La fête économique planétaire et ses fauteurs de trouble

La fête économique planétaire et ses fauteurs de trouble

Plus ou moins explicitement, nous nous interrogeons tous, constamment, sur le point de savoir de quoi demain sera fait, pour nous, pour nos enfants ou nos petits-enfants.

Quand on est Français, vivant en France, il faut évidemment s’efforcer d’élargir son horizon au-delà de nos frontières, au-delà de la vieille Europe, jusqu’au monde tout entier aujourd’hui globalisé et même en voie de rétrécissement permanent.
Alors, les motifs d’optimisme sont impressionnants. La croissance économique mondiale annuelle tourne autour de 4 % tandis que les locomotives indienne et chinoise tirent leur pays respectif sur un trend de croissance de 8 à 10 % par an. Ce phénomène de développement accéléré n’a aucun équivalent dans l’histoire économique de la planète. Même la comparaison avec les débuts de l’ère industrielle au xixe siècle en Europe, tourne à l’avantage des pays émergents de ce xxie siècle, non seulement parce que les technologies sur lesquelles ils s’appuient sont à la fois très performantes et de mise en œuvre relativement facile, mais encore, parce qu’ils disposent de vastes réservoirs de main d’œuvre, ce qui n’était pas le cas de l’Angleterre, de la France ni même, en tout cas dans ces proportions, des États-Unis.

L’inflation mondiale a disparu. Malgré l’augmentation vertigineuse du prix des matières premières et du coût de l’énergie, les coûts de production restent stables, voire baissent, sous l’effet de la productivité, des nouvelles technologies de l’information, et aussi parce que plus d’un milliard de Chinois et d’Indiens attendent à la porte de la civilisation industrielle.
C’est cette situation qui explique la forme insolente des bourses mondiales. Un spécialiste de la gestion financière d’actifs comme Michel Cicurel, Président du Directoire de la Compagnie financière Edmond de Rothschild estime, dans ces conditions, que la tendance haussière de la bourse qui, sur les deux siècles précédents, a été en moyenne de 7 % par an, pourrait être sensiblement plus élevée au cours des prochaines années.

Libre à chacun d’en profiter. Par exemple, en investissant en bourse, et plutôt sur les marchés des pays émergents qu’à Paris, Londres ou New York. Mais on peut aussi mettre un sérieux bémol à cet optimisme béat…
Tout d’abord, le contenu même de cette sacro-sainte production, peut être facilement contesté. Dans nos comptes nationaux, construire ou détruire sont également productifs. Tout s’évalue « au prix du marché ». Les dépenses énergétiques ne représentent qu’une petite part de l’indice des prix. Mais que produirait-on sans énergie ? Nous sommes devenus des économies de services. Mais que deviendraient ceux-ci sans l’industrie ?…

Ce n’est pas tant les économistes dissidents qui risquent de venir troubler ce que Cicurel appelle « la fête économique planétaire », c’est plutôt d’autres personnages, sans doute moins intelligents, mais beaucoup plus violents. Car le terrorisme mondial qui se développe chaque jour et qui a pris aujourd’hui une dimension universelle, ne menace pas seulement nos vies individuelles, il menace également la prospérité du monde entier. Au débouché du Golfe arabo-persique, le détroit d’Ormuz est si étroit qu’un seul super-pétrolier, immobilisé, pourrait en empêcher l’accès. C’est un exemple et un symbole de la vulnérabilité de notre approvisionnement en énergie et donc du bon fonctionnement de la machine économique, dont on peut dire que, si elle tourne de plus en plus vite, elle est aussi de plus en plus fragile.

Comme toujours, depuis l’origine de l’humanité, un couple de forces antagoniques est à l’œuvre. Grâce à la mise en œuvre de leur intelligence, les individus font chaque jour des progrès. Leur situation matérielle s’améliore. Mais inversement, des phénomènes collectifs viennent sans cesse contrarier cette merveilleuse évolution. Hier, c’était des guerres. Aujourd’hui, c’est la terreur islamique.

Toujours les désordres ont été les pires ennemis de la paix, sans laquelle s’en est fini de la prospérité et du progrès.

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Comments (5)

  • Helios Répondre

    La France est-elle branchée sur la réalité du monde actuel ou vit-elle dans la nostalgie de mai 68? Est-il possible que collectivement, tout un peuple se mente à lui-même et continue de se bercer d’illusions? La mondialisation, pour le meilleur et pour le pire, est bien là, bien vivante et en santé. N’en déplaise aux détracteurs elle est responsable de la création de richesse la plus formidable de toute l’histoire. Cette richesse même inégalement distribuée est facteur de progrès pour tous les pays sauf pour ceux qui, à l’instar de la France refusent de s’adapter et s’installent dans le blocage et la stagnation. La mondialisation n’est pas seulement une source de progrès elle constitue un puissant incitatif à la démocratie et à la paix. Les ennemis de la mondialisation et du libre échange sont aussi en santé et bien vivants. Certains sont verbomoteurs, porteur de pancartes et hurleur de slogans, à défaut de convaincre ils monopolisent la scène, la solidité de leurs arguments est inversement proportionnelle au nombre de décibels servant à les faire valoir. Il y a aussi les violents, ils sont de deux catégories, la première: les vedettes du journal télévisé, ils tuent rarement mais aiment la casse et les incendies, ils affectionnent particulièrement les rencontres de l’OMC. La seconde catégorie: le terrorisme islamique imbibé de pétrodollars et de suprématisme politico-religieux, sabre dégainé et élite d’un islam dominateur rêvant d’une mondialisation bien à lui. C’est la plus dangereuse parce qu’invisible, imprévisible, bien déterminée et redoutablement efficace. C’est l’arme par excellence qui agresse l’imaginaire collectif des peuples, leur insuffle la terreur et brise leur volonté. Je termine sur une note optimiste. La France au réveil aura la gueule de bois, mais elle se réveillera quand même, ses élites remiseront la langue de bois et ce qu’ils diront aux français achèvera de les dégriser, rien de tel qu’une bonne douche froide pour ramener un homme ou un pays à ses sens. Le virage se fera probablement plus vite que prévu. Dans le processus les dinosaures de la politique et des syndicats devront se chercher un emploi, grand bien leur fasse Eurodisney aura son parc jurassique! Le terrorisme est déjà affaibli mais l’idéologie et l’argent qui le nourrissent coulent à flot, l’hydre va renaître mais sera tenue en échec assez longtemps pour convaincre ses commanditaires de se laisser aller au découragement. La marche de la mondialisation ne sera pas entravée, il restera seulement à lui donner la dimension éthique qui lui permettra de perdurer. Helios

    19 mars 2006 à 4 h 15 min
  • sas Répondre

    A jean claude ,pour ta gouverne, c’est le beau père de ROCKFELLER? qui a présenté au congré amécricain et fait voté le RESERVED FEDERAL ACT….instituant la reserve fédéral …..grouppement privé de 20 famillles appelé usuellement et anonymement le lobby ou complexe militaro/industriel américain….au nom et intérets du quel la guerre d’IRAK a été entreprise….et les autres aussi. sas qui peut donner encore plus de précisions vérifiables si nécessaire…

    18 mars 2006 à 23 h 58 min
  • Jean-Claude Lahitte Répondre

    Pas plus que je ne croyais aux vertus pures et dures du communismes (on en voit encore les résultats !), je ne crois à celles du liberalisme débridé qui a enfanté la “globalisation”, laquelle est, pour les groupes capitalistes internationaux et apatrides (sorte de pléonasme, j’en conviens) “la liberté pour les groupes internationaux d’investir où ils veulent pour le délai qu’ils veulent, de produire ce qu’ils veulent, de rechercher leurs matières premières où ils veulent et de vendre leurs produits où ils veulent, EN S’EMBARRASSANT LE MOINS POSSIBLE DES DROITS DES TRAVAILLEURS ET DES ACCORDS SOCIAUX” (1). Et le bon chrétien progressiste Jacques Delors, apôtre (socialiste) de l’ouverture à tous vents de la concurrence internationale, en avait tiré lui-même les conséquences : “Il y aura des gens qui resteront sur le bord de la route”. Sans s’en soucier le moins du monde… Et c’est là ce que l’on peut reprocher à nos gouvernants de l’UMPS (UMP + PS): avoir signé des traités internationaux ou européens, sans se soucier des conséquences pour le “peuple”, de la concurrence sauvage des produits fabriqués à bien meilleur marché dans les pays “émergents” par des ouvriers payés à des salaires qualifiés de misère en Occident et qui ne connaissent ni les “35 heures”, ni les RTT, ni les cinq semaines de congés payés. Que n’ont-ils, ces dirigeants irresponsables : “primo, exigé des concontractants à ces traités, qu’ils alignent sinon les salaires, du moins les avantages sociaux et les conditions soiales sur celles des pays “riches”(2); deuxio : préparé leurs entreprises et leurs concitoyens à ce “choc” en prenant mesures incitant les premières à évoluer pour prendre une large avance technique, technologiques, etc propres à supporter la concurrence, et les seconds à changer de mentalité, à ne plus croire aux sacro-saints “avantages acquis”. Et ces “pseudo libéraux” s’étonnent aujourd’hui que des “jeunes” descendent dans la rue pour manifester contre une loi qui est sensée atténuer le mauvais coup de la précarité dans laquelle la France (et tous les autres pays de l’Union, pour limiter mon propos) est irrémédiablement plongée du fait d’une mondialisation “libérale” qui prétend augmenter le volume des échanges, permettre à tous d’accéder à plus de biens de consommation, etc. (un peu à la façon du “demain on rasera gratis” marxiste) sans s’être souciée le mons du monde d’une nécessaire adaptation préalable. Des jeunes qui ne comprennent rien à l’économie, qui croient que, dans les autres pays (surtout les pays exotiques !) “tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil”, et qui ne veulent pas encore croire que le monde, livré à la soif du consummérisme, est devenu une jungle où “l’homo economicus” est devenu un loup pour l’homme. Des jeunes qui se sont engouffrés dans les usines à chômage que sont les formations à la philo, à la psycho, à l’histoire, à l’archéologie, etc. eta autres matières pas “productives”, pas “économiques”(3) se souciant davantage de leur “culture personnelle” que des besoins des entreprises, comme l’a avoué naïvement sur France 3 l’avantageux Julliard, président de l’UNEF, une Association qui ne “pèse” que 5% du monde étudiant, mais qui entend régenter des centaines de milliers d’étudiants (avec la complicité passive ou même active de leurs professeurs, et celle de l’Etat !) lesquels commencent à comprendre que, s’ils ne prennent pas eux-mêmes leur avenir en mains, en travaillant, mais aussi en se demandant dans quelle formation est leur avenir. Certains étudiants extrémistes me rappellent ce délinquant qui, sachant qu’il s’est trompé, veut bien êtrecondamné, à condition que ceux qu’il considère comme ses “complices” le soient aussi… Cordialement, Jean-claude Lahitte (1)je paraphrase là, preque au mot près, les propos tenus par Percy Barnevik, membre éminent du Groupe Bilderberg composé des plus importants financiers internationaux de la planète et fondé dans les années 50 sous l’influence de David Rockfeller ! (2) il y a des lustres que je demande que l’on exporte en Chine ou ailleurs nos cégétistes. Au risque de se faire zigouiller !!! (3) la question de ces surdiplômés aux parchemins inutilisables et qui pensent qu’ils vendront leur bac + 8, ou plus (si affinités ?) au lieu de se demander qu’est-ce que je sais faire qui puisse être utile à une entreprise ? se pose aussi en Espagne. Ainsi, France 3 a montré un Bac + 9 en philosophie qui, en Espagne, doit enchaîner les petits boulots, se contentant de 900, oo euros par mois, ce qui l’oblige à continuer à vivre dans sa chambre d’enfant (8m2) pendant que ses vieux parents se désespèrent après s’être saignés pour lui payer de longues (et inutiles) études ! Ce jeune Espagnol, lui, a au moins compris, comme ses camarades, qu’il devait se prendre en mains. Il est vrai que l’Etat espagnol n’a pas habitué les Espagnols à l’Etat-Providence. Contrairement à ce qui se passe en France !

    17 mars 2006 à 15 h 27 min
  • HACHETÉAIMELLE Répondre

    Bonjour J’ajouterai qu’en matière de croissance, la france est au niveau europpéen 25e sur 25. Il n’y a plus guère que les dictatures islamiques féroces ou les pays en pleine guerre civile pour faire moins bien que nous. J’ai 46 ans et je suis au chomage depuis 1992 auparavant, j’ai eu des petits boulots. Si on aligne l’ensemble de ma carrière professionelle, cela nous fait au grand maximum 3 ans de travail…pour toute une vie. Et il est probable que je ne travaillerai plus jamais. Dernièrement tel ou tel président de la réplublique dans un de ses discours fleuve a affirmé que la france avait besoin de main d’euvre immigré. On ne s’est jamais posé la question de savoir si les français avaient besoin de travailler.

    16 mars 2006 à 23 h 03 min
  • TL Répondre

    “hier c’était les guerres, aujourd’hui la terreur islamisque”. Quelqu’un peut il m’expliquer la différence ? La seule que je voie est que nous sommes trop faibles pour regarder les choses en face.

    15 mars 2006 à 22 h 37 min

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