L’effondrement de la capacité électrique française

L’effondrement de la capacité électrique française

Au cours du marathon budgétaire, nous avons lu pêle-mêle :

– 1,5 milliard alloué au chèque énergie versé à 12 millions de ménages,

– 2 milliards pour l’apprentissage,

– 50 millions pour la réfection des ponts,

– 20 millions pour les travaux d’insonorisation des riverains d’aéroport.

Par ailleurs, nous lisons dans la presse, à l’occasion de la nomination d’un nouveau PDG à EDF, que le prix du mégawattheure en gaz sur le marché est passé de 120 € à 330 € (moyenne à 275 €), alors que le prix de vente imposé à EDF sur le marché de dupes européen s’élève à 42 € le mégawattheure électrique, soit environ dix fois moins que le prix du marché (autour de 420 €). Sachant que la dette d’EDF s’élève déjà à 60 milliards d’euros !

Qu’en est-il du projet Hercule ? On ne connaît pas ce projet de démantèlement de EDF. Effectivement, on n’en a pas beaucoup parlé dans les colonnes de journaux, de peur de faire jaser dans les chaumières.

Ajoutons à cela qu’EDF a besoin d’investir pour 6 nouveaux réacteurs de type EPR 2 (chiffrage inconnu ?).

Sa production d’électricité nucléaire actuelle est au plus bas, du fait de la décision politique d’arrêter les deux tranches de 900 MW de Fessenheim, alors que l’EPR de Flamanville de 1 650 MW (qui devait se substituer à la perte de production due à l’arrêt de Fessenheim) n’est pas encore entré en production.

Les grèves, le Covid, ont désorganisé l’entretien des centrales que l’on doit remettre en route avant l’hiver – soit environ 64 % de la production (40 gigawatts manquants sur 63 gigawatts).

EDF exportait en 2012 de l’électricité pendant 346 jours par an. En 2022, il en importe pendant 213 jours.

Quel bilan catastrophique pour notre électricien national dont les centrales furent, a priori, financées par les Français, comme le téléphone, les autoroutes, etc. Dernière négociation salariale, sous tension hivernale : augmentation générale de 8 %.

Bruno Le maire réclame un redémarrage des centrales fin 2022, ce qui n’est guère vraisemblable – on pense plutôt au début de l’année 2023.

S’ajoute encore le problème de la corrosion. On croit comprendre que le problème se situerait au niveau de soudures inox sur une tuyauterie du circuit de refroidissement à l’arrêt du réacteur, pas loin du raccordement de la cuve. On nous a dit que la centrale de Fessenheim n’a pas été touchée par ce défaut générique qui affecte une grande partie des autres centrales du parc nucléaire.

Comment se fait-il qu’EDF, qui était au courant de ce problème depuis 1984, n’ait pas pris les devants plus tôt ?

Le phénomène de corrosion était déjà connu dans les années 50 pour l’inox (304 ou 316). Le fait qu’à Fessenheim, on n’ait pas eu de problème pourrait être dû à un traitement d’eau déminéralisée différent ? EDF aurait-il sous-traité à l’extérieur certaines tâches d’entretien ? L’eau dans le circuit de refroidissement à l’arrêt aurait-elle croupi, le circuit n’étant pas utilisé lorsque la centrale fonctionne ? Y a-t-il eu un défaut de maintenance ?

Tout cela fait beaucoup de questions sans réponse.

N.B. : Je lis dans le rapport de l’Assemblée Nationale n° 1122 (28 juin 2018) sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires : « L’une des conséquences directes du retour d’expérience de l’accident de Fukushima a été la décision de limiter le nombre de niveaux de sous-traitance acceptables dans le secteur du nucléaire. En effet, la sous-traitance – nous y reviendrons – a été identifiée comme l’un des éléments responsables de l’accident de Fukushima, en raison de l’absence de maîtrise, par l’exploitant Tepco, d’un certain nombre d’opérations, liée à la pratique de la sous-traitance en cascade. Comme l’indique M. Dominique Minière [Directeur Exécutif d’EDF], “de façon plus générale, les évaluations complémentaires de sûreté (ECS) réalisées juste après Fukushima ont soulevé la question des éventuelles conséquences d’une sous-traitance en cascade en matière de sûreté. EDF s’est engagée, dès les ECS, à la limiter à trois niveaux [ …]. La proposition d’EDF de limiter à trois les niveaux de sous-traitance a été reprise dans les travaux du comité stratégique de la filière nucléaire”. »

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Comments (1)

  • Ppol Répondre

    Plus que les écolos et autres critiques, c’est la politique de gribouille qui est à mettre en cause. Avant de fermer un système de production on s’assure qu’on a bien compensé le manque d’énergie qu’on va générer soit avec d’autres systèmes soit en étant plus économes. Renforcer efficacement les isolations, déplacer les mobilités vers les transports collectifs (abondants, sur, peu onéreux et fréquents, exactement l’inverse de ce qui se fait à Paris par exemple (jusqu’à 83 minutes d’attente pour un bus !=) Si on ferme une centrale on évite de fermer celle qui vient d’être rénovée, on évite de privatiser les barrages Hydro-électriques, on évite de remplacer des moteurs thermiques en voie de forte amélioration par des moteurs électriques (qui en plus consomment des métaux rares que nous importons au prix du sang…
    On évite une politique de gribouille, on évite le macronisme.

    21 décembre 2022 à 22 h 47 min

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