Michel de Poncin : les retraites

Michel de Poncin : les retraites

MICHEL DE PONCINS :

4V : Michel de Poncins, dans l’un de vos livres, « parlottes et fêtes » (1), vous évoquez joliment les réunions diverses convoquées par les gouvernements pour traiter des problème publics et vous dites que ce sont des parlottes inutiles. Or actuellement, ce sont les retraites qui sont sur la sellette. Est-il vraiment inutile de se réunir pour en parler ?

Michel de Poncins :Parfaitement. La parlotte va coûter très cher et aboutir à un simple bricolage. Certes, il nous est annoncé que tout sera sur la table et le tabou de la retraite à 60 ans sera légèrement ébranlé, mais ce n’est pas l’essentiel. Comme cela se passe depuis des décennies un petit cocktail de mesures sera mijoté : hausse des cotisations, baisse des pensions, léger recul du départ à la retraite et, hop, jusqu’à la prochaine parlotte. Rien d’essentiel là-dedans.

Quel est cet essentiel ?

Il est dans le seul tabou dont personne ne parle, à savoir la retraite par répartition. Le principe même est destructeur, car il implique une double rapine. Le premier vol se produit lorsque la force publique oblige les salariés et bien d’autres à verser des sommes d’argent immenses dans un grand réservoir non géré qui s’appelle la sécurité sociale ; cela dure ainsi depuis plus de 60 ans. Le deuxième vol s’exerce au détriment des pensionnés ; ceux-ci observent que leurs retraites sont sans cesse manipulées et le plus souvent rognées, selon les variations du bon plaisir des prédateurs publics. L’argent est ainsi pris par la force et distribué aussitôt également par la force. Cet argent ne crée pas de richesse et est détruit comme si les billets étaient jetés dans la déchiqueteuse à papiers. En outre, le système n’est pas contractuel et déresponsabilise les gens. La condition pour payer des retraites est de créer de la richesse.

Quelle est alors, selon vous, la solution ?

Le seul principe valable est la liberté de l’épargne ; rappelons que celle-ci a existé pendant des siècles en Occident chacun préparant librement ses vieux jours. Le choix des investissements est sans limite : logements locatifs, fonds de pension, commerces, etc. Toutes les villes d’Europe doivent leurs immeubles aux épargnes librement consenties. L’épargne librement gérée sous la responsabilité des épargnants suscite de la richesse, laquelle permet d’assurer à chacun sa retraite et d’accélérer le développement. Bien sûr, il est nécessaire que ces épargnes puissent s’opérer à l’abri des impôts et charges sociales comme les cotisations actuelles de retraite.

Soit. Mais dans les placements privés il peut y avoir des accidents lors des périodes de crise, comme aujourd’hui, sans parler des escrocs comme Madoff

La réponse est claire : quand il y a des ratés dans des placements privés, le propriétaire peut corriger, même s’il ne peut pas toujours rattraper l’argent perdu. Dans la répartition, il n’y a pas seulement risque de perte, mais certitude de perte, celle-ci étant intégrée dans le système. Quant à Madoff, la répartition est un système à la Madoff : les premiers ramassent l’argent et à la fin il ne reste plus rien. C’est ce qui se passe à présent et se passera de plus en plus selon les prévisions.

Existe-t-il actuellement des expériences dans votre sens ?

Beaucoup, le plus souvent sous la forme de fonds de pensions. 27 pays, dont 12 européens, les ont adopté. Parmi eux se trouvent le Chili, la Nouvelle-Zélande, Singapour. Il y eut un double effet : les retraites ont été progressivement sauvées et le PIB a connu une croissance importante, même pendant la période de la crise. Le Chili a muté il y a 28 ans. 95 % de la population a choisi librement le nouveau système. De ce fait, les retraites sont bien plus importantes. En outre, la prospérité s’est accrue d’une façon spectaculaire et le taux de croissance atteint régulièrement 7 % par an. Des gouvernements de gauche et de droite se sont succédé depuis et aucun n’a changé le système, sinon en l’améliorant dans le détail. Le pays a géré la transition avec souplesse, afin que chacun puise opter librement pour le nouveau système s’il le désirait.

Comment a pu se réaliser cette transition ?

Il fallait évidemment que les titulaires de pension de l’ancien système continuent à les percevoir. Ce fut possible par des techniques trop complexes pour être détaillées dans une interview. En outre, partout, des filets de sécurité ont assuré le minimum aux plus imprévoyants. Mais, hélas, les Français sont désinformés sur les bienfaits de la liberté par les pouvoirs publics et la parlotte en cours va continuer à les égarer. Heureusement, il peuvent lire les Vérités dans votre journal.

(1) En vente chez Duquesne Diffusion, 27 avenue Duquesne, 75007 Paris. Tel : 01 45 55 87 55

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Comments (6)

  • Anonyme Répondre

    Dîtes moi  Jaurès l’étroit,

    En Suède, l’âge de la retraite est plutôt vers 65 ans que les 50 ans de vos camarades cheminots. J’aimerais aussi savoir selon vous cher grand économiste, si c’est le vieillissement de la population qui plombe la caisse des retraites, oui ou non. Car d’un commentaire à l’autre vous vous contredisez. Heureusement que l’arrivée en masse de vos amis immigrés sauvera nos vieux de la misère en les obligeant à travailler jusqu’ à la 90 ans.

    29 avril 2010 à 10 h 05 min
  • Anonyme Répondre

    Des gens sérieux, de surcroît professeurs d’économies à Aix et à Paris ont publié une étude détaillée des avantages des retraites par capitalisation. Il est inconséquent de leur jeter l’anathème en prétendant que ces retraites ont beaucoup de défauts. On voit aujourd’hui, qu’à l’évidence c’est la répartition qui nous conduit dans le mur. C’est certain, malgré les taux de cotisation en hausse, l’assiette en constant agrandissement et les pensions en diminution. Le principe est mauvais, il n’a pu fonctionner quelques dizaines d’années que grâce à de multiples inflations: de plus en plus de cotisants, peu de bénéficiaires. Aujourd’hui le système arrive à maturité et il succombe, il est vrai aidé dans sa déroute par tous les régimes spéciaux, créés sous pressions syndicales  par nos politiciens laxistes. Le courage et la lucidité, quand un système est mauvais, c’est d’en changer après un minimum de réflexion. Cette réflexion est engagée au moins depuis le livre blanc de Michel Rocard il y a 20 ans qui n’a servi à rien, sinon à payer les membres de la commission! Il faut laisser aux Français la liberté de choisir leur système en leur permettant de cotiser de façon défiscalisée, soit au système d’état actuel, soit à un système qu’ils choisiront.

    28 avril 2010 à 17 h 14 min
  • Jaures Répondre

    Pour Michel de Poncins et les supporters des fonds de pension, je conseille le reportage de France 2 demain sur "envoyé spécial": retraité cherche emploi désespérément.

    Histoire de redescendre sur Terre.

    28 avril 2010 à 10 h 54 min
  • Geo Répondre

    Peut être le premier changement à opérer serait il de remplacer les dirigeants des caisses de retraites du privé qui sont en fait des fobnctionnaires qui ne cotisent même pas dans ces caisses qu’ils gèrent au profit des fonctionnaires qui les vident à milliards que veux tu. Peut être pourrait on enfin faire un bilan sérieux non truqué. Selon des infos qui circulent sur le web, si tous les prélèvements, taxes et autres impôts prélevés au nom de la sécu étaient réellement versés dans ses caises un positif de 8 milliards d’euros ressortiraient du bilan ! ! Mais , c’est tellement facile pour les gouvernements de prélever des impôts et taxes diverses au nom de la sécu pour les utiliser ailleurs ! ! Ce n’est pas demain que ce système si intéressant pour les politiciens sera changé, en attendant . . . .parlons. . . mais surtout payons ! !

    28 avril 2010 à 0 h 00 min
  • Kardaillac Répondre

    On peut très bien organiser un régime de pensions à deux étages, un étage public avec plancher social et plafond révisable selon la conjoncture, un étage privé par capitalisation. Et merde au principe d’égalité qui ruine tous les dispositifs car ils sont contournés par les catégories en situation de prise d’otages.

    Pour ce faire, il faut deux heures de calculs, une heure de présentation obligatoire à la télé toutes chaînes confondues et deux heures pour rédiger les décrets.

    Pas six mois de parlottes, de calculs politiciens…et quand je dis six mois… ce serait six ans plutôt.

    Nous sommes dans le régime du verbe éternel.

    26 avril 2010 à 16 h 52 min
  • Jaures Répondre

    Touhours les mêmes salades !

    Le Chili ? Rappelons que Pinochet avait exempté les militaires du système des fonds de pension. Le bougre savait réserver le meilleur pour ses amis ! Pour les autres, les pensions atteignent à peine quelques dizaines d’euros pour la grande majorités des retraités. Les "petites améliorations" dont parle M.de Poncins ont tout simplement été des allocations d’urgence pour que les pensionnés ne meurent pas de faim. Le système est d’ailleurs mixte aujourd’hui.

    Ailleurs, les fonds de pension aboutissent, comme en Irlande ou en Angleterre, à ce que des salariés doivent travailler jusqu’à plus de 70 ans avec, en Grande-Bretagne, des pensions moyennes deux fois moins élevées qu’en France ou, comme en Irlande, à ce que les travailleurs voient partir toutes leurs économies quand l’entreprise pose le bilan.

    Sans parler des effets pervers des fonds de pension qui exigent de tels rendements que les entreprises qui leurs sont liées doivent durcir les cadences, délocaliser et licencier pour augmenter les profits.

    M.de Porcins s’en moque peut-être mais, quant à moi, je verrai d’un mauvais oeil que l’on doive licencier mes enfants pour que je puisse toucher ma retraite !

    Alors que dans les pays où fleurissent les fonds de pension les niveaux de retraite s’effondrent, le MEDEF et leurs séides regardent avec avidité la manne que représenterait les milliards de l’assurance retraite pour spéculer et préparer la prochaine crise.

    26 avril 2010 à 10 h 09 min

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