LA FED et la BCE devant la récession

LA FED et la BCE devant la récession

Notre pouvoir d’achat a diminué de 0,3 % en France au cours du deuxième trimestre. Pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui, il faut revenir sur les deux années passées.

1. Avant 2007, la banque centrale américaine (la FED) avait rendu le crédit trop peu cher et pendant trop longtemps. Beaucoup d’Américains ont profité de cette manne pour acheter à crédit leur maison. De nombreuses banques américaines ont accordé les crédits demandés, croyant ne pas prendre de risque, puisque le prix des maisons augmentait : la garantie hypothécaire qu’elles prenaient se valorisait.
Comme ces banques faisaient de gros bénéfices, elles attiraient tous les investisseurs qui voulaient retirer de leur capital de bons revenus. De nombreuses banques américaines ou européennes sont devenues actionnaires de ces banques profitant de l’augmentation trop rapide du prix des maisons (la fameuse bulle immobilière).

2. Au printemps 2007, la FED a décidé de s’opposer à cette bulle immobilière. Elle a brutalement trop augmenté le coût du crédit, et pendant trop longtemps.

Le prix du crédit augmentant, les candidats à l’achat d’une maison sont devenus rares. De plus, de nombreux possesseurs de maisons achetées à crédit n’ont plus eu les moyens de rembourser leurs emprunts fortement augmentés : ils sont devenus vendeurs de leurs maisons. Le prix des maisons s’est effondré.

Les banques qui tiraient de solides revenus de la bulle immobilière ont brutalement vu leur clientèle fondre comme neige au soleil. Elles n’ont plus fait de bénéfices et ont même perdu de l’argent.

Par ailleurs, le prix des maisons s’effondrant, les garanties hypothécaires qu’elles avaient prises n’étaient plus valables. Leur compte d’exploitation et leur bilan sont ainsi passés au rouge. La crise « des subprimes » commençait et allait toucher le monde entier, puisque de nombreuses banques étaient devenues actionnaires des banques américaines tirant profit de la bulle immobilière.

Deux stratégies

3. Pour s’opposer à cette crise financière qui mettait en difficulté de très nombreuses banques dans le monde entier, la FED et la Banque centrale européenne (la BCE) ont mis à la disposition des banques privées et, à titre provisoire, des centaines de milliards de dollars ou d’euros.
Cette opération a évité le dépôt de bilan de nombreuses banques, ce qui est bon, mais elle a mis beaucoup trop de monnaie en circulation : l’inflation est repartie, passant par exemple de 2 % à 3,6 % en France. À salaire constant, plus d’inflation, c’est automatiquement moins de pouvoir d’achat.

4. La FED a alors brutalement abaissé à un niveau trop bas (2 %) son taux de base pour rendre à nouveau le crédit très peu coûteux. Elle relance ainsi l’économie américaine. Mais il est évident qu’une inflation du dollar est prévisible pour cet automne. Il ne peut pas en être autrement. Cette inflation réduira d’autant la relance espérée et obligera à prendre des mesures récessionistes.

6. Curieusement, la BCE a fait l’inverse. L’analyse de Trichet n’est pas celle de Ben Bernanke… Elle a tendance à vouloir augmenter son taux de base, pour ramener l’inflation à 2 % en Europe. Le crédit devenant plus coûteux, l’économie se ralentit donc et le PIB baisse même de 0,3 % le deuxième trimestre en France. Mais l’inflation revenant à 2 %, le pouvoir d’achat des Européens risquera d’augmenter dans quelques mois.

Telle nous semble l’histoire monétaire fort agitée du monde depuis moins de deux années. On peut prévoir sans gros risque d’erreur pour l’automne trop d’inflation aux USA et moins d’inflation en Europe. Les Américains devront alors prendre des mesures pour s’opposer à cette inflation, alors que les Européens devront prendre des mesures pour relancer l’économie.

Le gouvernement américain semble avoir oublié un fait essentiel : la variation brutale du taux de base aboutit obligatoirement à des perturbations cycliques de l’économie.

Les gouvernements européens semblent ignorer un autre fait essentiel : plus ils ont une politique économique inflationniste, plus ils obligent la BCE à augmenter ses taux, donc plus ils réduisent la progression de notre pouvoir d’achat, voire le font baisser.

Promouvoir cet article

Partager cette publication

Comments (2)

  • nicolas bonnal Répondre

    milton friedman voulait liquider les banque centrales  un ordinateur ferait mieux l’affaire  pour injecter de l’argent a propos disait il

    heureux de voir que vous reconnaissiez enfin les erreurs cocasses des banquiers federaux us. quant a trichet…

    27 août 2008 à 20 h 29 min
  • 007/** Répondre

    D’où les interrogations légitimes sur les véritable raisons d’être (et de nuire…) des "banques centrales" … en particulier la FED.

    27 août 2008 à 10 h 46 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *