Le XXIe siècle entre Benoît XVI et la finance

Le XXIe siècle entre Benoît XVI et la finance

Il est bon, disait Léon Bloy, de rafraîchir l’imagination des bons chrétiens et d’exaspérer les imbéciles. L’effondrement des bourses et de la finance mondiale, qui se montre sous son vrai visage, celui d’un escroc gnostique en col blanc, qui tue physiquement et métaphysiquement le monde à coups de spéculations folles et d’argent inventé, ne peut manquer de nous frapper.

Le XXIe siècle sera-t-il spirituel, si cette crise aboutit au grand silence rêvé : la fin du règne du fric fou et du piaillement médiatique qui l’accompagne ?

Relisons l’Évangile (après tout, c’est encore autorisé !) : « Jésus monta à Jérusalem. Il trouva installés dans le Temple les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que leurs brebis et leurs bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »

Encore ne s’agissait-il que de marchands de colombes… Car nous avons en Occident des marchands de faucons, qui veulent des guerres un peu partout, contre l’Orient ou la Russie… En dépit des 70 000 milliards de dollars de dette privée et publique en Amérique…
En plein milieu de cette crise, le pape Benoît XVI a enfoncé le clou, ou plutôt la touche d’ordinateur, là où cela fait le plus mal : au portefeuille des mauvaises actions, des obligations pourries, des primes et châtiments.

Dans sa lumineuse homélie des Invalides, en date du 13 septembre, il évoque, pour mieux les dénoncer, nos idoles : « Le monde contemporain ne s’est-il pas créé ses propres idoles ? N’a-t-il pas imité, peut-être à son insu, les païens de l’Antiquité, en détournant l’homme de sa fin véritable, du bonheur de vivre éternellement avec Dieu ? C’est là une question que tout homme, honnête avec lui-même, ne peut que se poser. »

Sachant que nous ne vivons que sous l’influence de l’image, de la prostitution médiatique, du contenu idiot-visuel et de la musique intolérable, comme disait Soljénitsyne, le pape reprend : « Qu’est-ce qui est important dans ma vie ? Qu’est-ce que je mets à la première place ? Le mot « idole » vient du grec et signifie « image », « figure », « représentation », mais aussi « spectre », « fantôme », « vaine apparence ». L’idole est un leurre, car elle détourne son serviteur de la réalité pour le cantonner dans le royaume de l’apparence. Or, n’est-ce pas une tentation propre à notre époque, la seule sur laquelle nous puissions agir efficacement ? »

Et sur l’argent, qui domine et dévore tout, glaciers, forêts, villages, selvas, culture, chapelles (je le vois bien en Amérique du sud), Benoît XVI ajoute : « Saint Paul explique aux Colossiens que la cupidité insatiable est une idolâtrie (cf. III, 5) et il rappelle à son disciple Timothée que l’amour de l’argent est la racine de tous les maux. Pour s’y être livrés, précise-t-il, « certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligés à eux-mêmes des tourments sans nombre » (1 Tm VI, 10). L’argent, la soif de l’avoir, du pouvoir et même du savoir n’ont-ils pas détourné l’homme de sa Fin véritable ? »

Jusqu’ici, on pouvait se tromper, car le monde n’était pas encore totalement sous la domination du capital et de sa folie matérialiste. Là, nous y sommes. Et nous pouvons imaginer un futur pas si lointain, qui sera basé sur la pénurie matérielle et le regain du spirituel.
La sagesse du pape s’est imposée le mois dernier à la folie du veau d’or mondialisé, de son économie vaudou, de son arrogante imbécillité. Et nous verrons bientôt les idiots du village médiatique planétaire admirablement décrit par le sociologue catholique McLuhan regarder Dieu, comme leur prédécesseur Caïn, avec la joue qui tombe (Gen IV, 5). Peut-être sommes-nous à l’aube d’une révolution qui nous ramènera à une ère vraiment nouvelle, celle de la tradition évangélique…

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Comments (8)

  • grepon le texan Répondre

    "il m’a été très difficile de trouver des explications précises sur les causes de la crise actuelle.il n’y a probablement aucun doute que la création indéfinie de produits dérivés, conjuguée à la spéculation sur ces produits,elle-meme amplifiée par les effets de levier , ne soit au coeur meme de la crise"

    Doubleplus, tout produit "derive" est derive de quelque chose.  Le quelque chose d’origine dans cette bulle a ete des maisons bien reelles et des gens reells voulant acheter our refinancer prets sur des maisons bien reelles.   Dans cette histoire de bulle, des grosse organisations nomme Fannie et Freddie ont ete des pompes infinis a credit par leur activite achetant des prets immobiliers fait a n’importe qui par des banques.   Les banques n’avait pas a avoir de soucis sur le paiement des prets parceque ils pouvaient revendre les prets.  Ca a fait flamber les prix des maisons, car le credit pour prets immobiliers est devenu infini.   La hausse continue des prix des maisons couple au credit immobilier facile a encourage l’activite encore plus.  (Meme des proprietaires pas pris par la bulle se sentait plus riche, ce qui a eu des effets secondaire dans l’economie car ils depensaient plus. )  Quand la bulle immobiliere commencait a s’eclater(definition meme ‘une bulle..des prix d’une classe d’actif se casse la geuele apres avoir montee de facon historiquement peu probable), les produit derives des prets immobiliers, ou cree pour couvrir les risques d’echange de ce genre de derives, devenait tres douteux de coup, et surtout l’enorme tas de "mortgage backed securities" vendu par Fannie et Freddie sur base de tant de prets douteux.   Fannie et Freddie ont ete, et sont, des "Government Sponsored Entities" cree par le Congress des Etats-Unis.    Ils ont ete instrumentalise par les Democrats au Congress pour faire pleuvoir prets immobilier de facon immodere sur les pauvres (lire "minorites",disrimination positive, et electeurs Democrats).    C.A.D. que le createur du catastrophe a ete les Democrats au Congress americain, et secondairement le gouvernment federale des Etats-Unis.    Tout les acteurs privee dans cette affaire ont agit de facon rationnelle, du leur point de vu.   La distortion est venu de l’exterieur du marche immobilier.

    28 octobre 2008 à 17 h 22 min
  • Frank Répondre

    Nicolas Bonnal ou l’idéologie autoritaire de l’église catholique à son meilleur. Certains se demandent d’où à bien pu provenir le communisme, la réponse est évidente, de la démagogie paupériste de l’église catholique qui a asservi et taxé les individus pendant des siècles en prétextant qu’elle rendait la justice sous forme de charité, ou plutôt de redistribution pour parler en langage moderne.

    L’église catholique est le vrai précurseur de Marx car elle a défendu pendant des siècles la théorie économique d’Aristote qui prétendait que l’économie est un jeu à somme nulle et que tout enrichissement ne peut se faire qu’en spoliant quelqu’un d’autre.

    Ce n’est aucunement un hasard si tous les pays catholiques ont été infectés lourdement par le communisme sauf ceux qui étaient dans la sphère d’influence anglosaxonne.

    L’idéologie réactionnaire développée par l’église catholique pour faire face aux idées concurrentes apparues successivement, le protestantisme puis la démocratie libérale, est largement responsable de l’émergence des doctrines totalitaires fondées elles-aussi sur le dogme, la superstition et la direction d’un leader incontestable.

    L’église catholique a su nous offrir bien mieux et il est temps qu’elle reprenne pied dans le présent pour nous offrir son meilleur.

    28 octobre 2008 à 2 h 36 min
  • doubleplus Répondre

    tout ce qui est excessif est vraiement ridicule.il m’a été très difficile de trouver des explications précises sur les causes de la crise actuelle.il n’y a probablement aucun doute que la création indéfinie de produits dérivés, conjuguée à la spéculation sur ces produits,elle-meme amplifiée par les effets de levier , ne soit au coeur meme de la crise, et de sa persistance.il était encore mentionné ce matin – 24.10.2008- que des hedge-funds étaient encore vendeurs d’actifs, afin de se procurer les liquidités nécéssaires pour faire face a leur dette.donc de là à invoquer les gnostiques en col blanc, ou les acteurs sanctifiés comme etres purement rationnels parfaitement informés, et agissant en toute connaissance de cause sur un marché libre, il est possible de simplement formuler une préférence : au PMU, il existe encore comme support à la représentation du joueur : un cheval et un jockey.

      

    27 octobre 2008 à 20 h 57 min
  • Daniel Dionne Répondre

    Hop!, sait qui ton prof???

    23 octobre 2008 à 4 h 10 min
  • HEFF Répondre 22 octobre 2008 à 19 h 25 min
  • grepon le texan Répondre

    "L’effondrement des bourses et de la finance mondiale, qui se montre sous son vrai visage, celui d’un escroc gnostique en col blanc,"

    Plutot celui d’un elu Democrat corrompu, croyant ferme dans l’intervention du gouvernment  par carrote et baton, pour realiser projets d’ingenieurie sociale.  

    Une telle erreur ((ou fabulation, ou mensonge, on ne peut savoir chez Bonnal) sur le comment du catastrophe financiere des dernieres annees n’incite guere a lire plus loin, au risque de polluer ses neurones avec  propositions farfelus aussi detachees de la realite que le Matrix l’est.

    22 octobre 2008 à 15 h 21 min
  • Anonyme Répondre

    Couillonner les imbéciles

    "L’effondrement des bourses et de la finance mondiale, qui se montre sous son vrai visage, celui d’un escroc gnostique en col blanc"

    Il est de bon ton depuis quelques temps sur le web,  chez les ignorants et les crétins, d’associer la Gnose, qui avec le Nazisme, qui avec le stalinisme. Ici, il est bon, d’après l’auteur, d’exaspérer les imbéciles en associant « finance mondiale » et « escrocs gnostique ».Ouah ! Rien que cela. Ce qui est certains, c’est que cela exaspère les hommes d’esprits, ceux qui connaissent la pensée gnostique.

    La Gnose qui est connaissance de ce qui n’est pas de ce monde, tout comme Jésus  (mon royaume n’est pas de ce monde), ne s’intéresse pas à ce monde, si ce n’est pour sauver les âmes originelles.

    Le gnostique se consacre principalement à la renaissance de son âme originelle, en suivant la voie ouverte par le Christ. Il n’a donc aucune appétence pour les biens de ce monde, encore moins pour la finance mondiale.

    Les Gnostiques construisent leur image du monde sur la connaissance et non sur la croyance et la Foi. Ils voient dans la matière, et le monde auquel nous appartenons, le produit d’un démiurge ennemi de l’homme, différent du Dieu inaccessible. Et à leurs yeux la vie et la matière sont une oeuvre manquée, porteuse d’une imperfection originelle matériellement décelable, que seule la Gnose peut combattre. Mais si l’homme est imparfait, il porte aussi en lui une étincelle divine, un feu, quelque chose qui vient du Dieu inaccessible et qui échappe à la "malédiction" de ce monde. Le but des Gnostiques est de s’arracher à cette malédiction de la matière pour retrouver l’Unité avec Dieu, opérer une sorte de retour vers une patrie perdue : "Quand vous ferez le deux Un, et le dedans comme le dehors, et le dehors comme le dedans, et le haut comme le bas […] alors vous irez dans le Royaume." (Evangile selon Thomas, Métanoïa, logion 22) C’est d’ailleurs pour cela que les Gnostiques se sentent aussi perdus sur Terre que des aliens échoués sur une planète inconnue.

    Le but de la Gnose et de ses pratiques parfois choquantes (sodomie, pratique de l’amour libre, etc…) est de susciter en l’Homme une véritable conscience (dont sont dépourvus les "ombres d’hommes"), d’éveiller cette étincelle divine qu’il porte en lui afin que ses actes et ses pensées acquièrent la permanence et la rigueur nécessaires pour échapper aux sortilèges du monde. La Gnose est une recherche de vérité et de connaissance dont le but ultime est le retour à l’Unité avec Dieu (ou le Tout, ou autre nom que l’on veut bien lui donner), afin de ne plus être soumis aux cycles des réincarnations (réincarnation en laquelle beaucoup de gnostiques croyaient). La Gnose est à la fois une synthèse de plusieurs courants de son époque et une pensée totalement nouvelle. Mais les Gnostiques des premiers siècles étant contre toute forme d’histoire ou de postérité, ils n’ont laissé que peu de traces, et leurs "anti-sociétés" ont été éphémères pour la plupart, faute de structures et d’institutions. Ce "défaut" a été pallié par les Cathares, néo-gnostiques du Moyen-Age, qui se sont dotés de structures et d’une société parallèle afin que leur mouvement puisse perdurer.

    On est donc loin de la prétendue conquête du monde des gnostiques qui gouverneraient la finance mondiale.

    DR


    22 octobre 2008 à 13 h 51 min
  • Jaures Répondre

    OK M Bonnal ! Allez au bout de votre démarche et allez à Lourdes expliquer que les miracles ne sont que balivernes et que ceux qui vendent sur place eau bénite et autres bondieuseries ne sont que des escrocs qui profitent de la détresse de pauvres gens.

    Vous prendrez dés lors vos distances avec ceux que vous dénoncez. Sinon vous n’aurez fait que brasser du vent !

    22 octobre 2008 à 13 h 50 min

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