La sidérurgie allemande nous concerne

La sidérurgie allemande nous concerne

Le grand syndicat allemand IG métal vient d’obtenir une augmentation de salaires de 5,2 % dans le secteur de l’acier. Ceci peut nous laisser indifférents, car nous pensons que ce qui se passe en Allemagne ne nous concerne pas. Nous commettons alors une grave erreur.

Il est possible que cette augmentation de salaires corresponde à une augmentation équivalente de la productivité des entreprises allemandes produisant de l’acier. L’augmentation de salaires ne sera pas inflationniste. Et nous aurions alors raison de ne pas nous sentir concernés. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Mais il est malheureusement probable que cette augmentation de salaires soit supérieure aux augmentations de productivité du secteur. C’est en tout cas ce que pensent des experts, ainsi que Jean-Claude Trichet, le directeur de la Banque Centrale Européenne (la BCE). Alors tout change.

Le prix de l’acier va grimper en Allemagne. Donc nous paierons plus cher en France tous les produits contenant de l’acier allemand. Tandis que les salariés toucheront une augmentation de 5,2 %, tous les consommateurs européens verront diminuer leur pouvoir d’achat du fait de l’inflation. Grâce à l’inflation, l’accord allemand effectue ainsi un transfert de pouvoir d’achat de l’ensemble des Européens vers les salariés des aciéries allemandes.

Comme cet accord expose à une augmentation de l’inflation en Europe, la BCE sera obligée de réagir pour accomplir sa mission : maintenir l’inflation aux environs de 2 %. La BCE devra donc augmenter ses taux pour rendre le crédit plus coûteux et réduire ainsi la quantité d’argent qu’elle met à la disposition de tous ceux qui demandent un crédit. Le pouvoir d’achat des Européens progressera donc moins rapidement. L’accord salarial allemand est donc responsable d’une réduction de la croissance en Europe. C’est mathématique.

Inflation, croissance, taux d’intérêt : tout se tient

Par contre, une augmentation du prix de l’acier allemand va rendre plus compétitives les aciéries françaises. Elles en ont un très grand besoin, quand on observe l’effondrement de notre balance commerciale. Elles pourront alors prendre des parts de marché aux entreprises allemandes. À moins que les accords allemands poussent les salariés français à obtenir des augmentations de salaires identiques. En faisant au besoin une grève.

Si l’augmentation de salaires survenait dans des pays dont la croissance avoisine 5 %, ce ne serait pas dramatique. Cette petite inflation ne détruirait pas le plein-emploi. Elle ne ferait que réduire très peu la progression de notre pouvoir d’achat.

Mais cette petite inflation supplémentaire survient dans des pays où la croissance avoisine 2 %. Or, dans un pays développé, quand la croissance n’est que de 2 %, un chômage massif est toujours là. Une moindre progression du pouvoir d’achat aboutit toujours à une augmentation du chômage. C’est tout aussi mathématique.

Comme le chômage existe en Allemagne et en France, un transfert de chômage va être effectué de France en Allemagne. L’emploi va progresser en France et se réduire en Allemagne. Notre balance commerciale va cesser de se déséquilibrer. L’augmentation des salaires en Allemagne devient bénéfique pour la France.

Toutes ces réalités économiques et monétaires sont absolument incontournables. Elles devraient être enseignées dans toute l’Europe dès le CM2. Ce n’est malheureusement pas le cas. De ce fait, par ignorance, nos responsables économiques font des erreurs. Elles sont heureusement moins graves que celles que commet actuellement le marxiste Robert Mugabe, le « grand libérateur » du Zimbabwe. Son pays était riche quand il a pris le pouvoir. Il est arrivé à y créer une inflation de 100 000 % par an et un taux de chômage de 80 %.
Il vaut finalement mieux subir les petites erreurs de nos responsables européens…

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Le but de cet essai est de trouver le mécanisme précis qui lie entre eux pouvoir d’achat, inflation et chômage, en étudiant l’histoire de la monnaie française depuis 1945.

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Comments (7)

  • Anonyme Répondre

    Thanks, everyone, pour l’interessant debat.

    Best,

    Mancney

    1 mars 2008 à 19 h 41 min
  • Gérard Pierre Répondre
    Florin.
     
    Si c’est de la descente de notre ministre de l’économie à laquelle vous faites allusion, convenons qu’elle fut médiatiquement inopportune et méthodiquement trés ridicule.
     
    La dame était uniquement préoccupée par l’idée de démontrer que la hausse n’était « pas aussi élevée » que le prétendait SOIXANTE MILLIONS DE CONSOMMATEURS, admettant ainsi implicitement que hausse, ………… il y avait tout de même bel et bien. Quant à la méthode ! ……… comme vous le dites si bien, elle est plus efficace dans le service comptabilité que dans les rayons du magasin. L’avocate d’affaires recyclée en ministre de l’économie pourra non seulement comparer les factures de produits d’une année par rapport à l’autre, mais aussi constater que ces factures sont payées à soixante, voire quatre vingt dix jours aux fournisseurs et producteurs, ……… alors que le consommateur règle au comptant ! Non contentes de pratiquer des marges plus que confortables, les chaînes de distribution y rajoutent une rente financiere non négligeable, …… ET SANS RISQUE.
     
    D’autre part, pour qui connaît le milieu de l’achat professionnel, les acheteurs de la distribution sont une catégorie très à part jouissant d’une réputation de sauvages non usurpée. Il faut savoir que leurs fournisseurs sont littéralement tétanisés à l’idée de négocier avec eux. Traités avec un mépris proche de l’effronterie, ces fournisseurs et ces petits distributeurs sans grands moyens deviennent très vite les esclaves de ces « terroristes commerciaux ». Tout est bon pour les humilier et les faire vivre dans la hantise permanente du déréférencement. Naturellement, l’argument des coûts de transport, des frais de stockage et de distribution constituent l’habituelle tarte à la crème que personne ne chiffre jamais pour « expliquer » que les prix à la production sont multipliés par six, huit ou dix dans le panier de la ménagère.
     
    Tant que nos infatués énarques continueront d’être nourris au lait tourné du keynésianisme et environnés de parasites soit disant spécialisés dans la communication, les mafiosi de la distribution auront encore de beaux jours devant eux !
    29 février 2008 à 21 h 38 min
  • ozone Répondre

    "accorder la LIBERTE TOTALE D’INSTALLATION aux supermarchés (ils se boufferont entre eux et arrêteront

    de nous bouffer, nous). "

    En theorie

    Celui qui viendra embéter un grand groupe quelconque se ramassera une OPA inamical en bourse et probléme régler.

    ARCELOR n’a pas pu se defendre de MITTAL,méme pas.

    28 février 2008 à 17 h 18 min
  • Florin Répondre

    A Gérard Pierre : merci !

    Merci de rappeler ici une évidence que certains ont souvent tendance à oublier : lorsque vous doublez vos prix de vente, et que vous utilisez à fond vos capacités de production, un p’ti pourboire de 5% filé aux p’tis ouvriers passe inaperçu dans le compte d’exploitation.

    Ah, paraît-il qu’il y a des descentes dans les supermarchés … J’ose espérer que les inspecteurs et les énarques qui les ont mandatés savent où chercher : à la compta, mes amis !!! Vous prenez les factures d’achat d’il y a un an, vous prenez celles de 2008, et vous sortez vos calculettes !!! Le jambon flambe, la viande de porc baisse : cherchez l’erreur.

    Faut pas sortir de l’ENA pour comprendre : on est face à un système mafieux. LA SEULE SOLUTION : accorder la LIBERTE TOTALE D’INSTALLATION aux supermarchés (ils se boufferont entre eux et arrêteront
    de nous bouffer, nous). 

    28 février 2008 à 1 h 57 min
  • Anonyme Répondre

    L’inflation actuelle n’a pas attendu de hausse de salaires pour flamber

    28 février 2008 à 0 h 46 min
  • Luc SEMBOUR Répondre

    Venant d’une famille d’aciéristes, je confirme entièrement le contenu de l’intervention de Gérard Pierre. L’augmentation de salaire, pourtant conséquente, des sidérurgistes allemands n’aura aucune incidence perceptible sur quoi que ce soit. Et c’est très bien pour tout le monde.

    LS

    28 février 2008 à 0 h 23 min
  • Gérard Pierre Répondre
       Je suis en désaccord total avec le contenu de l’exposé de monsieur Bernard Trémeau. Une augmentation de salaire de 5,2 % dans la sidérurgie allemande n’aura aucune incidence sur quoi que ce soit. Je m’en explique.
     
       Les gains de productivité de la sidérurgie européenne, qu’elle soit allemande, française, belge ou autre, sont absolument faramineux depuis le début des années quatre vingt. Ils sont pourtant passés totalement inaperçus du grand public, et apparemment de monsieur Bernard Trémeau aussi. Là où il fallait 5 sidérurgistes pour fabriquer une tonne d’acier en 1980, il n’en faut plus que 0,8 aujourd’hui. Bon an mal an, la sidérurgie gagne 3% de productivité chaque année. Les petits hauts fourneaux avec un ou deux trous de coulée ont été arrêtés au profit de hauts fourneaux capables d’enfourner cinq à six fois plus d’agglomérés, servis par 4 trous de coulée. Dans les aciéries, la voie lingots a été supprimée quasiment partout au profit de la coulée continue. Les minerais phosphoreux ont été définitivement abandonnés et remplacés par des minerais hématites à très haute teneur en fer. Les laminoirs à chaud comme les laminoirs à froid ont été automatisés à l’extrême. La recherche développement est l’un des moteurs de l’accroissement de productivité. Il faut savoir que l’Allemagne, comme la France, ne fabrique plus depuis plusieurs décennies des aciers « à ferrer les baudets » mais des aciers à très haute valeur ajoutée. La plupart des aciers produits actuellement n’existaient pas il y a dix ans. Renseignez vous, monsieur Bernard Trémeau, auprès des constructeurs d’automobiles, des industriels de l’électroménager ou des spécialistes de l’emballage RECYCLABLE, ils vous le confirmeront tous.
     
       Il résulte de ce qui précède que, sur 100 euros de coûts de production d’acier :
     
    Ø      60 euros sont directement affectables aux coûts d’approvisionnement,
    Ø      10 euros sont des coûts fixes,
    Ø      15 euros relèvent de frais généraux variables,
    Ø      15 euros relèvent de la masse salariale (salaires, charges, mais aussi intéressement, participation, etc)
     
       Cela revient arithmétiquement à considérer que les 5,2% d’augmentation de salaire n’affectant que 15% des coûts, l’incidence finale n’est que de 0,8% sur le prix de sortie de l’acier, et se trouve largement compensé par les gains annuels de productivité.
     
       Pour mémoire, les prix de l’acier se sont considérablement envolés il y a quatre ans. Les augmentations de salaire n’y furent pour rien. Les marchés des pays émergents (Chine, Inde, Amérique du sud) en étaient la cause. Pendant de nombreuses décennies la production mondiale fluctua autour de sept cent millions de tonnes. Elle passa subitement à huit cent, voire neuf cent millions de tonnes alors que les installations européennes avaient poursuivi depuis le premier choc pétrolier une politique de réduction de capacités de production. La demande et l’offre s’inversaient.
     
       Je vous annonce que des fusions auront encore lieu dans la sidérurgie mondiale au cours des mois et des années à venir. Le leader mondial qu’est devenu TRES RAPIDEMENT Mittal est encore très petit en terme de parts de marché. L’acier, ce produit banal aux yeux de beaucoup, a encore de beaux jours devant lui.
    27 février 2008 à 15 h 51 min

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