Les politiciens et la création d’emploi – Version libre

Les politiciens et la création d’emploi – Version libre

Depuis des dizaines d’années, les gouvernements qui se succèdent prétendent prendre des mesures en faveur de la création d’emploi. Mais force est de constater que ces mesures sont totalement inefficaces.
Le processus de création d’emploi, au sein des entreprises, est un phénomène économique. Pas un phénomène social.

Toute création d’emploi est fondée sur un objectif de rentabilité. Aucune entreprise ne crée d’emploi pour faire plaisir aux salariés, au gouvernement, ou résorber le chômage. Seulement pour créer de la richesse.

Pour qu’une entreprise ait intérêt à embaucher, il faut que le coût du travail soit moindre que les autres solutions, qui lui sont ouvertes pour assurer sa fonction. Notamment la sous-traitance, les prestations de services extérieures (externalisation pour utiliser le terme à la mode) et les importations.

Il n’est pas possible au gouvernement d’intervenir sur tous les facteurs de coûts de l’entreprise. Certains sont hors de sa portée. Ceux qu’il maîtrise sont la réglementation, la fiscalité et les charges sociales.
Sachant que les conventions internationales, particulièrement européennes, ont limité son champ d’action, sans assurer la contrepartie qu’aurait constitué une harmonisation. Cela peut, néanmoins, être suffisant, à condition de tenir compte de ces facteurs.

Les conventions, telles qu’elles ont été conçues, favorisent la concurrence fiscale et non l’harmonisation.

En outre, pour des raisons électoralistes et démagogiques, le gouvernement ne tient pas compte du fait que le rendement d’un impôt n’est pas proportionnel à son taux.

Lorsqu’un gouvernement de­mande aux entreprises de « créer de l’emploi », celles-ci y voient un moyen d’améliorer leurs profits. Surtout s’agissant de grandes entreprises, qui disposent d’une palette de solutions beaucoup plus large, pour « optimiser » leur gestion et leur fiscalité.

Vouloir fiscaliser les opérations internationales est une chimère. Les effets néfastes sont toujours beaucoup plus importants que ceux correspondants aux objectifs. Le dissimuler, comme le fait systématiquement le ministère des Finances, ne fait qu’aggraver la situation.

La meilleure stratégie consiste toujours à affronter son adversaire sur le terrain que l’on connaît le mieux. En utilisant les armes que l’on maîtrise le mieux. Et en consacrant ses efforts sur un domaine le plus concentré possible, afin d’éviter de disperser ses forces. La stratégie choisie par le gouvernement est à l’opposé de ces règles.

Pour qu’un système soit efficace, il faut qu’il soit simple, notamment compréhensible par tous ceux qui ont à le mettre en œuvre, ou à l’appliquer. Que l’objectif soit clair. Et, s’il y en a plusieurs (ce qui affaiblit toujours), qu’ils soient cohérents. S’ils ne le sont pas, non seulement le système ne peut être efficace, mais les résultats ne sont même pas mesurables.

La leçon à tirer de ces critiques est assez simple : il faut d’abord simplifier – la législation, la fiscalité, le financement du système social, les procédures administratives…

On doit partir de ce qui détermine l’entreprise à embaucher un salarié, pour lever tous les obstacles en remontant. Pour poursuivre une telle démarche, il faut maîtriser le mieux possible le fonctionnement des entreprises. Ce que l’on ne peut pas demander à des fonctionnaires ou des politiques qui, de leur vie, n’ont jamais géré une entreprise.

En outre, il est beaucoup plus facile à un million d’entreprises de créer un emploi, qu’à une centaine, d’en créer dix mille chacune. Mais la centaine est dirigée par des proches du gouvernement, qui partagent sa culture et sa vision du système, alors que le million lui est totalement étranger. Les PME lui sont incompréhensibles.

Finalement, la solution pour créer des emplois en France est très simple, mais nécessite de changer les schémas mentaux. De simplifier les lois, de réduire les pouvoirs des administrations, d’agir à l’inverse de ce qui se fait actuellement et de faire appel à des citoyens responsables. Peut-être ce dernier élément est-il le plus difficile, l’irresponsabilité étant devenue le credo de notre société. La solution ne dépend pas d’un héros, mais de l’action de millions d’entre nous.

Marc-Albert Chaigneau
Conseil de sociétés.
Auteur de « De la révolution à l’inversion » (Edilivre)

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