L’État est propriétaire de notre temps

L’État est propriétaire de notre temps

Entretien avec Michel de Poncin
http://www.libeco.net/

Récemment, vous avez évoqué ce que vous appelez l’expropriation du temps privé. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Chacun sait que les prédateurs publics ne se gênent pas pour nationaliser ou exproprier nos biens matériels, quand cela les arrange, et les effets dévastateurs sur l’économie sont connus. En plus, ils nous obligent à leur consacrer de notre temps et, ceci, suivant leur bon plaisir. Or chacun, selon les principes du droit naturel, est propriétaire de son propre temps, et le dirigisme vole donc aux gens ce temps en imposant des démarches et formalités insupportables. L’expropriation du temps privé est comparable aux nationalisations, car c’est un vol pur et simple ; elle est cependant plus douloureuse, car il n’est pas question d’indemnité. Elle repose sur les réglementations abusives. Si vous voulez bâtir une maison sur un terrain vous appartenant, vous êtes obligé de vous agenouiller devant un édile pour avoir les autorisations. Le temps que vous consacrez à cette formalité est considérable avec de multiples interlocuteurs dans un nuage opaque de lois et règlements. Ces formalités sont destructrices de la richesse. Le coût du dossier administratif d’une construction est évalué à 20 % ; c’est une des raisons de la médiocrité des constructions en France et de la crise du logement. En plus de telles démarches sont humiliantes. Nous sommes, en vérité, les esclaves des pouvoirs publics et l’esclavagisme implique d’humilier les esclaves…

Auriez-vous d’autres exemples ?

Le mal est général et touche toute la vie des citoyens. Tenez, en cette période de déclarations fiscales, évoquons les associations. Leurs dirigeants sont obligés de remplir des formulaires abscons pour permettre à leurs donateurs de déduire les dons de leurs impôts. Le nombre d’heures ainsi volées aux dirigeants d’associations est immense et incalculable.
Un palier nouveau dans la complication vient d’être franchi cette année. Il y avait, jusqu’ici, 12 catégories d’associations bénéficiaires, chaque catégorie ayant son régime propre et le document à envoyer comportait une demi-page. Aujourd’hui, les 12 catégories d’associations sont devenues 24 ! Elles portent des noms obscurs : « entreprises adaptées, entreprises d’insertion ou entreprises de travail temporaire d’insertion ».
Le chef-d’œuvre de la « bourreaucratie » se lit dans une petite notice : « Cette disposition fiscale concerne uniquement les organismes qui satisfont aux critères définis par les articles 200, 238 bis et 885, etc. du code général des impôts ». S’ils ont des insomnies, les esclaves peuvent se référer avantageusement au bulletin officiel des impôts dont la lecture doit être particulièrement amusante !
Je garde le meilleur pour la fin : « Si les organismes bénéficiaires de dons délivrent à tort des reçus fiscaux, ils s’exposent au paiement d’une amende fiscale égale à 25 % des sommes indûment mentionnées sur ces documents (article 1740 à du C.G.I.) ».

On pourrait objecter que le fisc fait une faveur en permettant d’économiser des impôts pour des buts charitables…
Je connais cette objection. La justice voudrait, au contraire, que l’on réduise les impôts ou qu’on les supprime, chacun étant libre de faire les dons qu’il entend attribuer aux associations qui l’intéressent.

Avez-vous une évaluation du coût pour la communauté nationale de cette expropriation ?

Bonne question. Pour y répondre, il faudrait connaître la valeur du temps de toute la population, hormis les mineurs : tâche impossible. Il existe un indice. Les prédateurs étatiques exproprient par les mêmes moyens le temps des entreprises. C’est si dramatique qu’ils créent de temps à autre des comités « Théodule » pour essayer de mettre de l’ordre et réduire les formalités abusives. Le dernier en date se dénomme Cosiform ou comité pour la simplification des formulaires. Créé il y a des années, il a simplifié quelques formulaires pendant que le pouvoir en lançait deux fois plus ; il ne sert donc à rien. En tout cas, il a évalué à 3 % du PIB le temps consacré par les entreprises à la gestion des formulaires. Ce chiffre colossal explique une partie de la paupérisation croissante de la France.
Incidemment, cela montre l’immense marge de manœuvre qu’aurait un gouvernement réformateur tel que nous aurions dû l’avoir au cours de l’été 2007 et que nous ne l’avons pas eu…

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Comments (6)

  • VITRUVE Répondre

    AVE Florin
    bien résumé ce qu’il se passe dans le milieu de l’art en Madison Ave…
    Notons que ce système commence à envahir l’Europe (sous une autre forme, certes le système politique le permetant et l’encourageant d’ailleurs) mais les arnaqueurs sont bien entendu les mêmes , ils ont pignon sur rue des deux côtés de l’Atlantique; on ne peut évidemment citer leurs noms sous peine de poursuites judiciaires par application de diverses lois régulièrement dénoncées ici…
    La poule au oeufs d’or est apparue en même temps qu’on promouvait à grands cris les "géniaux" , Warhol, Pollock, Jones, Jean Passe & Demeyer…Les premiers gogos furent les industriels japonais aux ordres suivis des nouveaux riches de Floride, notons aussi que c’était en même temps que l’on a commencé à commercialiser des oeuvres reproductibles sans intervention de l’artiste( hormis la griffe) mais vendues toujours au même tarif… Le sommum fut atteint avec les monochromes blancs ( cf. l’épisode de coup de canif à Beaubourg…lourdement sanctionné)
    A déchiffrer sur la partition de la symphonie en Sarkosy mineur :" les boutiquiers (en choeur) : On vit une époque formidable!"
    VALETE

    25 mai 2009 à 12 h 13 min
  • UN chouka Répondre

    @ Florin,ça resemble aussi aux emplois fictifs?

    De toute façon ,la société, est un montage savant qui sèrt les malins bransleurs et ponctione les travaileurs aveuglés……………………………… alors a quoi bon se lamenter ?

    Ne faut’il pas plutot passer outre ,en essayant de ne pas se faire pincer ?

    25 mai 2009 à 7 h 59 min
  • Florin Répondre

    "On pourrait objecter que le fisc fait une faveur en permettant d’économiser des impôts pour des buts charitables…
    Je connais cette objection. La justice voudrait, au contraire, que l’on réduise les impôts ou qu’on les supprime, chacun étant libre de faire les dons qu’il entend attribuer aux associations qui l’intéressent."

    M-ouais. J’ai vu ça à New York. Madison Avenue. Les maffieux se refilent le pognon en circuit fermé, au nez des autorités, sur le dos du contribuable.

    Vous êtes A, et vous devez 20 millions au fisc. La loi vous permet de déduire les dépenses pour mécénat.
    Vous avez envie d’arroser B, C & D (des potes à vous, parasites à leurs heures, vivant de menus travaux occultes …). Ben, rien de plus simple : vous montez une "galerie d’art", qui exposera leurs oeuvres (rien de compliqué, ça peut se limiter à des feuilles blanches encadrées). Les "artistes" reçoivent votre générosité (en fait, ce sont les autres CON-tribuables qui paient la note …). Vous, vous diminuez vos impôts. Vos comparses déclarent les sommes reçues et paient un impôt bien moindre que ce que A aurait payé s’il avait gardé tout pour lui. Tout est légal et "transparent". Mais ça pue quand-même.

    Madison Ave est une poubelle à la verticale. Les déchets sont encadrées, etiquétés, gardiénnés.
    Il y a des centaines de galéries. Personne n’y met les pieds – à quoi bon ? ce n’est pas fait pour.
    Et il n’y a rien – ou presque – à voir.

    Lorsque vous voyez les noms des artistes et des mécènes … vous comprenez vite. C’est une affaire de famille. L’argent circule – mais n’en sort pas.

    A coté de ces combines, les vrais artistes crèvent, eux, de faim.
     

    23 mai 2009 à 18 h 11 min
  • UN chouka Répondre

    Mais heu…………………..@ IOSA ,je suis tout a fait de votre avis

    Cèrte, vous ne prenez pas de gant pour amener le sujet au bon endroit .

    Avant, ça passait assez bien chez les gogos naifs du bas, mais aujourd’hui, les gens ne marchent  plus beaucoup dans ces balivèrnes pour petits enfants naifs,surtout lorsqu"ils ont connus le chomage:

     (on n’y peut rien tous ensemble )

    Mais ces combines pourries  pèrdure encore toutefois ,je crois .

    Dans notre commune, les plans d’occupation des sols ,ne sont pas les memes que ceux de la commune d’ a coté ,aussi le prix des terrains constructibles ne sont pas a la meme hauteur

    23 mai 2009 à 9 h 10 min
  • IOSA Répondre

    Un chouka@…..

    " Les lois c’est comme ça arrange on dirait ! "

    Là c’est votre côté optimiste qui parle, car en réalité, ceux qui exprorient à tours de bras, sont les mêmes qui font les lois………à leurs avantages.

    Comme dirait SAS@, un chantier bien entrepris par la Cie des francs-maçons.

    IOSA

    23 mai 2009 à 1 h 15 min
  • UN chouka Répondre

    Il y a pourtant bien une vérité qui devrait sauter aux yeux des expropriés ?

    Pourquoi, une institution s’arroge t’elle le droit de priver avec violence au besoin ,le particulier qui peut jouir d’une oportunité de profit (l’offre et la demande )lorsque les banques et financiers en font complètment a leurs aises (concurance libre et non faussée )?

    Les lois c’est comme ça arrange on dirait !

    21 mai 2009 à 11 h 02 min

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