Le yoyo du pétrole

Le yoyo du pétrole

L’année 2008 a été marquée par l’affolant « yoyo » de la bourse des valeurs, qui n’a cessé de chevaucher des montagnes russes de façon si imprévisible que même les agents de change les plus expérimentés y perdaient leurs repères.

La principale explication de ce phénomène réside dans l’instantanéité des communications actuelles, qui a fait entrer dans la réalité planétaire la fameuse image du battement d’ailes d’un papillon provoquant un ouragan à l’autre bout du monde. Car, aujourd’hui, le papillon bat des ailes sur Internet. Et ce qui est nouveau depuis 2000, c’est que, selon les pays, entre la moitié et les trois quarts des particuliers surfent sur Internet. Or, il suffit qu’à peine 5 % de tous ces millions d’internautes se mettent à vouloir pianoter sur leur PC, pour acheter ou vendre des actions comme s’ils jouaient aux machines à sous, pour que les marchés boursiers soient emportés dans un tourbillon que personne ne peut plus assagir.

Un œil sur la télé, une oreille à la radio, une main sur le clavier, le boursicoteur réagit au quart de tour à la moindre info vraie ou fausse, à la plus légère rumeur fondée ou non, voire habilement distillée par des spéculateurs, en ayant complètement perdu de vue que les actions sont des parcelles d’entreprises en activité et que la valeur réelle de chaque action est arrimée à la santé de l’entreprise qu’elle « symbolise ».
Sauf que le yoyo boursier lui-même peut finir par jeter bas les sociétés les plus solides, en retirant brutalement de sous leurs pieds le moelleux tapis de la confiance.

Or, depuis quelque temps, un deuxième yoyo s’est déclenché, celui du baril de pétrole. C’est l’année 2007 qui a vu apparaître une hausse brutale du prix du baril, qui, de 50 $ environ s’est élevé de mois en mois jusqu’à atteindre 147 $ en juillet 2008, pour chuter ensuite durant le deuxième semestre jusqu’à 36 $ le 24 décembre.

Ce nouveau yoyo est-il lié à celui de la bourse ? Oui et non. À l’origine, il y a une réalité économique incontournable : la soif de pétrole des pays émergents (les importations de pétrole de la Chine ont augmenté ces dernières années de 30 % par an), s’inscrivant dans une diminution inexorable des gisements exploitables (gonflés à l’injection d’eau de mer pour maintenir la pression), et n’ayant aucune chance d’être compensée par des découvertes rares et de faible importance.

Mais à ceci s’est ajoutée une « financiarisation » incontrôlable des matières premières (pétrole, métaux, céréales, etc.). Les producteurs et les acheteurs en sont venus à négocier des « contrats à terme », des « commandes » fixant tel prix à telle date, qui deviennent alors des titres financiers (pétrole-papier, blé-papier, aluminium-papier, etc.), grâce auxquels s’est mis en place un « monopoly » démentiel qui bouleverse complètement les réalités économiques.

On en serait venu à s’échanger en pétrole-papier un volume 35 fois supérieur au volume réel des barils de brut !

Cependant, la flambée du pétrole a causé une forte inquiétude au niveau des consommateurs, qui se sont mis à faire des économies, ce qui est une excellente chose à long terme, mais qui a eu pour effet immédiat de grossir les stocks des distributeurs, donc de diminuer leurs commandes aux producteurs, qui ont vu leurs recettes plonger. En outre, la formidable hausse du pétrole et du gaz a aussitôt accéléré les mises en œuvre d’énergies renouvelables, ce qui a persuadé les pays producteurs que leurs recettes allaient baisser de plus en plus. Les membres de l’OPEP ont alors décidé de diminuer leur production pour faire remonter le prix du brut. Aussi, ne vous faites aucune illusion : le yoyo va repartir à la hausse.

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Comments (2)

  • Pierre LANCE Répondre

    Parmi les informations qui circulent sur le pétrole, il y a des erreurs mais surtout beaucoup de mensonges Il est impossible, par exemple, de se fier aux chiffres de leurs réserves que publient les principaux producteurs. C’est encore pire pour ce qui concerne les prétendues découvertes de nouveaux gisements, au sujet desquelles on dit n’importe quoi. Pour ne prendre qu’un exemple : on a fait état récemment de la découverte d’un nouveau gisement “gigantesque” au large de Brésil. Que faut-il entendre par “gigantesque” ? Car cet adjectif porte chacun à croire que cela va effacer d’un coup tous les risques d’épuisement. Or, ce gisement est évalué à une année seulement de la production mondiale actuelle. Autant dire presque rien. Si le pic pétrolier doit se produire en 2014, par exemple, il serait simplement repoussé à 2015. Or il en est sans doute de même pour les gisements “miraculeux” que l’on prétend soupçonner en Afrique, au Groënland ou ailleurs. La question qui se pose est alors : Qui a intérêt à ce que circulent des rumeurs exagérément optimistes ? Tout simplement les actuels producteurs, qui ont une trouille bleue que l’humanité se décide enfin à lancer sur une grande échelle la production des énergies renouvelables, ou se tourne résolument vers le nucléaire afin de se passer de pétrole autant que possible. Et c’est précisément ce qui a commencé depuis 2007 et qui explique la chute brutale des cours actuels, qui est en train de tarir les principales ressources financières de la Russie, par exemple. Je recommande une fois de plus la lecture et la diffusion du N° 188 de janvier-février 2009 de ma revue “L’Ere nouvelle”, qui sera un numéro très important sur la question du pétrole. En effet, la majeure partie en sera consacrée à l’analyse d’un ouvrage absolument capital, à savoir : ” Pétrole : la fête est finie ! ” de Richard Heinberg (Editions Demi-Lune), que l’on a du mal à se procurer en librairie, curieusement. Richard Heinberg est enseignant au New College of California et mondialement reconnu comme l’un des meilleurs communicants sur la question du “pic pétrolier”. Qu’appelle-t-on le pic pétrolier (Peak Oil) ? C’est le moment où le chiffre de la consommation mondiale de pétrole va atteindre, puis dépasser inexorablement celui de sa production. Les meilleurs spécialistes mondiaux situent ce moment crucial entre 2010 et 2015, autrement dit après-demain. (L’importation de pétrole de la Chine augmente actuellement de 30 % par an !) Nous espérons que les lecteurs des “4 Vérités” et les visiteurs de ce site voudront bien nous aider à faire connaître cet ouvrage en diffusant le numéro de la revue qui lui est consacré. Ils peuvent adresser à “L’Ere nouvelle” (BP 171, 06407 Cannes cedex) un chèque de 10 euros pour 3 exemplaires ou de 22 euros pour 9 exemplaires. Pour ceux de nos lecteurs qui sont chefs d’entreprise, maires, présidents d’associations, etc., ils pourront commander 50 exemplaires pour 100 euros ou 100 exemplaires pour 175 euros. (Le prix normal au numéro est de 4, 87 euros.) Attention, il ne s’agit pas du livre, mais du numéro de la revue, qui en publie une longue analyse et de nombreux extraits. Ce numéro paraîtra le 15 janvier. Donc, s’il vous interesse, ne perdez pas de temps, car la revue n’étant diffusée que sur abonnements, son tirage est strictement limité, bien qu’un certain supplément ait été prévu.

    6 janvier 2009 à 15 h 36 min
  • IOSA Répondre

    Le plus interessant dans cet article, c’est ce qui n’est pas dit et non les prédictions de Madame Soleil sur la montée suivit de baisse, des cours en bourse du pétrole, du métal ou des céréales, celà n’importe qui le sait.

    Parlez nous plutôt de la réalité sur le terrain, du pourquoi le carburant à si peu baissé alors que le prix du brut a chuté vertigineusement.

    Parlez nous de ceux qui s’en mettent plein les poches, pendant que d’autres français crêvent de faim et là à mon humble avis, vous aurez des oreilles attentives…heu? des yeux pour vous lire.

    2 janvier 2009 à 22 h 33 min

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