La droite se moque de la guerre culturelle

La droite se moque de la guerre culturelle

J‘ai parfois entendu, depuis la cinglante défaite de la droite aux élections régionales, des personnes me dire en substance : « à quelque chose, malheur est bon. L’extrême-gauche a disparu du paysage politique français. »
Certes, on peut se réjouir du faible score réalisé par Olivier Besancenot – le facteur à la tête de gendre idéal qui nous pendrait tous aux réverbères s’il en avait le pouvoir.

Mais, les régionales sont, à mes yeux, très éloignées d’être un échec pour l’extrême-gauche. D’abord, parce qu’au premier tour, les listes trotskistes et communistes font ensemble 9,2 %. Ceci sans compter les endroits où le PS et le PC partaient unis dès le premier tour. Sans compter les authentiques marxistes du PS. Et surtout sans compter les Verts qui sont souvent des rouges recyclés : c’est ainsi que l’ex candidat communiste à la présidentielle, Pierre Juquin, présidait le comité de soutien d’Europe-écologie en Auvergne. C’est très loin d’être négligeable…

Et, surtout, on peut perdre électoralement une bataille, mais remporter l’avantage sémantique – ce que manifestement la droite a du mal à comprendre. Or, de toute évidence, l’extrême-gauche a gagné la bataille sémantique.

Je ne parlerais même pas ici des pseudo évidences imposées par la mode écologiste. Certes, je ne suis pas de ceux qui souhaitent un pillage en règle des ressources naturelles. Mais il est extravagant d’entendre toute la caste politico-médiatique parler, la main sur le cœur et des trémolos dans la voix, de « l’environnement », dont l’être humain serait un parasite… en « oubliant » systématiquement de rappeler que le mot « environnement » ne s’emploie jamais seul en français. Qu’il s’agit donc de l’environnement de quelque chose et, en l’occurrence, de l’environnement de l’homme. Faire de l’écologie une arme contre l’homme est donc une aberration.

Mais, bien d’autres batailles sémantiques ont été gagnées par l’extrême-gauche dans la plus parfaite indifférence. La victoire la plus frappante est celle qui concerne le propre nom du parti de Besancenot : Nouveau Parti Anticapitaliste.
Si les mots veulent dire quelque chose, « nouveau » indique qu’il prend la suite d’autre chose et on voit mal de quoi il pourrait s’agir en dehors du Parti communiste.

On laisse ainsi croire que le Parti communiste ou le parti du facteur trotskiste seraient anticapitalistes. Mais de qui se moque-t-on ? Chacun sait, ou devrait savoir, que les communistes, quelles que soient leurs variantes, ne sont pas anticapitalistes. Ils sont favorables au capitalisme d’État, ce qui est très différent.

« Anticapitaliste », cela peut faire rêver les romantiques. Alors que « partisan du capitalisme d’État » est nettement moins attrayant. Or, la droite a entériné sans la moindre difficulté que l’extrême-gauche était « anticapitaliste », sans jamais relever qu’elle souhaitait en réalité remplacer la propriété privée du capital par une propriété d’État du même capital.

Est-il besoin de faire remarquer que l’État n’est pas, pour un ouvrier, un meilleur patron qu’un entrepreneur familial ? Est-il besoin de faire remarquer que le capitalisme d’État se caractérise par une irresponsabilité à côté de laquelle même le capitalisme à la Messier (qui pourtant n’est pas du capitalisme de propriétaire) fait figure de « modèle éthique » ?
Qui ne voit l’immense avantage qu’il y aurait à débattre des vrais sujets, au lieu de faire semblant de contester la gauche dans ce qu’elle ne défend pas ?

Imaginez un seul instant à quoi ressemblerait le débat politique si un seul homme politique de droite d’envergure nationale avait le courage de questionner l’extrême-gauche et ses alliés socialistes, non pas sur « l’autre Europe », la « nouvelle société », ou le « monde meilleur », mais sur cette question précise : pensez-vous vraiment que l’État soit un meilleur « capitaliste » que les entrepreneurs ?

Le grand écrivain viennois Karl Kraus a, paraît-il, dit un jour à un interlocuteur qui s’étonnait de le voir se préoccuper de style et de syntaxe alors que les Japonais bombardaient Shanghai, en 1932, et que s’annonçait déjà la future guerre mondiale : « Je sais que tout cela est absurde, surtout aujourd’hui, mais tant que cela est encore possible, je dois faire attention à ce que les virgules soient à la bonne place car, si les gens l’avaient fait, Shanghai ne serait pas en flammes ! »

Cessons donc de nous battre avec des armes forgées par et pour la gauche et faisons un peu attention aux mots que nous employons. C’est le meilleur service à rendre au pays !

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Comments (1)

  • Philippe Répondre

    Puisqu’on parle de l’influence de l’extrême-gauche et de la "guerre culturelle"…

    Effectivement et malheureusement, l’influence des idées gauchistes va bien au-delà de ses scores électoraux.

    Je prendrai pour exemple l’incroyable armada "d’artistes" gauchistes que nous avons en France, tous ces pseudo-chanteurs et chanteuses françaises actuels, de Zazie à Cali en passant par Calogero ou Christophe Maé (je ne parle même pas des rappeurs ou de diam’s l’islamique), tous ces tocards (qui pour moi n’ont aucun talent "artistique", mais ça je reconnais, c’est purement subjectif) se revendiquent de gauche et le font savoir à la moindre occasion pour influencer le populo, et pas seulement lors de leur charity-buisness des "enfoirés".

    Il n’y a qu’à voir comment l’efféminé Christophe Willem, avec sa cervelle de colibri et ses chansons à deux balles, déblatérait récemment contre le dernier livre d’Eric Zemmour, sans bien sûr l’avoir lu.

    Personnellement, j’ai beau me revendiquer patriote, à part quelques exceptions comme le vieux briscard Jean-Pax Méfret, je  n’écoute plus la "chanson française actuelle", ces gens-là, tous cooptés dans leur milieu (car si tu ne t’affirmes pas de "gauche" ou en faveur des "sans-papiers" tu n’as aucune chance de percer) m’écoeurent. Heureusement, mais là je redeviens volontairement subjectif, qu’il y a de vrais talents musicaux ailleurs comme les Cranberries ou Norah Jones…

    16 avril 2010 à 12 h 57 min

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