Le sommet franco-allemand du 16 août

Le sommet franco-allemand du 16 août

Mardi 16 août, An­gela Merkel et Ni­colas Sarkozy ont interrompu leurs vacances pour voir ensemble comment la France et l’Allema­gne pourraient s’opposer à la spéculation qui attaque dangereusement l’euro.

Nicolas a invité Angela et ils ont bavardé pendant plus de deux heures. Ils ont ensuite fait une conférence de presse, où ils ont annoncé les mesures qu’ils avaient l’intention de prendre.

Ils réaffirment d’abord solennellement qu’il n’est pas question d’abandonner l’euro.
Ils décident ensuite de créer un ministère européen des Finan­ces, avec à sa tête un ministre élu par les 17 responsables des pays de la zone euro. Ce ministre devra harmoniser les fiscalités des 17 pays. Ce qui ne peut pas se faire en quelques semaines…
Ils décident de rendre obligatoire l’interdiction de faire du déficit, ce que font déjà les Alle­mands depuis 2 ans. C’est la fameuse « règle d’or ». Ce qui ne peut pas se faire en quelques semaines…

Ils aideront financièrement les pays qui se sont endettés en leur prêtant de l’argent à bas prix. Ce sont les fameux « eurobonds » fabriqués par la Ban­que centrale européenne.
À condition que ces pays présentent des budgets supprimant, dans des délais bien précisés, le déficit. Les États de­vront donc soit augmenter leurs impôts, soit réduire leurs dépenses…
Ils veulent enfin taxer les ventes par les banques d’actions ou d’obligation à crédit. C’est la fameuse « taxe Tobin ».
Ceux qui ne respecteront pas ces règles seront punis. Ils ne bénéficieront plus des prêts à bas prix et des nombreuses aides qu’ils peuvent déjà recevoir dans le cadre de la zone euro…

Dès le lendemain, Angela et Nicolas ont adressé une lettre au président actuel du conseil européen Hermann van Rom­puy, disant :
« L’euro est le fondement de notre réussite économique et le symbole de l’unification politique de notre continent. […] La France et l’Allemagne proposent de renforcer encore la gouvernance de la zone euro, dans le cadre des traités existants. […] Les 17 chefs d’État et de gouvernement de la zone euro éliront un président pour un mandat de 2 ans et demi. »

Cette réunion d’Angela et de Nicolas en pleine crise, avec un abandon spectaculaire de leurs vacances, avait un double ob­jectif : rassurer les marchés pour qu’ils cessent de spéculer contre l’euro et satisfaire les électeurs de plus en plus inquiétés par la crise monétaire. Et des élections sont prévues dans les deux pays an 2012.

Or, pour satisfaire les marchés, il faut réduire les déficits budgétaires, donc diminuer les allocations trop généreusement distribuées ou augmenter les impôts. Et, pour satisfaire ses électeurs, il faut faire exactement le con­traire !

Pour finir, la responsable du FMI, Christine Lagarde, demande, à juste titre, d’aller le plus lentement possible pour rétablir les équilibres. En effet, quand on réduit les allocations ou qu’on augmente les impôts, il est évident qu’on réduit le pouvoir d’achat, donc qu’on augmente le chômage
Et elle rappelle aussi que les économies mondiales sont fortement liées entre elles. Ce qui se passe en Europe retentit aux USA, en Chine ou au Japon.

Quelques jours plus tard, les réactions des spéculateurs au programme franco-allemand sont précises. Ce que proposent Angela et Nicolas ne modifie pas fondamentalement la situation actuelle. Les spéculateurs y voient un coup de bâton dans l’eau et les marchés continuent à plonger. Le prix des actions des principales banques françaises s’est effondré, à Paris ou Washington. Tandis que l’once d’or dépasse le chiffre record de 1 800 dollars.

Les réactions de certains électeurs sont identiques à celles des spéculateurs : ils n’y croient pas. Par exemple, les socialistes ou les écologistes ne voteront pas la règle d’or. Les gouvernements français pourront donc continuer à faire des dettes.
Mais on sent que tout peut changer en quelques heures. Une rumeur suffit pour faire plonger les bourses. Un incident avec la police suffit pour transformer une manifestation pacifique en un bain de sang.

Enfin, Angela et Nicolas ont totalement ignoré le problème que pose la parité fixe liant entre elles les monnaies européennes depuis 1999. Les spéculateurs, eux, ne l’ignorent pas. Ils vont donc continuer à spéculer…

Partager cette publication

Comments (3)

  • Jean-Pierre Répondre

     

    Oops j’ai oublié de mettre mon nom à mon dernier message.

    25 août 2011 à 21 h 17 min
  • Anonyme Répondre

     

    Attendre que des pyromanes éteignent leur feu

    Forcemment il en ressort des taxes et impôts supplémentaires  et création de postes de fonctionnaires superfétatoires

    Il n’y a rien à attendre de plus …  c’est pourquoi je suis Libertarien.

    25 août 2011 à 21 h 15 min
  • François Répondre

      Donc, on résume. On a actuellement:
     – Un président du conseil européen
     – Un président ( tournant) de l’Union Européenne
     – Un président de la commission européenne
     – Un président du parlement européen
    Et on rajoute un président de la zone Euro…
     C’est comme cette histoire qu’on racontait à propos des championnats du monde d’aviron: Les Français avaient un bateau de 10 barreurs et 1 rameur. Les Néo Zélandais avaient un bateau de 1 barreur et 10 rameurs. Et les Français ne comprenaient pas pourquoi ils perdaient…Ils ont alors créé un groupe d’étude pour savoir d’où venaient leurs déboires…

    25 août 2011 à 13 h 17 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *