Les aéroports : illustration du mal français

Les aéroports : illustration du mal français

Depuis 1969 et la marche vers une monnaie unique, la France a décidé d’ouvrir ses frontières aux produits étrangers. Nos entreprises sont ainsi mises en concurrence avec les entreprises allemandes, belges, ou italiennes.

Mais les responsables politiques français ignorent totalement une réalité économique toute simple : quand un pays impose ses entreprises plus qu’un autre, les produits fabriqués dans ce pays coûtent plus cher que dans les autres pays. Les entreprises de ce pays ne sont plus compétitives. Les clients vont ailleurs. Les investisseurs suivent.

Les politiques français ont commis une grave erreur au départ : ils ont ouvert nos frontières sans réduire les contraintes économiques pesant sur nos entreprises.
Ils ont ensuite commis une deuxième erreur : ils ont fortement augmenté ces contraintes depuis 1969, alors que les autres pays unis dans le Marché commun réduisaient au contraire ces charges.

Un exemple chiffré des conséquences prévisibles de ce comportement illogique vient de sortir. C’est l’influence néfaste des taxes pesant sur les aéroports français.

Deux rapports officiels viennent d’être publiés. L’un le 18 juillet, par le « Conseil National du Tourisme », présidé par M. Jacques Sabourin. L’autre, intitulé « transport aérien et développement touristique », a été remis le 21 juillet à Hervé Novelli, secrétaire d’État chargé du tourisme.

La sortie de ces deux rapports officiels coïncide avec la publication par la compagnie irlandaise Ryanair des prix des billets d’avion vendus dans les aéroports européens.
La France a multiplié les taxes pesant sur ses aéroports. Citons quelques taxes particulières. La police de l’aéroport n’est pas payée par l’État, mais par l’aéroport.
Les nuisances sonores de l’aéroport sont taxées, pour aider les riverains à se protéger du bruit. Une « taxe corse » permet d’aider les populations corses ayant des difficultés particulières du fait de leur éloignement.

Citons aussi la « taxe Chirac » sortie seulement le 1er juillet 2006. Taxe permettant d’aider les pays pauvres. Trois fois plus de taxes en France!

La compagnie irlandaise Ryanair donne les chiffres suivants. Un billet d’avion de 44 euros supporte en France des charges de 25 euros, alors qu’elle n’en supporte que 7 dans le reste de l’Europe. L’aéroport étranger touche donc 37 euros, quand l’aéroport français n’en touche que 19. Nos aéroports perdent leurs clients et n’ont plus les moyens d’investir.

Les résultats sur l’économie sont parfaitement chiffrés par ces différents rapports.
Tandis qu’en 2007, la croissance du trafic aérien a été de 8,8 % en Europe, la croissance du trafic en France n’a été que de 4,9%, bien en-dessous de la croissance mondiale qui est de 6,9%…

La croissance du transport aérien lié au tourisme a été très forte en 2007, selon Raynair. Elle a été de 37 % vers l’Espagne, de 30 % vers l’Italie et seulement de 10 % vers la France.

De nombreux Français considèrent encore que le transport aérien est un produit de luxe.
Les Français les plus pauvres ne peuvent pas prendre l’avion. Leurs représentants n’hésitent donc pas à taxer les aéroports.

La taxe Chirac datant de 2006 seulement est l’exemple le plus démonstratif de ce comportement. Cette taxe, inspirée par la générosité, fait croire que ce sont les riches qui vont payer. En fait, combinée avec toutes les autres taxes, elle réduit fortement l’activité de nos aéroports et dirige les touristes vers d’autres pays que la France. Elle nous appauvrit tous.

Cet exemple chiffré montre de façon concrète les conséquences normales d’un comportement ignorant superbement les réalités économiques !

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Comments (7)

  • Marquais des Lambert Répondre

    Les taxes ont une retombée sur le coût des produits fabriqués, c’est évident. Cependant d’autres facteurs ont un impact plus important , tel que le coût de la main d’oeuvre en France comparé a celui d’autres pays  comme l’inde ou la Chine !

    Je reconnais qu’il est plus facile de calculer le "surcoût " des taxes dans les produits et activitésnospam4 que de clamer que les salariés sont payés trop cher et que la France vit au-dessus de ses moyens, comme on le dirait communément d’un individu qui dépenserait plus qu’il ne gagne !

    3 août 2008 à 7 h 58 min
  • 007/** Répondre

    Et Monsieur Tremeaux n’habite manifestement pas à Roissy …

    1 août 2008 à 19 h 05 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    J’ai la chance d’habiter près de l’aéroport binational de "Basel-Mulhouse-Freiburg". Cet aéroport acceuille plusieurs companies low cost dont Easyjet, Ryanair et Air Berlin. Le nombre de passagers venant surtout d’Allemagne et de Suisse est en augmentation constante contrairement à ce qui se passe à l’aéroport mononational de "Strasbourg-Entzheim "super-taxé" qui est en perte de vitesse constante.

    En montant du côté suisse de l’aéroport, par exemple pour Easyjet ou Ryanair, il est inutile de payer la taxe inventée par Mr.Chirac, la Suisse ne l’ayant pas adopté.

    voir site: http://en.wikipedia.org/wiki/EuroAirport_Basel-Mulhouse-Freiburg

    1 août 2008 à 10 h 29 min
  • Daniel 2 Répondre

    Ah! si des rapports officiels disent que la discrimination organisée par l’Etat au moyen des taxes et subventions c’est pas beau pas bien et que ça met en danger des entreprises, c’est un début de compréhension possible pour nos énarques et autres prétendants prétentieux à l’élitisme…

    Il y a lurette que cette discrimination est organisée par l’Etat  Français pour permettre un tri sélectif des citoyens. C’est la comparaison avec nos voisins grace à l’ouverture du marché qui fait ressortir que certains sont plus mahonnêtes que d’autres. En France, c’est :  avec soi les frères qui ont choisi de se débarrasser de toute morale et vénèrent le dieu fric ou le dieu sécurité de carrière, aux autres la charge de cracher au bassinet des taxes et ramer doublement s’ils veulent survivre.   

    Mais vous passez sous silence ce qu’hélas dans votre position vous ne percevez pas à sa juste mesure:

    Il s’agit bien d’un crime organisé par une catégorie sur une autre catégorie. Par des Français sur d’autres Français. Si vous ne portiez pas l’aveuglement de vos préjugés de classe, vous iriez à l’essentiel sans attendre qu’un rapport de chiffres vous oriente vers ce qu’est l’humanité. 

    La notion de crime n’est pas définie par la légalité, c’est la légalité qui est utilisée pour masquer la notion de crime…

    31 juillet 2008 à 15 h 50 min
  • UN chouka Répondre

    De toute façon qui paye les salissures de l’environement dont  ce commèrce ,comme bien d’autre est exonéré?

    La note viendra de toute façon un jour ou l’autre……………………………………………..mais ce ne sera surement pas ceux qui ont empochés les bénèfs qui payeront le plus chèr  ?

    31 juillet 2008 à 10 h 20 min
  • Daniel Répondre

    Bien dit
    Trop de taxe tue les taxes…
    Mais Ryanair , mauvais exemple: avez-vous déja voyagé chez eux  si vous faites 1,95 M et 130kg?
    de plus, s’il faut se taper 350 bornes pour rallier un des aéroports associés, où est l’intérêt?

    30 juillet 2008 à 15 h 18 min
  • Florin Répondre

    On voit que M. Trémeau n’utilise pas l’avion ….

    Il saurait ainsi que les taxes d’aéroport les plus chères sont aux USA – deux à trois fois plus chères qu’en Europe, France comprise. Cela n’a pas découragé les visiteurs de ce pays de s’y rendre; remarquons que souvent l’avion reste le seul moyen d’y accéder (sauf à passer par le Méxique, et traverser la frontière US à pied, de nuit si possible). Les taxes ont explosé aux US pour répondre aux nouvelles normes de sécurité instaurées après 2001. Ce n’est que justice : ce n’est pas au contribuable de payer, mais à l’usager; tout comme le contribuable n’a pas à payer la vitrine blindée et bourrée d’alarmes du bijoutier du coin.

    Contrairement à ce qu’écrit M.Trémeau, la différence entre le prix facial TTC du billet et les taxes n’est pas empochée par l’aéroport, mais bel et bien par la compagnie aérienne (c’est, en fait, le billet "hors taxes", si les mots ont encore un sens).  C’est bien de donner des exemples chiffrés, encore faut-il savoir interpréter lesdits chiffres …

    Contrairement à ce que dit M. Trémeau, l’avion est devenu accessible à tous. Lorsque vous payez 50 euros pour aller à l’autre bout de l’Europe (ce qui est parfois moins cher que le taxi pour l’aéroport, ou le parking pour un week-end), le voyage n’est plus vraiment une affaire de gros sous. On le voit si l’on se penche sur les chiffres : le nombre de voyageurs a explosé.

    Ce nombre augmente moins vite en France qu’ailleurs, tout simplement parce que la France a été une destination de choix depuis toujours, alors que d’autres pays était à des niveaux proches de zéro il y a 10-15 ans (et ce n’est pas de leur faute, voir le cas de la Croatie en guerre, où biensur le tourisme enregistre aujourd’hui une croissance exponentielle, en phase avec le potentiel réel du pays).

    Et si l’on parlait plutôt de la manière d’utiliser le pognon ? Là, il y aurait des choses à dire. Beauvais, porte des low-cost à Paris : pas même un parking goudronné, on se croirait chez les sauvages, à la moindre goutte de pluie on patauge dans la boue. Mais l’on paie quand-même 2 euros de l’heure, comme en plein Paris. Dépourvu de bottes en caoutchouc, je me gare au village – ce n’est pas pratique, mais cela permet de rester propre …

    30 juillet 2008 à 12 h 47 min

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