Le piège de l’euro se referme sur la Grèce – et au-delà ?

Le piège de l’euro se referme sur la Grèce – et au-delà ?

Lu dans la presse

Faut-il détruire les peuples pour sauver l’euro et les banques ? C’est la question que pose désormais la crise grecque. Avec cette autre interrogation en corollaire : peut-on encore faire autrement ? Le piège de la monnaie unique se referme.

Dans ValeursActuelles, Eric Branca rapporte cette réaction d’un chauffeur de taxi athénien aux privatisations auxquelles les partenaires européens de la Grèce lui demande de procéder : « Transférer certains services publics au privé pour qu’ils soient moins coûteux et aussi pour casser quelques monopoles syndicaux, d’accord ! Mais ce qu’on veut nous imposer, ce n’est pas cela : c’est du vol, de la spoliation ! C’est faire en sorte que des groupes étrangers rachètent le pays à bas prix et réinvestissent leurs bénéfices loin de chez nous. Le secteur privé grec est trop faible pour profiter de l’occasion. Et il y a longtemps que la Grèce n’intéresse plus nos grosses fortunes, qui se sont installées à l’étranger ! »

C’est la protestation qu’inspire l’amour de son pays à un Grec conscient d’appartenir à une nation particulière, uneréalité que l’Européisme, fourrier du mondialisme, a voulu étouffer. Les Grecs qui descendent dans la rue actuellement ne protestent pas seulement contre les mesures d’austérité supplémentaires annoncées par leur gouvernement. Ils s’élèvent aussi contre l’exigence des députés allemands qui ont déclaré : « Les Grecs n’ont qu’à vendre leurs îles et leurs monuments pour nous rembourser. »

Cette proposition est doublement révélatrice : d’une part, de la fracture qui sépare l’Europe gréco-latine de l’Europe germanique. Quel Français pourrait-il imaginer de laisser vendre le Parthénon aux Chinois, comme l’a déjà été le Pirée ? Et si, demain, l’Italie vient à faire faillite, lui demandera-t-on de vendre le Colisée ? Si la France dépose le bilan, devra-t-elle mettre aux enchères Versailles, le Louvre ou Notre-Dame de Chartres ?

Et d’autre part, du peu de cas que l’on fait, en Europe, des identités nationales. Il est d’ailleurs péniblement choquant que ce soit des Allemands qui, à peine plus de 20 ans après la réunification de leur pays (dont l’unité est au demeurant assez récente) demandent aux Grecs de vendre une partie du territoire national pour payer les dettes des banquiers.

L’existence de l’euro en péril

Cependant, cette demande, « reçue ici comme une insulte », écrit Eric Branca, « reflète bien la grande peur des Allemands, et avec eux des Européens, appelés à mettre la main au portefeuille pour éviter à la Grèce une faillite qui mettrait directement en péril l’existence de l’euro ».

L’euro pourrait, en effet, faire les frais d’une crise qu’elle a contribué à provoquer : dès les années 80, l’argent de la Communauté « a irrigué la Grèce », rappelle le journaliste de Valeurs Actuelles. Et après l’intégration du pays dans la zone euro, la monnaie européenne « a pris le relais, en offrant aux Grecs l’aubaine d’une monnaie stable et d’un crédit presque illimité. Mais comme aucun effort – ou si peu – n’a été fait à temps pour rendre l’économie grecque plus compétitive, la monnaie unique s’est transformée en un piège mortel : la Grèce fabriquant peu de produits à forte valeur ajoutée s’est trouvée hors d’état d’exporter. Et comme elle n’a plus de monnaie à dévaluer, c’est l’emploi qui devient la variable d’ajustement. »

« Notre classe politique nous a vendu l’Europe comme la panacée, confirme un professeur d’université. Puis les banques se sont enrichies en nous poussant à nous endetter pendant que l’État empruntait à bas prix sur les marchés. Et aujourd’hui, on nous demande de réduire notre pouvoir d’achat de 30 ou 40 % et de vendre nos monuments pour sauver ces mêmes banques ! Celles-ci ont pris un risque en nous prêtant, et nous un autre en nous endettant. La moindre des choses serait que ce risque soit aujourd’hui partagé. » A défaut, pour les Grecs, la solution pourrait aujourd’hui consister à sortir de l’euro, comme le leur conseille Nicolas Dupont-Aignan, qui condamne « la logique du système » exigeant « de faire financer par le contribuable européen l’irresponsabilité des banques. »

Comme le député français, le chancelier allemand Angela Merkel souhaiterait que le système financier contribue au sauvetage de la Grèce, mais en vue, au contraire, de sauver la monnaie unique, analyse Eric Branca.

La crise générale du capitalisme financier

Car la survie de l’euro est en jeu, observe François d’Orcival, toujours dans Valeurs Actuelles ; et avec elle, la santé des autres économies européennes : « Si les Grecs (…) sortaient de l’euro pour revenir à la drachme, la dévaluation de leurs avoirs serait brutale, mais du coup, celle de nos engagements aussi – soit à travers nos banques soit à travers nos fonds d’investissement privés. L’incendie se communiquerait dans l’ensemble du système. Il en irait de même si l’on abandonnait la Grèce à la faillite. (…) Le défaut de paiement des Grecs exposerait nos finances publiques, nos banquiers, publics et privés, nos investissements et notre épargne. Les agences de notation nous ont prévenus des conséquences. »

Daniel Aman, dans Monde et Vie, évalue lui aussi les risques d’une sortie de l’euro, qui, à son avis, apparaît cependant pour les Grecs comme « la seule raisonnable à l’heure qu’il est ». « Le problème, écrit-il, est qu’une telle décision engagerait un mécanisme en chaîne d’attaque en règle des marchés contre les monnaies des autres pays fragiles de la zone euro – Portugal, Italie, Espagne, Irlande – et enclencherait la réaction en chaîne d’implosion de la zone euro, signant la mort programmée de l’euro et, dans la foulée, de l’Union européenne – ce dont ne veulent à aucun prix les dirigeants de l’UE, qui s’échinent à vouloir à tout prix maintenir en vie ce mort en sursis qu’est l’euro. Quitte, pour ce faire, à sacrifier et la Grèce, et l’ensemble du peuple grec ! »

L’effet domino dépasserait les frontières de l’Europe. En effet, écrit Daniel Aman, « Cette implosion programmée de l’euro n’est à son tour elle-même qu’une conséquence de la chute programmée du dollar, signe du déclin de l’empire américain et d’une économie américaine de plus en plus droguée à la dette et incapable désormais d’équilibrer ses comptes en relançant se exportations. La crise de l’euro et du dollar signalent enfin la crise générale du capitalisme financier.»

La crise grecque ne serait alors que le premier développement d’un phénomène d’une ampleur beaucoup plus considérable.


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Comments (2)

  • ozone Répondre

    Ces élites raccailles devront rendre des comptes au peuple,l’acte d’accusation sera simple a établir;"n’ont jamais respecté le résultat d’un référendum".

     

    28 juin 2011 à 22 h 08 min
  • vozuti Répondre

     le résultat du mondialisme commence à se faire sentir:              à force de délocaliser l’industrie on se retrouve progressivement en faillite,                     de meme qu’à force d’immigration on se retrouve submergé.              les dirigeants occidentaux ont vendu les nations (qui  ne leur appartenaient pas) pour se remplir les poches.

    27 juin 2011 à 15 h 50 min

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