Lundi de Pentecôte: fausse solution à un vrai problème!

Lundi de Pentecôte: fausse solution à un vrai problème!

Malgré tous les préavis de grève, les pétitions, et les contournements plus ou moins grossiers de la loi, le gouvernement Raffarin a maintenu la suppression du lundi de Pentecôte comme jour férié pour financer la dépendance des personnes âgées et des handicapés.
Que le financement de cette branche de l’action sociale soit destiné à prendre de plus en plus de poids dans les dépenses publiques est une évidence: la population française vieillit, par conséquent le nombre de personnes dépendantes augmente.
Mais, à partir de ce constat, les interprétations divergent.
Une famille qui aurait la charge d’une personne âgée dépendante évaluerait les besoins de cette personne et regarderait quelle dépense elle peut supprimer pour subvenir à ces besoins.
Le gouvernement Raffarin, lui, considère que toutes les dépenses publiques sont d’une importance stratégique pour l’avenir de la France. Aucune dépense n’est matière à option.
Comme le Premier ministre a fait le pari que les prélèvements obligatoires étaient à leur maximum supportable – ce qui paraît difficilement contestable! –, la seule “solution” qu’il envisage est de trouver de nouvelles recettes, au lieu de songer à redéployer la dépense publique.
Mais, en outre, même dans la recherche de nouvelles recettes, il agit en dépit du bon sens. D’une façon ou d’une autre, toutes les recettes d’un pays proviennent du travail de ses citoyens. Il serait fort surprenant, à niveau de développement égal, qu’un pays où l’on ne travaille que 35 heures ait autant de ressources qu’un pays où l’on en travaille 39, ou plus.
Or, la durée légale du temps de travail est un tabou sur lequel Jean-Pierre Raffarin ne souhaite pas revenir.
Bref, non seulement le Premier ministre refuse de poser un choix politique sur l’importance relative des différentes dépenses publiques, mais encore il refuse de libérer la seule source de recettes disponible. On ne s’étonnera donc pas que son attitude face à l’augmentation des dépenses liées à la dépendance des personnes les plus faibles de notre société soit d’une efficacité limitée.
Pire encore: en refusant de libérer le travail, tout en constatant l’importance du travail pour la prospérité du pays, le Premier ministre en est réduit à imposer un temps de travail sans rémunération, tant il est vrai que le choix n’est, en cette matière, qu’entre le travail libre et le servage…

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Comments (3)

  • Jean-Claude LAHITTE Répondre

    La (fausse) querelle du “LUNDI DE LA PENTECÔTE” pourrait paraître dérisoire si, à la façon dont on discutait à Byzance du sexe des Anges, la situation de l’emploi n’était dramatique. Les salariés refusent pour des tas de (fausses) bonnes raisons de “sacrifier” une journée de travail, alors que ce sont leurs salaires, ce sont leurs emplois qui sont en péril. Que l’on me permette de rappeler à ce sujet ce mot de Jacques DELORS, un des pères putatifs du Traité constitutionnel. En 1994, répondant à l’actuel Comte de Paris* qui lui demandait: “QUELLE SOLUTION ENVISAGERIEZ-VOUS POUR RESORBER LE CHÔMAGE ?”, le père de Madame-35-heures avait répondu de façon gaullienne**: “DE TOUTE MANIERE, 30% DE LA POPULATION RESTERA SUR LE BORD DE LA ROUTE. C’EST INELUCTABLE !” (fin de citation). 30% ? nous n’y sommes pas encore. Mais patience, cela arrive. Avec les “35-heures” qui nous ont mis en situation périlleuse face à la concurrence d’autres pays de l’UNION où l’on travaille jusqu’à plus de 60 heures, et à des salaires nettement inférieurs. Et avec le coup d’accélérateur qui sera donné par le Traité constitutionnel qui ouvrira encore davantage les portes à la concurrence sauvage de “salaires et de cerveaux asiatiques”. Il ne sera plus temps de pleurer sur “le lundi de Pentecôte”, et encore moins sur les “avantages acquis”, et encore moins sur un “OUI” donné sous la pression des gens qui nous gouvernent…Parmi lesquels un certain Jacques DELORS et une certaine Martine AUBRY ! Antitraitéconstitutuionnellement mais bien cordialement, Jean-Claude LAHITTE * qui a cité le propos de DELORS lors d’une allocution prinoncée ce 19 mai aux Baux-de-Provence ** le propos cynique de DELORS me rappelle celui de De Gaulle. Celui-ci avait répondu à un de ses conseillers qui s’inquiétait du sort des “pieds-noirs” à l’issue du referendum (réservé à la Métropole) qui devait sceller tragiquement leur destin “Eh bien ! ils souffriront !”

    23 mai 2005 à 18 h 46 min
  • Etienne NEUVILLE Répondre

    Bravo pour cette analyse pertinente, et pleine de bon sens. Dommage que cette “maladie” ne soit pas très contagieuse ! AmiCALement Etienne Neuville http://www.lesamisdulundi.com

    23 mai 2005 à 18 h 38 min
  • Stéphane Répondre

    En obligeant les Français au servage, Raffarin ne fait que dégoûter un peu plus les Français du travail ! Après le 29 mai, il y a des chances qu’il saute, sans doute au profit de de Villepin. Il est probable qu’il commencera alors une nouvelle carrière publique : il servira à la fois d’emblème de la droite molle et de repoussoir (comme Le Pen dans un autre genre) à une nouvelle génération politique plus jeune et plus déterminée. Et de droite libérale et conservatrice, cela va de soit.

    22 mai 2005 à 1 h 59 min

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