Les technocrates et les effets de seuil

Les technocrates et les effets de seuil

On ignore à quels technocrates nous devons l’abondance des « seuils » qui affectent notre économie et notre vie quotidienne et qui créent une différence parfois abyssale en matière d’obligations ou d’avantages entre deux entités pourtant presque entièrement semblables, comme une entreprise de 9 ou 49 salariés et une autre de 10 ou 50 salariés, comme une famille ayant un revenu N et une autre ayant le même revenu N + 1 €.

Si ces seuils ont sans doute un intérêt certain pour des technocrates, le fait est qu’ils créent des situations très pénibles à vivre (un euro supplémentaire de revenu en 2012 peut priver, en 2014, une famille nombreuse de plus de 1 000 euros d’allocation de rentrée scolaire ou rendre imposable une famille qui ne l’était pas, la rendant aussi imposable à la taxe d’habitation et lui interdisant d’obtenir certaines allocations supplémentaires). Surtout, lorsque (et c’est le cas pour l’instant) le gouvernement ne tient aucun compte de l’impact de son action ou de son inaction sur ceux qui franchissent un de ces seuils.

Le gouvernement actuel a pris des mesures qui, ajoutées à d’autres plus anciennes, ont fait augmenter le nombre de chômeurs (et donc des familles de chômeurs) de plusieurs centaines de milliers. Il a réduit l’impact du quotient familial – augmentant ainsi le revenu imposable quand le revenu réel n’augmentait pas et rendant imposables des foyers qui ne l’étaient pas. Mais il n’en a pas tenu compte pour modifier, par ex­emple, la règle qui voulait que le revenu envisagé, pour l’attribution de certaines allocations, soit, non pas celui de l’année précédente, mais celui de l’année d’avant. Quand le nombre de chômeurs a augmenté brutalement, beaucoup de familles qui jouissaient d’un revenu décent en 2012 se sont trouvées avec des ressources très diminuées en 2013 et presque sans ressource en 2014, leurs droits aux allocations ASSEDIC étant épuisés. Et pourtant, elles ne bénéficieront pas de l’allocation de rentrée scolaire, parce que leurs revenus de 2012 étaient trop élevés, parfois d’un seul euro !

Avant de chercher à créer de nouvelles allocations et de nouveaux allégements d’impôts pour pouvoir assister un plus grand nombre de familles, ne serait-il pas temps que le gouvernement cherche le moyen d’éviter de telles anomalies ?

Marie Merlin

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Comments (3)

  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Les seuils loin d’être des nombres abstraits résultent de simulation sur ordinateurs. Ils permettent de maximaliser les rentrées fiscales et ne sont donc conçus que dans cette perspective.
    Et ces simulations ne tiennent pas compte des drames engendrés chez certains citoyens.
    Tout y est glacial, anonyme et axé sur le rendement.

    27 août 2014 à 20 h 37 min
  • zézé Répondre

    J’ai appris la règle de 3 dès le cm1 c’est vrai il y a ….+ 50 ans … et je n’ai été qu’une simple secrétaire…. enfin il me semble que nos dirigeants devraient avoir été dans le milieu du travail mais pas seulement, avoir travaillé dans le privé, car une ou deux erreurs et c’est la porte………..

    27 août 2014 à 14 h 34 min
  • Jay Répondre

    Pour des mécanismes plus simples et plus logiques il faudrait parmi nos politiques des gens ayant un minimum de culture mathématique, pour être capable de les concevoir, et de couilles pour les proposer et les appliquer.
    Mais dans le personnel nous avons essentiellement des énarques, dépourvus des deux.
    La règle de trois? Incapables de l’appliquer!
    “C’est du niveau ingénieur”, m’a-t-on répondu un jour dans un obscur bureau de ministère.

    27 août 2014 à 11 h 11 min

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