Les écueils de la gestion monétaire

Les écueils de la gestion monétaire

Il est possible que les responsables de la Banque centrale européenne décident bientôt de baisser son taux directeur. Mais si cette décision attendue par les marchés financiers est prise, il faut s’attendre à ce que ce soit la dernière baisse des taux de ce côté-ci de l’Atlantique, tandis qu’aux États-Unis, la Federal Reserve est plutôt encline à les relever.

La baisse générale des taux d’intérêt, depuis plusieurs années, a contribué à soutenir la croissance ou, plutôt, à éviter

que l’ensemble des économies occidentales ne sombre, au tournant des années 2002-2003, dans la dépression économique. Le maître du dollar, Alan Greenspan était même prêt à inonder le monde de dollars.

Mais cette politique d’argent bon marché, qui a, en effet, incité les entreprises à investir, et surtout les particuliers à acheter, a eu une contrepartie dont il ne faudrait pas abuser : les crédits à l’économie ont quasiment doublé en dix ans, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe, c’est-à-dire qu’ils ont augmenté beaucoup plus vite que la production, et qu’ils augmentent encore beaucoup trop vite, contribuant, par exemple, à une flambée artificielle des prix de l’immobilier, et même, sans doute, à une reprise trop rapide des marchés financiers.

Les autorités monétaires, toutes indépendantes qu’elles soient, n’ont pas la tache facile. Car, s’agissant de l’évolution des prix, deux forces contradictoires sont actuellement à l’œuvre, puissamment. Il y a tout d’abord des facteurs qui poussent à la baisse des prix, en tête desquels les extraordinaires gains de productivité qui résultent de la mondialisation. Sans le fardeau de la sphère publique, le niveau général des prix serait durablement orienté à la baisse, comme cela fut d’ailleurs le cas dans plusieurs périodes de notre histoire économique, y compris au cours de périodes de prospérité durable comme les trente années qui précédèrent la guerre de 1914.

D’un autre côté, le rythme du développement économique dans les pays d’Asie fait grimper les prix des matières premières, qui n’ont jamais été aussi hauts depuis cinquante ans, phénomène qui, en principe, est annonciateur d’une reprise de l’inflation.

Pour l’instant, les forces du premier type, qui poussent à la baisse des prix, sont plus fortes que celles du second type, qui poussent à la hausse. Comme l’expansion monétaire suscitée depuis cinq ou six ans est totalement déraisonnable, il serait souhaitable que l’évolution des taux d’intérêt s’inverse. Gentiment. Un conseil : si vous devez emprunter, faites-le plutôt à taux fixe !

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Comments (1)

  • Yan Répondre

    Corrolaires d’une hausse de taux : la baisse de l’immobilier et des obligations. Ces deux marchés sont sensibles aux variations de taux. Donc le conseil c’est d’emprunter à taux fixe, mais surtout de vendre maintenant et d’attendre avant d’acheter. Idem pour les obligations, celles-ci verraient leur cotation baisser en cas de hausse des taux, donc attention aux moins values potentielles.

    14 avril 2004 à 10 h 05 min

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