Mise en garde de l’agence Moody’s : La France se trouve en première ligne

Mise en garde de l’agence Moody’s : La France se trouve en première ligne

Au mois d’août, l’agence Moody’s a mis en garde les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France. Comme l’a précisé l’agence de notation, il est peu probable que l’un des quatre grands pays perde sa couronne en triple A, mais que dire d’autre, au risque d’emballer les marchés sous une tornade d’ampleur systémique ? Pour la France, plusieurs éléments peuvent toutefois conduire à une prochaine mise sous surveillance.

La panne de croissance n’est pas à exclure. Dans une période où les salaires de la fonction publique vont faire du surplace, où ceux du privé sont comprimés pour cause de compétitivité, où le chômage reste toujours aussi prégnant, le modèle économique français, qui repose sur la consommation, est porteur de fragilités. La panne de croissance aurait un effet mécanique de dégradation des ratios : niveau de déficit et niveau de la dette publique.

Nos engagements pris en termes de déficit public sont clairs : 6 % du PIB en 2011, 4,6 % en 2012 et 3 % en 2013. Il sera de 8 % en 2010. Objectifs peu réalistes s’ils sont gagés sur les seules économies budgétaires. De nouveaux impôts sont, dès lors, prévisibles : dans le programme transmis par Bercy à Bruxelles, il est fait mention d’une hausse de 2 points des prélèvements d’ici à 2013, soit 46 milliards d’euros.

Comment ne pas craindre l’attitude des marchés face au vent mauvais qui souffle sur la France ? Un pays placé sous le feu des critiques de l’étranger et des polémiques incessantes à l’intérieur dispose-t-il de la sérénité nécessaire pour être efficient ? La confiance est fragile et versatile. La France pourrait-elle supporter la charge de sa dette en cas de choc brutal de conjoncture ? En 2013, le coût des seuls intérêts deviendra le premier poste budgétaire de l’Etat, avec 57 milliards d’euros. Cette année-là, la dette publique pourrait représenter 100 % du PIB.

Deux faiblesses majeures: le niveau des impôts et la rigidité des dépenses publiques 

En fait, au sein des quatre pays pointé du doigt par Moody’s, la France est la plus exposée. Nous souffrons de deux faiblesses majeures: le niveau élevé des impôts et la rigidité des dépenses publiques : 33 % de dépenses sociales contre 27 % en Allemagne. Augmenter encore ce taux pour réduire le déficit, c’est prendre le risque de casser une reprise si les entreprises ne prennent pas le relais par une politique d’investissements.

Alors sommes-nous dans l’impasse que prédisent certains oracles ? La clef est, certes, entre les mains du pouvoir politique, mais elle est aussi dans celles des agents économiques et des Français. Modération chez les ménages, stratégie offensive chez les entreprises, telle est la ligne sur laquelle la France doit se tenir. Il n’en est pas d’autre. Le pays et nos politiques sont-il prêt à admettre les vérités de 2010 ?

Pour nous le diagnostic est clair : il faut réduire nos dépenses de six points de PIB et non augmenter des impôts qui font fuir les capitaux, minent la confiance et la croissance, accélèrent les délocalisations. La compagnie aérienne Ryanair, qui employait son personnel avec des contrats irlandais, quitte Marseille, car elle est poursuivie pour travail illégal. Résultat : des centaines d’emplois perdus. Trop d’impôts tuent l’impôt alors qu’une fiscalité raisonnable tonifie la croissance et l’emploi.

Courage et une lucidité sans démagogie : ce sont les deux seules voies de l’espérance.

Eric Le Boucher, dans Les Echos, compare notre situation à celle de 1940 en rappelant que les Anglais, eux, ont confiance dans les mesures churchilliennes de réduction des dépenses que le gouvernement Cameron leur impose. Pourquoi pas nous ?

Hubert Beaufort,

Avec l’aimable autorisation de Radio Notre-Dame

Partager cette publication

Comments (7)

  • lavandin Répondre

    à Mancney   mon propos se borne au constat que les caisses sont vides. D’ailleurs , hier on nous apprenait que seule la voie de gauche des routes de l’est seraient déneigées, par soucis d’économie !!! Quant au problème des innondations , il est plus complexe que vous le laissez entendre. D’abord pour ce cas, il ne s’agit pas d’une construction dans le lit d’une rivière. Ensuite, les négligences de l’Etat , l’irresponsabilité des pouvoirs publics , nous ont conduit à cette situation : plans d’urbanisme inconsidérés,  bétonnage outrancier, absence du curage du lit des rivieres, construction d’ouvrages d’art faisant obstacle, absence d’entretien des digues,…….(il n’y de l’argent que pour le social) nous ont conduit à cette situation. Il est paru d’autre part dans une revue scientifique un article bien documenté sur ce sujet

    24 novembre 2010 à 19 h 05 min
  • HOMERE Répondre

    Je suis chez moi et je regarde les produits qui m’entourent et leurs provenance :

    Frigo : Samsung

    TV : Samsung

    Machine à laver le linge : Bosch

    Machine à laver la vaisselle : Bosch

    Cave à vin : Liebbher

    Congélateur : Whirlpool

    Micro ordi : Hewlett Packard

    Micro ondes : Panasonic

    Sèche linge : Laden

    Imprimante : Canon

    Appareil photo : Minolta

    Nettoyeur HP : Kärcher

    Scie sauteuse : Bosch

    Ponceuse : Black et Decker

    Aspirateur : Miele

    Téléphone : Samsung

    Air conditionné : Daikin

    Faites de même chez vous et vous verrez les mêmes résultats…..ah !! nous avons Laden (pas Ben qui "sèche" plus vite que sa pénombre)….déplorable !  1 produit français sur 18…pas mal pour la croissance non ? Ah heureusement qu’il y a le pinard et le cochon….

    23 novembre 2010 à 17 h 42 min
  • LORRAINE Répondre

    La Chine qui est aussi notre bailleur de fonds a dégradé la France en juillet 2010.
    Notre triple A n’est plus mérité depuis quelque temps déjà, retirez vos économies et transformez les en pierre avant qu’un embargo ne soit mis autoritairement sur nos avoirs.

    23 novembre 2010 à 13 h 03 min
  • R. Ed. Répondre

    En France (ailleurs aussi) on ne construit pas n’importe où ni n’importe comment, il y a des lois à respecter.

    La question est donc de savoir si ce propriétaire a fait construire de toute bonne foi et est donc le dindon de la farce ou si il était au courant (et même peut-être complice) de la situation.

    Après, je dis bien après on pourra émettre un jugement, pas avant.

    23 novembre 2010 à 12 h 21 min
  • Anonyme Répondre

    Lavandin : " Un habitant du var , exproprié,  doit vider les lieux pour cause d’inondations fréquentes. Le montant de l’indemnisation a été chiffré depuis plusieurs mois."

    –      Indemnisation? Quand on construit sa barraque dans le lit d’une riviere, on ne se tourne pas vers le porte-monnaie des citoyens pour payer pour les inondations.
    Les Francais sont-ils devenus completement cinglés ou quoi? Y’a un probleme grave, ici, vraiment!

    Best,

    Mancney

    23 novembre 2010 à 1 h 05 min
  • ozone Répondre

    Ha non?

    Avez vous bien vu ce qui s’est passé tout de suite aprés que l’UE et le FMI aient mis au point le plan de "sauvetage" de l’Irlande?

    Moody’s déclare qu’ils vont dégrader la note de l’Irlande de plusieurs points et donc faire monter le taux des remboursement ,trés bonne affaire pour les  banques préteuses,les 80 milliards ne seront pas de trop,reste 670 milliards sur la table,alors bientot le Portugal,puis l’Espagne,l’Italie,la France.

    Le plus grand hold up de l’Histoire est en cours

    Comme prévu il y a bien longtemps

    22 novembre 2010 à 20 h 04 min
  • lavandin Répondre

    Au dernier trimestre de chaque année les caisses sont vides : il n’y a plus un centime . Un habitant du var , exproprié,  doit vider les lieux pour cause d’inondations fréquentes.  Le montant de l’indemnisation a été chiffré depuis plusieurs mois. Mais il n’y a pas d’argent dans les caisses. Alors, à chaque période de pluies , il se contente de regader l’eau monter

    22 novembre 2010 à 18 h 05 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *