La France s’enlise dans la crise et la grève

La France s’enlise dans la crise et la grève

Depuis deux mois, la plupart des universités françaises sont bloquées. Les cours n’ont pas lieu et sont remplacés par des activités « alternatives », ou par rien du tout.

Le motif est, toujours, la pusillanime réforme du secteur proposée par le gouvernement. Mais faut-il un motif ? Dans l’université française, les grèves longues sont des rituels qui reviennent de manière récurrente. Ce n’est pas très grave : les étudiants ne produisent rien, la plupart des enseignants non plus. Cela gaspille l’argent des contribuables, mais cet argent est déjà tellement gaspillé, et de tant de façons : les campagnes télévisées sur le dérèglement climatique, par exemple, car aujourd’hui, puisqu’il semble avéré que le réchauffement dont on a pourtant si longtemps parlé n’aura pas lieu, on change de vocabulaire. Dérèglement est un mot assez vague pour tout couvrir, la pluie et le beau temps, la chaleur et le froid, les cyclones et les tempêtes, la neige et le plein soleil. Qu’importe, de fait, puisque sur tous les autres plans, nous sommes, en ce pays, dans une ère médiocre et crépusculaire.

Le monde, dont (faut-il le dire ?) la France fait partie, est dans une phase de récession qui prendra fin, comme toutes les phases de récessions, quand les causes qui y ont conduit seront traitées. Ces causes sont hors de portée du gouvernement français. Elles sont à la portée du gouvernement américain, mais celui-ci va de décision inepte en décision inepte, de dépenses immenses en mesures inflationnistes. Elles ne seront pas prises en compte lors du G 20 bientôt organisé à Londres où on entonnera le grand air du protectionnisme fiscal en déclarant la guerre à la Suisse ou au Liechtenstein, comme le Don Quichote de Cervantes chargeait les moulins à vent. Le gouvernement français prétend, néanmoins, « faire » quelque chose.

Il pourrait, direz-vous, proposer de baisser nettement les impôts, et les charges de façon à faciliter la création de richesse, envisager aussi de déréglementer et de diminuer drastiquement les dépenses publiques. Il lui serait difficile d’aller très loin dans ces directions, puisque l’essentiel se décide désormais à l’échelle de l’Europe, mais il pourrait au moins en parler. Au lieu de cela, les propos tenus, comme les mesures prises, ont une teneur social-démocrate très nette, et il faut avoir la cécité idéologique d’un socialiste français pour ne pas le voir.
Les débats du jour tournent donc autour du « partage du profit » au nom de la « justice sociale », de « soutiens » à ceci ou à cela, d’« aides sociales » à telle ou telle catégorie, de « protections », et que sais-je encore.

Lorsqu’il est question d’investissements, il faut traduire « dépenses publiques supplémentaires », et surtout pas « liberté d’entreprendre ». Sarkozy vient de dégainer sa dernière trouvaille : des commissaires à la « réindustrialisation ». Le commissariat au Plan va-il renaître ? Parfois, un économiste digne de ce nom est invité à la télévision, mais c’est assez rare. Il tient alors des propos sensés que nul n’écoute, et, très vite, les phrases vides tournoient à nouveau et débouchent sur des discussions aussi vaines que celles sur le sexe des anges ou la sodomie chez les mouches.

J’ai parfois envie de suggérer aux politiques de parler comme le ferait un économiste digne de ce nom. La France a, après tout, été le pays de Turgot, de Jean-Baptiste Say et de Bastiat, avant d’être celui d’Olivier Besancenot. Mais j’ai renoncé depuis longtemps à attendre quoi que ce soit du personnel politique. Je sais que, pour être élus, les politiciens français doivent parler le même langage que les délégués syndicaux. Le pays continuera donc à s’enliser. Mais je ne suis pas inquiet : il y aura encore de belles manifestations et de superbes grèves. Avec un peu de chance, je pourrai faire un ou deux cours avant l’été. Les trois quarts des Français approuvent les gens qui pensent que défiler sous des banderoles sert à « lutter contre la crise ». Ces mêmes Français estiment que le gouvernement peut prendre de l’argent quelque part, en Suisse ou au Liechtenstein sans doute, et le distribuer comme une manne céleste. C’est tout ce qui reste du christianisme dans un pays qui a perdu son âme chrétienne : l’idée qu’une manne peut tomber du ciel.

Je devrais trouver tout cela profondément affligeant. Je préfère observer, comme on assiste à un spectacle dérisoire. Le journal de vingt heures me semble plus regardable quand je coupe le son, et que je le remplace par une musique de fond. Un Requiem ?

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Comments (13)

  • sas Répondre

    Il n y a qu 1 moyen de redonner confiance et de reprendre en main le système devenu fou par planification …donc rendu volotairement fou….

    Sanctionner et récupérer le double de ce qui a été volé par tous les moyens possibles et "normaux"….comme en droit romain: saisie et captation  de tous les biens de l individu e, personne et mis en cause et coupable , puis saisi des biens de ses enfants, puis frères et parents et alliés…JUSQU A RECOUVRIR LE DOUBLE DE LA SOMME ET REINJECTER LES SOUS DANS L ECONOMIE….

    C a c’est une recette….déjà utilisée et ca marche…..des madoff y réfléchirait a 2 fois….mais nos politiques seraient attrait à cette mesure ,donc elle ne sera jamais appliquée….

    la france coulera assurément…..puisque quelques un l ont déjà décidé…et même abondé les moyens du FMI; vous savez le machin truc qui a ruiné l ARGENTINE et MADAGASCAR….et qui fonctionne un peu comme les consortiums de réalisation…chers au credit lyonnais et a tapie

    sas 

    6 avril 2009 à 13 h 05 min
  • ozone Répondre

    " d’après le principe: le dernier dans le bistro paie la facture ou fait la plonge pour le restant de ses jours."

    Surtout qu’il n’oubli pas d’éteindre la lumiére en partant…..

    Je constate toujours la répugnance a mettre en cause des escrocs qualifiés,

    En tous les cas,en France ce ne sont pas les équivalents qui souffrent de par leurs impots,

    Ce ne seront pas eux qui vont régler la note.

    L’enfer fiscal est toujours pour les mémes..

    5 avril 2009 à 21 h 34 min
  • HansImSchnoggeloch Répondre

    Ozone <<Question;dans quel paradis dorment les fonds que les "pigeons" ont payé pour les acquerir?>>

    En restreignant le champs d’action uniquement à la France, on peut sans hésiter affirmer que ces fonds ont été compostés en partie par les dettes publiques que les gouvernements français successifs ont accumulées et sont en train d’accumuler ces dernières trentes années.
    L’enfer fiscal français est ainsi fait qu’il prend les bonnes économies des pigeons, tourterelles, poules et coqs de ce pays pour les transformer en dettes nauséabondes ensuite retransmises sans pitié aux générations futures *). Dans cette transformation du tout à son contraire la gauche a d’ailleurs plusieurs longueurs d’avance sur la Droite, ce qui démontre sa vision progressiste des affaires.
    Tout cela fonctionne d’après le fameux schéma de Ponzi, Madoff en a fait l’expérience,lui qui croupit maintenant dans le "trou".
    Question: y-a-t’il une prison assez grande pour enfermer toutes ces folles et fous qui ont gouverné, gouvernent et vont gouverner ce pays?

    *) d’après le principe: le dernier dans le bistro paie la facture ou fait la plonge pour le restant de ses jours.

    5 avril 2009 à 10 h 30 min
  • ozone Répondre

    " Nationalismes, guerres civiles, genocide, tyrannies tutti-frutti. "

    Certes,on attend plus que la couleur de la chemise……

    Comme dans les années trente,l’on remérciera le land de l’Oncle Sam….

    Voila qu’en toute connaissance de cause,des institutions financieres US ont fourgué des produits avec des titres pourris,constituant ainsi la plus grande escroquerie de l’Histoire,sans que cela indigne le moins du monde ni nos gouvernants ni aucun décideur économique.

    Question;dans quel paradis dorment les fonds que les "pigeons" ont payé pour les acquerir?

    4 avril 2009 à 18 h 16 min
  • grepon le texan Répondre

    "Son systéme chéri se casse la figure en montrant  sont vrai visage,et comme toujours c’est la faute de ceux qui l’ont critiqué,qui ont annoncé ce qui allait arriver..

    Penible a la fin…"

    Ce qui va etre penible, comme si l’etat actuel de la France et de l’Europe n’etait deja pas assez penible, sera la sortie de la crise.   L’Europe historique va reprendre le dessus, tres previsiblement.   Nationalismes, guerres civiles, genocide, tyrannies tutti-frutti.    De notre cote, la sortie va etre democratique et republicain, ou bien tres probablement, si on a bien suivi les dernier quelques siecles de l’histoire.   Regardez bien la sortie des elections de 2010.   Il y a des chances, de ce cote del’Atlantique, que la liberte triomphera.   De votre cote, la democratie et la liberte sont deja bien cuites.

    4 avril 2009 à 4 h 54 min
  • IIgor Répondre

    @mohamed

    tout les articles de Milliere Guy  ne sont pas en rapport avec l islam ou  les pb que l islam pose au monde entier !

    Vouloir faire passer par des blagues a 2 balles Milliere Guy pour ce qu il n est pas ( raciste  ) et un peu limite … de plus je vous conseille vivement de faire comme moi et de visiter tout les forum de news, vous apprendrez surment plein de chose sur comment monter un troll et sur les trolls

    Que l on soit ou pas en accord avec les articles de Milliere Guy ou des 4V n as aucune importance ! ce qui est important c est le travail et le serieux de ces personnes (journalistes) il est dommage que ces articles ne soit pas plus diffusés.

    3 avril 2009 à 13 h 53 min
  • HEFF Répondre

    "L’endettement des Etats nous conduit vers un krach obligataire", par Olivier De Ducla :

    http://www.reichmantv.com/actualite1p.html

     

    3 avril 2009 à 2 h 39 min
  • ozone Répondre

    Vraiment lamentable,il faut une sacrée dose de fanatisme……

    Son systéme chéri se casse la figure en montrant  sont vrai visage,et comme toujours c’est la faute de ceux qui l’ont critiqué,qui ont annoncé ce qui allait arriver..

    Penible a la fin…

    2 avril 2009 à 20 h 41 min
  • HEFF Répondre 1 avril 2009 à 23 h 47 min
  • gobillon, Répondre

    Discours classique de la droite libérale française: salauds de syndicats,salauds de pauvres, salaud de peuple.

    Rien sur l’exemplarité obligatoire des élites .Il est vrai qu’elles sont trop occupées par la recherche d’un enrichissement rapide ou par celle d’ un pouvoir fut-il dérisoire

    1 avril 2009 à 13 h 00 min
  • John Mullen Répondre

    … et trois quarts des français soutiennent les grèves de fin mars. Le libéraux quittent la scène, attristés. Au revoir. Bon débarras.

    1 avril 2009 à 9 h 40 min
  • Mohamed Répondre

    Islam ?     Rien  ?    

    Perdu  !!! 

    Sur ce coup là,  Guitou = Poupou !

    Abdel Mohamed – Casa

    1 avril 2009 à 2 h 29 min
  • Florin Répondre

    C’est fort dommage, M. Millière, que vous oubliez de parler d’une distinction fondamentale, celle entre entreprise concurrentielle et MONOPOLE. Le monopole, c’est l’antichambre des Soviets : des mecs non-élus IMPOSENT leur volonté à l’ensemble des citoyens, SANS POSSIBILITE aucune pour ces derniers de se défendre.

    Autant il faut laisser libres les entreprises qui sont soumises à la concurrence, autant il convient de limiter, contrôler, démanteler les monopoles. Les USA l’ont fait à partir du 19ème siècle, par le biais d’une loi célèbre, dont l’application ferme n’a pas pour autant transformé le pays en dictature rouge.

    Lorsqu’une entreprise est en situation de monopole, AREVA ou EDF par exemple, l’Etat n’a plus d’autre choix que de réglèmenter. Dans le cas contraire, leurs patrons, de mèche avec les salariés (!!), seraient capables d’augmenter les prix au delà du raisonnable, sans que l’on puisse les en empêcher,faute de concurrence. On a vu le triste exemple de l’energie privatisée en Europe : entre 2002 et 2007, la hausse du prix du KWh a été de 10% en France, de 96% au Danemark … sans parler de nos amis Britaniques, ou Allemands. Sans parler de la production insuffisante en Californie, pays civilisé s’il en est, où l’on coupait le jus entre 9h et 17h, pile les heures de bureau pardi ! Imaginez un peu les hurlements à Paris si pareille mésaventure se répetait chez nous pendant des mois …

    OUI, l’Etat doit intervenir dans l’économie. A bon escient.

    1 avril 2009 à 2 h 12 min

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