L’euro nous protège de la démagogie !

L’euro nous protège de la démagogie !

Il est tout à l’honneur des « 4 Vérités » de publier des opinions différentes sur des sujets importants et l’euro est un de ces derniers.

Il ne manque pas d’économistes pour attaquer l’euro, mais il n’en manque pas non plus pour le défendre.

Cela tient à ce que, contrairement à la physique, qui se cantonne aux faits et non aux opinions, l’économie n’est pas encore une science exacte, et nous savons tous qu’il existe des économistes socialistes et des économistes libéraux qui ont sur la plupart des sujets des opinions contraires.

Si l’on a soi-même une « opinion » sur un sujet donné, il est donc facile de trouver des « économistes » qui ont la même opinion. Cet article-ci tente de distinguer ce que l’on peut classer dans la catégorie « opinions » de ce qu’on peut classer dans la catégorie des faits. Voici les faits les plus importants :

– Citant Mundell, prix Nobel, économiste canadien qui enseigne aux États-Unis, certains estiment, sans l’avoir vraiment lu, qu’il n’est pas bon d’avoir une monnaie unique dans un ensemble de régions aux économies disparates. Ils oublient que Mundell lui-même était un chaud partisan de l’étalon-or et il n’y a pas besoin d’être prix Nobel pour comprendre que, dans un régime d’étalon-or, où chaque monnaie est convertible en or, le fait que divers États aient des niveaux de prospérité différents n’a absolument aucune importance sur l’emploi d’une monnaie plutôt que d’une autre dans les échanges.

Simplement, si un État veut éviter de voir sa monnaie cesser d’être convertible en or, il doit accepter de ne pas dépenser plus qu’il ne reçoit de ses sujets, au moins sur une longue période.

– À partir de 1914, la convertibilité fut supprimée, les États ont pu recommencer à manipuler leur monnaie pour se livrer d’abord à l’effort de guerre, puis ensuite à leurs dépenses in­considérées et les billets ne cessèrent de perdre de la valeur.

Depuis la fin de la guerre jusqu’à la création de l’euro, nous n’avons pas eu une seule année sans inflation et la valeur du franc a été divisée par 100 ! Oui, le franc a perdu 99 % de sa valeur en un siècle !

Or l’euro, avec les critères de Maastricht qui lui sont consubstantiels (pas plus de 3 % du PIB de déficit budgétaire, pas plus de 60 % du PIB de dette pour les pays membres), et une inflation inférieure à 2 %, est le meilleur substitut à l’étalon-or que l’humanité ait jamais inventé, afin d’enlever aux États la possibilité de manipuler leur monnaie. C’est la raison pour laquelle le même Mundell est en fait favorable à l’euro – ce que ceux qui l’invoquent ne savent pas forcément.

– Hélas, certains États de la zone euro, pour pouvoir se livrer confortablement à leurs dépenses inconsidérées et gagner ainsi – ou ne pas perdre – des électeurs, violent les critères de Maastricht depuis plusieurs années.

Et, au lieu de faire l’effort de limiter leurs dépenses démagogiques, ils tentent de les rationaliser en prétendant « lutter contre l’austérité » ou « faciliter la reprise », comme si on pouvait créer de la valeur sans rien faire.

– La sortie de l’euro pour un État qui ne peut, ou ne veut, pas respecter le traité de Maastricht aurait deux graves conséquences :

1. Elle entraînerait inévitablement une inflation supérieure aux 2 % prévus par le traité. Or, de quel­que façon que l’on retourne le problème, l’inflation est un vol de certains citoyens (généralement les plus pauvres).

2. Comme l’endettement de cet État est généralement exprimé en euros, le coût du remboursement s’en trouverait augmenté d’autant.

Tout le monde désapprouve quelqu’un qui dépense indéfiniment plus qu’il ne gagne, non seulement parce qu’il va vers la catastrophe, mais aussi parce qu’il finira par ne pas payer ses dettes, ce que – Dieu merci – la sagesse populaire considère encore comme immoral.

Il est stupéfiant de penser que, lorsqu’on passe au niveau de l’État, cette morale élémentaire disparaît au profit de considérations fumeuses.

L’euro est la seule protection que nous ayons contre l’inconséquence des États. Gardons-le !

Jacques de Guénin

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Comments (11)

  • Antoine Roché Répondre

    Entièrement d’accord avec l’auteur. L’euro et les règles de l’eurosystème BCE nous protège – un peu – de la démagogie et du laxisme de nos gouvernements et parlements. Pas assez cependant pour interdire un déficit de 25% du budget de l’Etat. En effet 25% c’est le chiffre ou 75 milliard d’euro d’excès de dépenses par rapport aux recettes.

    La présentation déficit du budget / PIB est une arnaque de communicant puisque le PIB n’est pas une ressource du gouvernement mais une ressource qui – devrait – appartenir aux producteurs (s’il n’étaient spoliés)

    Il y a une autre intox souvent reprise dans la droito-sphère.
    C’est sous Pompidou la fameuse loi interdisant à la Banque de France d’acheter directement ses bons au Trésor public. Loi obligeant les gouvernements déficitaires à emprunter sur les marchés financiers.

    Des économistes étatistes font le calcul des intérêt que le Trésor public aurait pu économiser depuis 40 ans, et livre leur conclusion anachronique que toute la dette de la France aurait pu être évitée.

    C’est faire peu de cas de la création monétaire sans création de richesse, et de l’inflation résultante. (l’inflation peut être immobilière, aurifère, boursière).

    C’est aussi exonérer les gouvernements et les législatures successifs de leur responsabilité. “Nul n’est censé ignorer la loi”. Par contre faire du déficit pour des promesses électorales, c’est payant pour le pouvoir.

    Ni De Gaulle ni Pompidou ne faisaient de déficit. Ils assuraient l’indépendance du pays par rapport à la finance. Tous les gouvernements déficitaires ont besoin de la complaisance des marchés financiers pour placer leurs papiers. Larrons en foire au dépend du peuple !

    5 avril 2015 à 0 h 04 min
  • MINUX75 Répondre

    D’une manière générale, les pays de la zone euro, ont eu une croissance plus faible en économie dans cette décennie que les autres pays que ce soit les états unis, la chine, l’inde, le brésil, l’URSS etc… nulle part ailleurs, la crise n’a frappé plus fort qu’en Europe, que ce soit la Grèce, l’Espagne, l’Italie, le Portugal, la France. Voila un tableau qui résume très bien ce phénomène.

    période 2004 ………….. 2030

    Taux de croissance Amérique du Nord 25 %
    Amérique Latine 85 %
    Europe 18 %
    Afrique 58 %
    Moyen Orient 64°/o
    Russie et Asie centrale 40 %
    Japon 9%
    Inde 164°/o
    Chine 100°/o
    Autres pays d’Asie et Océanie 78 %

    Le seul pays qui fait moins bien que l’Europe est le JAPON, Tous les autres pays ont fait mieux, jusqu’à l’Afrique dont le taux de croissance est trois fois plus élevé qu’en Europe. Si la France est le pays malade de l’Europe, l’Europe est le continent malade de la planète.

    Cette contre performance au niveau Mondial est du tout simplement à l’absence de liberté, L’Europe est devenu une dictature de plus en plus féroce, qui asservit de plus en plus le peuple, ce que l’on appelle pompeusement la crise n’est rien d’autre que la manifestation de la DICTATURE qui asservit de plus en plus les peuples qui sont sous sa férule.

    Il y a deux indicateurs qui sont pertinents pour définir le niveau de la liberté, c’est le niveau de prélèvement obligatoire et le taux de chômage, personne ne sera surpris de constater que sur ces deux paramètres, la France arrive en tête au niveau mondial. On ne s’étonnera plus de l’absence de liberté d’expression dans les médias.

    L’Euro n’a servi qu’à la finance CAD à réduire le spread qui est le coût de transaction pour passer d’une monnaie à une autre, à favoriser la spéculation. Aujourd’hui, ce coût est descendu à 0,3 pips c’est à dire dix fois moins qu’il y a dix ans ou le coût de transaction était de 3 pips (un pips est 10-4 € CAD 0,0001 €) cela profite surtout aux ordinateurs qui spéculent sur la forex. à 0,3 pips, le nombres de stratégies qui fonctionnent est multiplié par dix.

    30 mars 2015 à 22 h 56 min
  • Georges PN Répondre

    Je respecte le raisonnement de l’auteur et comprends, dans une certaine mesure son point de vue.
    Toutefois, je pense que si la France a pu s’endetter à ce point, c’est parce que les prêteurs ont estimé que la valeur de l’euro serait renforcée par les pays du nord.
    Que serait-il advenu si nous étions restés au franc ? Et bien, tout simplement, notre monnaie aurait été dévaluée ; on nous aurait demandé des intérêts + importants.
    Nous aurions ressenti beaucoup plus vite les rigueurs de l’endettement.
    Finalement, ma conclusion est que cette accoutumance à la facilité a été rendue possible par l’euro, d’autant que d’autres pays faisaient, eux, l’effort de se restructurer.
    En définitive, l’euro nous a anesthésiés et nous a permis de nous reposer sur les efforts des autres.
    Qui osera dire que l’abondance des crédits à l’Espagne due à l’appartenance à la zone a conduit ce pays à des investissements déraisonnables ? Non, l’euro est une très mauvaise institution dont il faut sortir au plus vite.
    That’s just my opinion ;)

    28 mars 2015 à 23 h 43 min
    • Georges PN Répondre

      Lire : “Qui osera dire que ce n’est pas l’abondance…”

      28 mars 2015 à 23 h 45 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    ” l’ euro nous protège de la démagogie ” VRAI ! mais en partie seulement ! c. à d. depuis qu’ un ( trop ) petit nombre de Français a pris conscience du prix à payer pour honorer les intérêts de la dette ( malgré des taux d’ emprunts proches de zéro ) les ” politiques ” étant restés eux plutôt démagogues comme leur métier le leur dicte, le leur impose ( en réalité en nous imposant ! )

    26 mars 2015 à 21 h 08 min
  • Claude Roland Répondre

    Il faudrait différents euros selon les pays avec une parité entre eux. C’est la seule solution.
    Rappelons qu’il y a 28 différents dollars dans le monde avec des parités différentes.

    26 mars 2015 à 15 h 49 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      donc , pour vous,revenir à l’ ECU qui fut un bordel sans nom !

      26 mars 2015 à 21 h 09 min
  • Etienne Répondre

    En fait, vous nous expliquez que la protection attendue c’est celle contre le creusement de la dette et l’irrespect des critères de Maastricht visant à la contenir.
    Sauf que… Manifestement, l’euro _ne permet pas_ de le faire, n’empêche nullement certains gouvernants de dilapider allègrement l’argent qu’ils n’ont pas.
    Contre l’incurie des gouvernements, il n’y a aucun “pouvoir magique” protecteur de l’euro.

    Je précise que je n’ai pas d’opinion définitivement arrêtée sur la sortie d’un ou plusieurs Etats, dont la France, de l’euro. Mais malgré vos intéressantes considération sur les idées de Mundell citées de façon tordue, vos conclusions ne sont guère convaincantes, démenties par la réalité.

    26 mars 2015 à 14 h 48 min
  • René de Sévérac Répondre

    Jacqies, je ne suis pas d’accord :
    “l’inflation est un vol de certains citoyens (généralement les plus pauvres)”.
    Il y a des peuples (la France en particulier) qui se tirent très bien d’une monnaie flottante … qui plutôt tendance à prendre dans le bas de laine des “rentiers”.
    Le fait que ce peuple soit “enchaîné” au peuple allemand (et son angoisse de l’inflation) par cette monnaie (DM re-baptisé €) est un drame !

    Vivement un Sud-€ (à négocier au plus tôt).

    26 mars 2015 à 9 h 37 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      les ” 4 V² ” n’ ont de cesse de déplorer ( par exemple ) le nivellement ” par le bas ” de notre Enseignement , pourquoi pour ce qui concerne l’ économie, l’ établissement du budget , la gestion publique , ne pas tirer AUSSI vers le haut ? ce qui manque au discours de ” LaDroite ” c’ est la cohérence !

      26 mars 2015 à 21 h 15 min
  • DESOYER Répondre

    Vous abordez là la démagogie -ou l’incompétence, je ne sais- du FN.
    Cela étant, qui fera respecter les règles initiales qui ont présidé à la création de l’euro? C’est une vraie question. N’est-il pas?

    25 mars 2015 à 21 h 06 min

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