La révolte islandaise et la finance anglaise

La révolte islandaise et la finance anglaise

Les nations se sont irritées, et votre colère est venue, ainsi que le moment de juger les morts, de donner la récompense à vos serviteurs, aux prophètes, et aux saints, et à ceux qui craignent votre nom, petits et grands, et de perdre ceux qui perdent la terre.

Apocalypse, 11, 18.

Il y a trois ans, la finance mondiale s’écroulait. Le monde en aurait pu être durablement débarrassé si les États des démocraties occidentales n’avaient pris sur elle de supporter le nouveau fardeau de l’homme blanc, la dette immonde des marchés. J’ai déjà rappelé que pour Marx, cette dette publique est sciemment créée aux temps modernes, comme toutes les bonnes maladies, qu’elle est là, accessoirement pour ruiner des pays, surtout pour enrichir les brasseurs d’affaires et les loups-cerviers de la finance. Lord Bolingbroke ne pensait pas autrement. Evidemment, avec le passage à l’euro et la guerre en Irak (la guerre à trois billions, comme l’a appelé le prix Nobel Joseph Stieglitz), on faisait exploser les déficits publics et le père Ubu se frottait les mains, à Londres ou à Wall Street, et on l’entendait dire : « De tous côtés on ne voit que des maisons brûlées et des gens pliant sous le poids de nos phynances… Allons, messeigneurs les salopins des finances, voiturez ici le voiturin à phynances. »

On a fait croire au chaland que cette crise de la finance était une crise de l’économie ; et que s’il ne payait pas séance tenante, lui et tous les gars du monde, tout s’écroulerait, l’économie, le supermarché, l’autoroute, que sais-je encore… Certains pays ont ainsi pris les dettes du marché. Et les peuples se voient crucifiés, c’est le cas de le dire, par nos prêteurs pour qui culture rime avec usure. Les Irlandais, qui ont oublié saint Patrick, James Joyce ou Mel Gibson, ont accepté de payer. En espérant sans doute que ce serait le contribuable allemand ou français (s’il lui reste du crédit…) qui se porterait garant de cette opération invraisemblable. Cent milliards d’euros pour quatre millions d’habitants ; et puis quoi encore ? Et l’on demandait aux 200 000 islandais de rembourser 4 milliards jusqu’en 2046 ! Pour de l’argent dont ils n’avaient pas vu la couleur, laissant aux banksters le soin de réduire leurs comptes à néant… Car plus « nous » nous endettions en Europe ou ailleurs, et plus nous vivions mal, cherchez l’erreur…

Mais tout vient à point à qui sait attendre, comme les intentions de vote de l’électeur français. Voilà que l’électeur-contribuable islandais refuse de payer. Voilà que l’Angleterre, éternelle usurière, menace la petite île viking, et voilà que l’on menace de faire intervenir l’AELE et, sans doute, l’aviation de l’OTAN pour obliger les Islandais à raquer les dettes de nos banksters, comme on dit dans nos banlieues. Jusqu’où la menace ne montera-t-elle pas ? On pensait qu’on en était resté à Ubu, toujours incontournable :

« Avec ce système j’aurais vite fait fortune, alors je tuerais tout le monde et je m’en irai…Que m’apportes-tu, avant que je te tue, comme gage de ta soumission ? »

Un économiste indien basé à Londres tient les propos suivants : l’Islande n’a pas payé, n’a pas voulu payer, et l’Islande a eu raison. Elle a vu son chômage baisser, elle a renoué avec la croissance ; si les gouvernements sont assez fous pour ruiner leurs peuples en les couvrant de dettes (j’ai vécu la même histoire au début des années 2000 en Argentine), alors il faut changer de gouvernement et de politique économique ; et refuser de payer. La bourse ou la vie ? Chiche ! Quand le gouvernement d’Obama sera en cessation de paiement, mais qui viendra nous bombarder ? Ou qui viendra le faire payer ?

On constate d’ailleurs qu’au même moment la parole des nations se libère sur des questions aussi fondamentales ou fondamentalistes que l’islam, l’immigration ou le politiquement correct. Car les mêmes qui nous ruinent matériellement nous veulent éteindre moralement et spirituellement. On n’a qu’à lire les colonnes outrées des quotidiens de la pensée inique pour s’en convaincre : ils veulent qu’on paie, et ils veulent qu’on se rachète en plus, en bons usuriers et imitateurs parodiques de l’évangile. Mais la colère des nations a fini par les atteindre.

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Comments (4)

  • ozone Répondre

    En 2009 la premiere chose a faire c’était de séparer banque de dépot et banque d’affaires.

    Ce ne fut pas le cas,donc on peut considérer que rien n’à été fait

    Maintenant ce sont les nations qui sont passés sous controle des griffes de la finance

    Mission accomplie

    18 avril 2011 à 21 h 57 min
  • xavier mezeray Répondre

    Ils ne peuvent plus se cacher! 

    L’Apocalypse (au sens grec du terme – révélation) se dévoile, allez encore un peu de patience, mais pour cela il faudrait que le peuple n’ait plus de caddies  à pousser…

    18 avril 2011 à 20 h 50 min
  • sas Répondre

    Ca monsieur BONNAL…..c est le diagnostique très détaillé mais diagnostique tout de même…..

    …..moi ce qui m interesse encore c est l origine de la tumeur letale……ET MIEUX LE SEUL REMEDE POSSIBLE…

    ……analysez moi les 2……et je ferais alors semblant d apprécier votre spontaniété a diagnostiquer 40 ans après la contamination…volontaire de nos pseudo guignoles dirigeant

     

    SAS

    18 avril 2011 à 17 h 53 min
  • grepon Répondre

    "La bourse ou la vie ? Chiche ! Quand le gouvernement d’Obama sera en cessation de paiement, mais qui viendra nous bombarder ? Ou qui viendra le faire payer ?"

    La bourse concerne la propriete privee tout de meme.   Les dettes des gouvernements sont iniques du fait qu’ils se sont arrangees pour les empiler a outrance en cachant bien l’hauteur veritable de leur empilement(droits acquis pour lesquelles vous payez aujourhui ne seront jamais rembourses parce que ils ne peuvent pas l’etre…ne sont pas compris dans la comptabilite des gouvernements parmi les dettes, bien que ces dettes la depassent de tres loin "la dette" dont les medias nous parlent).   Ces dettes sont encore plus iniques du fait qu’ils vont etre repaye en deux formes  A)  monnaies de singe(quand il n y a pas faillites ou "haircuts")   B) en piochant plus profondement dans le produit de l’effort privee.     Ce systeme encourage les improductifs au meme temps qu’il decourage l’effort de ceux qui voudrait creer et produire et rendre service.    La bourse est la au service de ses derniers.     La vente d’obligation de la tresorie permet a avoir la vote des premiers, le temps que cette situation peut tenir.   Nous verrons bientot l’implosion qui viendra sans esquivement possible de l’expansion de l’etat partout sur la planete.   Pour l’Europe la catastrophe civilisationnelle est deja la dans la comptabilite qui compte: la demographie mortifere de tout le continent.    Vos etats providences feront tous faillite.

    18 avril 2011 à 16 h 16 min

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