L’usine à gaz de l’écotaxe

L’usine à gaz de l’écotaxe

Il est bien connu que la logique énarchique française consiste à répondre à tout problème par une nouvelle taxe.

Encore faut-il ajouter que la nouvelle taxe est le plus souvent choisie pour sa complexité et son coût de collecte.

L’entretien des routes ou la pollution routière sont ainsi des problèmes simples, auxquels il aurait été facile de répondre par l’augmentation de la TIPP. Cette augmentation aurait présenté, au moins, l’avantage d’un faible coût de perception de l’impôt. La taxe existant déjà, il n’était pas nécessaire de créer un nouveau système de collecte ; la taxe étant prélevée sur une assiette large (tous les utilisateurs de carburant), on pouvait éviter que quelques catégories soient fortement pénalisées par sa hausse…

Encore une hausse de taxe, direz-vous peut-être. Certes. Mais il vaut mieux taxer ce qui est indésirable (la pollution, la congestion routière…) que ce qui est désirable (le travail, l’épargne).

Taxer les carburants ne dit rien sur ce que l’on fait des recettes correspondantes. On peut les affecter à l’entretien des infrastructures routières, financer les collectivités locales, baisser d’autres impôts aux conséquences négatives, financer une allocation pour les bas revenus, affecter la recette au désendettement public… Bref, n’importe quel choix, à la discrétion des priorités du gouvernement.

Mais, dans notre cas, au lieu de cette solution simple, nos énar­ques ont inventé l’écotaxe.

À partir de là, tout a été à l’avenant.

Un partenariat public-privé fut négocié de manière précipitée, dans des conditions douteuses.

Des statuts dérogatoires furent accordés en fonction de considérations électoralistes.

Le système allemand, fort coûteux, mais qui est surtout chargé de compenser la gratuité des autoroutes dans ce pays, fut copié. Et, transposé en France, il a entraîné une assiette de la taxe trop faible…

Et, pour finir, nous avons obtenu un coût de collecte ahurissant !…

Il est loin, le temps où l’on guillotinait les fermiers généraux…

Comment en arrive-t-on à fabriquer de telles usines à gaz ? Cela vient, bien sûr, de la multiplication des contraintes imposées à l’action gouvernementale (les PPP résultent de la volonté de dissimuler l’endettement public, limité par les traités européens). Mais cela vient aussi de la volonté de dissimuler, derrière cette complexité, les gagnants et perdants de l’opération.

Le principe du PPP est simple : un donneur d’ordre public passe une commande de travaux à une entreprise privée qui, avec la garantie d’État auprès de son banquier, proposera le projet en leasing (location-vente) au lieu de le vendre. Avec une garantie absolue d’être payée : du ga­gnant-gagnant-gagnant !

Gagnant l’entreprise, qui peut s’offrir une rente souvent con­fortable, garantie par l’État, même si le projet n’est pas viable. Gagnant le banquier qui, avec la garantie de l’État, prend un risque zéro dans cette affaire. Gagnant le donneur d’ordre qui peut continuer d’investir comme bon lui semble, même s’il n’en a pas les moyens financiers.

Moralité : si je comprends bien, il s’agit de permettre à l’État ou à la collectivité territoriale de continuer à s’endetter, sans que cela apparaisse dans ses comptes comme dette.

À ce jour, les PPP sont utilisés à outrance. Combien de milliards d’euros ont-ils été engagés ? Pour la banque de France, le leasing, c’est de l’emprunt. Vu notre dette publique, c’est alors une bombe à retardement en plus pour la France.

Décidément, en France, les profits son privé, les déficits pu­blics… 

Gérard Gelé

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Comments (9)

  • Dechardat Répondre

    Il est aisé de saisir ce qui se passe : chaque administration se justifie en en créant d’autre. En somme l’Orobouros (le serpent qui se mord la queue), joyeux symbole F.M. !. De la sorte, il devient facile de justifier ce qui, par essence, est injustifiable,. Les bureaux contrôlent les Commissions, celles-ci contrôlent – pour le moins observent – des comités, créés en apparence pour enterrer les sujets qu’ils ont mission d’examiner, mais ou tous les Frères se retrouvent aux frais des contribuables, et au mieux de leurs intérêts. En somme, Staline et Kafka au même programme, accompagnés d’un nombre considérables de subalternes, dont on connait les choix politiques…

    La candeur du Public est abyssale ! C’est ce qui explique probablement la fabrication effective d’une société inculte, sous la houlette d’une Education Nationale forgées par des d’extrémistes jusqu’à l’hystérie, là où serait aisé de pécher des des tyrans (voyez l’inénarrable Peillon !) . Il est à la pondération et à la tolérance ce que Stromae est au Requiem de Mozart…

    L’impression d’être gouverné par des monstres qui veulent détruire l’Occident aurait-elle encore quelques secrets pour les uns ou les autres ?…

    15 juillet 2014 à 13 h 55 min
  • 0094917 Répondre

    La médiocrité du personnel politique se mesure à sa capacité à créer, transformer, augmenter la taxation du peuple.

    12 juillet 2014 à 10 h 44 min
  • René de Sévérac Répondre

    L’éco-taxe revient à faire marche arrière.
    Rappelez-vous, l’introduction de la TVA sur le gazole, avec réduction équivalente de la TIPP : son but la déductibilité pour les transporteurs !
    Remarque auxiliaire sur les “usines à gaz” : créer de l’emploi. C’est réussi !

    12 juillet 2014 à 7 h 53 min
  • Js Répondre

    Il est préférable d’avoir une usine à gaz que pas d’usine .
    Aujourd’hui il n’ y pas d’usine et nous en payerons le prix .
    Les infrastructures routières seront préservées , il faut savoir qu’un camion est 1000 fois plus destructeur que’ une voiture.
    Les autres moyens de transport sont à promouvoir : voie maritime, fluviale ferroviaire .
    Les destructeurs doivent payer et en payant ils seront plus
    Enclin à mieux gérer leurs déplacements .

    12 juillet 2014 à 0 h 54 min
  • Oeildevraicon Répondre

    Décidément, en France, les profits son privé, les déficits pu­blics…

    J’en pète de joie… C’est ma petite usine à gaz personnelle.

    12 juillet 2014 à 0 h 28 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Une “taxitude” de plus qui contredit les promesses du squatteur de l’élysée.
    Mais nous n’en sommes plus à un mensonge près.

    11 juillet 2014 à 23 h 07 min
    • 0094917 Répondre

      J’aime bien le mot TAXITUDE, il va comme un gant à Mme la BRAVITUDE

      12 juillet 2014 à 10 h 43 min
      • HansImSchnoggeLoch Répondre

        Oui notre gratitude envers la bravitude pour cette nouvelle taxitude est immensitude.

        12 juillet 2014 à 11 h 41 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    usineS à gaz à TOUS les étages de ce Gouvernement

    11 juillet 2014 à 15 h 25 min

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