La Grèce montre la voie…

La Grèce montre la voie…

À plusieurs reprises dans ces colonnes, traitant de l’Europe, j’ai souligné son hétérogénéité. L’Union européenne avec ses 27 pays membres n’est ni unie, ni cohérente. Elle n’a pas de monnaie vraiment commune, la zone euro ne comptant que 16 membres. Cette union hétéroclite comprend quelques pays sérieux dont l’Allemagne et, dans une certaine mesure, les pays scandinaves (dont la Finlande, le pays le plus honnête de l’UE, mais aussi l’un des plus dépensiers avec la France).

D’autres ne sont pas du tout sérieux, comme les pays de l’Est. D’autres posent des problèmes comme les pays du « Club Méd », appelés aussi « cueilleurs d’olive » : l’Italie, l’Espagne, le Portugal, Chypre, Malte et la vedette du jour, la Grèce. Un mot cependant en faveur de l’Italie qui, avec la Ligue du Nord et ses 4 ministres au gouvernement, commence à comprendre les dangers de l’immigration, mais, hélas, au plan financier, c’est pire qu’en France. La dette publique est à 120 % du PIB, les Italiens n’étant pas plus rigoureux que les Français. Sur les autres membres de l’UE, on s’interroge en constatant qu’en Europe, deux pays se portent mieux que les autres, la Norvège et la Suisse, qui, elles, ne font pas partie de l’Union et s’en félicitent.

Mais arrêtons-nous à la Grèce, dont le triste état des finances et de façon générale, de sa gouvernance, font trembler la sphère financière de notre planète.

« L’État grec est exsangue, ruiné, en quenouille… Le berceau de l’Europe doit faire la manche à Bruxelles » écrit François Hauter dans le Figaro du 11 février. En d’autres termes, c’est le bazar complet. La retraite est à 61 ans, mais pratiquement tous ceux qui veulent la prendre à 55 ans, voire à 40 ans, peuvent le faire. Un peu comme en France où la retraite est à 60 ans, mais en fait, en moyenne, à 58,5 ans. En Grèce, 7 fonctionnaires sur 10 ne travaillent pas. Ils sont 32 % des salariés et absorbent 40 % de la dépense publique. Ils perçoivent cependant des primes, par exemple pour savoir se servir d’un ordinateur ; les douaniers reçoivent une autre prime quand ils arrivent à l’heure au bureau… La plupart de ces primes échappent à l’impôt et doublent parfois le salaire des fonctionnaires sur 14 mois ! Dans ces conditions, pas besoin de RTT !

35 % de l’économie grecque fonctionne au noir. Chacun s’essaie à la débrouille. Pour se distraire, on participe aux grèves quasi quotidiennes, ce qui rappelle ce mot de Coluche : « Ils ont tellement pris l’habitude de ne rien faire qu’une grève, ils appellent ça une journée d’action ! » Il y a aussi en Grèce quelques émeutes de temps en temps. On casse tout, on brûle les voitures, on essaie de piller les musées et on dit : « On fait comme en France. » Pour ce qui est du banditisme, je n’ai pas de statistiques, mais en ce domaine, la France devrait garder le premier rang avec 248 braquages de banques et de bijouteries en 2009…

Telle est la jeune république grecque qui date de 1973, après la chute de la monarchie, ce que tout le monde a oublié. Une république que se partagent deux familles régnantes et républicaines, les Papandreou qui se disent socialistes et les Caramanlis qui, eux, se disent conservateurs. Le résultat est le même : une dette colossale (114,6 % du PIB), 1 700 milliards d’euros, 30 000 euros à devoir par habitant ; en France, 23 000 euros « seulement ». Pour les déficits, 12,7 % du PIB pour la Grèce ; 8,2 % pour la France. Mais, quand même pour Bercy, 141 milliards d’euros en 2009 de déficit, 4 fois plus qu’il y a trois ans.

L’armée grecque coûte très cher. Rapportées au PIB, les dépenses militaires de la Grèce sont les plus élevées de l’UE. Il faut bien se défendre contre la Turquie musulmane, futur membre de l’UE, à qui Bruxelles a déjà versé 3,5 milliards d’euros au titre de la pré-adhésion. Et la Grèce, bien sûr, en tant que membre de l’Union, a contribué au pactole. Le père Ubu en rit tous les jours…

Il va sans dire aussi qu’en Grèce, la corruption se porte bien et que l’une de ses conséquences est l’entrée dans le pays d’Ulysse de tous les immigrés du Proche et du Moyen-Orient et de l’Afrique de l’Est. Pour les passeurs, rien de plus facile. Le bakchich règle tout et, une fois en Grèce, on va où l’on veut, en Italie, en Allemagne, en France, jusqu’à Calais, en route pour la Grande-Bretagne où l’on finit toujours par arriver. Pour autant, dire que la Grèce a la médaille d’or de la corruption européenne ne serait pas juste. C’est la Roumanie et la Bulgarie qui ont la médaille d’or ex æquo ; la Grèce a l’argent.

Cet intéressant pays n’a pas d’industrie importante, mais elle a des entrepreneurs d’envergure, notamment des armateurs, très attentifs à ne pas confier leurs petites économies à leur pays, dirigé par un gouvernement qui truque ses comptes et qui n’a plus aucune crédibilité. Les profits s’en vont vers d’autres cieux dans des pays où la fiscalité est raisonnable. On voit ça, il est vrai, un peu partout ailleurs…
Un point positif cependant : l’Union européenne, dans sa réunion du 13 février, a fort bien fait de ne pas accorder de prêts au tonneau des Danaïdes grec. Les bons conseils prodigués coûtent moins cher.

Une remarque encore, puisque nous sommes sur les rives de la Méditerranée : ce n’est pas la fameuse « Union pour la Méditerranée », créée en grande pompe et à grands frais, à Paris en juillet 2008, idée géniale de l’Élysée, qui a réglé le problème. Cette union pratiquement n’existe plus, en dehors de son budget. Son sommet inaugural, les 13 et 14 juillet 2008 à Paris, a quand même coûté au contribuable français 16,6 millions d’euros, avec un dîner de gala à 5 062 euros par personne !

Ce que je veux dire, et ce sera ma conclusion, c’est qu’en France, si on n’en est pas encore au niveau de la Grèce, on est sur la même pente. Si, dans les 3 ans qui viennent, on ne redresse pas la barre, et dans tous les domaines, si on maintient la retraite à 60 ans comme si ce chiffre était inscrit dans la Bible et la Constitution, si les 35 heures sont maintenues, si les flux migratoires ne sont pas stoppés, puis inversés, si l’on ne passe pas de l’État-Providence et démagogique qui a totalement échoué à un État sérieux, on se re­trouvera dans la même situation que la Grèce aujourd’hui, la Grèce qui, avec Rome, a été le pays fondateur de la civilisation occidentale, avec la rigueur de la pensée, la philosophie, la littérature, l’architecture, la science militaire incarnée par Alexandre le Grand élève d’Aristote qui sut conquérir et faire régner la paix d’Athènes jusqu’à l’Indus y compris en Arachosie, futur Afghanistan. Depuis le IVe siècle avant Jésus-Christ, un long cheminement que l’on appelle la décadence – cheminement que la Grèce dans le monde occidental n’est pas seule à suivre…

Partager cette publication

Comments (4)

  • RAMOS Répondre

    Dans l’article: La Grece montre la voie j’ai lu que la création de l’Union pour la Méditerranée avait coùté 16,6 millions d’euros et le repas de création 5062 euros par convive.
    J’avais lu cette information sur sud ouest et vu aussi sur A2 mais je pensais que c’était comme d’habitude de la désinformation.
    Si cette information est vraie pourquoi ne pas chercher à qui elle a rapporté et publier son nom.

     

    4 avril 2010 à 18 h 03 min
  • sas Répondre

    L a situation de la Grece , de l espagne et du portugal…..augure de ce que l europe se paupérise méthodiquement……dans peu de temps ce sera aussi les haussses de tva,les coupe budgetaires, les diminutions drastiques de salaires et les deremborsement sociaux……

    ……les connards vociférants votant gauche et droite dans la rue, chîomeurs, rmistes, travailleurs pauvres et retraités seront dans la rue…on lâchara la fonctionaires crs sur leurs têtes….car ce gouvernement pour ne pas succomber aura toujours en tête, même ruiné,même indigent à maintenir une " caste" rentière……surpayés , incompétent et branleurs pendant leurs période de travails…ils continueront a vivre sur la grande masse ruiné …..à la retraite….

    ….regardez bien, car ce sont les premisses de ce qui poind.

    C’est ca le nouvel ordre mondial…..des immensément riches……peu  mais elus……et une masse de pauvres…

    sas

    7 mars 2010 à 11 h 32 min
  • Daniel Répondre

    "L’Ircantec, en effet, considère que, les nouveaux embauchés de La Poste relevant désormais d’un autre régime, cela lui occasionnera des pertes de cotisations futures"…
     Il faut comprendre ces monarques qui ont toujours imaginé que la meilleurs vie possible devait leur être assurée aux risques des autres.

    Un voleur justifie toujours son choix de voler. 
    Un violent justifie son agression.
    C’est ainsi qu’on est tous le Juif de quelqu’un! . Suffit d’un peu de mauvaise foi.

    6 mars 2010 à 17 h 21 min
  • sas Répondre

    Le gouvernement s’apprête à réaliser un casse sur les retraites des 20 millions de salariés du privé dans la plus grande discrétion, révèle l’association Sauvegarde Retraites. Il profite du changement de statut de La Poste pour remplir les caisses de l’Ircantec, régime de retraite bénéficiant aux élus et fonctionnaires non titulaires. Et ce sont les cotisants de l’Arrco et de l’Agirc, c’est-à-dire les salariés et cadres du privé, qui sont détroussés. Le tour de passe-passe au profit du public orchestré par Christian Estrosi, ministre de l’Industrie, est une première.

    Quelles en sont les (grosses) ficelles ? Pour comprendre, il faut savoir que les employés de La Poste embauchés avant 1990 ont un statut de fonctionnaire et la retraite qui va avec. Depuis 1990, les pensions des postiers relèvent de l’Ircantec et, à partir de cette année, les nouveaux embauchés tomberont dans le régime commun (Sécurité sociale plus Arrco-Agirc). À l’occasion de ce changement, le Sénat a fait passer un amendement accepté par Christian Estrosi qui prévoit que l’Ircantec recevra une soulte du régime Arrco-Agirc. On parle de 5 à 6 milliards d’euros, rien à voir donc avec un pourboire ! L’argument avancé pour justifier la soulte est spécieux, estime Sauvegarde Retraites.

    L’Ircantec, en effet, considère que, les nouveaux embauchés de La Poste relevant désormais d’un autre régime, cela lui occasionnera des pertes de cotisations futures. Et comme ses responsables ne font pas dans la dentelle, ils exigent une indemnisation calculée sur cinquante ans. Autrement dit, l’Ircantec réclame des cotisations sur des employés dont certains ne sont même pas encore nés et, pour cela, "pompe" sans scrupule le régime Arrco-Agirc, dont les finances sont menacées de déficit à très court terme (dès 2013).

    Robin des Bois à l’envers

    C’est Robin des Bois, mais à l’envers, car on vole les pauvres pour donner aux riches. Passons sur le fait que le régime de l’Ircantec est plus généreux (on cotise moins pour un meilleur rendement) que celui de l’Agirc-Arrco. On retient surtout que les finances de l’Ircantec sont plus saines. C’est que le nombre d’élus et de contractuels (collectivités locales, fonction publique d’État, hôpitaux) ne cesse d’augmenter, ce qui fournit une armée de nouveaux cotisants (643.000 en 10 ans) qui font terriblement défaut au privé à cause des ravages du chômage.

    Après les élections régionales de mars, le gouvernement a promis une nouvelle réforme des retraites. Étrangement, pour l’heure, il déploie son zèle pour défendre l’Ircantec, dont les 2,6 millions de cotisants ne sont en fait que des oiseaux de passage : soit parce que des élus perdent leurs mandats soit parce que des non-titulaires vont dans le privé ou deviennent fonctionnaires (la durée moyenne de cotisation à l’Ircantec est de seulement 8 ans et 11 mois). Ce régime spécial n’a, certes, pas échappé à la réforme des retraites, mais restera plus avantageux que celui du privé.

    Comment pareil hold-up peut-il se produire dans le plus grand silence ? Les sénateurs, en votant l’amendement, ont défendu les intérêts des élus auxquels ils doivent leur mandat. L’État employeur, en soutirant de l’argent à l’Agirc-Arrco, fait des économies. Quant aux syndicats, s’ils ne pipent mot, c’est parce qu’ils sont surreprésentés dans le public. Même la CGC, dont on pourrait s’attendre qu’elle défende la retraite des cadres (Agirc), reste en retrait. Et pour cause, elle assure la présidence de l’Ircantec… Tout le monde y trouve donc son compte, conclut Sauvegarde Retraites. Tout le monde sauf l’énorme masse des salariés du privé qui va se faire plumer. Voilà qui augure mal des discussions sur la réforme du régime des retraites prévues après les élections régionales de mars.

    4 mars 2010 à 13 h 28 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *