L’Euro et l’UE contre l’Europe

L’Euro et l’UE contre l’Europe

Le manque de compétitivité de la quasi-totalité des pays de l’Union européenne, notamment de la zone euro, n’est pas un hasard.

On peut relever les causes suivantes : coût du travail, charge d’une main-d’oeuvre immigrée sans formation et mal intégrée, mauvaise gestion publique, rigidité du droit du travail, surévaluation de la monnaie, perversion de l’euro, libre-échange universel sans contrepartie…

Le coût du travail représente environ 15 à 20 % de nos coûts industriels. Contre l’Europe centrale où, à productivité comparable, c’est environ le tiers, d’où un écart de coût total de 5 à 7 %. C’est un ordre de grandeur que les gains de productivité et l’avantage de proximité peuvent compenser. Contre l’Extrême- Orient, c’est bien davantage, probablement 15 à 20 %.

Le problème de la main-d’oeuvre immigrée est différent : il semble qu’environ un tiers des adultes immigrés soit sans emploi
, soit 1 à 1,5 million de personnes. C’est une charge pour la collectivité de l’ordre de 15 milliards par an.
Elle est financée par la dette publique, et n’a qu’un impact faible et indirect sur les coûts de revient industriels, donc sur la compétitivité. Même chose pour la rigidité du droit du travail : il doit certes être amendé, mais on joue sur les marges.

S’agissant de l’euro, j’ai déjà parlé de son influence négative, due à l’impossibilité de gérer de manière optimale une monnaie commune à 17 pays dont les économies divergent.

La perte de croissance consécutive est estimée à environ 1 % par an, soit, cumulés, environ 15 % : sans cet impact, le PIB serait d’environ 12 % supérieur à ce qu’il est aujourd’hui, et on aurait accumulé en capitaux publics et privés, depuis 12 ans, 1 % supplémentaire par an, soit environ 70 % d’un PIB annuel ! C’est l’ordre de grandeur de la dette !

Nous avons déjà aussi souvent évoqué, avec notre ami Bernard Trémeau, la surévaluation de l’euro due à l’écart des taux d’inflation structurels des États membres, que le verrouillage de la monnaie unique ne permet pas de corriger.
La surévaluation dont souffre la France est estimée à 20-25 %, et ce pourcentage ne fait qu’augmenter. La concurrence internationale très vive ne permet absolument plus de la supporter.

Mais tout se complique lorsque s’ajoute le libre-échange universel et sans contrepartie. Présenté comme universel, naturel et inéluctable, il est tout le contraire.

Pas universel, puisque la Chine, le plus important exportateur et le plus dangereux, membre de l’OMC par la grâce des pays occidentaux, contrôle le taux de change de sa monnaie à environ 60 % de sa valeur réelle.
C’est l’équivalent d’une subvention de 40 % à l’exportation ! La Chine est ainsi le seul pays de l’OMC ouvertement et officiellement protectionniste.

Pas naturel, car la théorie du libre-échange, qui fait valoir qu’on est plus productif là où on a un « avantage comparatif », ne s’est jamais universellement appliquée. Il existe, en effet, très peu d’avantages comparatifs définitifs : presque tout s’apprend.

L’application dogmatique de cette théorie date de 1974, par libre décision de l’UE et du GATT (aujourd’hui OMC). Pas inéluctable, puisque ce qui résulte d’une libre décision peut être supprimé par une décision contraire.

Les malheurs des pays européens, viennent donc principalement de deux décisions ineptes :
le libre-échange généralisé et sans contrepartie, et la création de l’euro.
Ce mélange a créé une situation monétaire ingérable et une allocation irrationnelle des investissements industriels, qui bénéficient en majeure partie à la sphère financière et aux entreprises multinationales. Cette campagne électorale se terminera-t-elle sans que le sujet soit abordé ?

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Comments (1)

  • richa83 Répondre

    """"
    l’impossibilité de gérer de manière optimale une monnaie commune à 17 pays dont les économies divergent.
    """

    NON
    NON

    Monnaie UNIQUE (imposée)
    ce n’est pas la même chose

    19 avril 2012 à 14 h 37 min

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