La question du jour : le capitalisme est-il cruel ?

La question du jour : le capitalisme est-il cruel ?

Les libéraux désapprouvent toute aide publique – sous forme de participation, de subvention ou de prêts bonifiés – à quelque entreprise que ce soit. Ils ont désapprouvé le sauvetage des banques aux États-Unis, puis en Europe. Ils ont refusé, au Congrès américain, de voter le plan Paulson, première et deuxième versions. Ils ne sont pas d’accord avec les prêts qui commencent à arroser l’industrie automobile.
En France, ce point de vue paraît radical, et même incongru. Mais aux États-Unis, dans l’opinion, il fait jeu égal avec le point de vue opposé et dirigiste (cf http://www.cato-at-liberty.org/).

Il peut paraître cruel : si l’on ne fait rien pour sauver ici l’ex-Régie Renault, le groupe privé Peugeot, là-bas GM, Ford et Chrysler, comme hier les banques (y compris les plus grandes, les plus anciennes, celles qui se disaient les plus solides…), ne va-t-on pas détruire de la richesse, casser des actifs, mettre des dizaines de milliers de salariés au chômage et des milliers de fournisseurs et sous-traitants en grande difficulté ? Ne serait-ce pas un affreux gâchis ?

C’est certain. Encore faut-il relativiser. Une trentaine de banques ont déposé le bilan aux États-Unis sans que les déposants aient perdu un dollar : avec la garantie du Trésor américain, d’autres établissements se sont immédiatement substitués à leurs collègues défaillants. Et ce n’est pas parce qu’on se déclare en cessation des paiements qu’on est forcément liquidé. Une reprise est toujours possible. Elle est même souvent souhaitable, avec de nouveaux actionnaires, de nouveaux capitaux et de nouveaux projets. Quant aux salariés, au-delà de l’assurance chômage qui les couvre, et pour laquelle ils ont chèrement payé, ce qui compte c’est de retrouver du boulot rapidement et non pas dix ans plus tard.
Car chacun préférera une crise peut-être violente mais brève, à une crise qui durerait de longues années (comme celle dite de 1929). C’est d’ailleurs le propre de toutes ces interventions publiques intempestives de prolonger la crise, sous prétexte de l’adoucir… Sur le long terme, les régimes les plus cruels sont toujours les moins libéraux (cf URSS vs. pays capitalistes).

Cette destruction de richesses est énorme, et évidemment fort triste. Mais c’est un fait. Elle s’élève d’ores et déjà à des milliers de milliards de dollars et nul politicien n’est en mesure, avec une baguette magique, de les faire réapparaître.

La relance par l’intervention publique est un mythe.
Elle revient toujours à capter des ressources, pour en faire un certain usage, toujours moins efficace quand la puissance publique est opératrice, que lorsque ce sont des individus-entrepreneurs qui le sont.
La seule relance efficace possible est celle qui consiste à baisser les impôts et les taxes, y compris la dette publique, mais c’est le chemin exactement inverse qui est suivi…

Il n’est pas contestable que le système capitaliste est d’autant plus efficace qu’il respecte les lois du libéralisme. Les États-Unis ne sont pas toujours un modèle de libéralisme, mais comme, en moyenne, ils le sont un peu plus que les autres, sur le long terme, leur croissance économique est supérieure à celle de tout autre pays industrialisé (cf. statistiques de l’OCDE, période 1820-1992). Et, à l’inverse, les pays dirigistes, hier communistes, aujourd’hui socialistes, interventionnistes et réglementaristes, sont tous à la traîne dans ces statistiques incontestables.

Face à la crise, deux solutions sont donc possibles : réduire la voilure de la sphère publique, mais ce n’est pas la voie que s’apprêtent à prendre la plupart des pays touchés. À l’exception notable du Canada, et, partiellement, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne… Ou bien ne rien faire, et attendre que passe l’orage, ce qui ne serait pas brillant, mais fort sage !…
Il y a un autre argument pour ne pas « sauver » les entreprises en difficulté. Il est d’ordre moral. Car toutes les entreprises, petites ou grandes, doivent être logées à la même enseigne. Il n’est pas juste de « sauver » certaines et pas d’autres, celles qui appartiennent à l’establishment et pas les autres…

C’est l’argument le plus fort. Car l’efficacité du capitalisme est corrélée à la stabilité et à la moralité des règles de droit. Faire des exceptions pour les banques, pour l’automobile… affaiblit le capitalisme tout entier. Les pays qui, au nom du soi-disant pragmatisme, feront des « exceptions » s’en sortiront moins bien que les autres.

Voir aussi, le blog d’Alain Dumait : www.dumait.fr

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Comments (13)

  • siniq Répondre

    HansImSchnoggeLoch

    Sachez que nôtre Impérator ne supporte qu’ on le traite comme il se permet de le faire de temps en temps avec d’ autres intervenants, c’est un latiniste quand même.

    13 janvier 2009 à 19 h 28 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Vitruve,

    nous sommes à présent loin des riches et votre réponse a pris une nouvelle direction. Bon, si vous voulez…

    Je reprends la citation de la semaine des 4V, elle pourrait vous aider.

    <<On devient son pire ennemi en essayant de donner du sens à ce qui n’en a pas.
    Hubert Selby Junior>>

    Si vous haissez vos compatriotes "franchouillards" en tant que français *), pourquoi venir vous exciter sur ce site. Les animaux  étant les meilleurs compagnons de l’homme et de la femme (surtout les chiens) consacrez leur le reste de votre existence. Je vous conseille le Golden Retriever qui est un chien merveilleux.

    *) Ceci est une querelle franco-française je vais m’abstenir de me mêler de ce qui ne me regarde pas.

    <<Allein die Nacht bringt die geistige Ruhe, schläft wohl Kindlein, schläft…>>

    12 janvier 2009 à 21 h 22 min
  • VITRUVE Répondre

    @Hans calmez-vous, soyez aussi respectueux que je le suis , nous n’avons pas truandé ensemble…

    Vitruve a fait dans la construction et le conseil en batiments d’élevage et également l’ implantation de labos vétérinaires, ça fait assez capitaliste pour le spountz? 

    A la différence de certains patrons français étriqués qui vomissent ici, et qui, je m’en réjouis, ne font pas la majorité des hommes et femmes avec qui j’ai fait des affaires, j’ai aussi travaillé de par le monde avec un oeil curieux, recueillant avec reconnaissance tout ce que l’Autre pouvait  m’enseigner (même le bougnoule et le griot , vous vous rendez compte, la honte!).

    nb: c’est peut-être aussi au contact des animaux que j’ai acquis cette haine du raciste franchouillard ,baguette/ beret/camenbert, bête et méchant…

    carpe noctem

     

    12 janvier 2009 à 14 h 06 min
  • sas Répondre

    L définition du capitalisme selon sas…UNE DIFFERENCE DE POTENTIEL

    tel leau, l electricite,les richesses et l economie ne peut exister que parce qu il y a riches et pauvres….y en aura donc toujours , prennons simplement garde à ne pas avoir que des dés à coudres qui se déverderonts dans des megatanckers…..veillons a créer nombre de récipients intermédiares et méritants…

    J e ne crois pas qu’il faille etre un escroc pour finir riche en affaire….. mais avec le systeme actuel français, rien ne sert de travailler et d être hônnete pour mieux finir que la plus grande masse…..et une prime  et mention pour les combinards variés et divers de france qui utilisent la commande publique cooptée, les réseaux et les derogations claniques pour s assurer des places de choix….

    encore une certitudes…..effectivement l argent s’accumule dès lors que d autres grattent pour vous…c’est un effet d echelle, qui n implique pas de voler dans la poche de son personnel

    les plafons de verres ne sont pas à ce niveau vitruve.

    sas 

    12 janvier 2009 à 12 h 16 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Vitruve,

    j’ai un numéro Siret que je peux fournir au Webmaster sur demande et n’ai pas besoin de votre mansuétude. 

    Si vous aviez été patron, je ne crois pas que vous adopteriez le language vitriolique que vous utilisez dans vos posts.

    Je persiste aussi à ne pas diaboliser les riches même milliardaires comme vous le faites, uniquement parce qu’il existe quelques brebis galeuses et plutôt dans le show business ou le sport *) que dans l’industrie. D’ailleurs les brebis galeuses se comptent aussi pas légion dans la politique, que ce soit à droite ou à gauche, vous en convenez?

    Il n’existe pas de génération spontanée de riches ou de milliardaires dans l’industrie, Vitruve. Ils ont tous commencé à être des petits patrons. Il fallait bien passer par là. Dans ma documentation, j’ai une lettre de Bill Gates de 1979, époque où il écrivait encore le courrier lui-même.

    PS: vous avez commencé à diaboliser les riches, maintenant vous êtes passé aux milliardaires. Pourquoi ce revirement? Les riches seraient-ils soudainement moins fourbes que les milliardaires? Il est vrai que cela vexerait beaucoup les hauts-fonctionaires de l’élite française de se voir classer dans le groupe des riches.

    *) les frimeurs à Ferrari comme vous les aimez!

    11 janvier 2009 à 20 h 05 min
  • VITRUVE Répondre

    @Hans…loch

    je persiste, connaissez-vous un employeur, un petit patron, ou autre, qui soit devenu milliardaire ( nb: nous parlons de riches, cela va de soi!) sans voler au minimum son personnel ?, Je signale aussi que tous ceux qui joueront le jeu et resteront honnêtes, termineront, dans le meilleur des cas, leur carrière avec un revenu de ministre… Majoritairement sans IGF et c’est trés bien ainsi, on est à 95% dans ce cas!

    Si c’est çà votre référence de richesse capitaliste: un salaire de haut fonctionnaire, hé bien  vous êtes un socio-libéral qui s’ignore Hans! Et bienvenue au club!

    VITRUVE un ancien patron vous parle…

    11 janvier 2009 à 15 h 12 min
  • ozone Répondre

    Trés jolie la theorie,

    Sauf que de 29 a 33 ils avaient le temps de la démontrer,et ce manque donna une guerre mondiale en bout de course.

    Une façon de se refaire certainement.

    10 janvier 2009 à 23 h 01 min
  • Daniel Répondre

     

    Non, un pauvre n’est pas exclu du système: il en est un acteur passif indispensable. Le système s’en sert à chaque fois que ça l’arrange!.  Nombreux sont ceux qui vivent grassement (ou simplement en sécurité)  de la gestion du social qui n’est nécessaire que par la création artificielle d’une classe pauvre…  pardon: appauvrie..   La pauvreté est largement exploitée sur le plan moral pour justifier des subventions dont l’essentiel va dans les poches d’individus qui se posent en intermèdiaires généreux.  Ex: les subventions à l’agriculture . 10% seulement arrivent dans la poche des petits agriculteurs, de loin les plus nombreux.   Tout cela est précisément contraire aux règles du capitalisme et du libéralisme dont vous précisez qu’ils n’existent  pas à l’état pur. Mais aujourdhui, beaucoup de "pragmatiques"  entrent  dans le capitalisme doré par le biais de l’argent public et non par un mérite personnel.  

    Le capitalisme est-il cruel?  C’est suivant ce qu’on en fait : non s’il est accompagné de morale fondée sur une vraie spiritualité où la liberté a été justement valorisée parceque bien définie.  Car livré à ses propres régles, c’est un monstre comparable au communisme (c’est  le plan juste au dessus ) pour une raison simple: si l’argent produit de l’argent, le mérite de l’homme qui en est propriétaire diminue avec l’augmentation de sa fortune… 

    … Et il faut beaucoup de lucidité à un homme pour ne pas confondre son propre mérite et le "mérite" revenant à l’argent qui travaille même sans son propriétaire par le biais de ceux qui en manquent ! .

    Et combien se racontent des histoires quant à leur réussite financière  liée à leur grand mérite personnel… pour pouvoir dormir encore comme quand maman racontait des histoires de princes et princesses pour sombrer dans un délicieux sommeil.  Et ne pas voir la réalité: des milliers de morts d’innocents vont éponger la crise économique produites par les princes d’aujoudhui, inconscients et criminels comme la plupart des princes de l’Histoire.  

    Le message de SAS est un bon résumé du "mérite" des capitalistes d’aujourdhui:   ce sont surtout des rêveurs qui se survoient et ont besoin de croire qu’ils sont les meilleurs quand ils plument ceux qui ont un sens moral…. et qui se trouvent fort dépourvus quand la bulle fut venue.  Des benêts d’une grande pauvreté, une autre sorte de pauvreté, morale, celle ci.  Le défaut de  mesure morale, mesure discrête,  oblige à se rabattre sur une mesure visible : le fric.   

    Qui échangerait sa conscience pour de la bêtise, même compensée par du fric volé? que chacun définisse bien son choix, la vie est vite traversée.   

     

    10 janvier 2009 à 21 h 40 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Vitruve

    je crois que vous êtes atteint d’une obsession maladive malheureusement incurable. Les quelques exemples que vous citez  sont une injure à tous les entrepreneurs de France et de Navarre pour commencer et à tous ceux du monde entier qui ont débuté leur business avec quelques lacets de chaussure usés, mais beaucoup d’enthousiasme.

    Contrairement à vous je me réjouis quand quelqu’un a réussi à faire quelque chose dans sa vie et son aisance s’il en a une, n’enclenche pas dans mon subconscient le processus diabolique qui est déclenché dans le vôtre.

    D’autre part il n’est dans l’intérêt d’aucun employeur d’exposer sciemment ses employés à des dangers. Les cas de silicose*) que vous évoquez sont plus dus au manque de normes et de données physiologiques à l’époque où cela s’est passé qu’à la mauvaise volonté de l’employeur. L’Allemagne, pour laquelle vous me concédez quelques connaissances, a encore quelques mines de charbon et les normes de sécurité y sont draconniennes sinon staliniennes.

    Votre pseudonyme ne serait-il pas la contraction de vitriol et de vésuve?

    *) j’ai travaillé dans une mine dans ma jeunesse et je connais les ravages de la silicose.

    10 janvier 2009 à 11 h 43 min
  • VITRUVE Répondre

    AVE

    cher Hans vous qui connaissez bien l’Allemagne et le monde des affaires en général , vous ne me contrarirez pas si je persiste à croire que sauf rares exceptions ( comme le type qui a inventé le moteur diesel, la lame Gillette , le crayon Bic ou l’ Apple dans son garage…) on ne devient riche que par le vol, la spéculation, le détournement, la spoliation, le trafic et l’héritage…sinon il y aurait des embouteillages de Ferraris dans le Nord et l’Est chez tous ces vieux mineurs atteints de silicose qui, à 1000m sous terre,  ont poussé des wagonnets à l’os toute leur chienne de vie…Non?

    VALE

    9 janvier 2009 à 16 h 16 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Le capitalisme est sans doute né lorsqu’un individu qui produisait du blé désira améliorer son ordinaire avec un peu de viande. L’idée de troquer son excédent de blé contre un mouton que produisait son voisin a ainsi créé les premiers échanges commerciaux qui se sont ensuite propagés sur d’autres produits. Le capitalisme n’est donc pas sorti d’un bouquin théorique comme le communisme de Karl Marx.

    Iosa a raison un pauvre est exclu du système. Cependant au départ tout le monde était pauvre. Il faut donc bien que quelques uns aient fait plus d’efforts que les autres pour s’en sortir. Est-ce un bien ou un tort? Là est la question.

    Les exclusions que nous constatons sont plutôt liées à la diversité de la nature humaine qu’à un effet pervers du système capitaliste. Les uns même pauvres trouvent une voie et percent, les autres y compris des riches abandonnent sans combattre dès que la pente devient raide.

    8 janvier 2009 à 18 h 22 min
  • sas Répondre

    Mr dumait…..je partage votre analyse et de rajouter " on ne s arrange jamais avec celui qui a faillit"…..non seulement le renflouement en catatrophe (donc tout azimut et sans aucun contrôle) est dramatique sur le principe même du capitalisme libéral et donne de mauvais signaux à tous les apprentis  investisseurs ayant quelque politiques dans leurs poches……

    mais en entérinant une fois de plus l immoralité financière, et in finé en maintenant la branquignioles et autres faillis dont l incompétence se mesure en milliards e dollards , ou en les muttant loin des regards dans quelques placards dorés mais toujour institutionnels……c’est stratifier les causes d echecs et assurer l inanité des nouvelles sommes engagés……

    …..mais répondant aux durent et rigoureuses lois de l univers , l’argent ne se matérialise pas…..ce que l on affecte ici , on le retir la bas….. l assistance outrancière et immorale aux banques aventurières et spéculatrices ainsi que quelque potes de l automobile…….auront des conséquence encore plus remarquables que les propres maux de départ……

    Il m est avis que c’est da ailleurs le but recherché…..le syndrome du joueur perdant et essayant a tout pris de se refaire……il conviendrait plutot de quitter la table de jeu messieurs…

    et laisser les sous dimentionnés du portefeuille assumer leurs propres turpitudes….vous avez chantez , messieurs les banquiers et bien dansez maintenant….

    sas

    8 janvier 2009 à 13 h 06 min
  • IOSA Répondre

    Réponse à votre question…………

    Tout dépend si je suis riche ou pas !

    7 janvier 2009 à 23 h 23 min

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