L’euro entre spéculateurs et gouvernants
Lourde semaine marquée par une « spéculation » contre l’euro, spéculation qui enfle tous les jours. Elle est qualifiée le 28 avril « d’irrationnelle » et « d’immorale » par notre Premier ministre.
De 1957 à 1992, avec le Marché commun, puis le SME, une parité fixe a lié les monnaies européennes entre elles. Or, du fait du comportement des salariés et des gouvernements français, les coûts de production augmentent plus rapidement en France qu’en Allemagne. De 2 à 3 % tous les ans environ. Surtout depuis les événements de mai 1968.
Au bout d’un certain temps, les consommateurs français achètent des produits allemands moins coûteux. Les entreprises françaises perdent leurs clients. Le chômage envahit la France. Les spéculateurs interviennent alors. Ils vendent brutalement leurs francs et achètent des marks. Car ils pensent, à juste titre, que la dévaluation devient inévitable.
Depuis la Libération, un peu plus d’une dévaluation tous les trois ans a marqué la vie monétaire de l’Europe. Dévaluation qualifiée de « compétitive ».
Quel est le comportement le plus irrationnel ? Celui des consommateurs français qui préfèrent les produits les moins coûteux ? Celui des banquiers qui prennent des mesures pour conserver la valeur de leur capital ? Ou celui des gouvernements français qui augmentent sans arrêt les impôts touchant leurs entreprises, alors que les gouvernements allemands diminuent au contraire les charges pesant sur leurs entreprises ?
Quel est le comportement le plus immoral ? Celui des spéculateurs qui obligent les états à dévaluer, donc qui permettent au chômage et à la pauvreté de diminuer ? Ou celui du gouvernement qui s’oppose à la dévaluation, donc maintient dans le chômage et la pauvreté ses citoyens ?
En 1992, l’Europe est en marche vers la monnaie unique. Un financier américain, Georges Soros pense que la lire italienne, la livre anglaise et le franc français sont surévalués. Il spécule. Il vend donc brutalement ses lires, ses livres et ses francs. Il est imité par de nombreuses banques. La lire et la livre étaient vraiment surévaluées. Le 16 septembre, l’Angleterre et l’Italie sont obligées de quitter le SME. La livre dévalue de 30 %. Par contre, le franc n’était pratiquement pas surévalué : la balance commerciale française était d’ailleurs alors excédentaire. La France s’oppose à la spéculation de Soros, le franc ne sort pas du SME et ne dévalue pas.
Depuis 1999, une monnaie unique lie la France et l’Allemagne. Le comportement inflationniste des pays du Sud (Grèce, Italie, France, Espagne et Portugal) n’a pas changé On augmente même les impôts des entreprises en France… Toutes leurs monnaies sont surévaluées par rapport au mark. Le chômage augmente rapidement. Leur balance commerciale s’effondre.
Qui a un comportement irrationnel ? Qui a un comportement immoral ? Les spéculateurs qui poussent les gouvernements à revenir aux monnaies nationales pour pouvoir dévaluer (ce que désirent d’ailleurs aujourd’hui 69 % des Français) ? Ou les gouvernements qui veulent conserver l’euro, donc maintenir dans le chômage et dans la misère leurs citoyens, les poussant ainsi à se révolter, à incendier, voire à tuer ?
Comments (3)
Où en serait la France aujourd’hui sans l’Europe et sa monnaie commune ? Quid du Franc qui aurait-été je ne sais combien de fois dévalué ? Nos chers politiques auraient fait joujou, obligé de procéder à ces dévaluations, pour nous redonner du souffle, mais les syndicats auraient obtenu des largesses qui auraient à nouveau remis en route la pompe à fric. Et ainsi de suite….
Je me souviens qu’il fallait sortir 3,35 F pour 1 DM,
4,33 F pour 1 FS
7,40 F pour 1$
Combien payerions-nous le litre de pétrole brut ?
Et il faudrait rembourser nos dettes en dollars avec un Franc de quatre sous !!!
Que pèserions-nous sur la scène internationale? Le petit pays que nous sommes devenu, envahi par des peuplades qui nous coûtent la peau des fesses pour nous rapporter quoi?
Nos hommes politiques à qui l’on doit le merdier actuel ont commis des erreurs monumentales pour nous créer une Europe à vingt-sept, avec des Etats aucunement comparables les uns aux autres (dont l’Angleterre qui n’a rien à y faire) ne tirent pas la charrette dans le même sens que les Allemands et nous. Quant à la Grèce ???