Le Fret SNCF soumis à la concurrence

Le Fret SNCF soumis à la concurrence

Curieusement, la France était restée quelques mois sans grève de la SNCF. Cet « oubli » a enfin été réparé. Les syndicats ont fait une nouvelle grève, peu suivie, le 8 novembre. Les utilisateurs de la SNCF ont pu apprécier, une fois de plus, le service public à la française.

Tandis que le transport des passagers reste encore un monopole d’État, le transport des marchandises est assuré par une entreprise particulière : « Fret SNCF », entreprise soumise à la concurrence depuis le 1er avril 2006. Six compagnies privées de transport par rail sont maintenant autorisées à utiliser le réseau ferroviaire français. Les employés de Fret SNCF peuvent se faire beaucoup de souci…

Depuis quarante ans, en France, le transport des marchandises a évolué de façon très remarquable. En 1965, le rail et la route transportaient le même tonnage. Aujourd’hui, la SNCF transporte un peu moins de marchandises qu’il y a quarante ans, tandis que les camionneurs en transportent près de cinq fois plus. Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer cette évolution très divergente. Les coûts des transports par la SNCF sont bien plus élevés que les coûts des transports routiers. Les services rendus sont bien inférieurs. Les camions roulent 6 ou 7 jours par semaine et 24 heures par jour. Les trains de marchandise roulent seulement 5 jours par semaine et 7 heures par jour. Le délai moyen d’acheminement du fret est de plus d’une semaine par le train, de moins de trois jours par le camion. Les clients de la SNCF ont enfin, en prime, les multiples grèves qui bloquent leurs marchandises pendant des jours. Peugeot a abandonné le transport ferroviaire de ses voitures neuves, après une grève. Bien d’autres entreprises l’ont suivi. Sans la concurrence, le service rendu est toujours plus médiocre et plus coûteux.
Maintenant, six compagnies de transport de marchandises par rail vont concurrencer Fret SNCF. Or, l’entreprise n’est absolument pas compétitive.

Les cheminots des entreprises privées travaillent 220 jours par an, tandis que ceux de la SNCF s’arrêtent au bout de 200 jours. Les cheminots de la SNCF sont à la retraite à 50 ans, et ceux des compagnies privées à 60 ans. (De nombreux cheminots de la SNCF à la retraite sont, ainsi, embauchés jusqu’à 60 ans par les compagnies privées…) Les convois de marchandises de la SNCF emploient trois cheminots, les convois des concurrents un seul, sans avoir plus d’accidents. Les convois de marchandises de la SNCF roulent 6 à 7 heures par jour et 5 jours par semaine. Les convois des concurrents roulent 18 heures par jour et 7 jours par semaine. Ainsi, la SNCF n’utilise ses locomotives (2,5 millions d’euros) et ses wagons (250 000 euros en moyenne) que 35 heures par semaine, tandis que les compagnies privées les utilisent 126 heures. La rentabilité du capital investi est près de quatre fois plus forte dans une compagnie privée.

Maintenant que Fret SNCF est mis en concurrence avec d’autres compagnies, l’État français n’a plus le droit de renflouer les caisses de l’entreprise. Les accords signés par la France sont, sur ce point, parfaitement clairs et précis. Bruxelles veille au grain. Fret SNCF, déjà fortement mis à mal par la concurrence routière, n’arrive pas depuis des années à sortir du rouge. Le déficit a atteint, en 2003, 461 millions d’euros, déficit que nous avons épongé par nos impôts… Il sera encore de plus de 50 millions d’euros en 2006. La grève ne fera que l’aggraver un peu plus, de quelques millions. Mais depuis le premier avril, le gouvernement français ne peut plus donner de l’argent. C’est fini…

Les salariés de l’entreprise publique Fret SNCF s’étaient habitués, depuis cinquante ans, à travailler en dehors de la concurrence. Ils pouvaient donc, au fil de grèves prenant la population en otage, obtenir facilement de travailler de moins en moins, tout en gagnant de plus en plus. Depuis le premier avril, ils sont soumis à la concurrence. C’est une excellente décision. Mais il est impensable de croire qu’on va modifier radicalement le comportement de cheminots, enfoncés depuis cinquante ans dans le monde douillet du monopole d’État. Les soumettre à la dure concurrence ne peut qu’être explosif. Grèves et dépôt de bilan sont programmés.

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Comments (7)

  • Jean-Claude THIALET Répondre

    21/11/06 – "4-V"

    Seuls les syndicats archaïques ne veulent pas comprendre qu’ils sont en train de tuer à petit feu(1) la SNCF. Pas seulement par leurs grèves (certes moins nombreuses) dont les cheminots de base ignorent généralement les raisons, comme on vient de le constater lors de la récente grève. Davantage encore par leur obstination à refuser toute adaptation à la concurrence. Comme toute réfome tant dans l’organisation de leur tâches que dans leur mode de rémunération.  Et leur acharnement à vouloir conserver des primes et des avantages datant de la locomotive à vapeur.

    Et, tant la Direction de la SNCF et les Gouvernements, que l’opinion publique, soit par lâcheté pour les uns, soit par résignation(2) pour les autres, sont les complices de cette fin annoncée de la SNCF. Une fin que masque la réussite du TGV, laquelle masque les lourdes dettes d’une Compagnie nationale qui vit de la charité (obligatoire) du contribuable, et dont les employés font payer une partie de leur retraite aux salariés du privé.

    La seule question qui se pose est de savoir combien de temps encore cette comédie de la Compagnie prospère (qui vit aux dépens de la collectivité), fleuron des nationalisations,  va durer. J’aimerais avoir l’avis de notre ami "JAURES" sur une question épineuse. Mais dont je suis certain qu’il va nous expliquer avec sa dialectique habituelle, que tout irait mieux à la SNCF   – et en France –   si les camarades socialo-communo-syndicalistes avaient TOUS LES POUVOIRS ! A commencer sans doute pae celui de prier les libéraux de la boucler. La gueule, en attendant la ceinture …

                       Cordialement, Jean-Claude THIALET

    (1) comme d’autres avaient coulé en quelques mois le FRANCE !

    (2) il me paraît sidérant de constater que sur les quais de gare encombrés par les grèves, il se trouve un grand nombre de voyageurs pour approuver les grévistes, sans connaître eux-mêmes (pas plus que les grévistes !) les raisons de ces mouvements d’action" (3)

    (3) terminologie qui tendrait à démontrer que les grévistes ne savent pas trop ce qu’est l’action dans le travaul.. Quand on sait que, soit ils se bornent à rester chez eux pour regarder la TV ou écouter la Radio, soit ils se résignent à piétiner derrière des braillards armés de mégaphones qui leur dictent leurs slogans !

    21 novembre 2006 à 17 h 33 min
  • Anonyme Répondre

    "Parkinson" me guette,donc les chemins de fer d’Etat complété ce tableau.Ce systéme fonctionnait parfaitement.Est ce pour faire plaisir aux camarades cégétistes courroie de transmission du parti au 100 000 fusillés et évité ainsi une guerre civile!Dans les cadeaux fait par le gourvernement à cette époque,dans la pochette figurait aussi la main mise de la CGT sur la presse,les dockers,l’ EDF et certainement d’autres petits cadeaux moins connus.

    En Suisse,plusieurs compagnies privées dont certaines à voie métrique (M.O.B,F.O,pour ne citer que celles là) transportent des passagers et du fret et tout cela fonctionne très bien.

    Alors pourquoi en ce pays,il en est autrement?

    19 novembre 2006 à 15 h 54 min
  • Anonyme Répondre

    Avant la guerre,il y avait 4 compagnies privées (Nord;Est,PLM et le PO) en plus des chemins de fer d’

    19 novembre 2006 à 15 h 42 min
  • Anonyme Répondre

    Les syndicats qui dirigent en réalité la SNCF  – tout comme ils sont les véritables maîtres de l’Education (prétendue) "nationale (1) –  refusent de comprendre, à la lumière de ce qui se passe avec le FRET SNCF, que la Compagnie nationale soumise de plus en plus au vent de la concurrence qui s’engouffre à travers les portes largement ouvertes par des traités internationaux signés par des gouvernements aussi bien socialistes que "gaullistes", n’ a que deux issues : soit se réformer au plus vite, soit déposer son son bilan. (2)                                                                                                                                                                                           Et cette "réforme" passant obligatoirement par celle de syndicalistes aussi sectaires qu’obsolètes, il est à caindre que la SNCF ne finisse par le dépôt de bilan. Les Français qui pleurent encore le "FRANCE" devraient avoir encore en mémoire l’acharnement de cégétistes qui, refusant tout aménagement, tout compromis, ont préféré voir le "FRANCE" partir sous pavillon étranger, et même être débaptisé, et l’ équipage débarqué, plutôt que d’accepter la réduction d’un seul de leurs privilèges, ou de leurs avantages acquis. Périsse l’entreprise, plutôt que les principes. Périsse, après le "FRANCE", la SNCF, et même la FRANCE ?  Hélas, en France, les syndicalistes sont de l’espèce qui n’apprend rien à la lumière de l’expérience ou des faits. Il est vrai qu’ils ont l’exemple de la classe politique "gouvernementale" qui, après chaque défaite électorale, prétend avoir compris la leçon du "peuple" (comme "ils" disent), et qui, revenue au pouvoir, recommence, parfois en pire, les mêmes erreurs. Errare humanum est, perseverare diabolicum …

    Cordialement, Jean-Claude THIALET

    (1) il est à remarquer que ces deux "institutions"  managées par les syndicats sont au bord de l’implosion !

    (2) ce qui est aussi le cas de la France !

    18 novembre 2006 à 10 h 23 min
  • Jean-Claude THIALET Répondre

    Les syndicats qui dirigent en réalité la SNCF (pas seulement par la grève, ou la menace de grève qui ne sont que la partie visible de l’iceberg), tout comme ils dirigent l’Education (prétendue) nationale (1) n’ont pas compris  – particulièrement à travers la question du "fret" – que, le vent de la concurrence européenne s’engouffrant de plus en plus fort à travers des portes largement ouvertes par des traités signés tant par des gouvernements socialistes que par des gouvernements "gaullistes", la SNCF n’a que deux issues : soit se réformer au plus vite, soit déposer son bilan. Et comme cette réforme de la SNCF ne peut passer que par la réforme des mentalités de dirigeants syndicaliste osbolètes, il est à craindre

    18 novembre 2006 à 9 h 54 min
  • sas Répondre

    rectificatif mr trémeau……..ce monopole d’etat :sous la haute vérule cgtiste principe suicidaire gaulois/maçon de la cogestion (idem l’education nationale)…….assurant des parachutes dorés à toute la racaille rose militantiste et subversive…….et nid à glandouilleurs patentés…

    précisions faites, interessant de constater qu’un service de l’etat ultra-déficitaire tant sur le plan structurel ,qu’économique , plombé nottament par la masse salariale et les avantages acquits ,renfloué en permanence par le cochon de contribuable français…….passe commande aux "canadiens  de bombardier" pours le marché colossale des trains île de france 4 milliards d’euros…..partie lucrative du partage de con entre sncf structure et sncf transport passager………le fromage sncf fret ayant été déjà dépecé entre "initiés"…….et au profit d’une poignée triée sur le volet.

    A quand donc la cession sncf transport a quelque cadors maçons style "véolia"……avec contribution française du peuple……..achat de production étrangère……et engrangement des dividendes par quelques enfoirés du cac 40……car c’est cela qui est en préparation…comme à EDF par exemple.

    C a me rapelle vaguement le lyonnais , où le CDR consortium de réalisation a fait plus de dégats et de pertes que les propres embrouilles de la banque, pourtant déjà abyssales…….et par et pour le même encore…

    sas qui se marre….car c’est un modèle

    16 novembre 2006 à 11 h 19 min
  • LESTORET Répondre

    Qu’ajouter à cet article ? très peu de choses en vérité car tout y est dit. Il reste absolument anormal qu’à chaque fois qu’une entreprise nationale française est mise en concurrence avec une entreprise privée, la défaillance soit du côté de l’entreprise nationale. De même qu’à chaque fois — ou presque — qu’une entreprise française est mise en concurrence avec une entreprise étrangère, ce soit cette denière qui s’impose.   

    16 novembre 2006 à 10 h 18 min

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