La politique, un ménage à trois

La politique, un ménage à trois

Hasard ? Ce même jour, l’un de nos adhérents nous communique l’adresse d’un site de « surveillance » de nos députés (1) et le Figaro publie une chronique de Sophie Huet, intitulée : « Plus dure la vie, loin de l’assemblée nationale », dans laquelle elle nous fait part de l’amertume et des difficultés, parfois financières, des 91 députés UMP battus. Selon elle, « l’UMP a payé au prix fort la défaite de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle ».

Ceci n’est pas étonnant, car le régime politique de la France prétend soutenir l’existence de trois acteurs : un président, des députés, et la société civile. Dans la réalité, l’un est de trop, tant l’exécutif et le législatif, à la différence des Etats-Unis, se confondent.

« Quatre vingt onze députés paient au prix fort », car leur groupe n’a jamais, ou rarement, pesé sur les décisions de l’hyper-président. L’ont-ils souvent menacé de ne pas voter des lois qu’ils désapprouvaient, à l’extrême de mettre son gouvernement en minorité s’il persistait ? Menacer seulement ! Que d’erreurs auraient été évitées ! Pourtant, le président leur avait octroyé quelque nouveau pouvoir, grâce à une réforme constitutionnelle : le partage de l’ordre du jour de l’assemblée nationale entre élus et gouvernement, c’est-à-dire l’examen, à égalité, des propositions de lois dont ils étaient les auteurs et des projets de lois dont l’émanation est gouvernementale, mais leur groupe n’en a pas réellement usé. Etaient-ils incapables de propositions sérieuses, au point de tout abandonner au gouvernement du président ?

Ainsi, toujours (ou trop souvent) obéissants au « chef », leur mutisme les a conduits à partager cet échec attendu. « Surveiller » les députés, grâce à ce site (cf note), n’aurait servi à rien, puisque, malgré la catastrophe annoncée, ils ne répercutaient pas fermement les doléances du peuple, de leurs électeurs, de la société civile… appelez cela comme vous voudrez. S’ils l’ont fait, c’étaient si mollement – un gémissement, parfois un soupir de consternation – qu’ils ne pouvaient être entendus.


Faire pression sur les partis

Quand le gémissement fut enfin audible, il était bien tard, et ils furent battus. « Tous furent atteints » même deux rares députés courageux, MM. Perruchot et Mallié, respectivement rapporteur et président de la commission d’enquête parlementaire relative au financement des syndicats par les contribuables, dont le rapport final, en l’absence d’un vote positif de la précédente majorité (en 2011, à la veille de leur défaite !), est voué définitivement aux oubliettes, comme nous le rappelait avec jubilation l’ex-président de l’assemblée, M. Accoyer.

Le président, victime du désamour dont il avait seul la responsabilité, a entraîné ses députés dans la défaite parce que, pour la plupart, ils n’avaient pas eu le courage de s’exprimer. Si l’on se demande encore la raison, c’est parce que, carrière oblige, ils dépendent d’une hiérarchie qui les investit et qu’ils n’osent pas, à de rares exceptions, affronter.

Qu’ils se persuadent cependant que, pour sourde qu’elle paraît être, la voix de la société civile est primordiale. Ils doivent s’en faire l’écho, se rappelant que les associations de contribuables comptent plusieurs centaines de milliers d’adhérents, probablement autant d’électeurs qui leur ont manqué.

Enfin, sachant que la liberté d’un député ne vaut que celle que le parti lui accorde, ce sont donc sur les partis que les contribuables doivent exercer leur pression. Même aujourd’hui, il y existe sûrement, à la base des partis au pouvoir, des gens pour comprendre qu’ils paient un prix élevé pour des pouvoirs régaliens peu efficaces (sécurité et justice), des impôts qui nous concernent tous – les pauvres compris et pas seulement les riches –, et qu’aujourd’hui l’écologie coûteuse doit être oubliée au profit du redressement du pays.

Gabriel Lévy
Chronique de l’Association des contribuables d’Aubagne

(1)http://www.nosdeputes.fr/circonscription <http://www.nosdeputes.fr/circonscription

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Comments (4)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    @ R.Ed

    Soixante mois c’est exacte … le TEMPS qu’ils puissent se REPRESENTER de nouveau devant les " électeurs " ….

    9 octobre 2012 à 10 h 09 min
  • vozuti Répondre

    que signifie faire pression sur des crapules qui nous racquetent depuis des décennies ? le minimum serait deja de cesser de voter pour eux ? non? plutot que de les plaindre !

    9 octobre 2012 à 0 h 21 min
  • R. Ed. Répondre

    Ola, les indemnités sont passées de 24 mois à 60, soit 5 ans !!!

     

     

    Faut se tenir à jour…

    8 octobre 2012 à 21 h 35 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    trois remarques à cet , par ailleurs , excellent article :

    – tous LES pouvoirs SONT concentrés à l’Elysée

    – SAUF que … TOUS les pouvoirs sont dans les mains de … la Commission de Bruxelles

    – ce qui ferait que nos malheureux  élus lambdas PROFESSIONNELS de la politique , à condition qu’ils ne soient pas fonctionnaires ( et ils sont innombrables à l’être )  , où dans ce cas ils peuvent  réintégrer leur corps d’origine , SERAIENT  dans la misère la plus noire ; ce qui est faux puisqu’ils perçoivent pendant 24 mois une indemnité équivalente à leurs émoluments de député … texte autoprotectionniste digne du  principe de précaution  voté à l’unanimité par les assemblés ; sans compter qu’on leur trouvera toujours un point de chute ( emplois fictif ) chez un ami ( des media ) ou dans une administration , ou même dans une " commission Théodule " ( voyez l’ineffable Evelyne Bachelot qui cumule T.V. et conseils à Hollande ) , ou parfois , comme ministres , se sont voté un accès à une profession dont ils ignorent tout ( avocat ) sauf qu’ils ont un carnet d’adresses fourni ( lobbying en français ) cf Dati et Guéna , bien que ces deux là ne soient pas des élus

    et puis après tout le chômage ce n’est pas que pour les autres !

    voici pourquoi mes yeux restent secs devant leur immense douleur

    8 octobre 2012 à 14 h 01 min

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