Le libre échange, réponse au pétrole cher

Le libre échange, réponse au pétrole cher

Pour de multiples raisons, le prix du pétrole a brutalement augmenté. Des raisons essentiellement d’origine politique. En effet, dans les pays producteurs de pétrole, les hommes au pouvoir ont tendance à mettre dans leurs poches une part importante des royalties versées par les compagnies pétrolières et leur peuple qui n’en profite pas a tendance à se révolter.

De véritables émeutes ensanglantent actuellement dans le monde entier de nombreux pays producteurs de pétrole. Mais il y a aussi des raisons techniques : les réserves de pétrole sont épuisables au terme d’une cinquantaine d’années.

Tout le monde le sait. Si ces raisons techniques étaient seules à jouer, l’augmentation des prix aurait été bien plus faible. Le prix de l’essence a donc augmenté en France. Les marins pêcheurs français doivent vendre leurs poissons plus cher. Les transporteurs routiers français doivent faire payer leurs clients plus cher.
Le libre-échange économique permettrait au marché de retrouver en quelques semaines le prix d’équilibre entre producteurs et consommateurs.

Malheureusement, c’est impossible. Car, depuis cinquante ans, les gouvernements français ont mené de front deux politiques totalement inconciliables.
Ils ont d’abord augmenté avec une régularité remarquable les charges pesant sur nos entreprises.

Les différentes taxes écologiques sorties en 2008 étant la dernière mouture de cet acharnement fiscal. La France est ainsi devenue champion toutes catégories des contraintes économiques pesant sur ses marins pêcheurs et sur ses chauffeurs routiers.

Ils ont ensuite ouvert totalement la France aux poissons venant de pays imposant moins leurs marins pêcheurs ou aux camions venant du Luxembourg ou d’Allemagne.

Imaginons que, pour des raisons qui lui sont personnelles, la France décide un beau jour que tous les joueurs des équipes françaises de football devront porter un maillot de plomb pesant 20 kg.
Tant que les matchs se disputeront uniquement entre deux équipes françaises, le fait d’obliger tous les joueurs français à porter des maillots de plomb pesant 20 kg ne perturbera finalement pas leur compétitivité.

Les dés ne sont pas pipés, on ne sait pas avant le match qui gagnera. Par contre, quand vous enverrez l’équipe de France jouer dans le Mondial contre l’équipe d’Irlande qui habille ses joueurs avec un maillot en coton, tout le monde sera certain d’une chose :
l’équipe de France perdra. Il serait fou de parier sur elle.

Telle est l’impossible situation de nos marins pêcheurs, ou de nos transporteurs routiers. Nos énarques et nos hommes politiques savent bien qu’ils sont incapables de gagner. Ils leur offrent depuis longtemps déjà de l’essence détaxée, ils diminuent leurs charges sociales, ou ils leur donnent des subventions.

Malgré cela, ils ne sont toujours pas compétitifs. Les transporteurs routiers étrangers envahissent les routes françaises.
Si vous en doutez, amusez-vous à regarder les plaques minéralogiques des camions que vous dépassez. Vous constaterez que la proportion des camions étrangers augmente régulièrement. Elle dépasse aujourd’hui 60 %.

Quand on se sait condamné à la mort économique du fait des incroyables erreurs commises par les hommes au pouvoir, on éprouve un immense sentiment d’injustice. On ne respecte plus le pouvoir qui vous tue.
On bloque les ports, on bloque les autoroutes, on bloque les raffineries de pétrole. On oblige ainsi l’État à céder, à accorder un avantage supplémentaire. Et l’État cède. Comme la violence a payé, on a toujours une base qui en demande un peu plus. On recommence…

Puisque ça marche, les paysans, les chauffeurs de taxi ou les infirmières à domicile manifestent à leur tour. Au nom de quel principe démocratique accorder aux uns et refuser aux autres ?

Il y a qu’une seule solution logique : abaisser brutalement les taxes pesant sur les entreprises françaises en dessous des charges pesant sur les entreprises allemandes. Il y a urgence !

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Comments (7)

  • JLL Répondre

    A Florin.

    "Baisser les charges au niveau allemand ? Chiche ! Mais avoir les salaires allemands aussi –  ça, vous oubliez de le demander, bien évidemment."

    => Les salaires allemands sont plus élevés que les francais. Je parle en connaissance de cause, je suis travailleur frontalier en Allemagne. A votre avis, pourquoi suis-je travailleur frontalier? Pour le blé bien-sûr! Désolé pour votre incohérence.
    Certes, la progression des revenus outre rhin a subi un ralentissement ces 10 dernières années, mais les revenus des allemands restent malgré tout supérieurs à ceux des francais.
    Le niveau des charges en Allemagne n’est cependant pas une référence. Elles sont encore trop haute, même si c’est mieux qu’en France.

    "comme l’a proposé le syndicat des cadres, la CGC, il faut taxer non pas le travail, mais la consommation"

    => C’est une illusion. La base fiscale est la même. L’idée courante consiste à dire que la TVA est un impôt sur la consommation. Cela est faux, car la TVA n’est en réalité rien d’autre qu’un impôt sur les revenus, comme l’impôt sur le revenu, comme la CSG, comme les cotisations sociales. En effet, les prix de vente des produits TVA incluse sont déterminés par l’état du marché, c’est-à-dire par la confrontation de l’offre et de la demande: à un moment donné, le prix demandé par un producteur est le prix maximum qu’il peut demander, compte tenu de ce que les acheteurs sont prêts à payer. S’il pouvait vendre la même quantité de produits à un prix plus élevé, il en serait heureux, mais il ne le peut pas. Par quel miracle l’augmentation de la TVA lui permettrait-elle soudain de vendre plus cher ce qu’il ne pouvait pas vendre plus cher auparavant? Ce miracle est impossible. C’est pourquoi l’entrepreneur ne va pas répercuter l’augmentation de TVA sur ses prix de vente, mais sur ses coûts de production. Il en résulte donc, comme son nom l’indique d’ailleurs parfaitement, que la TVA est un impôt sur la valeur ajoutée. Or, la valeur ajoutée correspond nécessairement à des rémunérations (salaires, profits et intérêts). La TVA est payée par les salariés et par les titulaires de profit (sans parler des prêteurs), exactement comme les cotisations sociales.
    La TVA est tout aussi nocive que l’IRPP. Gardons un des deux impôts seulement. La TVA ne peut pas être supprimeé à cause de Bruxelles alors supprimons l’IRPP.


    "La solution, ce n’est pas le libre échange (sauf pour les patrons du CAC) mais au contraire, un régime douanier souple et intelligent, à l’américaine (curieusement, les grépons et autres ici sont très silencieux à ce sujet … pourtant, l’Amérique sait se protéger, et ne s’en prive pas)."

    => Qu’est ce que c’est que ce navais! Aucun régime douanier n’a jamais été intelligent (sauf peut-être celui de Hong-Kong)
    L’Amérique à tout simplement tort et elle ne rend pas service à ses citoyens en faisant ceci. Au contraire, elle rend service aux différents lobbies en leur accordant une protection au détriment du consommateur. Ce n’est pas un exemple à suivre à ce niveau là.
    Il y a ce qu’on voit: certaines entreprises ne délocaliseront pas. Il y a aussi ce qu’on ne verra jamais: le niveau de vie restera inférieur à ce qu’il aurait été sans intervention de l’Etat.

    21 juin 2008 à 1 h 08 min
  • HansImSchnoggeloch Répondre

    <<Taxons davantage celles qui quittent le pays.>>

    Quelle est cette logique, comment voulez-vous taxer des gens qui s’en vont définitivement? Si vous voulez qu’ils restent alors taxez les moins!

    14 juin 2008 à 20 h 30 min
  • Luc SEMBOUR Répondre

    La France et l’Europe viendront probablement un jour à la fameuse flat-tax. Un bloquage efficace à cela est l’intérêt personnel des fonctionnaires en charge du recouvrement des impôts.

    LS

    12 juin 2008 à 1 h 17 min
  • IOSA Répondre

    Voici un article dont la profonde vérité touchera la plupart d’entre nous, mais il faut aussi le dire que toute entreprise qui se délocalise en dehors de France tue l’économie française et pour compenser la baisse générale des taxes sur les entreprises francaises demeurant en France….Taxons davantage celles qui quittent le pays.

    Car ce n’est pas l’agriculteur ou le pêcheur, ni l’infirmière et ni le taxi qui se délocalise, mais bien les grosses sociétés après avoir profité des charges allégées, ou diverses exonérations que l’état a octroyé ( donc nous).

     

    11 juin 2008 à 22 h 03 min
  • Ben Répondre

    Excellente démonstration. Sauf qu’il ne faut pas réduire les taxes mais les supprimer. Les entreprises et les individus obtiennent leur argent en le gagnant, pas en le taxant. Il n’y a aucune raison pour que l’état s’approvisionne différemment.

    11 juin 2008 à 19 h 51 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Cette analyse de la situation est très pertinente mais c’est malheureusement un coup d’épée dans l’eau.

    En effet ce pays reste imbue de sa superbe qui a causé sa perte en 1940: "nous vaincrons parce que nous les plus forts" ou bien "le monde entier nous envie ceci ou cela".

    Tant que ce complexe de supériorité restera ancré dans les cervelles de la nomenklatura et de la masse des suiveurs rien ne pourra corriger la situation.

    Avant que cela n’aille mieux il faudra que cela aille pire, c’est inéluctable!

    11 juin 2008 à 15 h 24 min
  • Florin Répondre

    On entend ce même discours de plaque rayée depuis des lustres – ET c’est CETTE POLITIQUE-LA qui nous mène nulle part, ou plutôt, droit dans le mur.

    Baisser les charges au niveau allemand ? Chiche ! Mais avoir les salaires allemands aussi –  ça, vous oubliez de le demander, bien évidemment.

    Ensuite : même à charge ZERO (lisez bien : Z E R O !) les routiers français ne seront JAMAIS compétitifs face aux Lituaniens, Polonais et autres Portugais. Les nôtres vont crever de toute façon, même avec vos baisses de charges. Car vous oubliez qu’il n’y a pas que les charges, il y a aussi les salaires …

    Les solutions, il y en a : comme l’a proposé le syndicat des cadres, la CGC, il faut taxer non pas le travail, mais la consommation (une TVA plus forte, comme au Danemark).

    Et surtout, RENVERSER la table à Bruxelles, changer les règles du jeu. La solution, ce n’est pas le libre échange (sauf pour les patrons du CAC) mais au contraire, un régime douanier souple et intelligent, à l’américaine (curieusement, les grépons et autres ici sont très silencieux à ce sujet … pourtant, l’Amérique sait se protéger, et ne s’en prive pas).

    11 juin 2008 à 14 h 34 min

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