Le capitalisme mondialisé entre reprise et rigueur

Le capitalisme mondialisé entre reprise et rigueur

Nous avons connu en 2007-2008 une crise exceptionnelle du ca­pitalisme financier mondialisé sous domination américaine. C’est à ce jour, le krach financier le plus intense et le plus globalisé de toute la période contemporaine du capitalisme : XIXe-XXe siècles.

On sait les raisons de cette crise. Il faut en chercher l’explication dans les excès d’endettement, avec dans la décennie 1990 une croissance insolente obtenue par utilisation débridée du crédit, permettant indûment à l’Amérique – mais aussi à l’Europe – de vivre au-dessus de ses moyens.
Face à ce surendettement dé­mentiel des pays riches, la crise – si on avait laissé jouer « naturellement » les mécanismes du marché – aurait dû « purger » nos économies de ces excès d’endettement, avec bien sûr – comme cela fut le cas après la crise de 1929 – son cortège de faillites, de chômeurs…

On n’évita pas totalement hier ces conséquences dramatiques. Souvenons-nous – ce n’est pas si vieux – la sévérité de la crise aux États-Unis et dans nos pays européens, avec la récession (2008), puis la dépression (2009). Mais les pouvoirs publics de nos pays n’ont pas voulu laisser nos économies s’enfoncer dans une dépression longue et lourde. Très unanimement, très massivement, ils ont en effet adopté des plans de relance publics – 100 milliards d’euros pour le plan de relance français – tels que, moins d’un an après le « sommet » de la crise (sept-oct. 2008), la reprise était là, beaucoup plus précoce et beaucoup plus rapide donc que ce que l’on pouvait raisonnablement envisager face à la sévérité de la dépression.

Il est clair – tous les commentateurs se retrouvent sur ce point – que ce sont les mesures gouvernementales qui ont sans aucun doute limité l’ampleur de la dépression et accéléré la re­prise, de part et d’autre de l’Atlantique, de la Manche, ou du Rhin.

Mais, lancés ainsi dans une course de vitesse pour amortir l’ampleur « normale » du recul économique sous le seul jeu des forces du marché et avancer la reprise, nos États ont creusé les déficits et l’endettement publics. Des déficits et un endettement publics jugés insoutenables ces derniers mois par les marchés. Qu‘on pense à ce qui vient de se passer hier sur le cas de la Grèce.
Et, aussi unanimement qu’on avait eu des plans de relance pour éviter une dépression plus marquée et plus longue, voici aujourd’hui, partout, des plans de « rigueur » – avec ou sans le nom.

Mais va-t-on pouvoir réduire nos déficits, nos dépenses et nos dettes publiques sans casser la reprise qui était là ? Nombreux sont les économistes de renom (Joseph Stiglitz en particulier) à mettre en garde nos pays contre les dangers de la rigueur : « L’austérité mène au désastre » écrivait récemment ce Prix Nobel d’écononomie.

Il est sûr que la multiplication des plans de rigueur massifs et simultanés dans les grandes économies européennes et américaine ne peuvent pas ne pas se traduire demain par un coup de frein sur l’activité économique compromettant la reprise.

Pour qu’il n’en aille pas ainsi, il faudrait que les thérapeutiques gouvernementales keynésiennes – c’est bien le cœur du message de l’auteur de la « Théorie générale » sur l’investissement public « premier de cordée » – aient réussi à recréer un climat économique favorable dans lequel le secteur privé retrouve à nouveau capacité à se développer de façon autonome. Or ce n’est manifestement pas (encore ?) le cas, lorsqu’on voit chez nous la langueur persistante de l’investissement privé. Oui, le risque est bien là d’une rechute de l’activité compte tenu du fait que l’investissement (mais aussi la production et la consommation) privés sont encore trop « plombés » dans nos pays pour assurer une croissance auto entretenue, suffisamment ro­buste, sans « béquille » publi­que.

Au total, si l’on veut bien considérer que, pour longtemps, le privé ne peut plus se permettre les délices pervers d’une progression à crédit et que les États ne peuvent, malheureusement, régler les difficultés – ce serait trop facile et trop miraculeux – par l’augmentation indéfinie de l’endettement public, nous sommes donc sans doute condamnés à la perspective, pour aujourd’hui et pour demain, d’une croissance chahutée sinon chaotique, d’une croissance molle, sinon atone…

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Comments (8)

  • ozone Répondre

    Concurrence = guerre économique = hausse de prix

    Comme dans toute guerre le nerf c est le fric.

    Les hausses qui se produisent un peu dans tous les services de premiére necessitée nous sont expliquées parce qu il faut se mettre a niveau des autres pays de l union et de faciliter leur fameuse concurrence libre et non faussée

    26 septembre 2010 à 22 h 08 min
  • IOSA Répondre

    Jaurès@…

    Il y a plus simple pour éviter les agios…..la suppression de l’obligation d’avoir un compte, c’est à dire le monopole bancaire faisant la pluie et le beau temps par défaut de véritable concurence et l’obligation pour le Trésor Public d’ouvrir une Banque compte courant ….

    IOSA

    26 septembre 2010 à 13 h 02 min
  • Jaures Répondre

    A R.Ed: Cher ami, nous étions 3 millions jeudi dernier et plus encore le 2 octobre prochain.

    26 septembre 2010 à 12 h 13 min
  • UN chouka Répondre

    A mon avis, le capitalisme,ne se dirige pas ,il fait sa vie tout seul ,je crois ?.

    Ce sont les rakets qui se dirigent ,il me semble ? ;-)

    26 septembre 2010 à 11 h 02 min
  • R. Ed. Répondre

    Y aurait-il maintenant "DEUX" Jaures qui postent sur ce site ???

    25 septembre 2010 à 16 h 50 min
  • Jaures Répondre

    Les financiers veulent en effet  le beurre et l’argent du beurre: les aides de l’état pour ne pas sombrer et la rigueur pour que seuls les salariés comblent le déficit.

    De fait, en France, le pouvoir nous présente la facture sous forme d’années de travail supplémentaire, de suppressions de services publics (fermetures d’hôpitaux, de commissariats, de classes,…) et de prélèvements.

    Pourtant, qu’ont à voir les salariés avec les folies des banques ? Qui peut croire que les travailleurs vivent au-dessus de leurs moyens quand un découvert de quelques dizaines d’euros est facturé au prix fort ?

    Les salariés doivent donc renvoyer avec force la note de la crise par la lutte et le renvoi des gouvernants aux ordres des banquiers et des riches actionnaires.

    25 septembre 2010 à 14 h 18 min
  • ozone Répondre

    Significatif ce manque de débat pour la défense du capitalisme mondialisé,méme les liberaux ni croiraient plus?

    24 septembre 2010 à 20 h 27 min
  • ozone Répondre

    Je me souviens d’une enquete il y à quelques années ou nous étions la risée du monde et surtout de nos "zélites" économeuse (!) parce que les français avaient le culot de mettre en doute l’excellence indubitable du "systéme"

     

    AH…..AH…………AH

    22 septembre 2010 à 19 h 47 min

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