Mariage pour quelques uns et chômage pour tous

Mariage pour quelques uns et chômage pour tous

Le débat politique en France (ailleurs aussi, mais nous parlons de la France…) devrait nous surprendre, sinon nous choquer.

En effet, la politique est, ou du moins devrait être, la gestion de ce qui est commun à l’ensemble de la population. Or, à quoi assistons-nous ? L’essentiel du débat public concerne des situations exceptionnelles, des mesures marginales, à effet homéopathique.

Le « mariage pour tous » est, à cet égard, caractéristique. Il ne concerne, sur une soixantaine de millions d’habitants, que quelques milliers de personnes. Si l’on compare avec le chômage qui, lui, malgré des mesures tendant à réduire artificiellement le nombre, concerne entre quatre et cinq millions de personnes, on peut conclure qu’il existe environ mille chômeurs, pour un mariage homosexuel.

Je ne crois pas beaucoup me tromper, en disant que l’importance des deux sujets, en politique et dans le domaine médiatique, ne respecte pas cette proportion.

Le chômage, qui devait être éradiqué, ne fait que croître. Les mesures prises, à peu près les mêmes depuis des dizaines d’années, s’avèrent, en effet, totalement inefficaces.

Peut-être serait-il temps, au lieu de reprendre toujours les mê­mes analyses, les mêmes mé­thodes, qui aboutissent toujours aux mêmes résultats, de les remettre en cause.

Le patronat, représentant les grandes entreprises, avait promis la création d’un million d’emplois, en contrepartie de mesures d’allégement de charges. Celles-ci ont été partiellement mises en place, il n’y a eu aucune hausse significative des créations d’emploi. Comme d’habitude, quelques créations sont apparues, liées à l’effet d’aubaine des mesures.
D’habitude, en droit, lorsque l’on ne reçoit pas la contrepartie, on doit récupérer sa mise. Si les membres du gouvernement avaient dû sortir celle-ci de leur poche, je ne doute pas qu’ils s’efforceraient de l’obtenir. La poche étant celle du contribuable, ils en sont moins soucieux.

Aujourd’hui, les dirigeants économiques et financiers réclament une « libéralisation » du droit du travail. Simplification des licenciements, plafonnement des indemnités, qui faciliteraient l’embauche. Je regrette de devoir le prédire, mais ce ne sera pas le cas. Je ne conteste pas qu’une réforme du code du travail soit urgemment nécessaire. Qu’il faille en simplifier les dispositions, comme pour les autres codes d’ailleurs, est certain. Mais les mesures proposées seront inefficaces.
Dans l’état actuel du marché du travail, du fait du trop grand nombre de chômeurs, les prud’hommes, sous la pression des syndicats, refusent les licenciements pour faute de la plupart des employés inefficaces ou peu scrupuleux. De nombreux licenciements deviennent ainsi, artificiellement, économiques. Cela nuit effectivement à l’efficacité et à la rentabilité des entreprises, mais ne sera pas résolu par les dispositions proposées.

Il faut prendre conscience que le chômage est un problème social. Alors que, sur le plan économique et financier, pour les dirigeants, il ne présente quasiment que des avantages. Sur­tout au regard de la concurrence internationale.

Demander aux chefs d’entreprises ce qu’ils désirent pour em­baucher s’avère totalement in­efficace. Le souci d’un chef d’entreprise est la profitabilité et le développement de l’entreprise. Le reste est toujours se­condaire.

Aller contre est un combat perdu d’avance. Mille fois mené, mille fois perdu. Il faut s’adapter au critère, l’accompagner, pas le combattre. Et, pour favoriser l’embauche, il faut que, dans ses arbitrages de coûts, l’entreprise ait intérêt à avoir recours à l’emploi plutôt qu’aux autres moyens.

En France, désormais, les salaires sont bas et la main-d’œuvre abondante, sauf dans quelques spécialités particulières. L’im­portation et les entreprises étrangères bénéficient d’importants avantages concurrentiels, par le plus faible coût des charges sociales et des impôts. C’est donc là qu’il faut réformer.

Il faut faire assumer par toutes les entreprises, y compris étrangères, le coût du système social (par la TVA sociale ou un dispositif analogue), en ne s’appu­yant pas sur les salaires et autres rémunérations, mais sur les chiffres d’affaires, ventes et mouvements financiers.

Notre industrie est déjà presqu’entièrement détruite, notre agriculture est à l’agonie ; il est temps de s’intéresser à autre chose qu’au mariage de quel­ques-uns !

Marc-Albert Chaigneau
Auteur de « De la révolution à l’inversion » (Edilivre)

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Comments (14)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    Mayotte :

    en grève ! ah bon ? on travaille à Mayotte ?

    Mayotte toujours :

    un ” écolier ” de CE1 de l’ ile écrit personnellement à François Hollande pour se plaindre qu’ ils sont 31 dans sa classe et donc que son école ( et l’ enseignement en général ) manque cruellement de moyens *** la lettre est signé … Robin pas Mamadou ou Fatima non Robin

    Mayotte encore :

    un parent d’ élève ” métropolitain ” découpé à la machette en allant chercher son fils au judo

    conclusion : Mayotte terre d’ accueil et du ” vivre ensemble ”

    *** savoir qu’ on crée un collège sinon deux chaque année dans l’ ile

    16 avril 2016 à 13 h 53 min
  • Jacky Social Répondre

    Christophe: c’est la jaureSScraSSie conSStructiviSSte d’une SSoSSiete parfaite qui marche a la baguette magique du SSoSSialiSSme..

    15 avril 2016 à 16 h 17 min
  • R. Ed. Répondre

    La “”” profitabilité ? “””La “”” bravitude ? “””
    Si on utilisait tout simplement le mot “”” profit “””, qui lui est dans le dictionnaire ?

    14 avril 2016 à 11 h 48 min
  • Jaures Répondre

    Le parallèle est ridicule.
    Le mariage pour tous est simplement la généralisation d’un droit comme l’ont pu être pour les femmes l’accès au suffrage universel ou à toutes les professions.
    Contrairement au traitement du chômage, cela ne relève en rien d’un débat techinque avec toutes les nuances liées aux opinions, rapports et expériences contradictoires.
    On voit bien que, en la matière, chaque mesure est immédiatement contestée avec des arguments tout aussi pertinents que ceux qui ont accompagnés sa proposition ou mise en place.
    Et c’est d’ailleurs le cas des propositions sans originalité de M Chaigneau toutes éminemment contestables dans leur pertinence et efficacité.

    13 avril 2016 à 10 h 45 min
    • Christophe Répondre

      Jaurès

      A titre personnel,déclarer le mariage pour tous est une monstruosité.C’est terrible des gens comme vous qui veulent obstinément faire rentrer des ronds dans des cercles ou des carrés dans des triangles.Les fameux droits à… et les droits de…

      14 avril 2016 à 16 h 22 min
      • Jaures Répondre

        Qu’est-ce qu’une “monstruosité” ? En quoi le mariage de deux homosexuels créent le moindre trouble ? A qui deux homosexuels mariés nuisent-ils ? Pourquoi quand ils n’étaient pas mariés personne ou presque ne protestaient ?

        14 avril 2016 à 17 h 52 min
        • Christophe Répondre

          En tant que concept,je persiste à dire que le mariage pour tous est une absurdité.Cette formule ne veut rien dire.Vous insinuez que tout le monde doit impérativement prendre un partenaire quel qu’il soit pour la vie.Encore une fois,je suis désolé,la vie ce n’est pas que cela.Vous fonctionnez sur des slogans à caractère impératif.Une société qui fait la promotion de l’homosexualité tant féminine que masculine est une société qui n’est pas saine,sereine et accueillante.

          Personnellement,je suis hétérosexuel et nous sommes encore quelques milliards dans ce cas.

          15 avril 2016 à 16 h 08 min
          • Jaures

            Pardonnez-moi mais je ne vois pas en quoi le mariage gay est absurde.
            Depuis des décennies, mariage ou pas, on voit des couples homosexuels qui se forment, se défont, élèvent des enfants,…
            Qu’y-a-t-il donc d’absurde dans tout cela ?
            L’absurdité serait de nier cette réalité et de ne pas lui donner un cadre légal.
            Par ailleurs, où est-il dit que tout le monde doit prendre un partenaire ? Rien n’empêche quiconque de vivre en célibataire. Par contre, vous avez le droit de prendre le partenaire que vous souhaitez s’il est majeur et consentant.
            Enfin, où est la promotion de l’homosexualité et surtout en quoi cela consisterait-il ? Vous êtes hétéro ? Quelle propagande pourrait donc vous faire tomber amoureux d’un autre homme ? C’est cela qui est absurde.
            L’homosexualité est une orientation sexuelle naturelle (elle existe chez des centaines d’espèces) minoritaire et comme toute minorité elle doit être respectée..

            15 avril 2016 à 16 h 19 min
          • Jacky Social

            @Jaures: Quelle propagande pourrait donc vous faire tomber amoureux d’un autre homme ?
            JS: l’effet de mode qui est particulierement fort chez les faibles.

            15 avril 2016 à 16 h 39 min
          • Jaures

            Pour vous rassurer, cher Jacky, dans aucun pays où l’homosexualité est légale et où le mariage gay a été institué on a vu le taux d’homosexualité s’élever.
            On ne devient pas plus homosexuel par “effet de mode” quand on est hétéro que l’on devient gaucher, si l’on est droitier, pour ressembler à Nadal.

            15 avril 2016 à 16 h 43 min
          • Jacky Social

            @Jaures: qu’est-ce vous en savez exactement? L’effet de mode et l’opportunisme. Cela ne s’ex-plique pas avec des statistiques. Les faibles sont influencables…

            15 avril 2016 à 16 h 59 min
          • Jaures

            Rien ne dit, rien ne montre que l’homosexualité se développerait dans les pays où le mariage gay existe.
            Et qu’est-ce qu’un faible en matière de sexualité ? Votre attirance sexuelle est une évidence, ce n’est pas une opinion où l’on pèserait le pour et le contre.
            En plus, vous partez sur l’a priori que les homosexuels seraient psychologiquement plus forts car capables d’influencer les hétéros et non le contraire.
            Cela non plus, rien ne le montre.
            Vous vivez donc sur des fantasmes et des préjugés.

            15 avril 2016 à 17 h 11 min
    • Jacky Social Répondre

      @Jaures: autrefois, l’extreme-onction etait refuse aux gens de mauvaises conduites. Les enterrements chretiens etaient hypocritement refuses aux suicides, aux prostituees averees, etc. Pourquoi ne pas faire des enterrements religieux laics et des extremes onctions laics pour tous C’est un droit qu’il faut generaliser. Le mariage est un sacrement qui est entre dans le monde laic par je ne sais quel tour de magie etatiste. Meme la laicite hysterique de la Revolution Francaise l’a garde et en a meme garde le nom. Il suffisait d’appeler ca “union civile”, point barre. Le PACS pour tous en quelques sortes. Le marriage pour tous a ete institute dans le but de provoquer et d’achever le travail de sape contre les valeurs de la famille, premier et unique socle de cohesion sociale.

      16 avril 2016 à 12 h 07 min
      • Jaures Répondre

        Autrefois, Jacky, tout était sacrement.
        Aujourd’hui ces sacrements sont volontaires: vous pouvez vous marier à l’église, baptiser vos enfants, recevoir l’extrême onction,… Cela relève de votre volonté.
        Tout le reste relève du droit civil car il convient que lors d’une union les droits de chacun (époux, enfants) soient clairs et définis.
        Le mariage est aujourd’hui une institution civile laïque qui définit les droits et devoirs des époux et de leurs enfants. Que ces règles soient étendues aux homosexuels, attendu que ceux-ci élèvent également des enfants, possèdent des biens, vivent en couple,…est logique.
        Mais le mariage n’est pas obligatoire. Si vous êtes homo et contre le mariage gay, rien ne vous oblige à convoler. De même, le mariage gay n’a ôté aucun droit à qui que ce soit.
        Et les valeurs de la famille sont tout à fait respectées. Simplement chacun a une conception de la famille qui lui est propre. Conduisez la vôtre à votre convenance et laissez les autres mener la leur comme ils le souhaitent. Tant qu’on respecte le cadre de la loi, il n’y a rien à redire.
        Et les temps d’une conception unique de la famille n’ont en rien montré qu’ils étaient gages d’une société plus libre, plus paisible et plus prospère.

        16 avril 2016 à 14 h 42 min

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