Marasme agricole et responsabilités multiples

Marasme agricole et responsabilités multiples

Comme la crise grecque, le marasme agricole montre une situation dans laquelle les responsabilités sont multiples.

À la base, nous trouvons le consommateur. Il réclame des prix ultra-bas et se fiche de la qualité. L’étude (elle a été faite) des poubelles montre qu’il est un gaspilleur actif.

Au milieu, se trouve la distribution – grande, moyenne, ou petite. Elle fait son travail, mais répercute vers l’amont l’exigence de prix bas du consommateur, ce qui conduit à l’étouffement des producteurs.

Le producteur et le transformateur ne font pas le poids devant la puissance négociatrice de cette structure toute puissante qu’est devenue la centrale d’achat.

Derrière ce métier de distributeur se cache, par ailleurs, une activité financière très lucrative. En effet, les ventes sont payées comptant (pardon : cash !) et les fournisseurs à x jours (x est une variable rarement publiée).

En amont, se trouvent le producteur ou le transformateur. Ils travaillent comme des galériens et sont endettés jusqu’au cou, pour faire face aux concurrences extérieures et satisfaire à des exigences normatives qui leur tombent sans arrêt sur le dos.

Ils ont eu tort d’oublier la qualité et d’avoir cru aux bienfaits de la production intensive.

Mais, surtout, face aux centrales d’achats, ils sont restés divisés et n’ont pas su construire une centrale de vente qui aurait équilibré la négociation. Ils ne savent que tendre la patte et bloquer les routes.

Au-dessus de cette mêlée se trouve le couple administration-gouvernement. Nous tenons là l’organisateur du marasme.

Tout y est : ministres incompétents, gouvernement servilement aligné sur les positions bruxelloises, grosse aptitude à l’invention de charges, taxes obligations et contraintes diverses, admiration permanente de ce qui se fait ailleurs, et inattention systématique aux difficultés de la production nationale.

La dernière invention gouvernementale vaut son pesant de moutarde : elle fait appel au civisme économique du con­sommateur, sommé d’acheter français. Venant de gens qui ont pourfendu les tenants de la préférence nationale, la consigne paraît plus que bizarre. On a la mémoire courte dans les ministères et pas mal de culot !

Les politiciens et les médias font l’éloge des producteurs allemands et espagnols et les donnent en exemple aux paysans et aux éleveurs.

Ces conseilleurs ne semblent pas voir comment sont payés les cueilleurs de fraises marocains et les dépeceurs de carcasses polonais qui travaillent avec des salaires que la loi française interdit de pratiquer.

Ils ferment les yeux sur les charges sociales, légères là-bas et très lourdes ici, sur la « flexibilité » des contrats qui permet en Espagne de licencier sans indemnités les saisonniers qui ne sont plus nécessaires.

La compétition internationale est une course à laquelle nos producteurs sont invités à participer par des gens qui leur ont lié les jambes.

La France est le pays de l’excellence gastronomique. De même que l’industrie allemande est tirée vers le haut par la performance qualité de ses usines automobiles et autres, l’agriculture française doit être tirée vers le haut par la grande qualité de ses cuisines.

Il faudrait que tout produit de bouche exporté avec le label France soit reconnu partout à cause de ses qualités indiscutables, gustatives et sanitaires.

Qu’on ne vienne pas objecter la nécessité de nourrir une population mondiale en expansion, car une juste mesure est possible entre l’intensif et l’artisanal. Entre le poulet de Bresse et le poulet de batterie, se trouve le poulet de Loué.

La France est un pays de jachères obligatoires et les surfaces de haute qualité agricoles sont cancérisées par le béton en périphérie des grandes villes. Gri­bouille ne ferait pas pire.

Puisque tous les acteurs ont leur part de responsabilité, tous doivent agir pour que le marché s’assainisse.

L’État doit alléger les charges et les contraintes des producteurs.

Les producteurs doivent reprendre les réflexes d’entraide des anciennes corporations et se regrouper en centrales de vente. Ils peuvent compter sur la coopération des consommateurs, prêts à leur donner la préférence dès lors que la qualité des produits sera réelle.

Les acheteurs, quant à eux, doivent ajuster leur discernement et ne pas réclamer systématiquement le prix le plus bas. Qualité est le mot-clé : ailleurs, point de salut !

Paul TURBIER

 

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Comments (1)

  • huguo Répondre

    la nourriture saine donne un corps plus robuste et une indépendance d’esprit,à contrario donnez à manger des produits empoisonnés et votre cerveau ne fonctionnera plus normalement :c’est ce qu’ils veulent!

    20 août 2015 à 11 h 39 min

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