La règle d’or est une idée absurde !

La règle d’or est une idée absurde !

On va me prendre pour un fou, mais réglementer un déficit budgétaire est un objectif idiot. Qu’est-ce qu’un déficit ? C’est la partie des dépenses qui n’est pas couverte par les recettes. Si cette partie est la masse des investissements rentables, elle peut être, en toute bonne gestion, financée par un emprunt dont le remboursement est assuré par le rapport de l’investissement.

En revanche, s’il s’agit de dépenses courantes, l’emprunt est à déconseiller fermement. Il ne reste alors qu’à augmenter les recettes ou réduire les dépenses. Dans une entreprise du secteur marchand, on peut, d’un côté « serrer les boulons » des frais généraux ; de l’autre renforcer la force de vente pour augmenter les recettes. Aucune des deux actions n’est simple, mais toutes les entreprises y sont entraînées, car il n’y a pas d’autre solution.

Pour les administrations publi­ques, la réduction des frais généraux pèse sur le train de vie des agents, qui n’aiment pas bien cela.
Ils préfèrent naturellement augmenter les recettes (impôts) payées par les autres.

Dans la théorie, il est donc simple d’éviter le déficit. L’ennui est que, à force d’augmenter les impôts, le pouvoir d’achat de la population stagne ou diminue, et arrive inévitablement un moment où l’on passe de la contribution à la confiscation. Alors la résistance populaire rend l’opération impossible.

Apparemment, nous y sommes. Le montant total des dépenses publiques est de 56 % du PNB, et le déficit prévu est de l’ordre de 4-5 %, alors que les fameux « critères de convergences » de Maastricht lui fixent une limite de 3 %. Pourquoi 3 %, et pas 1 ou 6 ? Personne n’en sait rien. Un tel chiffre, fixé pour l’éternité, n’a aucun motif raisonnable. Si le gouvernement du Président normal veut donc ramener en 2013 le déficit prévu au niveau des critères, il doit augmenter les impôts de 36,9 milliards d’euros.

Pourquoi douter qu’il puisse y arriver ?
Simplement parce que, en prélevant 56 % du PIB, l’État ne laisse déjà pour vivre aux Français que 44 % de ce qu’ils ont produit. En prélevant 37 milliards de plus, il prélèvera 57,3 % et leur en laissera 42,7 (soit une baisse de pouvoir d’achat de 3 %). Or, le pouvoir d’achat que le gouvernement laisse à sa population est le critère économique de l’intérêt qu’il lui porte, qui paraît faible.
Comment font donc les autres ?

Les gouvernements des pays occidentaux les plus rigoureux vivent avec 42 à 47 % du PIB (en 1975, Giscard établissait le seuil du socialisme à 40 %).

C’est l’indice d’inefficacité des pouvoirs publics de notre pays, dont le fonctionnement coûte entre 20 et 30 % plus cher que les meilleurs.
Si les rédacteurs de Maastricht avaient été sérieux, le critère aurait été la limite du budget (par exemple 42 % du PNB), avec un délai raisonnable pour l’atteindre (par exemple 10 ans, avec réduction de l’écart de 1/10e chaque année, comme le Traité de Rome a procédé avec succès pour les droits de douanes internes). Si cette clause avait, en outre, limité l’emprunt au financement des investissements rentables, l’ensemble aurait été raisonnable et cohérent.

Par construction, il n’y aurait pas eu de dérive, et on n’aurait pas aujourd’hui à rechercher des solutions désespérées et, de fait, irréalistes.
Dans cette perspective, l’instauration de ladite « règle d’or » est une consécration de la faute de départ.

Partager cette publication

Comments (4)

  • goufio Répondre

    Oui, quinctius, vous avez raison sur le doigt mouillé bien qu’on ait voulu nous faire croire qu’une armada d’experts mené par M Trichet ait fixé scientifiquement ce chiffre,.., pour la nuit des temps ou plutôt l’an 3 421.
    Aussi que la France productive à 100 % nourrisse l’autre France qui exige, manifeste, légifère et se conduise en "père des peuples" et "maître des mots" que nous devons prononcer et se contente du maigre 44 % et encore démontrerait que cette France productive est entrée en soumission peut-être bien en esclavage puisque nous sommes libérés fiscalement vers le 21 juillet de chaque année. Esclaves soulevez-vous et reprenez votre liberté.
    Et encore oui, pour le PIB qui inclut les dépenses de l’Etat, drôle, hyper drôle comme définition, mais comme tout le monde s’en fout.

    6 octobre 2012 à 18 h 51 min
  • Magne Répondre

    A l’heure ou l’Insee annonce que l’économie française est ” à l’arrêt ” ( 2 % de croissance , chômage en hausse ) , le Gouvernement ( avec l’aval de la droite de ” Gouvernement “) passe au cou de la France ( des Français ) , un carcan . Comme la situation ne va pas s’améliorer , le Gouvernement ( PS , Centre et UMP )pourra dire : ” ce n’est pas de notre faute s’il faut se serrer la ceinture , Bruxelles exige etc… ” . On se demande qui pouvait bien empêcher d’appliquer sans Traité , cette règle d’ ” or ” des 3 % . Ils prennent les devants . La France est devenue une véritable usine à gaz . Le serpent n’en finit pas de se mordre la queue . La situation va devenir ” historique ” . Plus d’argent dans les caisses , les salaires et les retraites vont obligatoirement baisser .

    5 octobre 2012 à 16 h 48 min
  • Daniel Répondre

    "Il reste 44% de ce qu’ils ont produit aux Français"

    Il reste à certains 0% de ce qu’ils ont produit et à d’autres 100% de ce qu’ils ont volé par le biais de l’impot … A moins que voler soit une nouvelle façon de produire.

    A certains, il reste des dettes en produisant , c’est à dire moins que Zéro aprés passage de l’Etat.
    … mais toujours le droit à vie pour des fonctionnaires et surtout les politiques  de continuer l’année suivante avec les survivants.

    4 octobre 2012 à 23 h 59 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    l’auteur dit … " pourquoi  % et pas 1 ou 6 ? "

    j’ai entendu dire que ce chiffre avait été soufflé " au doigt mouillé  " par un économiste de Bercy auquel François Mitterand avait demandé " de fixer un chiffre qui frappe l’opinion " chacun se souvient que François de Chateau-Chinon était un économiste libéral de haute renommée

    l’auteur dit  " qu’il reste à disposition du  contribuable 44 %  de ce qu’il produit "

    ce qui est euphorique puisque dans le P.I.B. entre également la production des fonctionnaires qui comme chacun sait est par nature compétitive ( sans compter que cela englobe également les ventes en France des produits importés …  )  le meilleur indice pour un espit responsable restant donc la balance commerciale qui comme nul ne l’ignore est positivement abyssale

    3 octobre 2012 à 19 h 25 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *