L’important, c’est l’entreprise

L’important, c’est l’entreprise

Ayant célébré son 80e anniversaire, Yvon Gattaz a eu la bonne idée d’écrire un nouveau livre, qui, comme son titre : Mes vies d’Entrepreneur, l’indique : , pourra passer pour ses mémoires.

L’auteur a 20 ans en 1945. Il ne lui faut qu’une année de préparation pour entrer à l’École centrale de Paris. Il entre chez Citroën où il devient rapidement ingénieur-en-chef. C’est en 1952 qu’avec son frère Lucien, il invente la fiche coaxiale de télévision, avant de devenir un leader bientôt mondial de la connectique.

Les lecteurs des « 4 Vérités » seront sans doute très attentifs aux différents passages qu’Yvon Gattaz consacre aux « 4 Vérités », y compris un chapitre entier (« création d’une lettre socio-économique ») puisqu’en effet, c’est lui qui, avec ses complices, Octave Gélinier, Michel Drancourt et Jacques Plassard, fut à l’origine de la création et de la première version, à parution mensuelle, du journal « Les 4 Vérités », dont la version actuelle, hebdomadaire, a pris la suite en 1995.
Yvon Gattaz, qui fut président du CNPF, l’ancêtre du Medef, de 1981 à 1986, est le chantre incontesté de la création d’entreprise en général, et des entreprises moyennes en particulier. Je me suis toujours demandé d’où lui venait ce prosélytisme si communicatif. La réponse se trouve page 28 : ses parents étaient enseignants ; « ce charmant milieu familial ignorait tout de l’entreprise dont le nom n’a jamais été prononcé devant nous ». Yvon Gattaz a donc la foi des nouveaux croyants, la force de conviction des convertis.

L’ancien « patron des patrons » s’est toujours tenu à l’écart de la politique politicienne. Il dit souvent, lui-même, « je ne fais pas de politique ». Et, de fait, on lui connaît des amitiés et des relations très diversifiées. François Mitterrand, rien que durant l’année 1982, le reçut sept fois en tête à tête. Alors que, durant la même période, il ne recevait que deux fois (sans compter les rencontres officielles) André Bergeron, une fois Edmond Maire, et pas une seule fois Henry Krazucki. Il est vrai que, selon notre auteur, le premier président socialiste de la ve République avait un profond mépris pour les « saints dicats »… Non seulement, il sut expliquer à son interlocuteur les contraintes et les nécessités des entreprises, mais, au-delà, il parvint à véritablement convertir un certain nombre de responsables de la gauche, en tête desquels François Mitterrand lui-même. Ce qui constitue un des phénomènes les plus remarquables (et des plus étonnants) de cette période 1981-1986. « L’histoire jugera sans doute, écrit Yvon Gattaz, que les socialistes, partis en 1981 pour terrasser les patrons, les ont partiellement épargnés et ont terminé en 1986… en ayant terrassé les communistes ».

Quand il quitta le CNPF, Yvon Gattaz consacra une part importante de son temps à l’association « Jeunesse et entreprises ». Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises nouvelles doivent leur existence à l’action de cette structure et à la flamme de celui qui continue à la présider.

On ne s’attardera pas sur la quatrième partie que l’auteur consacre à sa participation à l’Institut de France où il fut élu – premier créateur d’entreprise dans ce cas – en 1990. Encore que, toute occasion est bonne pour des jeux de mots, ou « gattazeries », « plaisanteries sans autre prétention que de déclencher le rire ou le sourire de l’interlocuteur », dont notre auteur est incontestablement un grand spécialiste.

On aura compris que sa façon de ne pas faire de politique est finalement très politique. Car qui crée des richesses et des emplois, si ce n’est les chefs d’entreprises, en tête desquelles ces anciens patrons de PME, qui ont su devenir « moyennes », mais qui font travailler chacune, quand même, directement ou indirectement, plusieurs milliers de personnes ?
Quand on referme cet ouvrage, on est convaincu qu’un couple de forces antagonistes est à l’œuvre : d’un côté les entreprises, et de l’autre, les politiciens de tous bords. Attention, M. Gattaz : si je vous ai bien compris, vous faites trop de politique !

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Comments (6)

  • Ado Répondre

    ” Il est clair que mitterand a été “convaincu” mais à quel prix:” C’est l’addition de Mai 81. En fait, c’était ca ou sauter dans le Communisme..

    12 juin 2006 à 8 h 16 min
  • sas Répondre

    A minux 75….te case pas le cul , minux…les faillites et redressements judiciaires à tour de bras passant par les liquidateurs,les administrateurs et les tribunaux de commerces….entre les mains des “initiés” exclusivement…EN A ENRICHIS PLUS D’UN FRANC-MACON PENDANT qu’ils rendaient indigeant de pauvres entrepreneurs, ayant eu la niaiserie naive de remettre leurs destinées economiques entre leurs mains….mort aux profanes…et malheur au petit peuple du bas….particulièrement si ils tentent de s’en sortir par le travail et l’investissement. Tous nos policards mafieux connaissent la situation dramatique des tribunaux de commerces….et l’on fait comme si de rien n’était… donc l’emploi , ils s’en fouttent….seul leurs appointements comptes, et ce qu’ils prennent en plus… sas

    11 juin 2006 à 23 h 45 min
  • MINUX75 Répondre

    Il est clair que mitterand a été “convaincu” mais à quel prix: de 83 à 86, du fait du plan de rigueur, la france a fabriqué plus d’1 millions de chomeurs, les usines ont fermés à tour de bras, embauches nulle part, les impots, les taxes sur les entreprises ont beaucoup augmentés, croissance économique, négative. Plus tard en 92/93, Pierre bérégovoy a massacré les entreprises avec son franc fort fabriquant la aussi force chomage, faillite d’entreprise etc…. Ajourd’hui, nul besoin de “plan de rigeur” ou de “franc fort” pour faire couler les entreprises et saboter la croissance, c’est naturellement qu’elles coulent, c’est non moins naturellement que la croissance est proche de zéro, non seulement le poids des taxes est énorme comme il ne l’a jamais été, mais en plus l’aggravation des taxes est du meme ordre.

    11 juin 2006 à 15 h 14 min
  • Raptor Répondre

    En effet, pour avoir lu certaines interventions dudit Jaures, nul doute qu’il va hurler à l’apologie de crime contre l’humanité et appeler illico à la lutte des classes. Les années passent, mais certains ne changeront jamais.

    9 juin 2006 à 21 h 52 min
  • jacques Répondre

    “Non seulement, il sut expliquer à son interlocuteur les contraintes et les nécessités des entreprises, mais, au-delà, il parvint à véritablement convertir un certain nombre de responsables de la gauche, en tête desquels François Mitterrand lui-même. ” Le “tease” est réussi… maintenant tous vos lecteurs brûlent de savoir comment il a fait :-) On attend tous avec impatience votre prochaine article avec cette description. Mais je garde toutefois peu d’espoir que cela pourrait marcher dans des cas desespérés comme Jaurès.

    7 juin 2006 à 14 h 08 min
  • sas Répondre

    Il est bien temps de s’occuper des entreprises en ce moment…après la bataille…les pépinières sont léssivées…les pépites parties ou volées…les esprits d’entreprise détruits ou sappés… ne parlez pas de ce que vous ne connaissez pas…gattaz a-t-il déjà crée 1 seul emplois ???? qu’il nous le dise. SAS

    7 juin 2006 à 13 h 08 min

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