Nicolas Sarkozy : entre atlantisme et multilatéralisme

Nicolas Sarkozy : entre atlantisme et multilatéralisme

Nicolas Sarkozy est en délicatesse avec l’Union européenne : il a annoncé le report de l’équilibre budgétaire de 2010 à 2012, si la croissance est insuffisante. Cela risque d’être le cas : son arrivée au pouvoir n’a pas galvanisé l’économie, et la crise américaine du subprime – qui déborde sur la Grande-Bretagne – augure mal de la conjoncture internationale.

Aussi, le président français espère-t-il que Bruxelles ferme les yeux sur son laxisme budgétaire en échange de services rendus par ailleurs. Il a ressuscité, sous une forme simplifiée, le projet de Traité européen carbonisé par les non français et hollandais aux référendums de 2005, en prévoyant de le faire ratifier par voie parlementaire. Et, quoi qu’il en dise, il a renoncé à bloquer l’entrée de la Turquie en Europe. Sinon, il aurait empêché le lancement par Bruxelles, en juin dernier, de négociations d’adhésion dans deux domaines supplémentaires : les statistiques et le contrôle financier.

Cet acquiescement tacite à l’entrée de la Turquie dans l’UE plaît à Washington, qui, depuis plus de 40 ans, fait pression dans ce sens. Il s’inscrit dans le rapprochement franco-américain initié par Sarkozy, qui s’exprime avec force – opportunément cette fois – dans le dossier iranien. Le 27 août, le président de la République a évoqué « une alternative catastrophique : la bombe iranienne ou le bombardement de l’Iran ». Le 16 septembre, Bernard Kouchner a parlé de « la guerre. » Sarkozy a rectifié : « Pour ma part, je ne prononce pas le mot guerre. » Cependant, à la 62e Assemblée générale des Nations unies, le 25 septembre, il a réaffirmé qu’un Iran en possession de l’arme nucléaire serait un « risque inacceptable pour la stabilité de la région et du monde ». La Russie et la Chine ne voulant pas de sanctions onusiennes supplémentaires, Kouchner propose des sanctions européennes.

Si les États-Unis attaquent l’Iran, Sarkozy engagera-t-il l’armée française ? Les Américains n’auraient pas besoin de cette aide pour un assaut aérien, mais elle aurait une grande portée symbolique, et mettrait les actes en accord avec les principes.

À l’ONU, le président de la République s’est dit prêt « à aider tout pays qui veut se doter de l’énergie nucléaire civile […] Il n’y a pas une énergie de l’avenir pour les pays occidentaux, et des pays d’Orient qui n’auraient pas le droit d’y avoir accès. » Faisant allusion à l’Iran, il a ajouté : « C’est d’ailleurs la meilleure réponse à ceux qui veulent, en violation des traités, se doter de l’arme nucléaire. » Sarkozy a réaffirmé le droit de l’Iran, comme tous les pays du monde, au nucléaire civil.

Il n’y a pas loin du nucléaire civil au nucléaire militaire. Les compétences requises pour passer de l’un à l’autre sont disponibles sur le marché international du travail. Vendre des centrales nucléaires civiles tous azimuts – la France en a vendu une à la Libye le mois dernier – c’est, à terme, propager la bombe atomique. D’autant qu’une partie des pays preneurs d’une centrale nucléaire sont travaillés par un intégrisme islamiste avide d’y prendre le pouvoir. La prolifération nucléaire est inéluctable, annonçant des temps d’apocalypse…

Concernant l’Iran, la France et les États-Unis nourrissent une commune méfiance vis-à-vis de l’ONU, paralysé par la Russie et la Chine. Mais sur d’autres sujets, Sarkozy a joué, à l’Assemblée générale des Nations unies, la carte du multilatéralisme, avec l’assentiment d’un George W. Bush trop heureux de montrer de la bienveillance vis-à-vis de cette institution. Sarkozy a fait approuver par le Conseil de sécurité de l’ONU le déploiement d’une force mixte ONU-UE au Tchad et en Centrafrique, destinée à protéger les civils touchés par le conflit au Darfour. L’ONU, dit-il, est « le cadre parfait » pour résoudre ce problème. Et la France enverra « pendant deux mois » un navire militaire « pour protéger le ravitaillement alimentaire, de la piraterie » maritime au large de la Somalie.

Sarkozy pousse le multilatéralisme jusqu’à inviter Hugo Chavez, bête noire de l’administration Bush, à venir à Paris en novembre : il mise sur sa médiation pour libérer Ingrid Betancourt.

Lyrique, Sarkozy a plaidé à New York pour « un New Deal écologique et économique », appelant « tous les États à se réunir pour fonder le nouvel ordre mondial du XXIe siècle », dans le cadre d’une ONU « renforcée ». Mais la réalité s’impose : la junte birmane réprime la révolte des bonzes avec l’assentiment de Pékin, sans que l’ONU y puisse grand-chose. Et la frappe militaire contre l’Iran, que laisse présager son refus d’obtempérer aux objurgations occidentales, interviendra sans l’ONU…

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Comments (6)

  • ozone Répondre

     Brice

    Mon point de vue

    En 2001 l’intervention en Afghanistan etait inevitable,personne ne protesta,l’operation fut sans (peu) de bavures,bonne collaboration entre forces locales et troupes étrangères,pies in polvorosa pour les talibans.

    On peut se demander,aprés ce qui suivit si ce resultat ne fut plus qu’un pur hasard.

    L’ancien employé d’UNOCAL devint sans surprise president sous la protection des troupes US puis OTAN,processus democratique au forceps,belle vitrine,en plus avec des plans (désargentès) de reconstruction.

    Au lieu de retablir la monarchie,logique dans un pays a structure feodale pouvant stabiliser
    cette nation,premier de nos interets.

    Dans ces circonstances,la permanence,et méme l’augmentation du contingent alliè produit un effet bien connu dans cette contrèe,le rejet de l’etranger.

    Le tout au beau millieu d’avalanches d’opium.

    Ainsi on est passè de la reconstruction a la lutte contre les talibans,et demain…..

    Ce qui est sur c’est le rapprochement entre talibs et simples nationalistes pour donner le
    méme topo que pendant l’aventure soviétique et d’autres bien avant,sans but de guerre rèel
    impossible a fixer d’ailleurs,la lassitude devant les pertes inutiles finira en retrait sans gloire,seul un sentiment de s’étre debarrassè d’un fardeau,comme tant de fois.

    De plus,et pour comble,l’exemple Irakien inspire deja les plus fanatiques,ainsi,aprés le detournement de moyens vers les operations en Irak,les methodes en usage a Bagdad deviennent de plus en plus courantes a Kaboul.

    Et ce n’est pas le degommage de quelques milliers de gus qui y changera quoi que se soit.

    6 octobre 2007 à 0 h 01 min
  • Brice Répondre

    Pour Ozone,

    soit plus précis sur "continuons, continuons" merci.

    4 octobre 2007 à 20 h 09 min
  • sas Répondre

    Naguy bocsa avance désormais a visage découvert….. à lonu IL A PARLE DU NOUVEL ORDRE MONDIAL……cher aux francs maçons de tous poils…..ORDO NUEVO SECULARUM, le mot dordre même en tête du billet vert…. et il ny a pas besoin de gober le davinci code pour capter……le message est planétaire et sans floriture.

    Naguy dit moi qui tu cites (jaures…) et je te dirais qui tu es réellement.

    sas

    4 octobre 2007 à 10 h 40 min
  • ozone Répondre

    Six Mirages du tadjikistan directement sur Kandahar (info OTAN ISAF),continuons,continuons,tout le monde sait comment va se terminer cette affaire Afghanne,mais on continu.

     

    3 octobre 2007 à 18 h 33 min
  • EIFF Répondre

    Après la frime et la gonflette voilà le temps des pirouettes et du double-langage ( entrée de la Turquie en Europe, projet immigrationniste euro-méditerranéen, marchandage avec le régime lybien, ingérence en Afrique et au Proche-Orient ), le pote de Neuilly enfile des habits trop grands pour lui et laisse le pitre socialiste Kouchner faire son numéro selon ses humeurs pour représenter la France à l’étranger, quelle honte !!!

    Tenter de jouer les gendarmes du monde alors que l’insécurité en France n’a cessé d’augmenter ces dernières années, les prisons sont pleine à craquer, les islamistes pullulent dans les banlieues, les décisions de justice ne sont pas appliquées et les lois d’accueil baffouées en permanence par les illégaux toujours plus nombreux au guichet des aides sociales.

    Tout cela n’est pas trés sérieux, avant d’envisager d’entrer dans la cour des grands monsieur Sarkozy devrait plutôt se mettre au travail et faire le ménage dans son propre pays, la France est toujours à la traine, les gaspillages d’Etat continuent de nous plomber, les entreprises sont toujours maintenues en esclavage par les charges et les règlements sovietoïdes, et le sentiment national frappé de plein fouet par une immigration massive incessante.

    3 octobre 2007 à 14 h 12 min
  • Brice Répondre

    Sarkozy nous fait pénétrer dans une "nouvelle ère", passant maintenant de la traitrise Chiraquienne à la Sarkozyenne, il a joué le jeu de la crédibilité et a raclé l’électorat frontiste pour se faire élire de lui. Mais comme il ne tient pas ses engagements (bien sur), c’est ce dernier qui va récupérer toute sa crédibilité en 2012, quand nous brouterons la crise éco par les racines. Marine Le Pen n’a qu’à attendre son tour, juste pour dire, FUCK america and Sarkozy mais je n’ose même pas imaginer ce que cela aurait été avec Ségo. Le salut de l’Europe viendra semble-t’il de l’Est avec la Russie, peuple slave fier, farouchement monoethnique et anti-Bush. Car sans le savoir ces 2 abrutis ‘Bush et Sarkozy) scient la branche sur laquelle ils sont assisent.

    Pauvre Europe, pauvre France, pays de merde, dirigeants de merde.

    3 octobre 2007 à 9 h 07 min

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