La France face au modèle allemand

La France face au modèle allemand

Bernard Trémeau propose, dans le n° 834, de prendre l’exemple sur l’Allemagne. Il n’est pas sûr que cela soit judicieux, car l’économie ne fait pas un projet de société.

Si rien ne change, il n’y aura pratiquement plus d’Allemands de souche d’ici 60 ou 80 ans. Beau projet en vérité !
L’Allemagne est typiquement le pays qui illustre le propos de Michel Serres, lors d’une interview aux « Échos », il y a deux ans : « Nous préférons notre argent à nos enfants »…

Prendre l’exemple sur l’Allema­gne, parce que le chômage est une des mesures de la mauvaise gestion économique d’un pays ? C’est vrai, mais le plein-emploi avec de nombreux travailleurs pauvres est aussi un indicateur de mauvaise gestion.

L’équation du marché du travail est parfois résumée de la façon suivante : « Dans une économie où le système social offre une réelle protection aux salariés, le taux de chômage doit être suffisamment élevé pour que la pression salariale soit faible, puisque la rentabilité exigée du capital est forte.

Si l’on veut un taux de chômage faible, il faut réduire la protection sociale
, pour respecter le rapport de force ci-dessus décrit. »
Viviane Forrester, dans son livre « L’horreur économique », paru en 1998, résumait cyniquement les termes de cette équation : « Aux États-Unis, l’emploi est favorisé au détriment des salaires, alors qu’en Europe, les salaires le sont au détriment de l’emploi. Peut-être. Mais rien nulle part ne joue au détriment du profit ! »

Le chômage est plus faible en Allemagne, mais la pauvreté explose. Beau projet de société en vérité !

Pendre exemple sur l’Allemagne en matière fiscale ? Mais il semble qu’elle figure dans la liste des paradis fiscaux. Bel exemple pour nos banlieues !

En 2010, l’ONG « Tax Justice Network » a classé les paradis fiscaux en fonction de leur degré d’opacité (cf. « La Tri­bune » du 10 octobre 2011). Les treize premiers sont les suivants : 1) Suisse ; 2) Îles Caïman ; 3) Luxembourg ; 4) Hong Kong ; 5) États-Unis ; 6) Singapour ; 7) Jersey ; 8) Japon ; 9) Allemagne ; 10) Barheïn ; 11) Îles Vierges britanniques ; 12) Bermudes ; 13) Royaume-Uni.
Finalement, plutôt que de prendre exemple sur d’autres, soyons nous-mêmes, avec nos atouts et nos faiblesses !

Bertrand de Kermel

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Comments (2)

  • grepon Répondre

    En plus, quand le modele c’est de primer les exports paye au credit, ca doit finir mal, comme cela se realise aujourdhui pour l’Allemagne.    Les credits faites aux PIIGS ne seront pas rembourse.  C’etait du beau travail pourtant.   J’aimerais pas etre dependant sur le gouvernement allemand pour mon pension.   Les travaillieurs ont belle et bien travaille mais ne recupererons pas les retraites promises pour leur efforts.   Ca marche comme ca trop souvent, le socialisme et le mercantilisme.    Il va de meme pour la Chine par l’avenir  tout comme pour le Japon depuis quelques temps.

    30 mars 2012 à 22 h 17 min
  • Anonyme Répondre

    Bonjour Monsieur Bertrand de Kermel.

    Votre article comporte a mon avis des affirmations et raisonnements douteux.

    Vous dites: que dans 60 ou 80 ans il n’y aura plus d’Allemands de souche. Sous entendu de par la suite de votre texte que ce n’est pas comme en France. Vous n’avez pas bien regardé les lois sur la nationalité et les naturalisations dans les deux pays. En France la population depuis 1970 a augmenté uniquement avec l’augmentation de la durée de la vie pour 20% environ et avec l’immigration pour 80% environ. Dans 5 ou 10 ans la part d’augmentation avec l’allongement de la vie va cesser et il ne va plus rester que l’immigration. A ce jour sur les 65 millions que nous sommes 10 millions viennent de l’immigration depuis 1970 si on dit qu’en 1970 c’est la souche. Vous n’avez qu’a bien regarder les chiffres et vous verrez que dans 60 ou 80 ans la population Française sera majoritairement composée de gens arrivés après 1970. Si celà vous gêne pour l’Allemagne en écrivant "Beau projet en vérité" vous devriez faire la même remarque pour la France. Manifestent vous n’avez pas étudié les chiffres de l’INSEE et vous avez suivi la désinformation des médias.

    Il y a trop à dire sur votre texte en particulier sur "l’explosion" des pauvres. Si vous voulez être sérieux, cherchez réellement le nombre de citoyens des deux pays qui n’ont pas de toit.

    Enfin, vous citez une ONG "Tax Justice Network" dont le titre est déjà révélateur de l’orientation idéologique. Rien que le fait de qualifier "d’opaque" la fiscalité des pays cités avec le mélange de systèmes complètement différents est très suspect. Manifestement ce qui vous gêne c’est que les entreprises et les "riches" ne sont pas matraqués en Allemagne. Pour vous qui suivez la désinformation des médias, un paradis fiscal est tout simplement un pays moins imposé que la France.

    29 mars 2012 à 19 h 00 min

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