitaux et ensuite pour garder ce qu’il reste comme emploi ailleurs que dans les services.

    17 mars 2008 à 15 h 04 min
  • sas Répondre

    fallite planifiée……???

    à lire…..Pour ruiner le pouvoir

     

     

    Bientôt le désordre flagrant et la banqueroute apparaîtront partout. D’incorrigibles bavards ont converti en parlottes les assemblées parlementaires et administratives….

    sas

    16 mars 2008 à 13 h 11 min
  • UN chouka Répondre

    De toute façon, pourquoi accèpter que ces systèmes pèrdurent ,alors qu’il est clair qu’ils ruinent les citoyens ?

    A moins que je ne comprènes rien a la justice et a l’ordre :-D

    15 mars 2008 à 11 h 31 min
  • ozone Répondre

    Ils se sont réunis a Bruxelles,ils n’y peuvent rien les pauvres,le systéme est mis au bord du gouffre périodiquement,alors tous ces grands privatiseurs se tournent vers les etats et autres organismes pour que la mane tombe du ciel,encore deux cents milliards cette semaine,,,Au secours,faut les sauver avec notre pognon,qu’ils puissent continuer de spéculer avec tout ce qui passe par là,toujours plus,il est a combien le kilo de dirigent politique?

    14 mars 2008 à 19 h 26 min
  • Jaures Répondre

    Mais bien sur ! Où avais-je la tête ? Le responsable de la crise financière actuelle est DSK ! La folie des subprimes où des financiers ont spéculé sur la faillites de familles modestes pour s’approprier leurs biens et la dérégulation totale des marchés n’y sont pour rien. DSK on vous dit !

    14 mars 2008 à 10 h 13 min
  • Un chouka Répondre

    En effet , memesi je ne connais rien en économie, ce jeu de vases comuniquants, est connu depuis les anées 70,je crois .

    Ainsi les emprunts malins d’aujourd’hui , risquent d’etre rentables pour ceux qui peuvent payer les remboursements …………………………………………;-)

    Toutefois l’exaltation n’est peut etre pas de mise tout de meme ,comme en 75/76……………………?

    13 mars 2008 à 11 h 59 min
  • paul Répondre

    l’inflation est un mot interdit dans la finance, l’inflation ruine les rentiers assis sur le capital appelé investissement, lequel ne rentre pas dans le calcul de l’inflation.

    lorsqu’il y a inflation les salaires augmentent et les remboursements notamment de l’immobilier diminuent s’il sont assis sur des taux fixes.
    par exemple avec une inflation à 6% et des intérêts d’emprunt à 3% la banque est perdante.

    contenir l’inflation c’est contenir les salaires et permettre aux "investisseurs" de rentabiliser leur capital en réduisant l’offre ce qui a pour effet en plus de maintenir le chomage anormalement élevé.

    lorsqu’il a inflation par la demande et que l’on répond à cette demande il y a plein emploi et nous revenons à ce qui a fait les trente glorieuses au détriment du capital.

    13 mars 2008 à 9 h 05 min
  • Florin Répondre

    "…Une nouvelle parité doit d’urgence être définie entre les anciennes monnaies européennes et l’euro."

    Donc, d’après M. Trémeau, il faudra dire à certains que leurs euros valent "un peu moins" que ceux des voisins, et tout cela, dans une économie européenne rigoureusement sans frontières … Je laisse à tout un chacun le soin d’apprécier le sérieux d’une telle proposition.

    On pourra aussi revenir sur la parité définie au 1er janvier 1999, et dire aux gens, bon, ce que l’on vous a refilé au taux de 1 euro = 6,55957 francs était excessif, rendez le pognon … :-)

    Il est tout à fait vrai que le même produit (même importé de Chine) et vendu par le même réseau de hypermarchés ne coûte pas la même somme en France et en Allemagne, par exemple. Mais il s’agit d’un problème récurrent, qui existait bien avant l’euro, et qui a pour origine les politiques commerciales des multinationales (voir le cas des voitures françaises, vendues moins cher en Belgique qu’en France, malgré une TVA plus forte chez nos voisins).

    Le problème monétaire est important, mais PAS primordial. L’Allemagne, avec la même monnaie, et des impôts bien plus lourds que les nôtres, arrive à exporter et à dégager des excédents commerciaux significatifs. Donc, le problème est ailleurs.

    Il y a douze ans, je bossais à Paris dans une boîte "à forte marge", comme on dit poliment dans le métier.
    Le directeur financier avait TROIS véhicules de fonction, dont deux de plus de 400 KF chacun, ce qui, pour les prix de l’époque, était impressionnant. Tout cela, pour un poste sédentaire !!! Le directeur informatique était un "expat" (à croire qu’il n’y avait pas de compétences similaires parmi les "indigènes" …) : rien que l’école de ses gamins coûtait 90 KF par an et par enfant, 30 KF les cours de langue française pour sa femme, 50 KF ses impôts français, 25 KF son loyer mensuel payé par la boîte … comme tout le reste d’ailleurs.
     
    Tout cela, en faveur des gens qui étaient  simples salariés, rien à voir avec un quelconque patron du CAC, bien évidemment.

    L’Allemand, lui, lorsqu’il gagne de l’argent, il l’investit dans son entreprise (et pas pour des pailletes et plumes dans le derrière). Quand on aura compris tout cela en France, on aura fait un grand pas en avant.

    12 mars 2008 à 1 h 25 min

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