L’effondrement des États-providence

L’effondrement des États-providence

Les historiens, dans quelques années, compareront la chute du communisme (9 novembre 1989 pour le Mur de Berlin) et l’effondrement des États-providence oligarchiques (août 2011 ? ou 2012 ?…).

Ils feront remarquer, dans les deux cas, qu’il s’agissait d’apprentis sorciers, qui se croyaient si intelligents qu’ils pensaient pouvoir oublier les règles élémentaires du bon sens et des principes issus de l’expérience et de l’histoire de l’humanité. Des constructions artificielles. Des vues de l’esprit projetées dans un monde auquel on croyait pouvoir commander. Du pur constructivisme

S’agissant du communisme, de type soviétique, son échec a démontré l’inanité d’un système prétendant réguler les prix, remplacer la concurrence par la planification, imposer la propriété collective. Avec la dictature et les hyper-inégalités en prime…
S’agissant des États-providence, leur échec résulte, si l’on peut dire, de leurs succès initiaux. Tout s’est passé comme si, jusqu’à un certain niveau du produit intérieur brut (20 ou 30 % peut-être…), les avantages sociaux de la redistribution étaient, au moins dans l’instant, supérieur aux inconvénients.

Ce qui n’a pas empêché quel­ques économistes lucides – comme Frédéric Bastiat, au XIXe siècle, alors que les prélèvements obligatoires étaient encore inférieurs à 10 % du PIB !… – de prévoir que la mutualisation des risques sociaux aboutirait inéluctablement à l’irresponsabilité des citoyens, avec les conséquences qui en résultent toujours.
L’évolution a, somme toute, était rapide : moins de 10 % de prélèvements publics au tournant du XIXe siècle, et 54 % en France aujourd’hui. On est passé de l’assistance aux pauvres, non seulement à la spoliation des riches, mais encore à l’accaparement de tous les pouvoirs (le monde de l’entreprise libre mis à part) par une classe oligarchique presque exclusivement issue de la sphère publique.

Comme cette évolution a été quasiment générale dans le monde occidental, un équilibre funeste, mais durable, était probablement possible. Avec 50 % de prélèvements obligatoires, la croissance économique est ré­duite, les emplois créés souvent insuffisants. Mais « ça » peut tenir des décennies!

Pour que les États-providence s’écroulent, moins de 25 ans après le communisme, il a fallu que les oligarques s’emparent de deux autres leviers : l’endettement et la création monétaire.

L’endettement public s’analyse comme un multiplicateur de prélèvements publics. Qui permet de taxer par avance enfants et petits-enfants.
L’affaire de la création monétaire, à partir du XIXe siècle, pour aboutir à compter de 1971 à des monnaies totalement décon­nectées de toute référence mé­tallique, est plus complexe.

Simplifions en disant qu’avec une création de signes monétaires deux à trois fois supérieure en moyenne chaque année à l’augmentation de la production et des revenus, on provoque de l’inflation, on génère des bulles, mais, surtout, on permet aux États de financer leurs dettes et on favorise la partie de l’oligarchie la plus proche des guichets de distribution de monnaie des banques centrales, en particuliers les cadres dirigeants des banques.

C’est cet ensemble, reposant sur trois piliers, qui s’écroule sous nos yeux.
On observera que le système soviétique, évidemment plus brutal, au regard des piliers 2 et 3 du système d’État-providence (dette publique et création monétaire) demeurait très « classique » : pas de dette publique et référence du rouble fort à l’or.

Les États-providence ont eux-mêmes creusé leurs tombes. Mais c’est nous, citoyens contribuables, qui allons payer la cérémonie…
On se réjouirait beaucoup d’avoir le privilège d’assister en direct à un tel événement historique. Sauf que nous allons payer la note – très salée. Tant il est vrai qu’il n’est de richesses réelles et légitimes que privées. Que l’argent public se prend toujours dans les poches des individus.
Comme ce sont toujours les mêmes qui trinquent, il serait temps de leur demander un peu plus souvent leur avis.

Par exemple, demander aux Français s’ils sont d’accord pour alourdir de 15 milliards d’euros leur dette nationale afin de fi­nancer celle de la Grèce… De­mander aux Américains s’ils sont OK pour relever le plafond de la dette publique… Deman­der aux citoyens de tous les pays s’ils sont prêts à se serrer un peu plus la ceinture pour « sauver » « leurs banques »…
La démocratie directe est une partie de la solution de la crise financière !

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Comments (7)

  • Daniel Répondre

    Grepon;    L’Etat comme intermediaire a tout ce qui bouge.

    C’est très précisément ceci. C’est ainsi que la plupart des gens croient vivre alors qu’ils sont incapables de la moindre créativité, de la moindre décision purement pensée, analysée et décidée par eux mêmes, c’est à dire incapables d’être eux mêmes. Ils s’expriment alors comme consommateurs dans l’espace de "liberté" matérielle qu’ils ont conservé. Ils ont entériné la norme culturelle reconnue et utilisée par leur environnement pour classer les citoyens dans l’échelle sociale.   
    Il faut dire à leur décharge que l’Education Nationale les a formé à son image et  à cet "usage" politique. 
    Quand les enseignants parlent de liberté, ils ne peuvent parler de celle qu’ils ont toujours fui par peur et lâcheté au moyen de statuts pour assistés. Ils ont donc réduits l’Espoir, l’Evolution et  l’Intelligence à leurs incapacités. Et comme ils ne peuvent accepter que d’autres soient plus intelligents sans passer par leur grille réductrice de l’intelligence, ils luttent pour empêcher l’expression de toute forme de liberté qui les ferait passer pour ce qu’ils sont: des primitifs qui ont élaboré une autre forme de racisme élevé au rang de principe  d’Etat et destiné à leurs intérêts personnels.
    Seule, la comparaison argumentée au Nazisme fait plier leurs belles certitudes. Ils sont donc récupérables. 

    15 août 2011 à 11 h 06 min
  • grepon Répondre

    Il ne faut pas changer d’homme mais de valeurs et de culture. 

    Good luck with that.   Il n y a plus personne vivant en France qui se souviendrait d’autre chose que l’education centralisee de l’Etat.    Demander au francais d’imaginer qu’il leur faut autre chose qu’un etat centralise, tentaculaire, s’emisce a tout, guarant de tout, etc est une Mission Impossible.   Ainsi la reaction de l’implosion de l’Etat Tout Puissant sera des demandes furieuses de rebatir, vite, un Etat centralisee, tres autoritaire pour mettre le pacquet sur la valeur la plus sur, la plus fondamentale de la France post-chretien:  L’Etat comme intermediare a tout ce qui bouge.

    15 août 2011 à 0 h 17 min
  • Daniel Répondre

    "Vivement qu’il s’en aille celui là." (Sarkosy)
       Oui mais pour recommencer avec les mêmes règles du jeu, on peut avoir pire. Il ne faut pas changer d’homme mais de valeurs et de culture.  

    13 août 2011 à 14 h 32 min
  • Raymond Répondre

    Les référendums à quoi ça sert ? Puisque celui du traité de Lisbonne a été mis à la poubelle par Monsieur Sarkozy, notre plus grand démocrate. Vivement qu’il s’en aille celui là.

    13 août 2011 à 4 h 56 min
  • Daniel Répondre

    "Combien de référendums sous Sarkozy ?"
    Oui !. Et sous les autres?  
    Serait-ce un hasard?

    11 août 2011 à 23 h 17 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Le gouvernement dans sa lancée va passer à la vitesse supérieure. En effet à 56% d’imposition du produit brut, il a constaté qu’il y avait encore du mou (~ 44%). Non content d’avoir déjà créé 20 impôts nouveaux depuis 2007 il va en concocter quelques uns de plus. 
    Annonce prévue pour le 24 de ce mois. Qu’on se le dise!

    PS: l’état providence a encore quelques beaux jours devant lui. Vive les cons tributables. Std & Poors, Moody et Fitch n’ont qu’a bien se tenir.

    11 août 2011 à 13 h 03 min
  • SMALL BARTHOLDI Répondre

    Rétablissez une authentique démocratie, soit la vox populi romaine, en France et en Europe, et vous verrez bon nombre de problèmes disparaitre d’eux-mêmes. Il restera les problèmes les + lourds, mais ceux-là relèvent de l’Histoire des peuples. Mais, de nos jours, la voix des peuples est censurée et ignorée. Les Français subissent, en espérant un peu de soleil pour les vacances.

    A défaut de courage, les Français pourraient au moins voter pour leurs intérêts à long terme. Les référendums sont faits pour cela. Combien de référendums sous Sarkozy ?

    10 août 2011 à 22 h 37 min

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